700 000 ans avant J.-C.
Les premières traces laissées par l’homme ont été observées à Wimereux, avec quelques bifaces et rognons de silex à côté d’ossements d’éléphants et d’hippopotames datés de -700 000 ans. Des populations se sont installées dans la région au rythme des glaciations et ont laissé des vestiges de leur passage, essentiellement sur les plaines calcaires.
De 38 000 ans à 1 500 ans avant J.-C.
Les premières traces de l’Homo Sapiens sont datées de 38 000 ans avant notre ère. La région est alors une steppe peuplée de rennes. Vers 3 000 ans av. J.-C., le climat plus sec fait reculer la forêt et l’arrivée de nouvelles populations venues du sud amène aux premières guerres connues de l’histoire régionale. À l’âge du bronze, vers -1 500, on trouve la trace d’importants échanges interrégionaux, y compris avec la Grande-Bretagne.
50 ans avant J.-C.
Nous arrivons ensuite à l'Antiquité. Divers peuples celtes, tels que les Morins à Gesoriacum (Boulogne-sur-Mer), occupent la Côte d’Opale lorsque Jules César lance sa fameuse Guerre des Gaules. Puis, après plusieurs siècles de pax romana, les peuples germains (Vandales, Burgondes...) passent tel un torrent et ravagent la région. Une autre invasion, celle de la mer, pousse les habitants à se réfugier sur les hauteurs. Les Francs finissent par conquérir la région et s’y installer.
Une séparation linguistique commence à apparaître de part et d’autre de la Lys, le picard et ses racines latines au sud et le flamand au nord, luttant pour s’imposer. Le rivage est abandonné aux pillards maritimes. Les Angles et les Saxons s’y installent, comme en témoignent les noms de quelques villages. Ham ou hem signifie « domaine » en saxon et en frison et zeele « maison seigneuriale » en franc salien.
Du VIIe siècle au IXe siècle
La christianisation est très lente, mais elle finit par atteindre la région. Le VIIe siècle sera l’âge d’or des monastères missionnaires, notamment à Thérouanne, où le moine bénédictin Audomar deviendra le premier évêque de la région. On le connaît mieux sous le nom de Saint-Omer. C’est avec l’aide de trois autres moines, Bertin, Momelin et Ebertram, qu’il lancera la mise en valeur des terres marécageuses de la région audomaroise, nées du retrait progressif de la mer. Vers les VIIIe et IXe siècles, les bas pays flamands s’éveillent ainsi et des centres commerciaux (appelé aussi portus) apparaissent comme Saint-Omer.
Moyen-Âge
Le développement économique de la région ne cessera plus, mais les acteurs principaux changent. Les nobles s’appauvrissent. Les villes acquièrent des privilèges considérables grâce aux bourgeois, qui rachètent des droits aux seigneurs et parviennent à maintenir leur économie au travers des crises militaires et politiques. Les beffrois se construisent un peu partout pour symboliser le pouvoir des échevins et des commerçants. L’Église affirme sa puissance culturelle et sociale.
La guerre de Cent Ans éclate en 1337 et dévaste la région, car l’Angleterre fait du territoire le théâtre de ses premières opérations militaires. À Crécy, une partie de la noblesse française est décimée. Calais devient anglaise après un long siège et le restera durant deux siècles, ce qui asphyxiera le développement des grandes cités voisines. La période est aussi marquée par la peste noire et les disettes. Par le jeu des mariages et des successions, Flandres et Artois passent aux mains des ducs de Bourgogne, alliés aux Anglais.
XVe siècle
Louis XI conquiert la région, mais l’héritière Marie de Bourgogne épouse le futur empereur d’Autriche Maximilien de Habsbourg. Seul le Boulonnais restera propriété du royaume de France. Le reste de la région sera disputé par les grandes puissances européennes, Autriche, Espagne, Angleterre. En 1558, les Français reprennent Calais aux Anglais.
XVIe siècle
Le XVIe siècle est marqué par la réforme initiée par Luther et Calvin. La Flandre maritime, au nord de Calais, se range aux côtés des Pays-Bas protestants, alors que l’Artois sous domination espagnole devient un véritable foyer d’accueil pour les catholiques anglais persécutés dans leur pays. Les libéralités d’un gouvernement espagnol, peu présent, permettent à l’Artois de connaître également la prospérité.
Du XVIIe au XVIIIe siècle
Après ce bref répit pour la région, les règnes de Louis XIII et Louis XIV seront une nouvelle ère de près de quatre-vingt-dix ans de combats, de sièges, de pillages, de dépeçages diplomatiques et donc de misère. Les traités des Pyrénées (1659), de Nimègue (1678) et d’Utrecht (1710) scelleront par étapes, mais définitivement, la Côte d’Opale à la France. Ses habitants, d’abord hostiles, finiront par accepter leur nouvelle identité française, qui ne cessera de s’affirmer au fil des guerres et des épopées économiques.
Jusqu’en 1788, la prospérité économique retrouvée ne concerne pas le peuple, mais seulement la haute société. La pauvreté est si grande que la moindre variation de l’économie entraîne désastres et disettes et la crise alimentaire frappe la région de plein fouet.
