_DSF3352_1-sky (2).jpg
_DSF0871-2.jpg
_DSF1123-2 (1)margaritas.jpg

Histoire du cheval Minorquin

De l'arrivée du cheval sur les îles Baléares, on ne sait en réalité que très peu de choses, sinon que de petits chevaux noirs étaient déjà sur place lors de l'arrivée des colons catalans au XIII siècle. Ce que l'on sait de source à peu près certaine en revanche, c'est que le Pur-Sang Minorquin – caballo de Pura Raza Menorquina en espagnol, également nommé Menorquín –, dont la race est officiellement reconnue comme telle depuis 1988 par la Jefatura de Cría Caballar (l'organe qui fait autorité en termes de races chevalines, émanation du Ministère de la Défense espagnole), est issu de croisements et métissages successifs. Le cheval Minorquin est bien d'origine autochtone, avec des influences issues d’autres races équines arrivées à Minorque grâce à d’autres peuples colonisateurs ainsi que la Direction d’Elevage Chevalin au fil des années. Des études confirment qu’il existe de la proximité génétique entre le cheval Minorquin et le Cheval Trotteur Espagnol. Des études génétiques poussées, dont les résultats ont été publiés en 2006 et 2007, sont parvenues à la conclusion suivante : il existe une indiscutable proximité entre les deux races présentes dans les îles Baléares (à savoir le cheval Pur-Sang Minorquin et le cheval Pur-Sang Majorquin), ainsi que des similitudes avec le cheval catalan (caballo catalán, une espèce aujourd'hui éteinte). En revanche, cette étude montre que ces chevaux des Baléares n'ont que très peu à voir avec les chevaux présents sur le littoral Atlantique espagnol, cinq races d'origines celtiques : le Losino, l'Asturcón, le Pottok, le cheval Pur-Sang Galicien et le Jaca Navarra.

Si l'on sait que les Arabes eurent recours aux chevaux pendant trois siècles (902-1287) lors de leur occupation de l'île, des documents historiques témoignent également de la domestication et de l'utilisation de la force chevaline, pour les travaux agricoles notamment, dès le début de l'occupation catalane (fin du XIIIᵉ siècle). Comme dans de très nombreuses autres zones du monde, à l'époque où la mécanisation des tâches agricoles était encore inexistante, où le tracteur et la voiture étaient des concepts tout bonnement inimaginables, la traction animale était absolument indispensable à la vie quotidienne. Et dans ce paysage, le cheval occupait de multiples fonctions. Sa grande force autant que sa dextérité en ont fait un allié de choix pour le travail de la terre et le transport en particulier : le cheval travaillait les sols en tirant la charrue, tractait de lourdes charges, servait de force motrice pour déplacer hommes et marchandises d'un point à un autre sur l'île...

En plus de sa fonction pratique, le cheval avait également une utilité stratégique et militaire. Ici comme ailleurs, le cheval occupa un rôle très important, voire central, dans la défense de territoires. Et, Minorque étant une île convoitée au beau milieu de la méditerranée occidentale, les invasions étaient très fréquentes. Une fois la reconquête de Majorque et de Minorque bien assise, il est vite devenu essentiel, pour s'assurer le contrôle de ces territoires fraîchement gagnés, d'établir un plan de défense efficace. Si bien que Jaume II de Majorque (1243-1311), roi catalan, décide de monter une cavalerie de guerre. Afin d'obtenir des chevaux agiles, souples et rapides, il croise le fameux genet d'Espagne (l'ancêtre du Pur-Sang Espagnol) avec ses chevaux autochtones minorquins, petits et de couleur noire, mais aussi avec des Pur-Sang Arabes capturés lors de batailles. Par la suite, cette race métissée sera à nouveau mélangée avec les chevaux Pur-Sang Anglais importés par les Britanniques. Notons que c'est également à Jaume II que l'on doit les premières célébrations et joutes chevaleresques toujours fêtées sur l'île, avec pour acteur principal : le cheval Minorquin !

Portrait du Pur-Sang Minorquin

Les éleveurs minorquins, peut-être plus par tradition que sur la base de preuves scientifiques à proprement parler, estiment que la race Minorquine reconnue comme telle depuis plus de trente-cinq ans maintenant trouve son origine dans quatre lignées parentales correspondant à quatre étalons : Mudaino, Olivaret, Son Quart et Torretrencada. Si le cheval Minorquin a, avec l'avènement de la révolution industrielle et la mécanisation des systèmes de production/d'exploitation des terres agricoles, connu une période de déclin allant jusqu'à frôler l'extinction, on dénombre de nos jours plus de 4 000 individus. On enregistre par ailleurs environ 150 naissances par an !

Quelles sont les caractéristiques du cheval Minorquin ? Parlons morphologie d'abord. Ce qui caractérise dans un premier temps le cheval Minorquin, en plus de sa grande beauté et de sa noblesse, est son pelage noir profond et uniforme, avec parfois quelques taches blanches. On décrit souvent le Pur-Sang Minorquin comme un cheval eumétrique au profil subconvexe à droit, médio linéaire et à la silhouette élancée. Ses membres sont plutôt fins et l'ensemble de son corps, robuste, fait montre d'un équilibre très correct. Les individus femelles ont généralement un cou, une tête et un corps plus allongés que les mâles, ainsi qu'une croupe carrée. Selon des études antérieures réalisées sur un échantillon de près de 350 animaux de la race, la hauteur moyenne du garrot chez les mâles est de 1,62 m et chez 1,57 m chez les femelles. Côté caractère, le cheval Minorquin est réputé facile à dresser. Son comportement collaboratif en fait un destrier passe-partout qui convient à toutes sortes de cavaliers.

