Découvrez l'Istrie : Beaux-Arts (Peinture / Sculpture / Street Art / Photo)

Attisant les convoitises de différents peuples, l’Istrie a connu quantité d’influences culturelles au cours de son histoire. Après l'Antiquité, qui a légué des monuments majeurs, la période médiévale couvre le territoire d’édifices religieux, civils et militaires. Les églises se parent de précieuses mosaïques, les chapelles rurales plus modestes surprennent par la valeur de leurs fresques, tableaux ou sculptures. Puis, la plupart des courants stylistiques occidentaux ont parcouru l’Istrie. Les musées des grandes villes, Trieste, Koper, Pula, Opatija et jusqu'à Rijeka, en témoignent. Si la réouverture du musée archéologique de Pula se fait attendre, son musée d’Art contemporain de l’Istrie est très actif. Le MSUI montre au public l'activité créative de la région (arts plastiques, photographies, œuvres conceptuelles, multimédia, performances) alors que le Street Art accompagne nos promenades urbaines.

Héritage romain et byzantin

Peuplée dès le néolithique, l’Istrie devient romaine puis byzantine. Très tôt, des édifices religieux sont érigés sur tout le territoire. La pierre sculptée de motifs ornementaux, notamment d’entrelacs, est caractéristique du haut Moyen Âge. 1 500 églises attestent de la place prépondérante qu’a longuement occupé le christianisme. La simplicité architecturale cache souvent de splendides fresques et mosaïques anciennes.

Pula s’impose comme l’héritière du passé romain de la région. Près de l’église Sainte-Marie-Formose, la mosaïque du châtiment de Dircé compte parmi ses joyaux. Parfaitement conservée, elle est l’une des rarissimes représentations de ce thème mythologique. La mosaïque du IIe siècle ornait jadis le sol d’une maison romaine. Des motifs animaliers sont associés au mythe de Dircé qui est punie pour la cruauté de son comportement envers Antiope. Sur cette œuvre, pour venger leur mère, Amphion et Zethos attachent le pénitent à un taureau.

Le legs de Byzance nous entraîne à Poreč, dans la basilique Euphrasienne, construite sur les ruines d’une basilique du début du VIe siècle. Les mosaïques de l’abside sont considérées comme des pièces maîtresses de l’art byzantin. Dans le chœur, le Christ entouré de ses apôtres tient un livre à la main. La Vierge à l’Enfant trône majestueusement sur la voûte. L’influence byzantine se retrouve dans les mosaïques extérieures et intérieures de l’église de la Sainte-Trinité-et-Saint-Spiridion de Trieste. Dans la même ville, sur la colline San Giusto, la cathédrale fut édifiée au Ve siècle en lieu et place d’un temple romain. La mosaïque du presbytère datée du XIIe siècle a magnifiquement résisté aux affres du temps.

L’art gothique, vénitien, classique, baroque

Du XVIIe au XVIIIe siècle, le baroque règne plus fortement dans le nord de la Croatie. Le XVe siècle témoigne de la transformation des campagnes de l’Istrie où les lieux de culte abondent. L’appauvrissement se ressent dans le mobilier des églises médiévales et le travail de la pierre. Leur réalisation était confiée aux artisans, sculpteurs et peintres itinérants. À leur tête : les prêtres tertiaires installés à Koper, qui accordaient une importance capitale aux thèmes populaires. Ils répandirent l’Évangile mais aussi l’écriture glagolitique dont on retrouve des lettres gravées un peu partout.

Les collections du musée régional de Koper, le plus grand musée de l’Istrie slovène, vont de la préhistoire à nos jours. L’époque vénitienne est richement représentée. En Slovénie, l'église de la Sainte-Trinité à Hrastovlje abrite des fresques uniques de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance. Le vaste cycle de peintures signé Vincent de Kastav reprend des thèmes rares comme les Rois mages parmi des sujets traditionnels aux côtés de scènes pragmatiques de la vie rurale sur le prix des céréales, la protection contre les maladies et les catastrophes naturelles.

Trieste s’affirme comme l’une des villes d’art les plus singulières d’Italie. Ses œuvres historiques jalonneront vos promenades. Devant l’hôtel de ville, une sculpture monumentale du XVIIIe siècle s’ordonne autour de quatre personnages de facture classique qui symbolisent les continents alors connus. Mais la fontaine des Quatre Continents (ou Fontana del Mazzoleni) est avant tout une ode à son activité de port marchand.

Moderne et contemporain

Le parc de sculptures Dušan Džamonja (à Orsera-Vrsar en Croatie) invite à découvrir l’artiste né à Strumica en 1928. Formé à Zagreb, Dušan Džamonja bénéficie de sa première exposition personnelle en 1954. Dès 1970, il se lance dans la construction de ce lieu, complété par sa maison et son atelier. Cinquante ans d’approches novatrices de matériaux traditionnels, comme la pierre et le métal, sont retracés dans ce parc. La quête du sculpteur consistait à parvenir à un équilibre entre l’œuvre abstraite et le nature dans un échange spatial dynamique. Gratuit et en plein air !

Pour prendre le pouls de l’art régional depuis 1950, direction le musée d’Art contemporain d’Istrie de Pula. Ouvert à toutes les cultures, le MSUI offre une plateforme essentielle aux créateurs. Par exemple, en 2023, la rétrospective des œuvres du peintre Zoran Franjić fut un événement. Outre les musées, quelques galeries proposent leur vision de la scène actuelle. À Trieste, la galerie LipanjePuntin défend l’art contemporain depuis plus de vingt-cinq ans : vidéo, performance, peinture et photographie.

Née en 1974, l’institution publique Obalne galerije regroupe six galeries d’art contemporain dont trois à Piran, deux à Koper et la dernière à Venise. Celle de Piran expose notamment les paysages géométriques et les nus du photographe Jake Jeraša, né à Ljubljana en 1953.

Peintre primé, Marko Zubak (né en 1979) expose au Rovinj Heritage Museum son travail d’exploration des milieux urbains. Avec un style semi-abstrait, il joue avec la texture et le vide pour déconstruire le paysage et proposer une nouvelle réalité.

Côté rue

Au regard du climat de l’Istrie, l’art investit les rues, entre autres à l’occasion de festivals. Car l’été à Poreč, les ruelles et les parcs accueillent performances, installations et projections. Le Street Art Festival est un moment d’échanges entre les artistes d’ici et d’ailleurs. Les graffeurs explorent tous les thèmes : science, religion, sociologie ou questions sociales. Autre ville, autre esprit : à Rovinj, l’art vivant s’expose dans les petites rues pavées mais aussi dans les innombrables boutiques-ateliers. Entre les portraitistes et les caricaturistes, il n’est pas exclu de dénicher la révélation de demain.

Traquer l’art public conduit à découvrir le village moins populaire de Vodnjan, situé à 12 km de Pula. Ses venelles médiévales et ses maisons en pierre sont le théâtre d’une profusion de couleurs. À la croisée des époques, fresques et graffitis surprennent à coup sûr le visiteur de ce village pittoresque.

La ville de Trieste a choisi de revaloriser ses quartiers par le biais de l’art. Lancé en 2016, le projet Chromopolis incite les habitants à reprendre possession de leur environnement mais aussi à redécouvrir certains espaces. Bien que l’accent soit mis sur les banlieues, à ce jour, plusieurs sites centraux ont connu un renouveau en conviant de grands noms du milieu : La Lanterna à Pedocin, le stade Grezar et le stade Nereo Rocco, Borgo San Sergio ou encore le skate-park d’Altura. Quand l’art prend tout son sens au quotidien dans la rue.

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