Dans l’ombre de Michel de Montaigne
Né le 28 février 1533 au château de Montaigne en Périgord, Michel Eyquem de Montaigne est issu d’une famille de négociants bordelais. Reconnu pour ses Essais et son rôle de magistrat au Parlement de Bordeaux où il a siégé pendant quinze ans, Michel de Montaigne est une des principales figures de l’Humanisme en France. Sans cesse cités, sans cesse interrogés, ses pensées, réflexions et écrits revêtent un caractère universel défendant un idéal humaniste de la Renaissance. « Qui se connaît, connaît aussi les autres, car chaque homme porte la forme entière de l'humaine condition ». Montaigne a toujours prôné le dialogue comme antidote à la violence, et la réflexion comme préalable à l’action. A partir de 1558, il se lie profondément d'amitié avec l’humaniste et poète Étienne de La Boétie, auteur du Discours de la servitude volontaire. Très affecté par sa disparition à l’âge de 32 ans, Montaigne lui rend un hommage posthume dans ses Essais, résumant leur amitié à la phrase suivante : « Parce que c’était lui, parce que c’était moi ». A Bordeaux, aux numéros 23 et 25 de la rue de la Rousselle et au numéro 20 de la rue des Ayres, vous pourrez apercevoir la demeure familiale de ses parents et son logement de fonction durant ses mandats de maire, à la fin du XVIe siècle. Attribué aux sculpteurs bordelais Prieur et Guillermain, vers 1593, le musée d’Aquitaine conserve le cénotaphe de Michel de Montaigne. Il y est représenté en gisant, vêtu d’une armure sur le modèle médiéval. A la Bibliothèque Mériadeck, vous aurez surtout l’inestimable occasion de consulter l’édition numérique intégrale de l’exemplaire « de Bordeaux » des Essais (1588), annoté de la main de l’auteur.
Sur les terres de Montesquieu
Auteur des Lettres persanes et de L’esprit des lois, œuvre qui assurera son renom dans le monde entier, Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu, est une figure incontournable du siècle des Lumières et un précurseur des sciences politiques modernes. Conseiller au Parlement de Bordeaux, il s’est rapidement imposé comme un membre très influent. Ce philosophe des Lumières est né au château de La Brède en Sud Gironde. Labellisé « Maison des Illustres » par le ministère de la Culture, le Château de La Brède a été édifié à partir du XIIIe siècle sur les ruines d’une construction plus ancienne. Le château, remanié à la Renaissance mais conservant son caractère de forteresse, est reconnaissable à sa forme polygonale se reflète dans l’eau des larges douves qui l’entourent. Fidèle à ses racines, Montesquieu y séjourna régulièrement. A l’abbé Guasco, le 3 juillet 1744, il indique : « Je me fais une fête de vous mener à ma campagne de La Brède ». Transmis à ses descendants, le château et son domaine, classés au titre des Monuments historiques, ont gardé l’esprit de Montesquieu et le souvenir d’une histoire longue de huit siècles. « Le château de La Brède, que j’ai si fort embelli depuis que vous ne l’avez vu ? C’est le plus beau lieu champêtre que je connaisse », écrit-il, toujours à l’abbé Guasco, le 16 mars 1752. Un passage obligé pour tous les amoureux d’histoire et de littérature. A Bordeaux, quatre sculptures et plusieurs plaques indiquent également certains de ses lieux de résidence, notamment là où se trouve la très célèbre librairie Mollat.
Dans les pas de François Mauriac
Le Sud Gironde fut la terre d’accueil du romancier, poète, dramaturge, essayiste et journaliste François Mauriac. Ce fils de Bordeaux, né au 86, rue du Pas-Saint-Georges, prix Nobel de littérature en 1952 et membre de l’Académie française pendant presque quarante ans, est peut-être l’un des plus grands romanciers français du XXe siècle. Passé maître dans l’art de décrire les passions qui tourmentent les hommes, l’auteur de Thérèse Desqueyroux, sa plus grande héroïne, trouva l’inspiration à Saint-Maixant au Domaine de Malagar, dans l’une de ses demeures familiales. Transformé depuis vingt ans en Centre François-Mauriac, le domaine perpétue la mémoire de ce grand écrivain. La visite guidée du rez-de-chaussée de la demeure girondine telle qu’il l’a connue dévoile l’univers de l’auteur. Labellisé « Maison des Illustres », Malagar propose une programmation culturelle pour tous les publics, ainsi que des balades littéraires et la découverte de son parc classé entouré de vignes. Comme Toulouse-Lautrec, François Mauriac appréciait la cuisine délicate du Chapon Fin. Située à Bordeaux au 5, rue Montesquieu, cette grande table est l’un des premiers restaurants gastronomiques triplement étoilés de l’histoire.
Lecture et vie littéraire
La Gironde est riche d’acteurs dans les domaines de la création et de la promotion éditoriale : auteurs de fictions, de documentaires, de bande dessinée, d’œuvres réflexives, tant pour la jeunesse que pour les adultes, mais aussi d’éditeurs dans de nombreux domaines et de librairies. Sans oublier les manifestations thématiques autour du livre comme L’Escale du livre (Bordeaux), Lire en poche (Gradignan), le Gujan Thrillers Festival (Gujan-Mestras), et d’autres rendez-vous encore. Marquée par son riche passé littéraire, la Gironde s’écrit et se raconte depuis toujours en mots et en images. L’Estuaire de la Gironde est notamment le sujet de nombreux textes et ouvrages. « Nous apercevons tout à coup, sur la gauche de la rivière, huit à dix belles maisons à trois étages qui ont l'air d'opulentes maisons de campagne : c'est Pauillac. […] Pauillac serait-il tout à fait nouveau ? On dirait que les trois quarts de la ville n'ont pas trente ans », écrit Stendhal. Ainsi, la littérature est-elle aussi une magnifique façon de voyager...
Lire la Gironde
Afin d’aborder les différents aspects du département, nous vous invitons à découvrir un échantillon d’ouvrages.
Les petites comédies de l’eau, Gironde, de Dominique Paquet, Arnaud Poujol et Philippe Touzet, aux éditions Script, vous embarquent dans six pièces courtes du côté de l’estuaire.
Côté humour, le Petit dictionnaire absurde et impertinent de Bordeaux et de la Gironde, de Jean-Pierre Gauffre, est à retrouver aux éditions Féret.
Plus insolite, Les historiettes, par Bast et Matyo, aux éditions Sangam, dans lesquelles les auteurs invitent à visiter la Belle endormie à leur façon.