Le Pur-Sang Minorquin aujourd'hui

Depuis la fin des années 1980 et la reconnaissance officielle la race du Pur-Sang Minorquin, les centres hippiques, clubs d'équitation et autre structure touristiques et/ou sportives ayant pour élément central le cheval se sont multipliés ! Chaque centre a sa spécificité et ses objectifs, mais partout, on entraîne les chevaux tout au long de l'année avec professionnalisme et passion. Exercices de difficultés variées, dressage classique, dressage typiquement minorquin, formation de binômes en vue de participer à des spectacles et autres démonstrations équestres... Il y a de quoi faire ! Depuis plusieurs décennies déjà, le Pur-Sang de race Minorquine séduit au-delà des côtes de Minorque, mais aussi au-delà des frontières espagnoles : les milieux équestres de France, d'Italie et des Pays-Bas sont des admirateurs reconnus de l'étalon noir Minorquin.

Il convient de signaler que ces dernières années, grâce à des processus de sélection et d'entraînement de plus en plus exigeants (nous parlons ici aussi bien des chevaux que des cavaliers), on voit d'autant plus souvent des chevaux de race Minorquine dans les compétitions de niveau national, principalement dans la catégorie dressage classique. Cette aventure a commencé en 2009, avec le Championnat espagnol de jeunes chevaux. A cette occasion, le duo composé par le cheval nommé Salvatge et par Miquel Company Pons, cavalier originaire de Minorque, s'était placé en 10ᵉ position du classement final. Une belle illustration de l'importance de la place de Minorque sur la scène équestre nationale. Une place pour laquelle l'Association des éleveurs et propriétaires de chevaux de Minorque ne cesse de se battre ! D'ailleurs, l'association organise depuis 1991 un grand concours annuel au cours duquel les plus beaux spécimens reçoivent des prix. Une manière de mettre en avant le patrimoine de l'île, de lui offrir un rayonnement national... et au-delà ! Ce concours attire en effet de nombreux passionnés et professionnels du secteur. Autre événement important, la très festive Foire du Cheval de Race de Minorque, qui se tient chaque année au mois de mai !

Revenons un instant sur les centres et clubs équestres de l'île. Ces centres sont ouverts aux curieux et aux acheteurs/vendeurs potentiels, c’est ici que l’on organise très souvent des concours de dressage et des spectacles équestres avec des chorégraphies remarquables. Par exemple la fameuse position-exercice du « bot » (bond), lorsque l’animal s’élève et garde son équilibre uniquement avec les jambes arrière... un classique du dressage minorquin. C'est également depuis ces centres hippiques ou en vous mettant en contact avec des entreprises spécialisées (plusieurs sont référencées dans ce guide) que vous aurez la possibilité de participer à des excursions guidées à cheval, une option idéale pour s’imprégner de l’authenticité locale et jouir d’une découverte intégrale de l’île en pleine harmonie avec la nature, les plages, l’histoire de l’île, le paysage intérieur et les traditions ! Le Camí de Cavalls (chemin des chevaux) compte en effet parmi les attractions les plus courues de Minorque. Il s'agit en fait d'un ancien sentier qui fait le tour complet de l'île, pour un total de 186 km de long. Il fait partie du réseau international de randonnée et est désigné sous l'appellation GR 223. On peut l'emprunter à pied, à bicyclette... ou à cheval ! Une expérience mémorable.

Enfin, comment aborder le thème du cheval Minorquin sans parler de sa place centrale dans les fêtes patronales de l'île ! A l'occasion des fêtes de villages – celles de Sant Joan à Ciutadella (23-24 juin), de San Marti à Es Mercadal (troisième week-end de juillet), de Sant Nicolau à Es Mercadal aussi (le deuxième week-end de septembre) et celle de Maó (7-9 septembre) étant les plus célèbres et célébrées –, les meilleurs cavaliers défilent dans les rues surpeuplées (plus de 20 000 personnes à Ciutadella !) et font danser leurs meilleurs destriers au son des chants populaires îliens ! Des répliques de joutes médiévales sont reproduites, à grand renfort d'acrobaties équestres toutes plus impressionnantes les unes que les autres.

Ces célébrations sont nommées « Jaleo » et ont lieu entre fin-juin et mi-septembre, dans d'autres localités également. C'est là qu'on goûte notamment à la fameuse « pomada », boisson locale à base de gin et de citron. Voici les dates des fêtes patronales de chaque municipalité :

Sant Joan à Ciutadella (23-24 juin),

San Marti à Es Mercadal (troisième week-end de juillet),

Sant Antoni de Fornells (quatrième week-end de juillet),

Sant Jaume de Es Castell (les 24 et 25 juillet)

Sant Cristòfol de Es Migjorn Gran (le cinquième week-end de juillet ou le premier du mois d'août)

Sant Gaietà de Llucmaçanes (le premier week-end du mois d'août)

Sant Llorenç d'Alaior (le deuxième week-end après le 10 août)

Sant Climent (le troisième week-end du mois d'août)

Sant Bartomeu de Ferreries (les 23 et 24 août)

Sant Lluís à Sant Lluís (le dernier week-end du mois d'août)

Mare de Déu de Gràcia (Notre Dame de Gràcia) à Maó (7-9 septembre)