Découvrez le Kerala : Société (vie sociale)

En raison de son histoire, le Kerala a hérité d’une structure sociétale différente des autres États indiens. Pendant des siècles, des marchands juifs, musulmans et chrétiens, venant de Méditerranée et du Moyen-Orient, se sont livrés au commerce des épices sur la côte de Malabar, constituant un vecteur d'un brassage religieux et culturel unique en Inde. De plus, le Kerala était protégé des invasions terrestres par la barrière naturelle formée par les Ghâts occidentaux. Plus récemment, le petit État a été fortement influencé par les idées marxistes ; depuis 1957, il est administré par le Parti Communiste Indien, encore majoritaire à ce jour à l’assemblée législative. L’identité malayalie, articulée autour du malayalam, langue natale du Kerala d’origine dravidienne, est une valeur profondément enracinée chez les citoyens de l’État, indépendamment de leur origine, de leur religion, de leur caste ou de leur classe sociale et économique.

Les Malayalis

Les habitants du Kerala se nomment les Malayalis, indistinctement de leur religion. Par facilité, en France, on emploie également le mot Kéralais. Le touriste qui tente de comprendre le déroulement des rituels et des activités en Inde est souvent déconcerté par la pléthore de règles et de traditions qui varient en fonction de la personne à qui il s'adresse et de l'endroit où il séjourne. Comme dans le reste du pays, la société malayalie est si complexe et multiforme qu’il est difficile d’établir des principes de vie communs. S’il y a une notion qui attise la curiosité des Occidentaux, c’est bien l’existence des castes, un système extrêmement difficile à comprendre. La famille est une valeur essentielle de la société malayalie. Les différences économiques, religieuses, professionnelles, de sexe, de caste, d’origine ethnique ou encore de lieu de résidence sont autant de facteurs qui déterminent le sort de chaque personne.

Les castes au Kerala : un système complexe de hiérarchie sociale

Le système des castes au Kerala est basé sur des divisions hiérarchiques qui assignent aux individus des statuts sociaux spécifiques dès leur naissance. Alors que le système des castes védiques (venant de l’hindouisme) divisait généralement la société en Brahmanes, Kshatriyas, Vaishyas et Shudras, au Kerala, cette répartition des castes était absente. Les Brahmanes malayalis formaient la classe religieuse et considéraient toutes les autres castes comme étant inférieures. L'exception à cela était les élites militaires parmi les Samanthans Kshatriya Nairs (les élites féodales) et les Nairs (ou Nayar). Ces derniers pouvaient être rituellement promus au statut de Kshatriya. Ainsi les Samanthans  pouvaient exercer un contrôle sans partage sur les terres, car ils constituaient la classe aristocratique. Les Ezhavas, une caste importante au Kerala, étaient traditionnellement associés aux tâches agricoles et à diverses professions libérales. À ce modèle qui persiste encore de nos jours, s’ajoute le fait que les importantes disparités sociales et économiques au Kerala ont contribué à créer des castes « modernes » qui creusent un fossé entre les riches et les pauvres. L’utilisation abondante de la langue anglaise est notamment perçue comme un signe extérieur de richesse. En règle générale, la personne aisée, peu importe sa caste d’origine, se sentira supérieure et dénigrera la personne pauvre.

L’appartenance à une caste a influencé tous les aspects de la vie au Kerala, y compris le mariage, l'éducation, l'emploi et les relations sociales. Les mariages inter-castes étaient historiquement interdits, renforçant ainsi la ségrégation sociale. Les membres des castes inférieures étaient souvent exclus des opportunités d'éducation et d'emploi, limitant ainsi leurs perspectives de mobilité sociale. Cependant, au cours des dernières décennies, grâce à des réformes légales et à la volonté de changement, la société malayalie s'est progressivement ouverte à une plus grande mobilité sociale. Le gouvernement du Kerala a mis en place des politiques et des programmes pour promouvoir l'inclusion sociale et économique des castes inférieures, notamment avec des mesures telles que l’établissement de quotas dans l'éducation et l'emploi pour aider à réduire les disparités. Bien que des progrès significatifs aient été réalisés pour éradiquer les injustices liées aux castes, certains défis persistent. La discrimination et les attitudes de supériorité demeurent dans certaines sphères de la société. Cependant, de nombreux Malayalis ont pris conscience de la nécessité de mettre fin aux discriminations et de promouvoir l'égalité. Les mouvements sociaux et les organisations non gouvernementales travaillent sans relâche pour sensibiliser et mobiliser la population afin de réaliser dans le futur un changement positif.

Famille

Structure. Comme dans tout le pays, la famille est une valeur essentielle au Kerala. Un foyer malayali regroupe souvent plusieurs membres d’une famille. Ainsi, jusqu’à 5 générations peuvent vivre sous le même toit, et partagent quotidien, activités et responsabilités. Une des particularités du Kerala est que certaines familles issues de lignées Nair adoptent toujours un régime matriarcal ; les propriétés sont transmises par la mère à la fille. Les autres familles suivent le régime patriarcal classique qui est répandu dans toute l’Inde : le père représente la figure autoritaire incontestée, le fils aîné est l’héritier responsable des devoirs familiaux dans la famille et reprend le plus souvent la tête de l’entreprise paternelle ou familiale. Certaines familles modernes, qui possèdent un niveau de vie confortable, sont constituées d’une structure nucléique, comme en Europe, où seuls un couple et les enfants vivent dans le même foyer.

