Soleil, mer translucide, plages de sables et de galets, montagnes tombant à pic dans l'eau bleue, héritage multiculturel, la Crimée a tous les avantages pour devenir une destination phare de l'Europe de l'Est. Il faut ajouter un parc hôtelier plutôt bon pour un pays de l'ex-URSS, ainsi qu'un aspect encore exotique. Seul point négatif, du 10 juillet au 20 août la presqu'île est envahie par des touristes russeset ukrainiens, les hébergements sont alors chers et les jolies cités balnéaires de Yalta, Koktebel, Soudak ou Sébastopol perdent un peu de leur attrait. Ce n'est finalement pas très grave car la Crimée révèle tout son charme hors saison, et le climat est propice au farniente de mi-mai à début octobre ce qui fait qu'il reste encore beaucoup de temps dans l'année pour visiter ce qui fut le lieu de villégiature de plusieurs générations de soviétiques. Grâce à son cadre naturel et culturel unique, la Crimée a été le plateau pour le tournage des nombreux films, devenus des grands classiques du cinéma soviétique. D'ailleurs, la fondation des studios cinématographiques de Yalta date de 1917.
Histoire
Depuis le Xe siècle, la Crimée a été envahie successivement par les Tatars, les Génois et les Turcs, qui tous, peu ou prou, ont marqué de leurs influences ses nombreux palais, ses forteresses et ses légendes. De nos jours, cette république autonome est devenue le lieu de villégiature favori des vacanciers ukrainiens et russes. Le climat chaud, la nature généreuse et l'air admirablement pur sont également renommés pour soigner les maladies respiratoires et cardiaques. Des écrivains célèbres comme Pouchkine, Tolstoï ou Gorki ont souvent séjourné en Crimée pour y chercher l'inspiration... ou soigner une grippe. Les tsars y ont construit leurs plus belles résidences secondaires au bord de l'eau. Voilà donc une région à visiter absolument mais en évitant, si possible, le pic touristique du mois d'août. La Crimée est le territoire qui a été ajouté le plus récemment à l'Ukraine.
Habitée dès la période préhistorique et peuplée par les Grecs et Romains pendant l'Antiquité, la Crimée abritait jusqu'au XVIIIe siècle le dernier vestige de l'immense empire de Gengis Khan qui, en 1253, s'étendait des Carpates à la mer de Chine. Le khanat de Crimée n'a été vaincu qu'en 1774 par les troupes russes de Catherine II. Occupée par les Anglo-Français après la guerre de Crimée en 1856, la Crimée redevient ensuite une partie de l'Empire russe et reste dans le territoire de la République fédérative socialiste de Russie après 1917. Pendant la Révolution d'Octobre la Criméea été un bastion de l'Armée Blanche en résistant aux Rouges jusqu'à novembre 1920. Pendant la Deuxième Guerre mondiale elle a subi l'occupation allemande et perdu presque la moitié de sa population. Après la guerre, Staline a fait déporter en Asie centrale tous les Tatars de Crimée qui restaieny et beaucoup d'autres minorités ethniques, dont les Grecs de Balaklava, les Italiens de Kerch, les Arméniens de Feodosiya, les bulgares de Koktebel. En 1954, pour fêter les 300 ans du rattachement " volontaire " de l'Ukraine orientale à Russie, le turbulent Nikita Khrouchtchev, lui-même ayant passé son enfance en Ukraine, décide de faire don de la Crimée à l'Ukraine. Cet insignifiant déplacement de frontière dans le cadre de l'Etat unique qu'était l'URSS a pris toute son importance lors des indépendances en 1991. Encore aujourd'hui les Ukrainiens sont en minorité en Crimée où vivent essentiellement des Russes et où la langue officielle est le russe. À la Douma russe de longs débats ont agité les parlementaires au début des années 1990 sur l'opportunité de reprendre la Crimée à l'Ukraine de gré ou de force, sans qu'aucune action ne soit en fin de compte tentée. La Crimée reste un des principaux bastions russophiles du pays. La Fédération de Russie loue toujours à l'Ukraine la base militaire de Sébastopol à l'ouest de la péninsule et les minorités russes et tatares revendiquent un traitement particulier pour ce territoire. Après avoir été élu président, viktor Yanukovich a prolongé aux russes le permis d'exploitation de la base de Sébastopol jusqu'à en 2035.
A la fin des annés 1980, les Tatars ont commencé à rentrer en Crimée de leur exile forcé. Ils n'ont pas eu droit au retour des propriétés qui leur avaient été confisquées en 1945, ce qui a engendré des occupations illegales des terres et des affrontements avec la population russe de la péninsule qui ne les a jamais acceptés. En voyageant par la Crimée en voiture il arrive souvent de voir des cabanes apparemment sans aucune fonction construites sur des lots de terre. Ainsi les tatars s'approprient des terres qui, selon leur point de vue, leur appartiennent de droit.
