Découvrez l'Alentejo : Beaux-Arts (Peinture / Sculpture / Street Art / Photo)

Région rurale du Portugal, l’Alentejo dévoile un passé d’une grande richesse. Une pincée d’Afrique, un peu d’Amérique, et beaucoup de chaleur humaine. Telle est la recette de la culture de l’Alentejo. Bordée par l’Espagne et l’océan Atlantique, elle s’est très tôt imprégnée de l’esthétique arabo-musulmane. Un peu partout, on peut s’amuser à repérer les traces du passage de ses occupants successifs. On peut aussi débusquer du street art au détour d’un village ou d’une colline. Et repérer des azulejos, une technique ancestrale remise au goût du jour. Influences romaine, orientale, gothique s’entremêlent sur cette terre du Sud où l’art est érigé en mode de vie. Pour preuve, la ville d’Évora est à elle seule un condensé de tous les brassages culturels qui ont forgé l’identité de la région. Quelques établissements valorisent un art contemporain palpitant. Un conseil ? A Beja, l’univers du sculpteur Jorge Vieira est à découvrir absolument !

Aux origines

La région de l’Alentejo est riche en vestiges millénaires. Entre les collines, peintures rupestres et dolmens alternent avec les cités fortifiées. Près de Santiago, le Parc archéologique d’Escoural abrite des œuvres pariétales vieilles de 15 000 à 20 000 ans. Les murs des grottes révèlent notamment des dessins d’équidés, des motifs géométriques et même une créature hybride. Peintures et gravures se poursuivent en plein air, sur un sanctuaire perché au sommet d’une colline. Bien que de facture sommaire, ces réalisations du Paléolithique constituent des trouvailles.

Voilà 4 000 ans, les Ibères et les Celtes exercent leur domination sur le territoire. Par la suite, l’Alentejo est soumise à l’occupation romaine. Les vestiges de cette époque sont davantage d’ordre architectural. Il faut attendre l’établissement des peuples arabo-musulmans, à partir de 711, pour identifier une forte influence esthétique. La culture orientale s’étend jusqu’à la Reconquista en 1249 et laisse des trésors qui participent encore de nos jours au style portugais. Cela correspond à une période particulièrement florissante. L’art islamique est très présent à Mértola, surnommée « la ville la plus arabe du Portugal », en particulier grâce à la présence de l’unique mosquée mauresque du sol portugais. Devenue une surprenante église-mosquée, elle est connue pour ses portes orientales. De nos jours, un festival islamique met tous les arts à l’honneur, au mois de mai. A Évora, l’influence mauresque est omniprésente.

La crypte archéologique du château d’Alcácer est la plus grande crypte de ce genre de tout le Portugal. Située sous le château, elle montre des vestiges des époques romaines, islamiques puis chrétiennes. De nombreux objets usuels et cultuels retracent des siècles d’histoire locale.

Affirmation de la peinture

La peinture portugaise, soumise à des influences diverses, s'illustre dès le XVe siècle. Le bourg de Castelo de Vide abrite alors la communauté des « maranes », une population juive convertie au catholicisme qui fait édifier des églises sans abandonner ses rituels. A partir de cette époque, les églises se dotent de réalisations picturales inspirées de la peinture flamande. Le souci du détail et le recours à la peinture à l'huile sont à mettre au crédit des Flamands. Le plus célèbre peintre portugais, Nuno Gonçalves (1448-1481), a nettement été influencé par le double style flamand et italien. Son polyptyque de São Vincente de Fora, conservé au Museu nacional de Arte Antiga de Lisbonne, est considéré comme la première représentation de groupe et la première peinture psychologique de l'art européen. Ce goût du portrait, manifesté par de riches personnages qui veulent se montrer sous leurs plus beaux atours, amène les peintres portugais à perfectionner leur technique dans la lignée de Nuno Gonçalves.

Les scènes religieuses sont particulièrement prisées au XVIe siècle. Avec la rapide circulation des images, l'influence flamande se renforce. Une représentation de saint Pierre, réalisée en 1530 par Vasco Fernandes dit Grão Vasco, montre ainsi en arrière-plan un paysage typique du nord de l'Europe. Une autre caractéristique de la peinture portugaise de cette époque réside dans l'impact qu'a pu avoir la découverte du Brésil sur l'imaginaire des artistes. Dans une célèbre représentation de l'Adoration des Rois mages de 1503, Melchior se fait brésilien.

Les grandes découvertes, menées par Vasco de Gama, originaire de l’Alentejo, profitent grandement à la culture du pays. Les demeures royales s’enrichissent d’œuvres d’art.

Azulejos, entre tradition et modernité

Les azulejos, ou carreaux de faïence peints à la main, embellissent les façades et les intérieurs d’édifices civils et religieux. Importée par les Maures en Espagne, la technique est rapportée au Portugal par le roi Manuel Ier qui tombe sous son charme en visitant Séville, et décide d’en parer son palais de Sintra en 1503. Les azulejos sont devenus au XVIIe siècle un mode d'expression artistique prépondérant. Au XVIIIe siècle, en pleine période baroque, ces carreaux souvent bleu et blanc, forment des panneaux évoquant des scènes bibliques, mythologiques ou champêtres.

Le cloître à arcades de l’actuelle Université d’Évora conserve de magnifiques azulejos du XVIIIe siècle. On y voit Platon et Aristote délivrer leur enseignement à leurs disciples.

Évora, la ville-musée

Le chef-lieu de l'Alentejo est un véritable livre d’histoire.  Longtemps romaine, Évora conserve des thermes romains, un Templo romano, ou Temple de Diane, dans le centre historique. Témoins des siècles de catholicisme, la cathédrale d’Évora (Sé) est la plus grande cathédrale du Portugal, de style gothique, tandis que l'igreja de São Francisco conjugue traditions gothiques et baroques.

La ville médiévale a récemment accueilli ses premières fresques urbaines. Réalisées pour dissimuler des travaux, ces peintures collectives ont été validées par la municipalité. De même, en parcourant la région, vous tomberez sur du street art dans des lieux surprenants. Le paisible village de Brejão s’est recouvert de portraits de la chanteuse de fado Amalia Rodrigues.

Art contemporain

Dans les années 1990, la situation du pays se traduit par une fermeture généralisée des galeries d’art. Peu à peu, Porto canalise la quasi-majorité des galeries portugaises.

Cœur battant de la région de Beja, le musée Jorge Vieira rend hommage au sculpteur du XXe siècle célèbre pour ses créations en terre cuite. Cet espace est devenu un lieu de rencontres incontournable. Jorge Vieira (1922-1998), premier sculpteur abstrait portugais, débute en 1949 à Lisbonne ; sa carrière se poursuit dans le monde entier durant près de cinquante ans. Ses silhouettes, parfois en bronze, se situent entre la mythologie et l’intemporel.

Le Museu de Arte Contemporânea de Elvas (MACE) héberge la collection référence de l’art contemporain portugais, constituée par António Cachola. Peinture, art graphique, sculpture, installation, photographie et art vidéo composent un panorama diversifié de la création actuelle.

Le Musée de la photographie João Carpinteiro, toujours à Elvas, associe technique et art photographiques, en racontant l’histoire locale à travers des expositions thématiques. Pour une approche alternative !

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