Entre nature et patrimoine, la Côte d'Opale possède quelques trésors encore trop méconnus, du Grand Site de France des Deux-Caps jusqu'au Centre Culturel de l'Entente Cordiale, dans le château d'Hardelot.

 

En équilibre entre mer et campagne, le trait de côte dentelé fait face aux côtes de l'île voisine qu'est l'Angleterre. D'ailleurs leur proximité émerveille autant qu'elle surprend. La balade sur ce territoire authentique se fait volontiers, que ce soit en voiture, ou sur les chemins de randonnée, à pied, à vélo ou à cheval. Du sable fin aux falaises, des villages de pêcheurs aux stations balnéaires trendy, la diversité fait partie de l'originalité.

Ici la mer, qui du Nord devient Manche, est là, à la fois constante et toujours différente. Les lumières, les couleurs et les cieux qu'elle reflète font le bonheur des photographes. Si le vent s'en mêle, kite-surfeurs et véliplanchistes apprivoisent les vagues, non sans audace. À Sangatte, c'est un long tapis de sable aussi doux que fin qui s'étire, au gré des marées. Puis s'érigent deux caps, majestueux.

 

La mer à la campagne

Ces espaces allient à merveille un esprit de campagne à la mer. Côté terre, vallons et hauteurs font la poésie du paysage. Et à l'arrivée au sommet d'un de ces caprices géologiques, le panorama surprend par sa beauté. La palette de teintes, les nuances de vert sont l'oeuvre des hommes qui façonnent les reliefs. Ainsi le Mont Hubert domine la mer, se jetant à l'eau du haut des falaises crayeuses du Cap Blanc-Nez. Si l'esprit nature est l'essence des lieux, l'histoire de l'homme se raconte aux creux des stigmates laissés par les deux guerres mondiales. L'obélisque de la Dover Patrol se dresse pour veiller sur la mémoire des lieux, rappelant le sacrifice des hommes des deux côtés de la Manche.

 

Les côtes anglaises en voisines

À une dizaine de kilomètres, l'autre cap, le Gris-Nez n'est pas moins remarquable. Point français le plus proche de l'Angleterre, il offre un point de vue époustouflant. Tous les deux tirent leur nom de la couleur du sol qui les constitue : craie lumineuse pour l'un, argile et marne pour l'autre. Si balisés que soient les sentiers qui parcourent ces sites remarquables, ils offrent une vue au plus près de la nature et lui permettent de reprendre ses droits. Les moutons sont les gardiens du site, du printemps à l'automne.

Quand bien même l'homme est artisan du paysage, cela s'est fait avec le souci de préserver au mieux la nature. Si un lac artificiel est né, au Fond Pignon, lorsque le Tunnel sous la Manche a été creusé, cet espace est aujourd'hui protégé. Il voit s'épanouir une faune et une flore jusque-là disparues. Entre les deux caps, la baie de Wissant et le village du même nom.

Comme chez leurs voisins d'Audresselles et d'Ambleteuse, les pêcheurs à l'origine de ce village y ont laissé l'empreinte d'une certaine douceur de vivre. Wimereux tout comme Hardelot, au sud de Boulogne, ont eu un destin différent. Ces deux stations balnéaires ont connu un formidable essor à la fin du XIXe siècle. Très prisées des grandes familles de l'industrie de la métropole lilloise mais aussi de l'importante communauté anglaise présente sur la Côte d'Opale à l'époque, l'une et l'autre se sont imposées comme des destinations privilégiées, rehaussées de villas à l'architecture typique de ce début de XXe siècle.

Pour dénicher ces trésors, la Maison du Site des Deux-Caps est le lieu ressource par excellence. Chemins de randonnée, location de vélos classiques et à assistance électrique, ici le département et ses partenaires contribuent à préserver ces paysages tout en leur permettant d'être vivants. Après avoir passé Boulogne-sur-Mer, le Centre National de la Mer Nausicaá et la plus grande crypte de France que sa cathédrale dissimule jalousement, l'autre découverte à ne pas manquer est le Château d'Hardelot.