1789
En 1789, la Révolution française aura peu de répercussions sur le territoire régional. La fin des privilèges ruine de nombreuses cités. La création des deux départements du Nord et du Pas-de-Calais, en 1790, avec leur découpage et leur choix de préfectures, suscite de graves querelles.
1799-1814
En l’an VIII (1799), Napoléon Bonaparte est accueilli par une région avide de paix, encore profondément rurale et très illettrée. En 1810, grâce au blocus continental, l’économie du Nord-Pas-de-Calais décolle en développant l’industrie et la culture de la betterave à sucre.
Comme les conquérants romains, Bonaparte jette son dévolu sur Boulogne pour réaliser l’une de ses grandes ambitions : envahir l’Angleterre. L’empereur fait exécuter d’immenses travaux qui permettent au port de recevoir plus de 2 000 bâtiments, et en fait aménager un autre à Wimereux. Lors de sa venue le 16 août 1804, on décide de dresser un monument commémoratif dont la première pierre est posée le 9 novembre 1804. C’est l’origine de la Colonne de la Grande Armée à Wimille. Le projet d’invasion est abandonné dès août 1805, après le désastre de Trafalgar et l’émergence d’une nouvelle coalition de l’Autriche et de la Russie.
À partir de 1812, les difficultés se multiplient : effets du blocus continental, résistances de plus en plus vives à la conscription, agitation royaliste... En avril 1814, dès l’annonce de l’abdication de Napoléon, les corps constitués font acte d’allégeance aux Bourbons. De grandes manifestations populaires accueillent Louis XVIII. L’Empire s’effondre dans une grande agitation, mais les aspects négatifs de la fin du règne ne doivent pas en masquer les acquis économiques agricoles (cultures nouvelles comme celle de la betterave) et industriels (essor du textile à Calais, à Saint-Omer...). La fin de l’Empire marque d’ailleurs une vraie césure dans l’histoire du Pas-de-Calais : désormais, l’économique va primer sur le politique.
XIXe siècle
Une région en plein essor
La région s’impose comme la « première usine de France ». Le succès économique global se renforce grâce à l’importation de technologies de pointe depuis l’Angleterre et de la main-d’œuvre depuis la Belgique surpeuplée.
Cet essor de temps de paix se termine quand éclate la guerre contre la Prusse, en 1870.
1914-1918
Base arrière pendant la Grande Guerre
La Grande Guerre est particulièrement éprouvante. Les combats ne se sont certes pas joués sur la Côte d'Opale, mais le littoral a servi de base arrière pendant tout le conflit. Les troupes alliées transitaient par les ports, des camps d'entraînement s'y sont aussi établis ainsi que des hôpitaux. Montreuil abrita notamment le haut commandement de l'armée britannique en 1916.
1939-1944
La région se remet peu à peu de la Première Guerre mondiale, mais la Seconde Guerre mondiale réduit en miettes cette résurrection. Un Lillois émerge du chaos et il marquera le siècle de son empreinte : Charles de Gaulle. Philippe Pétain est natif de la même région, mais les deux hommes n’ont pas la même « idée de la France ». Les armées alliées et ennemies s’affrontent dans la Somme et sur la côte et de grands sites sont détruits par des bombardements successifs. Les blockhaus sont encore une cicatrice béante dans nos paysages.
Années 1950-1980
En 1946, les compagnies de l’ensemble du bassin minier sont nationalisées pour former les Houillères du Nord-Pas-de-Calais et la sidérurgie connaît un développement rapide. Mais cette période faste prend vite fin. Dès 1950, la région subit la crise. L’activité charbonnière se met lentement à mourir. En trente ans, environ 300 000 emplois sont supprimés.
L’État essaie de relancer l’activité en favorisant l’implantation d’usines du secteur automobile. À partir des années 1980, la société passe d’un monde d’industrie à un univers de services. De grandes entreprises émergent, parmi lesquelles des sociétés de vente par correspondance (La Redoute) ou de nombreuses enseignes de super et hypermarchés (Auchan). Ce virage amène les analystes à repenser leur vision du territoire.
1994
Un nouveau carrefour européen
La fin des années 1990 et le début du XXIe siècle conduisent en effet à envisager les choses autrement. La position géographique de la région Hauts-de-France est un atout incomparable pour faciliter l’émergence de nouveaux réseaux économiques. L’ouverture du tunnel sous la Manche en 1994 entame un champ des possibles extraordinaire, tout comme l’exploitation du TGV Nord Europe, d’Eurostar et de Thalys.
Début du XXIe siècle
La région se réapproprie son passé (ducasses, carnaval de Dunkerque), tout en jouant un rôle moteur dans les nouvelles créations. Le pari des industries culturelles est relevé et plusieurs domaines d’activité se dessinent : mode, cultures urbaines, vidéo ou plus récemment nouvelles technologies de l’image ou encore le cinéma. La région attire de nouveaux publics et les touristes se jouent désormais des clichés longtemps véhiculés sur le Nord, à l’instar du réalisateur Dany Boon dans son film Bienvenue chez les Ch’tis. Tout en célébrant ses traditions avec de nombreuses festivités (Fête de la mer, Fête du Flobard, Fête du Hareng), elle développe son tourisme vert avec de nombreux itinéraires pédestres et cyclistes ou encore ses cultures urbaines avec le street-art.