Histoire Histoire

En Gironde, la grotte de Pair-Non-Pair, située dans la commune de Prignac-et-Marcamps, est une des plus remarquables traces du Paléolithique supérieur. Découverte en 1881 par l'archéologue François Daleau, cette grotte ornée est le seul site préhistorique visitable dans le département. La découverte de plus de 15 000 outils et restes osseux d'animaux a montré que le site était occupé sur une période allant de - 80 000 ans à - 18 000 ans.

Des traces du Paléolithique supérieur sont également visibles dans les Landes, plus précisément dans le petit village de Brassempouy. Un fragment de statuette en ivoire représentant un visage humain a été découvert dans la grotte du Pape.

Cette période marque l’apparition de l’agriculture en Aquitaine. Le développement de la poterie (pour la nourriture) et l’élevage sont deux autres avancées considérables.

Le commerce, l’agriculture, l’artisanat du fer et du bronze et la poterie font partie du quotidien des populations de l’époque. De nombreux vestiges ont été retrouvés, témoignages de la vie quotidienne et notamment des rites funéraires. En 1973, un mystérieux poteau de bois est retrouvé à Soulac-sur-Mer. L’objet s’avère être un poteau funéraire anthropomorphe daté de 450 av. J.-C.

Pendant sept années, Jules César mène une série de campagnes militaires menées contre plusieurs tribus gauloises. En 56 av. J.-C., le lieutenant Crassus pénètre en Gaule avec 6 000 hommes et s’empare du territoire en quelques semaines. Burdigala (Bordeaux) devient progressivement la capitale de la province d’Aquitaine. La région se dote de routes et de diverses structures dont profitent encore partiellement les Aquitains. Jusqu’aux invasions barbares du début du V^e siècle, elle connaît une période de paix liée, notamment, au négoce des vins.

Créée par l’empereur Auguste, la Gaule aquitaine est une des trois provinces romaines avec la Belgique et la Lyonnais.

De nombreux vestiges gallo-romains sont visibles aujourd’hui sur la Côte aquitaine. En Gironde, des ruines de l’Antiquité sont visibles à Bourg ou même à Bordeaux. Dans les Landes, Dax porte également les traces historiques avec les vestiges de l’enceinte gallo-romaine. A Sordes-l'Abbaye, les restes d’une villa gallo-romaine sont préservés. Celle-ci date du IV^e siècle, et comporte des thermes et des mosaïques.

Les tribus gauloises se sédentarisent sur le territoire girondin. On trouve les Bituriges vivisques à Bordeaux, les Vasates dans le Bazadais et les Boïates dans le pays de Buch. Tous profitent des revenus du commerce de l'étain qui circule entre la Méditerranée et l'Atlantique.

Avec la réforme de l’empereur romain Dioclétien, la Gaule aquitaine est composée en trois parties : l’Aquitaine première au niveau du Massif central et du Berry, l’Aquitaine seconde sur le littoral (Bordelais, Charentes et Poitou) et la Novempopulanie entre la Garonne et les Pyrénées.

La Gaule est ravagée par les invasions barbares. L’Aquitaine seconde et la Novempopulanie sont envahies par les Wisigoths en 406. En s’emparant de Rome, le roi des Wisigoths, Alaric I^er, fait chuter l’Empire romain d’Occident.

C’est lors de la bataille de Vouillé, près de Poitiers, que s’affrontent l’armée des Wisigoths et celle des Francs. A leur tête, le roi Clovis qui mène depuis plusieurs années déjà des expéditions militaires vers le Sud. Les Wisigoths perdent une partie de leur territoire, étendu de la Loire jusqu’au Pyrénées.

Charlemagne fait de l’Aquitaine un royaume pour son fils Louis le Débonnaire. Le territoire s’étend alors du Rhône jusqu’à l’Atlantique.

L’Aquitaine est divisée en deux territoires : le duché d'Aquitaine (qui prendra plus tard le nom de Guyenne) et le duché de Gascogne. Le duché d’Aquitaine est l’objet de toutes les convoitises et sera notamment au centre des affrontements pendant la Guerre de Cent Ans.

Cette période, tournant d’un nouveau millénaire, est assez apaisée. Les cultures s’intensifient, les moines construisent des églises, des abbayes et des infrastructures d’accueil, notamment sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, pour accueillir les pèlerins.

Aliénor d’Aquitaine est un des personnages les plus influents du monde occidental de l’époque. Elle est la fille du duc Guillaume X, qui meurt en faisant de la jeune fille son unique héritière. Laissée sous la protection du roi de France Louis VI, elle est mariée au fils Louis VII afin de pouvoir récupérer le duché. Louis VI meurt peu après les noces et Aliénor devient reine de France. Malheureusement, la mésentente règne entre les époux et aucun héritier mâle ne naît. La reine est répudiée en 1152.

Répudiée par le roi de France, Aliénor épouse sans attendre Henri II Plantagenêt, comte d’Anjou et héritier du roi d’Angleterre. Elle lui offre ainsi en dot la large province d'Aquitaine. Evénement phare de l'histoire de l'Aquitaine, le divorce d'Aliénor et son remariage en 1152 vont faire du Sud-Ouest une province rattachée à la Couronne d’Angleterre pendant trois siècles, jusqu'en 1453, à l’issue de la guerre de Cent Ans.

