Où observer les phoques sur la Côte d'Opale ?
Situées au sud de la Côte d'Opale, les baies de Somme et d’Authie sont connues pour regrouper la majeure partie de la population de phoques veaux-marins des côtes françaises (longueur d’1,70 m et poids de 90 kg). Celle-ci est complétée par une petite colonie de phoques gris, bien plus gros (longueur de 2,50 m et poids de 200 kg), qui se différencient au niveau de leur tête et de leur façon de se positionner sur le banc de sable. Tout au long de l’année, vous pouvez apercevoir ces phoques à la pointe du Hourdel ou à Berck-sur-Mer, à marée basse, quand ils se reposent sur les bancs de sable, ou à marée haute le long du rivage ou des ports.
Mais ces baies ne sont pas les seuls endroits pour les apercevoir. On peut ainsi les admirer dans le Calaisis. En randonnant au cap Gris-Nez, vous pourrez les voir de loin en longeant le littoral jusqu’à Audresselles, souvent nichés dans les crans (ils se confondent alors parfois avec un rocher !). A Boulogne-sur-Mer, ils s'aventurent souvent jusque dans la rade, et côté Digue Carnot. Au Portel, le fort de l'Heurt est le lieu idéal pour les croiser à marée basse ou à marée haute.
Comment observer les phoques sur la Côte d'Opale ?
Avant toute chose, rappelons qu'il ne s'agit pas ici de trouver les meilleurs endroits pour « importuner » ou « harceler » les phoques. Bien que la tentation soit grande de les approcher au plus près, le phoque n'est pas un animal domestique. Malgré ses airs « trop mignons », il reste un animal sauvage, curieux, certes, mais qui peut aussi se sentir en danger face à l'homme. S'il se multiplie tant sur nos côtes, c'est qu'il s'y sent bien et en sécurité. Pouvoir l'observer est un privilège, qu'il faut pratiquer de façon respectueuse si l'on souhaite continuer de le voir prospérer. C'est pourquoi, il est préférable d'opter pour des jumelles pour l'observer de loin : à partir de 10x40, le grossissement est suffisant pour pouvoir le regarder.
Il faut avoir en tête que le phoque est un animal marin. La mer est l'endroit dans lequel il se sent le plus en sécurité : le phoque gris et le phoque veau-marin peuvent d'ailleurs atteindre une vitesse de 35 km/h environ lorsqu'ils sont dans l'eau pour se mettre facilement à l'abri. C'est pour cette raison que vous aurez le plus de chance d'apercevoir un phoque de près lorsque celui-ci nage, si vous êtes en bateau par exemple ou en kayak, car il sait qu'il peut s'enfuir s'il se sent en danger, tout simplement. Si un phoque s'approche de votre embarcation, restez calme, ne cherchez pas à le caresser et admirez. Laissez-le choisir s'il s'approche ou pas, et respectez son choix. Avec un peu de chance, il vous tiendra peut-être même compagnie pendant un long moment. S'il est sur un reposoir lorsque vous passez en kayak ou en bateau, ne vous arrêtez pas et naviguez du côté de la rive opposée pour le déranger le moins possible.
A marée basse, les phoques ont besoin de se reposer sur les bancs de sable pour reprendre des forces. Cela fait partie de leur cycle biologique. Leur temps de repos est indispensable pour qu'ils puissent rester en bonne santé et mener à bien leur mue annuelle grâce à un temps d'exposition au soleil suffisant. Il est alors plus facile de les observer et de les repérer, parfois en bancs de plusieurs dizaines d'individus. Pourtant, c'est aussi lorsqu'il est sur le sable que le phoque se sent le plus vulnérable et qu'il convient d'être le plus précautionneux. Le phoque est rapide dans l'eau, mais lent sur terre (ce qui rend ses déplacements parfois si incongrus à observer), il se sait donc en danger quand il s'y repose. Pour cette raison, il est nécessaire de garder une distance et d'opter pour les jumelles pour mieux l'observer.
Lorsque les phoques sont dans l'eau, on peut parfois passer à côté sans les remarquer. Si vous passez près d'un spot connu à marée haute (le sentier des Crans au cap Gris-Nez par exemple), restez attentif. Souvent, vous ne verrez que leur petite tête dépasser, qui peut être confondue avec un rocher. Si le « rocher » bouge, c'est probablement un phoque. Et souvent, dès qu'on en voit un, on voit aussi les autres ! D'où l'intérêt des jumelles pour pouvoir vérifier s'il s'agit bien d'un phoque... ou d'un rocher.
Comment savoir si vous êtes trop près des phoques ?
Si vous voulez être sûr de ne pas déranger les phoques durant votre observation, il faut avant tout respecter une distance minimale de 300 mètres et éviter de circuler sur leur banc de sable. Ensuite, leur comportement vous dira ce que vous devez faire :
Les phoques lèvent la tête : cela signifie que vous les perturbez et que vous êtes déjà un peu trop proche. Arrêtez-vous calmement et reculez si nécessaire.