Les Malayalis apprécient généralement un mode de vie simple et naturel. Ils s’habillent souvent de manière traditionnelle : un simple lungi (pièce de tissu en coton) et une chemise pour les hommes, un sari pour les femmes. Les citadins adoptent souvent des vêtements plus modernes (pantalons, T-shirts). L’éducation et l’école tiennent une place prépondérante au Kerala. Les aînés se font également un devoir de transmettre les enseignements religieux et culturels aux plus jeunes, garantissant ainsi une préservation des traditions pour les générations futures. La propreté est une qualité essentielle aux yeux des Malayalis, que ce soit au niveau de l’hygiène personnelle, des vêtements, de l’intérieur du foyer, devant sa maison, mais également de la pureté de soi, de sa foi, de sa conscience… Menant une vie simple entouré des membres de sa famille, le Malayali est particulièrement fier de son identité et de son héritage.

Mariage. L’union matrimoniale représente l’événement majeur dans la vie d’un homme ou d’une femme au Kerala. Les mariages arrangés constituent une grande majorité des unions. Traditionnellement, ce sont les parents qui sont responsables du choix d’un conjoint ou d’une conjointe pour leurs enfants, et lorsque deux personnes s’épousent, ce sont également deux familles qui s’unissent. La décision des parents prend alors en compte plusieurs éléments importants : la religion, la caste, la position sociale, le niveau d’éducation, l’historique des deux familles, les conseils d’un astrologue… Les mariages « d’amour » sont cependant de plus en plus répandus chez les classes aisées et possédant un niveau d’éducation élevé. Au Kerala, comme dans le sud de l’Inde, les mariages d’enfants sont absolument interdits et vus d’un très mauvais œil. Les cérémonies de mariage malayali figurent parmi les plus extravagantes du pays. Chez les hindous du Kerala, il existe même des rites spécifiques à suivre qui diffèrent du reste du pays. Mais comme dans la majorité des mariages indiens, la famille de l’épouse doit prendre à sa charge une grande partie des frais du mariage (organisation, cadeaux, prise en charge des invités), et elle devra également s’affranchir de la dot demandée par la famille de l’époux. En revanche, cette dernière ne se contente le plus souvent que d’acheter quelques présents pour l’autre famille. Un mariage somptueux permet généralement à la mariée et à sa famille d’élever leur statut social, et les dépenses engagées sont considérables. Une famille s’endette souvent de longues années pour offrir un mariage digne de ce nom à leur fille. Les cérémonies engagent un nombre de personnes important des deux familles, mais également collègues, voisins, etc. Lorsque l’union est déclarée, la jeune épouse part vivre dans la famille du marié, qui en aura alors la responsabilité. L’opportunité de participer à une cérémonie peut se présenter lors de votre voyage, les familles n’hésitant pas à convier les voyageurs occidentaux à la fête. Plus on est de fous…

Un État à la pointe du pays

Si l’Inde est un pays où les disparités sociales et économiques sont importantes, le Kerala se distingue des autres États et fait figure de premier de la classe. Le « Pays de Dieu » possède l’indice de développement humain le plus fort du pays depuis une quinzaine années, avec un score de 0,794 en 2023. Plusieurs facteurs contribuent à cet indice élevé. L’éducation est une valeur ancienne et fondamentale de la société malayalie, et le Kerala est aujourd’hui l’État possédant le taux d’alphabétisation le plus élevé de tous les États indiens. Son PIB a quadruplé ces 15 dernières années, conférant aux Malayalis un niveau de vie relativement élevé, avec plus de 70 % des foyers reliés au réseau électrique et bénéficiant de l’eau courante. L’accès à la santé a également été favorisé par le gouvernement et l’État dispose d’un système de santé développé et d’infrastructures de qualité.

Éducation. La transformation de l’éducation du Kerala a d’abord été déclenchée par les efforts des missionnaires chrétiens, puis par les dynasties qui se sont succédé au pouvoir, qui ont apporté des contributions significatives. Jadis, les écoles locales (Kalari) enseignaient les arts traditionnels (arts martiaux, ayurveda), tandis que les écoles de village étaient davantage destinées à dispenser un enseignement général. L’occupation britannique a ensuite définitivement installé le système éducatif scolaire moderne au Kerala. Les Ezhuthu palli étaient alors des écoles de village avec un ou deux enseignants, fréquentés également par des étudiants des régions voisines qui venaient y apprendre les langues, la littérature, les mathématiques, la grammaire...

Reconnaissant la nécessité d'une population alphabétisée et d'une éducation élémentaire comme élément crucial pour l'édification d’un État fort, le gouvernement du Kerala, avec le soutien du gouvernement central, a lancé un certain nombre d'actions au cours de ces dernières décennies pour encourager l'enseignement élémentaire, comme l'éducation gratuite et obligatoire pour tous les enfants jusqu'à l'âge de 14 ans. En outre, un certain nombre d'organisations gouvernementales et d'associations bénévoles organisent des cours pour les adultes analphabètes. À noter que le taux d'alphabétisation dans les zones urbaines est légèrement supérieur à celui des zones rurales. Il existe également un certain nombre d'établissements d'enseignement privés, notamment des écoles, des collèges et des centres de formation, qui contribuent à des services éducatifs de qualité.

Le Kerala a été déclaré État pleinement alphabétisé en 1991 et il constitue alors le seul État de l'Inde où plus de 90 % de la population sait lire et écrire. En 2016, le Kerala devient le premier État du pays à atteindre un enseignement primaire à 100 %, grâce à son programme d'alphabétisation Athulyam, qui a permis d’alphabétiser la population n’ayant pas terminé le cycle primaire. En 2023, selon le ministère de l’Éducation, le taux d’alphabétisation était de 94 %, soit le taux le plus élevé du pays.

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