C’est durant la période anglaise que sont construites, dans la région, les bastides. Elles sont créées dans de nombreuses villes de la Côte Aquitaine et ailleurs. Au XIII^e siècle, leur fonction militaire laisse progressivement place à une fonction commerciale. Avec ce changement, il s’agissait de favoriser les échanges entre les populations. Au début du Moyen Âge, les villes n’avaient pas d’organisation spécifique. Au contraire, la bastide est, elle, un espace constitué autour d’une place centrale, servant au commerce. C’est là que se tiennent les foires et les marchés. La bastide forme une sorte de damier aux rues rectilignes. De nombreuses bastides sont répertoriées en France (plus de 300). Beaucoup d’entre elles sont dans les Landes (comme à Geaune, Grenade-sur-l'Adour, ou Saint-Justin), en Gironde (à Blasimon, Cadillac-sur-Garonne, Créon, Libourne, Monségur, Pellegrue ou Sainte-Foy-la-Grande) ou encore dans les Pyrénées-Atlantiques (avec celles de Sauveterre-de-Guyenne, Labastide-Clairence ou Aïnhoa)

La rivalité entre les couronnes de France et d’Angleterre aboutit à la guerre de Cent Ans. C’est en Gironde à Castillon-la-Bataille que le royaume de France récupère l’Aquitaine. La victoire de Charles VII permet de réintégrer le duché à la couronne de France.

La Guerre de Cent ans est à peine achevée, le commerce à peine rétabli, qu’arrivent les guerres de Religion, qui opposent les catholiques aux protestants. Après 25 ans de domination catholique, Henri de Navarre remporte une première victoire à Coutras en 1587. L’armée catholique du roi de France Henri III est battue à plates coutures. Pour sceller la paix, Henri de Navarre, futur Henri IV, organise dès le lendemain des funérailles grandioses à Libourne.

Parallèlement à ces conflits, Michel de Montaigne devient maire de Bordeaux et tente de maintenir la neutralité de sa ville. Homme politique et homme de lettres, Montaigne reste l'un des symboles forts du foyer d'érudition et de culture que fut Bordeaux au XVI^e siècle. A ses côtés brillent d'autres personnalités comme Etienne de La Boétie.

En novembre 1615, le roi Louis XIII épouse Anne d'Autriche, infante d'Espagne, dans la cathédrale Saint-André de Bordeaux, sur la décision de sa mère Marie de Médicis. Le couple doit repartir sous escorte pour se prévenir des huguenots (les protestants du royaume de France), qui critiquaient la politique du roi. Plus tard, Louis XIII revient dans la région et s’empare de villes comme Nérac, Coutras, Bergerac et le Bordelais.

Mazarin, qui a en tête une guerre contre les Autrichiens, proclame une nouvelle levée d’impôt. Cette fois, le parlement de Bordeaux est contre. Il mène la Fronde. Celle-ci témoigne de la lutte contre l’absolutisme royal. Bordeaux voit naître alors un gouvernement révolutionnaire, l’Ormée, mené par le prince de Condé. La ville s’autoproclame République autonome. Finalement, le vicomte de Turenne restaure l'autorité du roi à Paris et fait capituler Bordeaux en 1653. La soumission de la ville est considérée comme l’événement qui clôt les troubles.

Le traité des Pyrénées met fin à la guerre franco-espagnole après 24 années de conflit. Signé dans le Pays basque, à l’Île aux faisans sur la Bidassoa, à la frontière espagnole, il rattache le Roussillon à la France.

Pour sceller le conflit, le traité des Pyrénées stipule l’union des deux couronnes. Louis XIV se marie alors avec l’infante d’Espagne Marie-Thérèse. Le mariage royal se déroule à Saint-Jean-de-Luz.

La citadelle de Blaye est construite. Sous l’impulsion de Vauban, architecte et maréchal de Louis XIV, des forteresses militaires voient le jour. Le fort Paté et le fort Médoc sont conçus par Vauban pour garder l'estuaire. Un peu plus tôt, en 1680, il avait réalisé la fortification de Bayonne.

Bordeaux est à son apogée. Les grosses fortunes réunies au Parlement se lancent dans la fabrication et la commercialisation de grands crus dont plus de 50 % sont exportés vers l'Angleterre. Aussi, le commerce avec les Antilles, via les côtes africaines où les marchands d'esclaves vont s'approvisionner, enrichit la région. A cette période faste se construit le Grand-Théâtre, les hôtels particuliers des quartiers du Triangle d'Or et des Chartrons, les premiers châteaux viticoles ainsi que la place Royale de Bordeaux -(l'actuelle place de la Bourse).

La fixation des dunes par l'implantation de pins dans les Landes est faite sous l’impulsion de Brémontier.

