Sanctuaire des pêcheurs de phoques à l'âge de pierre, colonie scandinave dès le VIIe siècle, cet archipel de 6 700 îles flottant dans le golfe de Botnie, entre Stockholm et Turku (Finlande), partage son histoire avec celle de la Suède, puis de la Russie. En 1861, le tsar Alexandre II fonde la ville de Mariehamn, devenue chef-lieu de la province autonome finlandaise en 1917. Les fragiles orchidées et les forêts d'épicéas autant que la lumière diaphane baignant les rivages lascifs de ce coin de la Baltique semblent toutefois indifférentes à ces contingents aléas. Åland est un dédale de terres et d'eau dont émane un parfum d'éternité. D'épopées navales en canotage contemplatif ou sessions pêche, entre héritage gastronomique nordique et activités de plein air familiales, l'énigmatique archipel finlandais au sol de granit rouge appelle l'évasion.
La ville aux mille tilleuls
C'est avec Mariehamn et ses 11 000 habitants (soit un tiers de la population) que les 1,5 million de visiteurs annuels font connaissance. Après un court trajet en avion ou une rêveuse traversée en ferry depuis Stockholm, Kapellskär et Grisslehamn du côté suédois et Helsinki et Turku du côté finlandais, la cité déploie ses vertes allées bordées de maisonnettes en bois et de bistrots contemporains. Les terrasses estivales et animées invitent à la flânerie. La placide atmosphère marine, reposante, se précise dans le quartier maritime de Sjökvarteret. Un chapelet de bâtisses traditionnelles de couleur rouge automnal - hébergeant ateliers, chapelle de marins, pub et boutiques d'artisanat - fait office de décor au chantier naval : goélettes et embarcations de bois y sont amarrées, dans l'attente d'être choyées. Si le musée des Beaux-Arts et d'Histoire d'Åland explore les legs culturels du territoire en insistant sur l'identité spécifique de l'archipel, le musée maritime qui possède une stupéfiante collection de bateaux miniatures sonde quant à lui l'angle maritime de cette même chronique, couvrant une période allant de la piraterie du XVIIIe siècle aux navires marchands d'aujourd'hui. Arrimé juste en face, le métallique quatre-mâts Pommern, unique rescapé du type datant de 1903, propose une expérience épatante nommée 100 jours de navigation. Jeux de lumière et bandes-son nourries d'authentiques témoignages engagent les matelots de passage dans le quotidien d'un équipage des années 1930 filant vers l'Australie, via Londres et le cap Horn. Et d'entendre pester le cuisinier, craignant de voir les patates se gâter d'ici l'arrivée dans le Pacifique !
Après une heureuse baignade, on se régale d'une crêpe épaisse à la cardamome et crème fouettée sur la plage de Gröna Udden ou sur celle de Lilla Holmen, flanquée elle d'un navire de flibustiers ouvert à la visite. Le site accueille également une oisellerie, parfaite introduction à l'avifaune de l'archipel : le seigneur est ici le pygargue à queue blanche, aussi nommé grand aigle de mer.
6 700 îles
Laissons le vent s'engouffrer dans nos voiles : cap sur l'île de Silverskär le temps d'une nuit ou deux, pour s'essayer à la pêche sportive, taquinant brochet, sandre, corégone ou truite de mer, avant de visiter l'une des lighthouse islands, ces îles-phares inhabitées, ou bien de déguster du champagne et de dîner sur d'autres îles. Kökar et ses 250 habitants, à 2h30 en ferry de la ville, est une autre oasis de quiétude. À l'ombre d'un monastère franciscain, le temps se fige entre lune et lagunes.
Côté cuisine, Åland ne manque pas de ressources. En plus des excellentes tables de tradition nordique revisitée - poisson frais et viande fumée aux herbes -, la production locale est riche : bières artisanales Stallhagen ou Open Water, pralines et limonades maison d'Amalias, fromages de la ferme Mattas Gård... À cet égard, lors de la visite du château médiéval de Kastelholm, jadis lieu de villégiature du roi Gustave Vasa, le restaurant Smakbyn vaut le détour : les eaux-de-vie locales sont à ne pas manquer !
Après une partie de golf sur le 18-trous avoisinant, on poussera jusqu'aux ruines de la forteresse de Bomarsund. S'il ne reste que peu des murs de granit érigés par les tsars et détruits en 1854 par une flotte franco-britannique lors de la guerre de Crimée, le lieu n'en demeure pas moins envoûtant. Saurez-vous débusquer les canons ? Dans les terres, du côté de Finström, signalons l'église Sankt Mikaels édifiée entre le XIIe et le XVe siècle, qui recèle une superbe collection de sculptures sur bois.
La circulation dans l'archipel est fluide et aisée, autorisant de multiples combinaisons de balades. Le terrain plat et les nombreux ponts facilitent les itinéraires à pied ou à vélo, tandis que les antiques voies navigables vikings se prêtent divinement au kayak, au jet ski ou à la voile. Ne reste qu'à élire un logis face au lagon. La magie d'Åland s'occupe du reste.
Infos futées
Quand ? Contrairement à la Finlande ou à la Suède continentales, Åland, de par sa situation insulaire, bénéficie d'un climat modéré. Les eaux de la mer Baltique réchauffent les vents froids hivernaux et tempèrent les chaudes bourrasques estivales venues du sud-est. Grand Nord oblige, les températures stagnent malgré tout sous la barre du 0 °C de décembre à mars - couvrant les paysages d'un blanc manteau - et se stabilisent autour de 20 °C de juin à août, période tout indiquée pour visiter l'archipel.
S'y rendre. Via Stockholm et Turku.
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Durée. Le temps d'un long week-end est tout à fait approprié pour la découverte de l'archipel d'Åland. Toutefois, une pleine semaine voire 10 jours permettront de profiter du séjour en toute quiétude et d'explorer les îlets les plus reculés du golfe.
Public. Amoureux des grands espaces et de nature immaculée, passionnés de marine et de pêche, gourmets aventureux, familles et amis en quête de dépaysement et de longues balades... vous êtes les bienvenus !
Les plus. Une région méconnue du grand public.
Un environnement naturel somptueux et apaisant.
D'innombrables activités de plein air.
Une faune exceptionnelle.
Les moins. La barrière de la langue. La majorité des Ålandais parlent toutefois un très bon anglais.
Utile. Pour préparer au mieux son escapade sur la mer Baltique.
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