Découvrez Ibiza : A l'écran (Cinéma / TV)

Plages de sable fin et fêtes endiablées se reflètent à l’écran comme dans les journées et soirées d’Ibiza. Un haut lieu de cinéma depuis que l’île est devenue le repère favori des hippies dans les années soixante. Aujourd’hui, les DJ et les Beach parties ont remplacé le calme des vans Volkswagen et les chansons au coin du feu de camp, mais Ibiza continue à inspirer les cinéastes espagnols autant qu’internationaux. Après tout, est-ce que voir la fête sur grand écran n’est pas aussi jouissif que d’y participer ? Aux côtés de ces films qui font de la musique, de la danse et de la bonne humeur leur pierre angulaire, l’île passionne également par ses mystères et par ses frasques. Un côté obscur, mystérieux, voire carrément terrifiant, que certains grands réalisateurs ont embrassé comme Orson Welles, Barbet Schroeder ou Julio Medem. Et ce encore aujourd’hui, avec la toute récente série White Lines d’Alex Pina, le créateur de La Casa de Papel.

L'île d'Es Vedrá aperçue dans le film More de Barbet Schroeder © MichaelUtech - iStockphoto.com.jpg

Quand les hippies faisaient le cinéma

Si les premiers à coloniser les plages de l’île au début des années soixante sont les beatniks, ce courant assez marginal est rapidement remplacé par des cohortes de hippies, déserteurs pacifistes et autres citoyens américains fuyant un pays dont ils ne partagent plus les valeurs. Dans leurs valises, ces touristes d’un nouveau genre amènent une nouvelle forme de détente, ainsi que de nouvelles drogues comme le cannabis, mais aussi l’héroïne. Et c’est dans ce contexte bouillonnant que le réalisateur suisse Barbet Schroeder tourne son premier film More sur l’île. Une œuvre franco-germano-espagnole qui deviendra référence du courant hippie, sortie en 1969.
Le récit se construit autour de la rencontre de deux jeunes désœuvrés dans une décennie qui ne leur correspond plus. Stefan, récemment diplômé à Berlin, décide de partir pour Paris en autostop. Là, il rencontre Estelle, expat’ américaine. Ensemble, ils partent chercher le soleil et des réponses sur l’île d’Ibiza. Une idylle qui dégénère lorsque Estelle fait découvrir l’héroïne à Stefan, substance dont ils deviennent tous deux dépendants. Bercé par les mélodies de Pink Floyd qui offre une bande son mémorable au film, More filme l’île d’Ibiza et la diversité de ses paysages. On peut y apercevoir un moulin qui n’est pas sans rappeler celui de Sa Punta des Molí, que vous pourrez visiter à Sant Antoni. Et si la ville a bien changé depuis le tournage, l’îlot Es Vedrá, lui, est resté le même, préservé par son statut de réserve naturelle. La maison de la mère du cinéaste, dans et autour de laquelle il a tourné le reste de son film est, quant à elle, toujours debout. La preuve, Schroeder reviendra aux sources pour y tourner Amnesia en 2015, une œuvre complexe sur l’arrivée des premiers DJ dans l’île et sur la réconciliation impossible des deux Allemagne après la chute du mur de Berlin. Les falaises de Calo d’Hort, les marchés de rue typiques de l’île et le Cap Nonó font partie des nouveaux paysages que le cinéaste ajoute à sa palette. Un message d’amour d’un cinéaste à son île, sur laquelle il a passé une bonne partie de sa vie.

