Guide de voyage Les Îles Éloignées
Les Seychellois les appellent " zil elwannyen ". Eloignées du groupe central de Mahé, les plus lointaines de ces îles sont en effet plus proches des côtes africaines et malgaches que de Victoria. Ces oil islands, bien que longtemps isolées, car d'un accès nécessitant plusieurs jours de bateau, furent toutefois de longue date exploitées pour leurs ressources naturelles (cocotiers, guano et poissons), et habitées par des travailleurs itinérants sous contrat. Le coprah reste d'ailleurs exploité sur nombre d'entre elles, désormais moins lointaines. L'Etat a construit de nombreuses pistes d'atterrissage, sur Desroches, D'Arros, Marie-Louise, Farquhar, Astove et Assomption. Si l'on excepte les solitaires Coëtivy (aujourd'hui célèbre pour son élevage de crevettes, exportées à 90 %) et île Plate, perdues au sud de Mahé, toutes les autres se répartissent en trois groupes : Amirantes, Farquhar et Aldabra. De Desroches à Farquhar, en passant par Silhouette, Plate, Rémire, Poivre, Assomption, Marie-Louise et Alphonse, une dizaine de ces îles éloignées sont gérées par IDC (Island Development Company), une compagnie para-étatique menée par Glenny Savy (l'un des influents fils de l'ex-président René) et employant dans les quatre cents personnes, notamment dans l'entretien des cocoteraies. Lorsque, au-delà des Amirantes, déjà ouvertes au tourisme à travers Desroches et D'Arros, on prend la route du Sud, on tombe d'abord sur l'immense lagon d'Alphonse, du nom de cette île de 170 ha, dotée d'une très vaste cocoteraie, dont l'exploitation justifie qu'elle soit habitée. La passe La Mort franchie, un récif corallien cerne deux îlots, Saint-François et un pur bijou de sable et de cocotiers, Bijoutier le bien nommé, l'archétype de l'île déserte, qu'ont le privilège de fouler les hôtes d'Alphonse. De là, pour atteindre l'archipel de Farquhar, à quelque 700 km au sud-ouest de Mahé et à guère plus de 200 km de Madagascar, deux autres journées de navigation sont nécessaires. Composé d'une poignée de petites îles qui forment un atoll de 720 ha, ce groupe fut découvert par le navigateur portugais Juan Nova. Tenant son nom du premier gouverneur anglais de Maurice, il se révèle tout en longueur, avec ses 15 km de long sur pas même 1 km de large. C'est un superbe atoll, dont les deux mamelles sont ici aussi le coprah et la pêche, mobilisant une centaine de travailleurs. L'interminable banc de Providence, de quelque 30 km de long, appartient aussi à ce groupe quasiment ignoré des touristes, à trois heures et demie d'avion de la capitale.