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Au plan politique, l’année 2021 a été marquée par les bons résultats obtenus par les indépendantistes à l’occasion des élections régionales catalanes. Pour la première fois, ils sont majoritaires non seulement en nombre de sièges, mais aussi en nombre de voix et cette victoire devrait, sur le papier, conduire à un exercice du pouvoir via un accord entre trois partis : ERC, Junts et la CUP. Autres faits marquants de ces élections, la chute de Ciudadanos, très loin de sa performance lors des dernières régionales de 2017 et l’entrée au parlement catalan du parti d’extrême-droite Vox, le quatrième parti quant au nombre de députés. Toujours dans les premiers rangs en matière de contribution à la richesse économique de l’Espagne, la Catalogne se fait désormais dépasser par la communauté madrilène depuis quelques années. Mais elle n’en reste pas moins la première destination touristique espagnole, particulièrement appréciée par les Français.

La constitution de 1978

En Catalogne comme dans le reste de l’Espagne, c’est la constitution de 1978 qui a fixé les règles du champ politique. Depuis cette date, l’Espagne est devenue une monarchie constitutionnelle avec comme chef de l'État, Felipe VI, succédant à son père Juan Carlos I, après son abdication en 2014. Cette même constitution a transmis aux régions une part importante du pouvoir décisionnel et depuis le 17 janvier 1980, la Catalogne est devenue l’une des 17 communautés autonomes de l’Espagne. Côté exécutif, le gouvernement local est représenté par la Generalitat, avec à sa tête un président, et au plan législatif, c’est le parlement (135 députés élus pour 4 ans) qui est maître en la matière.

Bloc contre bloc

C’est en janvier 2020 que Quim Torra, président de la Generalitat, annonce son intention de dissoudre le parlement catalan, une décision présentée comme une conséquence de la rupture entre les partis indépendantistes (ERC et Junts). Ce qui conduira à la convocation d’élections régionales anticipées le 14 février 2021. Marquée par une forte abstention, ces élections donnent la victoire à la majorité indépendantiste qui, et c’est une première, est désormais majoritaire non seulement en termes de députés, mais aussi en termes de votes exprimés (50,8 %). Sur le papier, c’est une coalition indépendantiste qui devrait exercer le pouvoir en cumulant les 33 sièges de ERC (gauche catalane indépendantiste), les 32 de Junts (centre droit) et les 9 de la Cup (extrême gauche), dépassant ainsi les 68 sièges requis pour obtenir la majorité. Une coalition de gauche serait théoriquement possible au vu des bons résultats obtenus par Salvador Illa (PSC -33 députés, à égalité avec l’ERC) si leurs députés se joignaient à ceux de l’ERC et à ceux des « comunes » (8), la déclinaison locale de Podemos. Puisque l’abstention des députés de l’ERC lors du vote d’investiture de Pedro Sanchez en janvier 2020 lui a permis d’exercer le pouvoir et que ce parti a aussi voté ses derniers budgets. Toutefois, cette hypothèse a été balayée par l’accord préalable signé par les partis indépendantistes excluant tout accord de gouvernement avec le parti socialiste. Ce scrutin a aussi été marqué par d’autres résultats qui éclairent l’évolution du paysage politique catalan et espagnol. En premier lieu, la débâcle vécue par Ciudadanos qui n’obtient que 6 députés contre les 30 obtenus lors de la précédente législature du parlement catalan de 2017 et continue à payer très cher son souhait de dépasser le PP au lieu de jouer le rôle de rouage centriste. Mais ce vote a aussi été marqué par l’entrée spectaculaire de Vox, extrême-droite, qui obtient 11 députés. Une première en Catalogne où le vote populaire était jusqu’à présent resté à gauche. Dans la foulée des résultats, l’ERC a immédiatement demandé l’organisation d’un référendum d’autodétermination légal, placé sous la surveillance d’observateurs internationaux.  Une hypothèse rejetée par le PSOE.

Le poids de l’industrie

Traditionnellement implantée dans l'industrie depuis le XIXe siècle, la Catalogne vit aujourd'hui de son secteur tertiaire, à 60 %. Son industrie reste une partie importante de son économie, mais celle-ci repose désormais sur la construction, les services et le tourisme. Longtemps au coude-à-coude avec la communauté madrilène pour le titre de région la plus riche d’Espagne, la Catalogne s’est vue quelque peu devancée par cette dernière depuis quelques années. C’est ainsi qu’en 2019, la communauté madrilène a généré un PIB supérieur à celui de la Catalogne pour la quatrième année consécutive. Selon les chiffres publiés par l’INE (Institut national de la statistique) en mars 2021, la communauté madrilène a généré en 2020 un PIB s’élevant à 216,527 millions d’euros contre 212,931 millions d’euros générés en Catalogne. La communauté madrilène maintenant aussi son leadership en ce qui concerne le PIB par habitant : 32 048 €, contre 27 812 € en Catalogne. Ce chiffre est encore plus éloquent si on le rapporte à ses performances d’il y a quarante ans. En 1980, elle contribuait déjà pour 19,1 % au PIB espagnol soit une contribution presque similaire à celle de l’année 2020 (20 %) quand la communauté madrilène passait dans le même temps d’une contribution de 15,7 à 19,9 %. La plupart des économistes expliquent cette tendance par trois raisons essentielles. En premier lieu, le poids supérieur de l’industrie dans l’économie catalane (17,4 % contre seulement 6, 4 % dans la communauté madrilène – moins de la moitié) lui a fait subir de plein fouet les difficultés économiques rencontrées par toute l’industrie européenne. Par ailleurs, la progression des services entraînée par la « tertiarisation » de l’activité espagnole aurait surtout profité à Madrid, bénéficiant d’un « effet capitale » (+4,1 % du PIB des services de marché à Madrid, contre 2,4 % en Catalogne). L’impact négatif sur l’économie des tensions politiques est beaucoup plus difficile à mesurer même s’il est souvent mentionné. 4 000 sièges sociaux ont été transférés hors de la Catalogne depuis le référendum d’octobre 2017 sans qu’il y ait d’étude systématique sur l’impact de ces transferts.

Tourisme, l’un des piliers de l’économie catalane

En 2019, la Catalogne a accueilli 19,2 millions de visiteurs, soit une progression de 0,6 % par rapport à l’année précédente et ils y ont dépensé plus de 21 200 millions d’euros (+800 millions par rapport à l’année précédente). Le boom touristique enregistré depuis 2013 s’est donc poursuivi dans les années suivantes. Contribuant de manière très significative à son PIB. On estime qu’en 2019, ce secteur a contribué pour 12 % au PIB catalan, en en faisant l’un des « piliers » de l’économie catalane. Il faut dire que tout comme le reste de l’Espagne, la Catalogne a profité au cours des dernières années de l’effondrement de certaines destinations touristiques méditerranéennes comme l’Égypte et la Tunisie et la sortie de crise l’a conduite à maintenir pour l’essentiel un modèle touristique reposant sur une forte urbanisation des côtes. La pandémie a toutefois mis un sacré coup de frein au tourisme. En 2020, seuls 18,9 millions de touristes étrangers ont visité... l'ensemble de l'Espagne ! Un chiffre plus bas que celui de la seule Catalogne l'année précédente ! La dernière fois que l'Espagne a enregistré si peu de visiteurs, c'était en 1969. Un mieux s'est fait sentir en 2021 avec 31 millions de visiteurs en Espagne.

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