De l'amour des mots et du pays
Purs reflets de leurs terres contrastées, les écrivains gersois ont souvent deux amours : leur pays et les mots. Joseph de Pesquidoux en est le meilleur représentant. Son nom tombé dans l’oubli est pourtant immortel. Élu à l’Académie Française en 1936, il est aussi l’inventeur de la plantation des vignes en ligne. Poète (Premiers vers), auteur dramatique (Ramsès ou Le sang fatal ), il forge sa plume aux couleurs de sa terre qu’il encense (Chez nous : travaux et jeux rustiques, Pour la terre ou encore Gascogne). Il ne se refuse aucune envolée lyrique pour signifier son attachement à la terre : « Un champ qui tombe en friche, c’est une portion de la France qui meurt. » Un constat que l’écrivain et herboriste Maurice Mességué (1921-2017) ne renierait pas. Auteur de l’ouvrage C’est la nature qui a raison, cet ancien maire de Fleurance a fait beaucoup pour la diffusion de la phytothérapie en France. Il est aussi l’un des premiers à avoir tiré la sonnette d’alarme sur la présence de polluants dans l’alimentation. Votre poison quotidien est publié en 1964.
Des domaines variés
Raymond de Lacvivier (1852-1930) n’a lui qu’un seul amour : le catalan. Ardent défenseur de cette langue qu’il a apprise de sa mère mais aussi de sa grand-mère maternelle, il naît à Fleurance en 1852. Dans ses veines coule la même fougue que ses ancêtres chevaliers et comtes, à la fois gascons et languedociens. Notaire, écrivain, propriétaire terrien et officier de réserve, il crée avec d’autres La Revue catalane, publication visant à porter les sciences, mais aussi la littérature et les arts. Assassiné en 1930 dans sa propriété d’Elne, il s’éteint sans jamais avoir vu le dictionnaire catalan dont il rêvait... À l’autre bout du spectre politique, plume vigoureuse mue par un esprit anarchiste, Joseph Noulens (1828-1898) s’oppose au coup d’État de Napoléon III dans la revue Le Suffrage universel. Cela lui vaut une arrestation et une déportation en Algérie. À son retour, il publie des recueils de poèmes et s’intéresse à l’héraldique et à la généalogie des grandes familles gasconnes. Sur la fin de sa vie, il revient à sa langue maternelle en publiant un recueil de poésies en gascon : Flahuto gascouno (Flûte gasconne). Cette langue, Alcée Durrieux (1819-1901) l’honore à travers ses Belhados de Leytouro (Veillées de Lectoure) ou son Dictionnaire étymologique de la langue gasconne. Plus proche de nous, l’astrophysicien et poète Michel Cassé (1943-), a consacré son œuvre aux relations entre l’univers et l’homme. Cet auteur fleurantin se demande dans Les Trous noirs en pleine lumière s’il est possible de calculer la brillance. François Darnaudet (1959-) manie lui aussi le clair-obscur dans des polars et des romans fantastiques noirs comme l’encre. Écrivain prolixe, il partage ses travaux entre les livres papier et des œuvres originales publiées en numérique.