Le Sud afghan est la terre des Pachtounes, des visages enturbannés et burinés par le soleil, des orangers, des grandes étendues de sables ; l'ancien fief, jusqu'au XVIIIe siècle, des rois d'Afghanistan, dont les forteresses et somptueux palais ont été malheureusement ravagés par le passage de Gengis Khan, puis par les nombreuses années de guerre. Il n'en reste aujourd'hui plus grand-chose. Riche en histoire, la région compte aussi de nombreux sites préhistoriques, et l'influence grecque y est évidente : c'est ici qu'ont été découverts les écrits de l'empereur Açoka, rédigés en grec. Cette histoire est ensuite liée à celle de l'Afghanistan et des divers royaumes qui s'y sont succédé.
Le Sud est le terrain de la guérilla islamiste. Il est fortement déconseillé aux étrangers de s'y rendre, sans but précis et sans contacts sur place. Avant toute chose, donc, il est impératif de mettre en garde le lecteur sur la situation sécuritaire de cette zone. Depuis la chute du régime taliban en septembre 2001 et l'intervention américaine en octobre 2001, le Sud de l'Afghanistan est une zone du pays dite " chaude ", c'est-à-dire une zone de combats où militaires étrangers de l'OTAN, armée afghane et talibans s'affrontent quasi quotidiennement. On a d'ailleurs tendance à partager l'Afghanistan en deux zones : le Sud, et le reste du pays. Pas une semaine ne s'écoule sans que des pertes civiles ou militaires ne soient annoncées ou qu'un attentat ne frappe ces contrées du Sud. Parallèlement, la criminalité s'y est fortement développée. Les enlèvements, accompagnés de demandes de rançon, y sont devenus monnaie courante. Ils menacent non seulement les étrangers mais aussi les Afghans. En plus de la guérilla talibane, les provinces du Sud sont de plus en plus touchées par le banditisme. Ces provinces, et particulièrement celle d'Helmand, sont connues pour la culture du pavot, qui sert à fabriquer l'opium et l'héroïne. On regroupe, dans le Sud afghan, les provinces de Farah, de Nimroz, de l' Helmand, de Kandahar, d'Ouruzgan et de Zabul.
Géographie. Région de déserts où le vent forme des dunes mouvantes, le Sud afghan s'étend des pieds de l'Hindu Kush jusqu'au désert du Séistan et à la frontière baloutche. La région est irriguée par le fleuve Helmand, qui parcourt le Sud-Ouest sur 1 300 km, traversant l'Ouruzgan, l'Helmand et la province de Nimroz. Au printemps, les rivières sont torrentielles ; en été, la région souffre de la sécheresse. Ethniquement, le Sud est principalement pachtoune, avec quelques poches baloutches et brahui dans les zones désertiques à la frontière avec l'Iran et le Pakistan.
La principale ville du Sud est Kandahar, qui fut le centre du royaume pachtoune formé au milieu du XVIIIe siècle par celui qu'on appelle le " père de l'Afghanistan ", Ahmad Shah Durrani. Mais Kandahar n'a pas toujours été la ville dominante de la région. Du IXe au XIIe siècle, les villes de Zaranj dans le Séistan (Nimroz) et Bost (Lashkar Gah) étaient les villes phares de la région, alors considérées par beaucoup comme les jardins de l'Asie et les greniers de l'Est. Ces sites anciens se trouvent aujourd'hui en plein désert, le Dasht-e-Margo (désert de la mort, au sud-ouest) et le Dasht-e-Jehanum (désert de l'enfer).