Origines
Le catharisme apparaît en Europe vers le XIe siècle et fait suite à l’émergence de diverses hérésies. Il s'implantera facilement dans le midi de la France qui était une région tolérante et habituée à la cohabitation de différentes religions. Les juifs vivaient en paix aux côtés des catholiques et les musulmans occupaient l'Espagne de l'autre côté des Pyrénées. Ils vivaient en communautés souvent liées à des métiers artisanaux tels les tisserands. La désignation « cathare » vient du grec catharos signifiant « les purifiés ». Les Cathares eux-mêmes ne se dénommaient que bons chrétiens ou bons hommes. Les catholiques les appelaient Albigeois.
Philosophie et croyances
Ainsi, les Cathares étaient des chrétiens. Cependant, ils croyaient que leur univers était excessivement terrible pour être l'œuvre du seul Dieu. Ils étaient donc convaincus d'un autre principe créateur. Dans l'Évangile de Jean, ils n'imaginaient pas que le bon arbre puisse donner des mauvais fruits (parabole du bon et du mauvais arbre). Selon eux, Dieu ne pouvait être responsable du mal. Pour eux, il y avait donc deux créatures, deux créateurs, mais un seul Dieu. Ils étaient convaincus de la réincarnation de l'esprit et leur attitude devait être la plus proche de celle des disciples du Christ. Tous les sacrements de l'Église catholique étaient rejetés et leur foi reposait sur les enseignements du Nouveau Testament. Ils n'avaient pas de lieux de culte et faisaient des sermons au gré des villages et des routes. Ils n'utilisaient que le rite du « consolament », qui consiste à placer les mains et la Bible sur la tête du croyant avant sa mort. Étant donné la dureté de la vie à cette époque, le simple croyant vivait une vie ordinaire, il pouvait même établir de très bons liens avec le prêtre catholique du village. Les croyants, les « Parfaits », vivaient une existence apostolique, presque d'ascète, étaient végétariens et refusaient la sexualité ou la propriété privée. Dès le XIIe siècle, l'Église catholique se préoccupa de cette hérésie, mais essaya de la combattre non pas par la violence, mais en utilisant la même technique de persuasion que celle des prêcheurs cathares, à savoir la rencontre avec les habitants et l'organisation de débats contradictoires avec les religieux... Dominique de Guzman, futur Saint-Dominique, était un prédicateur de terrain renommé.
La Croisade
Devant l'échec de cette stratégie et l'assassinat du légat du pape, Pierre de Castelnau, le roi de France Philippe Auguste se soumet aux ordres du pape Innocent III et lance la croisade contre les Albigeois en 1208. L'extrême pauvreté du Nord catholique se reflète dans la richesse du Midi cathare. L'armée des croisés est commandée par un homme, Simon de Montfort, qui devient très populaire dans tout le Languedoc. Cette croisade se transforme rapidement en une guerre de conquête, car les enjeux politiques semblent être très importants. Il est en effet difficile d'aborder les Cathares et la croisade contre les Albigeois sans évoquer l'importance politique de ces événements dramatiques. Il est évident que les comtes de Toulouse voulaient s'émanciper de la dépendance française. Par la suite, l'Église romaine était réellement exposée à un risque de concurrence. Celle-ci était en effet en difficulté en raison de l'instabilité du royaume de Jérusalem et des difficultés propres aux Croisades en Terre sainte, qui étaient de moins en moins encouragées et souvent détournées à des fins militaires par les troupes croisées.
Victoire du roi de France
À partir de 1209, les croisés enchaînent les victoires : massacre et victoire sur Béziers, prise de Carcassonne, prise de Fanjeaux et de Pamiers... En 1212, le roi d'Aragon, proche des comtes de Toulouse et de Carcassonne, envoie son armée vers la ville de Muret, près de Toulouse, pour l'ultime combat contre l'armée française, mais il y sera tué. Simon de Montfort remporte la victoire. Montfort sera tué lors du siège de Toulouse en 1218, la tête fracassée par une catapulte portée par des femmes. Il faudra attendre une dizaine d'années pour que les forces en présence s'affrontent, annonçant progressivement la décadence des armées occitanes jusqu'au traité de Meaux de 1229, qui marque la fin de la Croisade et constitue un véritable frein aux aspirations d'indépendance du Midi. Le royaume de France était presque aussi riche que le comté de Toulouse. Malheureusement, il fut victime des positions mouvantes et indécises des seigneurs occitans. Les multiples conflits entre les seigneurs locaux, tout au long des événements, contribuèrent à l'effondrement du Languedoc. Le rattachement de l'ancien comté de Toulouse et de Provence à la France fut achevé par les interventions directes des rois de France.
L’Inquisition
La paix semble revenue, les territoires prospèrent, des bastides apparaissent… Il reste cependant un mal qui se déplace sur les routes d'Occitanie et qui terrorise les populations : l'Inquisition. Elle pratique « la question » autrement dit la torture et interroge systématiquement tous les Ariégeois. En 1242, Pierre Roger de Mirepoix massacre des inquisiteurs à Avignonet, relançant ainsi un vent de révolte en Occitanie. Les comtes du Languedoc, de Narbonne et de Foix rejoignent une nouvelle armée du comte de Toulouse et reprennent, entre autres, la cité de Carcassonne et la ville de Béziers. Mais ce vent de révolte n'aboutit pas au soulèvement escompté et la petite armée doit se soumettre. Une poche de résistance s'installe alors dans quelques châteaux pyrénéens dont celui de Montségur.
La fin des Cathares et de l’Occitanie médiévale
En 1204, le château de Montségur est détruit, mais un évêque cathare de Mirepoix, inquiet d'un mauvais présage, demande à Raymond de Péreille de le reconstruire pour en faire un véritable lieu de vie et de refuge. Le château devient très vite l'un des principaux lieux, tant sur le plan physique que spirituel, du catharisme. Il subira quatre sièges, dont trois vains, jusqu'au fatal mars 1244 où il se rendit, devenant ainsi un symbole majeur de la résistance cathare. Plus de 200 Cathares allèrent le 16 mars sur le bûcher, dans un endroit que l'on nomme aujourd'hui le Prat dels Cremats, le Pré des Brûlés. Pas un n'abandonna ses convictions. Les femmes et les enfants se jetèrent dans les flammes sans crier, sans se plaindre. On raconte même qu'ils chantaient.