Découvrez Rajasthan : Littérature (BD / Actualité)

Au Rajasthan et sur le territoire de Delhi, comme ailleurs dans le monde, la littérature écrite s’est nourrie des contes et légendes transmis par la tradition orale, au point que l’on ne sait plus parfois si la réalité fut telle que rapportée, ou telle que l’on se prête à l’imaginer. C’est ainsi qu’à Agra, le Taj Mahal, symbole universel de l’amour éternel, fut érigé sur l’ordre de Shah Jahan à qui Mumtaz Mahal, son épouse, demanda sur son lit de couches devenu son lit de mort, de prouver au monde entier combien il l’aimait. Il se dit que l’empereur mongol avait pour volonté de se faire construire pour lui-même un mausolée identique, en marbre noir, mais que le temps lui manqua puisqu’il succomba au chagrin. Depuis le XVIIe siècle, l’ample bâtiment continue d’inspirer les écrivains indiens, tels Timeri Murari dont Taj se découvre en français aux éditions Picquier. Pour autant, depuis l’indépendance, la littérature a dû affronter la réalité.

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Littérature primitive et littérature moderne

Si l’on s’accorde à reconnaître que la littérature écrite émerge au Rajasthan vers l’an 1000 de notre ère, rares sont les œuvres à avoir survécu. Ainsi, la plus ancienne copie du poème épique Prithviraj Raso remonte au XVIe alors que le poète de cour auquel il est attribué, Chand Bardai, aurait vécu dans la seconde partie du XIIe siècle. Il est donc probable que d’autres auteurs l’aient modifié au gré de leur fantaisie, et il reste difficile de discerner les parties originales de cette description d’une bataille par ailleurs non corroborée d’un point de vue historique. Toujours est-il que ce texte fut rédigé en langue braj, l’une des premières à prendre une tournure littéraire, avant même l’hindi, bien qu’elle fût surtout utilisée par des poètes mystiques qui consacraient leurs œuvres à Krishna (comme le fera la célèbre poétesse Mirabaï, décédée au mitan du XVIe siècle) en lui dédiant des chants d’amour appelés bhajan. La religion est donc l’une des sources d’inspiration initiales, tout autant que l’est le folklore populaire dont est issue l’histoire d’amour entre Dhola et Maru, dont il existe une version propre au Rajasthan.

La période médiévale voit quant à elle apparaître des chroniques guerrières à l’instar du Kanhadade Prebandha (XVe siècle) de Padmanābha, reconnu comme l’un des plus beaux poèmes en dingal, cette langue qui était l’apanage des Charans. Cette caste, composée de bardes – mais aussi d’agriculteurs ou de commerçants, car leur art ne subvenait pas toujours à leurs besoins, même si les postes de kaviraja (poète et historien d’État) leurs étaient généralement réservés – est considérée comme à l’origine de la majeure partie de la littérature médiévale, qui se déclinait donc en khyat, prose historique, mais aussi en une foultitude de genres poétiques répondant à des métriques précises. Le premier écrivain râjasthâni dit « moderne », Suryamal Misran (1815-1868), est né de cette lignée. Lettré érudit et polyglotte ayant accédé au statut de poète national, son texte le plus remarquable, Vansha Bhaskar, est souvent comparé à la perfection qu’incarne l’un des deux joyaux de la littérature indienne ancienne, le Mahābhārata. Hélas! la grande histoire eut des répercussions sur son travail de fiction, car le royaume de Bundi auquel il était lié tomba sous le joug du protectorat britannique, alors que lui-même s’investit dans le mouvement pour l’indépendance. Les 12 tomes qu’il avait initialement prévus pour son épopée se réduisirent donc à 8, ce qui n‘entrava pas son rayonnement considérable. Murari Dan, son fils adoptif, s’attellera ensuite à parachever son œuvre.

De l’indépendance à aujourd’hui

L’heure de l’indépendance allait pourtant finir par sonner en 1947, encouragée par les poètes nationalistes (« yug Charan ») à l’exemple de Kanhaiyalal Sethia (1919-2008) qui signa notamment le poème Dharti Dhoran Ri dont les vers devinrent les paroles de l’hymne du Rajasthan. Cette nouvelle période de l’histoire fut documentée par Gayatri Devi, troisième épouse du maharaja Sawai Man Singh II, qui rédigea ses mémoires (Une princesse se souvient, éditions Robert Laffont) et dont la vie aventureuse n’en finit pas d’inspirer les écrivains (La Maharani de Jaipur d’Isaure de Saint-Pierre, éditions M. de Maule), elle coïncida également avec une vraie reconnaissance de la littérature comme le démontre la Sahitya Akademi fondée par Nehru en 1954. Cette instance décerne en outre des prix littéraires, dont l’un fut attribué en 1979 à Rama Mehta (1923-1978) qui avait marqué les mémoires avec son roman Inside the Haveli (traduit par Kallash éditeur : À l’ombre du haveli) où elle offrait de magnifiques portraits des femmes du Rajasthan. Un autre éminent lauréat fut Narayan Singh Bhati (1930-1994) qui fut célébré tout autant pour sa poésie (Barsan Ra Degoda Dungar Langhiyan, 1981) que pour ses actions de préservation des textes anciens. Nous pourrions aussi citer comme récipiendaires du Sahitya Akademi Award Abdul Vaheed et Bhanwar Singh Samaur : le premier le reçut pour son roman Gharano qui prônait la bonne entente entre les religions, le second pour Sanskriti ri Sanatana Deeth qui couronnait une carrière longue de 50 ans. Enfin, le dramaturge Arjun Deo Charan, né en 1954, fait l’objet de toutes les attentions de la part de la fameuse académie puisque sa renommée l’a propulsé tout en haut d’un podium incontesté, grâce à ses pièces (Meh Reja The Parja) mais aussi grâce aux autres registres dans lesquels il aime se plonger : la poésie (Ghar Tau Ek Nam Hai Bhrosai Rau) et le roman (Dharam Judh, Uchhalo).