Il surgit du coeur de la forêt et de la réserve naturelle qui l'entoure. Dans cet écrin de verdure, à deux pas de la mer, les remparts protègent un manoir un tantinet fantaisiste. Son histoire remonte au Moyen Âge. Après n'avoir été qu'un fortin de bois, Philippe Hurepel, alors comte de Boulogne en a fait un château fort, sur le modèle de celui de Boulogne-sur-Mer. Il se dit que le roi anglais Henry VIII y serait venu en personne. Ce qui est sûr, c'est que le Château d'Hardelot a été le théâtre d'importantes négociations entre la France et l'Angleterre, alors que Boulogne était assiégé par les Anglais. L'époque des guerres de religion lui a été fatale puisqu'il a été alors démantelé. Il devient l'enceinte d'une ferme jusqu'au XIXe siècle.

C'est alors qu'un Anglais, John Hare, a racheté la ruine. Féru d'histoire qu'il était, il a réalisé des fouilles archéologiques et reconstruit une tour. Puis le château a été racheté par un deuxième Anglais, le Capitaine Henry Guy qui a construit le manoir tel qu'il existe aujourd'hui. Dans le voisinage, un certain Charles Dickens séjournait régulièrement dans le même village... Enfin, en 1898, le château est devenu la propriété de John Whitley. Cet ambitieux homme d'affaires a aussi été le fondateur de la station balnéaire d'Hardelot. D'ailleurs, le château n'était pas un lieu de villégiature, mais le coeur de la vie mondaine de la cité. S'y croisaient alors les riches Anglais, nombreux à l'époque sur la Côte d'Opale, mais aussi une bourgeoisie française. On y faisait la fête, on y tapait le premier coup du parcours de golf, à peine modifié aujourd'hui. Le dernier propriétaire privé du château n'était pas moins intéressant. Il s'agit de l'abbé Bouly, curé d'Hardelot et père de la radiesthésie. Lui, a racheté le château pour en faire une maison de repos.

 

Un château, un théâtre, des expositions

Aujourd'hui, le Château d'Hardelot appartient à la commune de Condette. Mais ayant souffert des affres du temps, il a été restauré au début des années 2000 par le département du Pas-de-Calais qui en a fait le Centre Culturel de l'Entente Cordiale. Le manoir qui a retrouvé un intérieur victorien séduit les visiteurs. On y découvre l'histoire du lieu bien sûr. Mais pas seulement. Ici chaque élément de décor raconte en filigrane l'histoire franco-britannique. Les chaises de la salle à manger ont été achetées par Napoléon III lors d'un voyage à Londres. Le buste du Président Emile Loubet et le portrait du roi anglais Edward VII évoquent la signature du traité de l'Entente Cordiale, qui a permis le rapprochement diplomatique des deux pays. Et il en est ainsi dans chacune des neuf pièces... À l'entrée du site, s'élève une construction elle aussi unique : il s'agit d'un théâtre élisabéthain. Le Centre Culturel de l'Entente Cordiale, proposant une programmation à l'accent franco-britannique, of course, s'est doté d'un lieu de représentations. Et naturellement, l'inspiration vient d'Outre-Manche. Il est l'oeuvre de l'architecte Andrew Todd. Il s'agit du seul théâtre élisabéthain en France. Naturellement, il accueillera en juin, le Midsummer Festival, temps fort de la vie artistique du lieu. L'art s'exprimera aussi par le biais d'expositions temporaires. Welcome !

 

Infos futées

 

Quand ? Toute l'année. Les beaux jours sont naturellement plus agréables. Mais les caprices de la météo offrent des paysages époustouflants.

 

S'y rendre. La Côte d'Opale se situe à 230 km eu nord de Paris. Le Centre Culturel de l'Entente Cordiale se situe sur la commune de Condette, à 5 min d'Hardelot. Les Deux-Caps se situent entre Boulogne-sur-Mer et Calais. En train, arrêt à Calais, Calais-Fréthun ou Boulogne-sur-Mer.

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