Les phoques s'approchent du bord : vous êtes vraiment trop proche, reculez immédiatement et calmement pour retourner à une distance de 300 mètres minimum (et ne cherchez pas à vous rapprocher par la suite).
Les phoques retournent à l'eau : ils sont effrayés, et vous perturbez leur équilibre naturel. Eloignez-vous calmement et laissez-les tranquilles.
Méfiez-vous des mouvements de foule, qui tendent parfois à prendre les spots les plus connus d'observation pour un parc d'attractions.
Il est essentiel de rester calme durant votre observation, ne parlez pas trop fort, ne montrez pas du doigt. Continuez de surveiller le comportement des phoques. Ce n'est pas à eux de s'éloigner, mais à vous de vous adapter. Dès que ceux-ci réagissent à votre présence (voir ci-dessus), c'est le signe que vous devez vous reculer calmement de plusieurs dizaines de mètres.
N'hésitez pas également à sensibiliser vos proches qui peuvent ne pas avoir conscience du dérangement qu'ils peuvent causer à cet animal. C'est en apprenant à connaître le phoque et en agissant pour l'observer sans le troubler que celui-ci continuera de se sentir bien sur nos côtes.
Le cas particulier de la période de reproduction
L'été, c'est la période de reproduction pour le phoque veau-marin, il est possible que vous croisiez la petite bouille d'un jeune phoque. Cependant, ici encore, gardez bien vos distances. Il est en effet primordial de ne pas déranger une mère avec son petit, car cela pourrait mener à une séparation et augmenter le risque de mortalité du petit, ou nécessiter une intervention extérieure d'une personne titulaire d'une autorisation.
Si vous croisez une mère avec son petit, ne vous approchez surtout pas. En effet, les tétées ne se font qu'à marée basse, à raison de deux fois par jour pendant trois semaines, pour permettre au jeune phoque de prendre du poids et de se développer en bonne santé. Si vous vous approchez trop près, la mère peut prendre peur et s'enfuir sans avoir eu le temps de nourrir son petit. Imaginez si elle est dérangée trop souvent, le jeune pourrait en souffrir et ne pas prendre assez de masse.
De même, il n'est pas anormal de croiser un jeune phoque qui semble seul... mais souvent, sa mère le surveille de loin, bien dissimulée dans l'eau. Dans ce cas, encore une fois, ne vous approchez pas car tant que la plage ne sera pas déserte, la mère ne reviendra pas nourrir son petit. Eloignez-vous d'au moins 300 mètres et surtout gardez ce moment précieux pour vous et ne le diffusez pas sur les réseaux sociaux. Peut-être que vous êtes respectueux et prudent, mais les personnes que vous pourriez attirer ne le seront pas forcément. Il ne faut pas oublier que c'est une véritable question de vie ou de mort pour eux.
En cas de doute, contactez l'association Pélagis (05 46 44 99 10). N'essayez surtout pas de transporter l'animal même s'il vous semble mal en point, vous pourriez aggraver son état malgré toutes vos bonnes intentions. De plus, le phoque est une espèce protégée que vous n'avez pas le droit de toucher ou de transporter.
Que faire si vous trouvez un phoque blessé ?
Si vous trouvez un phoque qui semble blessé ou en difficulté, le premier réflexe à avoir est de garder ses distances. Cet animal est en effet protégé par la loi, mais il peut aussi être agressif (comme tout animal sauvage blessé) ou porteur de maladies. Veillez donc à ne pas le toucher et à rester vigilant, tout en prêtant attention à son état afin de pouvoir fournir quelques informations aux secours (est-ce qu'il saigne ? voyez-vous des plaies apparentes ? est-ce qu'il a un comportement étrange ?).
Vous pouvez alors contacter Pélagis (05 46 44 99 10) qui se chargera de joindre les interlocuteurs nécessaires. Si possible en donnant les coordonnées GPS de l'endroit où vous vous trouvez (ou au moins en essayant de trouver des repères visibles et identifiables). Il y a en effet quatre associations qui œuvrent toute l'année à la préservation et la protection des phoques : l'association Picardie Nature (http://www.picardie-nature.org/), l'association Découverte Nature (https://fr-fr.facebook.com/ADN.Berck/), le GDEAM (https://fr-fr.facebook.com/Gdeam-62-190907624390683/) et la CMNF (Coordination Mammalogique du Nord de la France ; http://www.cmnf.fr/).
Eloignez-vous et, si vous le pouvez, empêchez les curieux de s'en approcher ou de chercher à le toucher, à le transporter ou encore à le remettre à l'eau. Il n'est pas rare que certaines personnes cherchent à tout prix à intervenir, mais le phoque est un animal sauvage et protégé, seuls les professionnels autorisés peuvent intervenir. Une trop grosse foule causerait également un stress à un animal déjà affaibli, les phoques se sentent en effet très vulnérables lorsqu'ils sont sur la terre. Cela ne ferait alors qu'aggraver son état et c'est de plus sanctionné par la loi.
Merci à Patrick Thiery de l'association Picardie Nature et à ses bénévoles Christine Martin, Corinne Varin et Simon Thiery pour leur aide dans la constitution de ce dossier.