C’est pour une non moins prestigieuse récompense que sera pressenti Vijaydan Detha (surnommé Bijji) en 2011 puisque son nom sera cité pour le Nobel de littérature. Celui qui avait vu le jour en 1926 et s’est éteint en 2013 dans sa ville natale de Borunda, avait en effet acquis une réputation internationale. Auteur prolixe, il conjuguait les influences, de l’auteur indien Saratchandra Chatterjee aux écrivains russes, qui le guidèrent pour accoucher de pas moins de 800 nouvelles et autres poèmes ! Vijaydan Detha fait partie des auteurs rājasthānis dont la voix porte au-delà des frontières, un privilège qu’il partage avec Alka Joshi qui, si elle vit aux États-Unis, a conquis le public avec une trilogie prenant son pays de naissance comme décor et qui est actuellement en cours de traduction dans notre langue aux éditions Hauteville : La Tatoueuse de Jaipur (2021) et Le Secret de Jaipur (2022).

Pour autant, la nouvelle génération est plus volontiers associée à la capitale indienne. C’est ainsi à New Delhi qu’est venu au monde en 1915 le précurseur, Khushwant Singh, qui, dans Train to Pakistan (1956) racontait la terrible dissension entre les musulmans et les hindous au moment de l’indépendance ; ce récit fut porté à l’écran quarante ans plus tard. Parmi les auteurs contemporains, il faut compter avec Gita Mehta (née en 1943), Vikram Chandra (né en 1961) et Kiran Desai (née en 1971) dont les œuvres sont représentatives de ce vers quoi tend la littérature indienne d’aujourd’hui : croquer un pays qui accède à la modernité sans pour autant renier ses traditions. Ainsi, la première offre une saisissante description de l’Inde où elle retourne chaque année dans Le Serpent et l’échelle (Albin Michel), tandis que Vikram Chandra, qui vit aussi à l’étranger, a décidé de jouer la carte du roman policier dans Le Seigneur de Bombay (Pocket) alors qu’il avait exploré le genre historique dans Les Tigres d’Allah (Le Livre de Poche). Enfin, la benjamine s’attaque à la question de l’identité féminine et indienne dans La Perte en héritage, publié par les éditions montréalaises Fides.

Top 10 : Lecture

La liitérature de Rajasthan

Le sous-continent indien porte en lui l’ensorcellement qu’il semble exercer sur le reste du monde. La littérature qui met en scène des régions aussi emblématiques que Delhi ou le Rajasthan confirme cette attraction, entre enchantement et effroi. Il est certain, en tous les cas, qu’elle ne laissera personne indemne. Petite sélection pour tous les lecteurs.

Le Pavillon des secrets

Inde, 1935. Fille de missionnaires anglais, Amelia s’installe au Rajasthan où elle cherche un travail… et trouve un mari. Mais la guerre va bientôt bouleverser sa vie. Ann Bennett, éditions City.

Cuisine indienne : 100 recettes épicées et savoureuses

L’imagination et la gourmandise sont les seules limites grâce à cet ouvrage qui initie aux recettes traditionnelles. Éditions Hachette pratique.

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Kinra Girls : Le Tigre et la Princesse

En vacances au Palais de la Lune au Rajasthan, les Kinra girls vont devoir reprendre du service plus tôt que prévu : un tigre maléfique rôde. Dès 9 ans. Moka, éditions Play Bac.

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Le Cœur battant du Rajasthan : Rahis Bhari & Dhoad

Consciente que la musique traditionnelle a failli disparaître au XXe siècle, l’auteure a décidé d’y consacrer un bel ouvrage. Martine Le Coz, éditions Sutton.

Adhira, fille de la pluie© Éditions Tallandier.jpg

Adhira, fille de la pluie

Née en 1554 dans le désert, Adhira va vivre l’horreur du viol dont elle devra se faire pardonner en dansant pour l’empereur. Anjali Mitter Duva, éditions Tallandier.

SeuleFilleDeMonVillage©Éditions Flammarion.jpg

Seule fille de mon village

Sugan passera des années avant de comprendre qu’être la seule représentante de son sexe n’était pas dû au hasard, mais aux infanticides. Sugan Kanwar, éditions Flammarion.

L’Âge de Kali

Après 10 ans à arpenter le Nord de l’Inde, du Bihar au Rajasthan, l’auteur livre ce qu’il a vu et compris d’un sous-continent fascinant. William Dalrymple, éditions Libretto.

Le songe du Taj Mahal© Éditions Fayard.jpg

Le Songe du Taj Mahal

En cette année 1605, le jeune orfèvre Augustin Hiriart est en fuite et se retrouve bientôt auprès d’un monarque que, dit-on, il aurait conseillé pour édifier un chef-d’œuvre. Christian Petit, éditions Fayard.

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Le Rajasthan

Grand voyageur devant l’éternel et non moins humaniste, Pierre Loti vit ses certitudes remises en question par son périple du début du XXe siècle. Pierre Loti, éditions Magellan & Cie.

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Voraces

Dans un futur proche, des zombies ont envahi New Delhi. Un seul espoir pour leur échapper : traverser le terrible désert du Thar. Christophe Bec et Stefano Landini, éditions Glénat.

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