À seulement 10 km de Montréal, sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, Kahnawake invite les voyageurs à faire la rencontre de la plus grande communauté mohawk du Québec. Cette destination de Montérégie, qui mêle patrimoine historique, traditions ancestrales et culture autochtone vivante, reste encore méconnue du grand public malgré son accessibilité remarquable depuis la métropole québécoise. Plonger dans l’histoire des Mohawks, c'est percer les secrets d'une nation singulière qui a su préserver ses valeurs malgré la proximité de grandes villes comme New York et Montréal. Une richesse culturelle unique en Amérique du Nord.
Les Kanien'kehá:ka, Mohawks du Québec : une riche histoire
L'histoire et la culture des Mohawks sont bien plus riches et complexes que les stéréotypes qui circulent sur les peuples iroquois. Membres de la Confédération des Cinq-Nations iroquoises avant l'arrivée des Européens, ils ont habité des régions allant du nord de l'État de New York au Québec, en bordure du Saint-Laurent. Cette Confédération avait pour but d'établir une paix durable et une prospérité basée sur le respect mutuel entre les peuples, mettant également en place un système de gouvernance démocratique unique et avancé pour l'époque.
La Grande Loi de la Paix, la légende de la femme tombée du ciel, le concept de septième génération - soit la prise en compte des générations futures dans les décisions - et le traité de Wampum à deux rangs (accord d'amitié de 1616 avec les Hollandais) sont des éléments fondamentaux qui ont forgé l'identité mohawk, et ce bien avant la création du Canada. Durant la colonisation, les Mohawks, situés sur un territoire clé pour la traite des fourrures, se sont retrouvés au cœur des conflits entre puissances européennes, d'abord entre la France et l'Angleterre, puis contre les États-Unis lors des tentatives d'invasion du Bas-Canada britannique dans les années 1810.
Après la création du Canada en 1867, la Loi sur les Indiens de 1876 visant à éradiquer la culture des Premières Nations et à promouvoir l’assimilation de leurs membres dans la société eurocanadienne, a profondément perturbé les modes de vie, cultures et traditions des Mohawks. Cependant, à Kahnawake, les membres de la communauté s'efforcent de se réapproprier leur identité et de la transmettre aux futures générations. En s'immergeant dans la culture mohawk, les visiteurs découvrent une communauté qui, comment en témoigne son riche patrimoine historique, reste profondément attachée à ses valeurs ancestrales. Une expérience fascinante et essentielle pour dépasser les caricatures.
Découverte du patrimoine autochtone à Kahnawake
Kahnawake propose plusieurs rendez-vous avec l’histoire de son peuple. La première chose à faire une fois sur place est de découvrir ses principaux monuments et sites patrimoniaux. Il est possible de le faire en parfaite autonomie, mais il est malgré tout vivement recommandé de réserver une visite guidée, proposée en anglais et en français. Ces tours permettent d'explorer les principaux attraits tout en bénéficiant des explications d'un guide local passionné.
La visite passe par le Mémorial du pont de Québec, où en 1907 l’effondrement du pont entraîna la mort de 33 ferronniers de Kahnawake. Un drame pour la communauté. L'engagement militaire des membres de Kahnawake est également honoré, avec un monument commémorant la guerre de 1812, pendant laquelle les guerriers mohawks ont été décisifs lors des batailles menées aux côtés des soldats britanniques et de la milice canadienne. Plus loin, un cénotaphe énumère les noms des hommes et femmes mohawks qui ont sacrifié leur vie pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale, puis pendant la guerre de Corée. On y trouve également un char.
Ce monument fait face à la Mission Saint-François-Xavier – Sanctuaire de Sainte Kateri Tekakwitha, l'un des forts de la visite de Kahnawake. L'église abrite le tombeau de Kateri Tekakwitha, première personne autochtone d'Amérique du Nord à être élevée au rang de sainteté. Un centre d'interprétation sur place conte l'histoire de la mission et de celle que l'on surnomme "le lys des Mohawks", convertie au christianisme, décédée à l’âge de 24 ans en 1680, béatifiée par Jean-Paul II en 1980 et canonisée en 2012 par le pape Benoît XVI.
Les autres visites et événements incontournables de Kahnawake
La visite du Centre linguistique et culturel Kanien’kehaka Onkwawenna Raotitiohkwa est un autre immanquable pour connaître la culture mohawk. Créé en 1978, il dispose d'une vaste bibliothèque, d'une exposition permanente et accueille plusieurs expositions d'art mettant en avant des artistes et artisans autochtones et locaux.
Il faut également profiter de son passage à Kahnawake pour s'intéresser à l'histoire et se rendre sur l'île Tekakwitha. Aujourd'hui, de vastes projets menés notamment par les autochtones ont permis de revitaliser ce territoire symbolique que la communauté utilisait pour nager, pêcher, cueillir des plantes médicinales et se laver. Pour l'histoire, une partie de ces terres leur avait été confisquée pour le passage des grands navires de commerce.
Et puis, quel que soit le moment de l'année où l'on souhaite se rendre à Kahnawake, il faut penser à consulter l'agenda des événements. De nombreux rendez-vous honorent la culture mohawk. En mars, le Mapple Food Fest est l'occasion de déguster des créations culinaires à base de sirop d'érable qui, rappelons-le, est un héritage autochtone. Juillet est le mois du très attendu pow-wow de Kahnawà:ke. Sur l’île Tekakwitha, tout près du pont Mercier, cet événement sacré et ouvert à tout le monde célèbre la culture autochtone et réunit diverses Nations autour de compétitions de danse en habit traditionnel, de démonstrations de musique, de la cuisine et de l'artisanat. Un moment festif et haut en couleur. Le même mois, le Strawberry Festival célèbre la fraise et les créations possibles à base de ce fruit.
Les voyageurs qui décident de se rendre à Kahnawake peuvent prendre part au Corn Fest, avec des jeux pour enfants, des ateliers d'artisanat et autres temps forts autour du maïs, aliment très important dans la tradition autochtone. Quelques semaines plus tard, en octobre, le Harvest Festival met en lumière les savoir-faire et les produits de la riche gastronomie iroquoise. On est alors en pleine période des récoltes.
Pour un dépaysement total à seulement 15 minutes de Montréal, les voyageurs sont invités à passer par le Centre d'accueil touristique de Kahnawake. Ils y font le plein d'informations sur les lieux à visiter, les endroits où séjourner, les restaurants, les galeries d'art et les boutiques où flâner (avec plus de 250 commerces !). On peut aussi y réserver des tours guidés et des ateliers autour de la danse, de l'artisanat ou de la crosse, un sport autochtone. Kahnawake dispose en outre de 5 terrains de golf pour les adeptes.