Les effets de la révolution parisienne se font bientôt sentir sur la Côte aquitaine. Les paysans se révoltent contre les seigneurs, en brûlant notamment leurs châteaux. Durant la Révolution, la Gironde paie un lourd tribut aux idées républicaines et nombre de députés girondins périssent sur l'échafaud.

Dix ans après la Révolution française, Napoléon Bonaparte prend le pouvoir par un coup d'Etat, puis se sacre empereur en 1804. La ville de Bayonne voit alors passer les troupes de Napoléon en 1808. L’empereur fait route pour imposer son frère sur le trône d’Espagne. Entre 1812 et 1814 se déroule la guerre de la sixième coalition qui réunit le Royaume Uni, l’Empire russe, la Suède et l’Empire d’Autriche contre la France de Napoléon. En 1814, l’armée anglaise passe les Pyrénées et prend Bordeaux. Elle est la première à proclamer la déchéance de Napoléon. Cette guerre est également marquée par le siège de Bayonne, envahie par le marquis de Wellington à la tête de l’armée britannique. Le siège est levé à l’abdication de Napoléon I^er. Comme pour tout ce qui touche à un personnage historique aussi considérable que l'empereur Napoléon I^er (régnant de 1804 à 1814 puis quelques mois en 1815), la mémoire locale conserve et déforme de petites traces anecdotiques liées à la grande histoire. Ici Napoléon est peut être passé, ici il a (presque) mangé, là encore, il a (failli) dormir. Pas facile de s'y retrouver ! Napoléon est passé au moins trois fois en Gironde en 1808, toujours en lien avec la terrible guerre d'Espagne, l'une des principales causes de sa chute finale. Il s'installera le 4 avril 1808 au palais Rohan, alors résidence des archevêques, à Bordeaux. Le second passage se déroule quatre mois plus tard depuis Bordeaux La Bastide en direction de Saint-André-de-Cubzac puis fera halte pour une courte nuit à Etauliers après un bref passage à Saint-Vivien-de-Blaye. Jamais deux sans trois, on retrouve l'empereur pour un dernier passage le 31 octobre 1808 pour aller rejoindre ses armées en Espagne en provenance de Rambouillet.

Le Second Empire est une période faste pour les stations balnéaires. Dès 1852, l’impératrice Eugénie fait de Biarritz un lieu de villégiature. L’épouse de Napoléon III transforme ainsi la ville en station importante du Second Empire. En 1857, c’est au tour d’Arcachon qui est détachée de La Teste pour devenir, par décret impérial, station balnéaire.

A l'occasion de l'Exposition Universelle de Paris, les vins de Bordeaux sont reconnus sur la scène internationale. Napoléon III avait demandé à chaque région viticole présentant des vins d'établir un classement. Finalement, seul le classement de la région est retenu. Les grands crus de Bordeaux sont désormais connus dans le monde entier.

Alors ministre de l’Intérieur, Léon Gambetta installe un gouvernement temporaire à Tours, puis à Bordeaux qui devient provisoirement capitale de la France. L’Assemblée nationale se réunit au Grand Théâtre à Bordeaux.

Pour éviter d’être atteintes par les effets dévastateurs de la guerre, les industries chimiques, aéronautiques, d’armement et de textile sont transférées dans le Sud-Ouest.

Dès les débuts de la guerre, le gouvernement se retire à Bordeaux. La ville devient, pour un temps, la nouvelle capitale de la France. Pendant la guerre, la région est quant à elle partagée par la ligne de démarcation. Elle sera finalement occupée par les troupes ennemies à partir de 1942. On compte deux camps d’internement sur la Côte Aquitaine : un à Mérignac et le second à Gurs dans le Pays basque.

La fin des années 1960 sont marquées par une grande phase de transformation de la ville de Bordeaux avec notamment la construction du pont Saint-Jean (1965) et du pont d'Aquitaine (1967). Jacques Chaban-Delmas, surnommé “Chaban” sera Maire de Bordeaux de 1947 à 1995 et 1^er Ministre de 1969 à 1972.

Les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle entrent au patrimoine mondial de l'UNESCO, tout comme la cité médiévale de Saint-Emilion (1999). La région développe son attrait touristique et son image du bien manger et du bien-vivre.

En juillet et en août 2022, la Gironde a connu des incendies historiques dit « incendies du siècle » avec les feux géants de Landiras et de La Teste-de-Buch. Au total, plus de 32 000 hectares du massif des Landes de Gascogne sont partis en fumée. Hors reprise de feu, Landiras est le 2^e plus grand incendie de l’histoire de France récente, derrière l'incendie de la forêt des Landes en 1949.

A partir des années 2000, la région s’est considérablement développée, notamment sur le plan touristique. Sur ce point, la construction de la Ligne Grande Vitesse entre Paris et Bordeaux en 2017 a largement modifié le territoire. Les deux villes ne sont plus qu’à deux heures l’une de l’autre. Une nouvelle étape sera franchie avec l'extension, dans les prochaines années, de la ligne LGV vers Toulouse (à 1h05 de Bordeaux et 3h10 de Paris), puis vers Mont-de-Marsan, Dax, Bayonne et enfin jusqu'à la frontière espagnole.