Ibiza dans le cinéma espagnol

Julio Medem s’aventure pour la deuxième fois dans les Baléares avec Chaotique Ana en 2007. En 2001, c’est à Formentera qu’il avait posé sa caméra pour Luciá y el sexo, film qui lui avait offert un succès critique, ainsi qu’un Goya – l’équivalent d’un Oscar espagnol – à l’actrice principale Paz Vega pour sa prestation. Dans Chaotique Ana, le réalisateur plonge dans la psyché de son personnage. Un thriller intriguant qui plaira aux amateurs du style du cinéaste. L’île contribue bien sûr à installer cette ambiance étrange, entre influences hippies et quiétude des paysages.
D’autres productions cinématographiques plus ou moins heureuses ont élu domicile sur l’île depuis le début des années 2000. Parmi eux, le film Aislados de David Marqués se démarque comme une comédie noire mettant en scène deux jeunes refaisant le monde autour d’un verre dans une maison rurale du petit village de Santa Agnès de Corona, tandis que le court-métrage Los Crímenes del Día de Todos los Santos revient sur les terribles meurtres en série commis dans les années cinquante et soixante, et dont le coupable ne sera arrêté qu’en 1974. Un film ibizien principalement situé dans les bois de Sant Miquel de Balansat où furent découverts les corps, et autour de la ville de Sant Joan de Labritja.
En 2020, c’est la série Netflix White Lines qui établit ses quartiers sur l’île blanche. Créée par l’homme derrière le succès planétaire de La Casa de Papel, la série narre l’histoire de Zoe Walker (incarnée par Laura Haddock), une femme tentant d’élucider la mort de son frère, DJ ayant disparu à Ibiza il y a près de vingt ans. Principalement filmé sur l’île voisine de Majorque pour des raisons logistiques, l'œil attentif reconnaîtra cependant de nombreux décors ibiziens de la série, à commencer par la Marina d’Ibiza où Zoe est accueillie à son arrivée. Le lieu favori d’Axel, que l’on découvre dans les flash-back, n’est autre que la Torre d'en Rovira, l’endroit idéal pour admirer le coucher de soleil à Ibiza. Et bien sûr, Dalt Vila, la vieille ville d’Ibiza, constitue l’un des décors principaux de cette enquête qui n’aura vraisemblablement pas de deuxième saison sur Netflix, faute de public.

Ibiza star internationale de cinéma

Au cinéma comme dans la vraie vie, Ibiza et son atmosphère fascinent les scénaristes et les cinéastes encore aujourd’hui. Preuve en est le tout récent film Ibiza d’Arnaud Lemort, sorti en 2019 avec Christian Clavier, ou encore le film éponyme sorti un an plus tôt sur Netflix, réalisé cette fois par Alex Richanbach avec Gillian Jacobs, l’une des stars de la série Community. Deux salles, deux ambiances, mais surtout deux comédies qui prennent un malin plaisir à nous confronter à l’image du touriste déjanté plus ou moins lourdaud sur l’île d’Ibiza. Sans oublier tout de même de nous emmener dans les paysages les plus iconiques de l’île comme la cité de Dalt Vila bien sûr, mais aussi la promenade de Santa Eulària des Riu, lieu où il fait bon flâner une fois la nuit tombée. Enfin, parmi les autres occurrences marquantes d’Ibiza à l’écran, on peut citer le film Vérités et Mensonges d’Orson Welles, tourné en partie dans la ville du faussaire Elmyr de Hory, sur Ibiza. Ou encore, les quelques aventures de la panthère Rose qui ont fait escale sur l’île, et dont la plus mémorable est sans aucun doute A la recherche de la panthère rose, réalisé par Blake Edwards en 1982. Et bien sûr, la filmographie d’Ibiza ne serait pas complète sans Ibiza Undead, un – assez mauvais a-t-on entendu dire – film retraçant les déboires d’un groupe de jeunes partis passer les vacances de leur vie sur Ibiza, sans se douter qu’une apocalypse zombie leur pendait au nez.

Où voir des films à Ibiza ?

Entre les boîtes de nuit, les plages et les hôtels, les cinéphiles trouveront heureusement leur bonheur dans les salles du Multicines d’Eivissa, au Cineregio de Sant Antoni ou encore, cerise sur le gâteau, au pied des palmiers devant les écrans du Cinema Paradiso en plein air. De quoi profiter tout l’été de l’air frais et vivifiant d’Ibiza, tout en poursuivant sa passion du cinéma un cocktail à la main.

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