10 000 av. J.-C. environ

Arrivée dans le sud du sous-continent indien des peuples dravidiens, qui seraient des descendants d’agriculteurs d’Asie occidentale. Ils parlent des langues dravidiennes, dont sont issus le Tamil (langue parlée au Tamil Nadu), le Malayalam (Kerala), le Kannada (Karnataka) et le Télougou (Andhra Pradesh et Telangana).

3 700 av. J.-C.

Civilisation de la vallée de l’Indus

C’est à l’âge du bronze qu’apparaissent les premières civilisations du continent, dans la vallée du fleuve de l’Indus : les civilisations harappéennes, du nom de la plus grande ville de l’époque, Harappa. Selon des études génétiques récentes, les peuples qui composent cette civilisation seraient d’origine dravidienne. Vers 2 800 av. J.-C., cette civilisation urbaine se développe et compte plusieurs grandes cités. Ces villes, planifiées de façon ingénieuse et standardisée, possédaient des systèmes complexes d’alimentation en eau et des greniers à blé centralisés. Les habitations étaient bâties avec des briques de taille et de poids similaires, ce qui atteste du niveau de développement et de cohérence qu’avait cette civilisation. Plusieurs objets façonnés à cette époque ont été retrouvés un peu partout en Inde du Nord et ont permis de découvrir que cette société utilisait déjà le bronze, le cuivre, le coton et la laine. Plusieurs de ces objets, notamment de magnifiques sceaux ornés d’inscriptions ou de représentations d’animaux, indiquent que les artisans possédaient un savoir-faire certain. La civilisation de la vallée de l’Indus décline presque soudainement vers 1900 av. J.-C., pour des raisons encore inconnues. Certains historiens attribuent ce déclin à des changements climatiques extrêmes, d’autres à des catastrophes naturelles ou encore à des invasions.

Vers 1 500 av. J.-C.

La période védique

Venus d’Asie centrale, les Aryens, ou Arya, s’installent au nord et au nord-ouest de la péninsule indienne, le long des fleuves Indus, Gange et Yamuna. Ce peuple nomade est d’origine différente que les Dravidiens et parlent une langue de la famille indo-européenne. Les Aryens ont joué un rôle fondamental dans l’histoire de l’Inde. C’est à cette période que se sont développés la culture védique et les grands textes sacrés hindouistes, notamment les Védas, les Brahmanas et les Upanishads. Vers 800 av. J.-C., la plus grande partie de l’Inde du Nord était occupée par différents royaumes aryens, qui se faisaient parfois la guerre entre eux ou contre les peuples des terres qu’ils souhaitaient asservir. En devenant sédentaires, les Aryens ont modifié leurs structures sociales et politiques. La société est structurée de manière hiérarchique en fonction des différentes classes (Varnas) qui la composent. C’est l’amorce du système de castes qui perdure encore de nos jours en Inde. En haut de la pyramide sociale se trouvent les Brahmanes (les prêtres), puis les Kshatriyas (les guerriers et les dirigeants), les Vaishyas (les marchands, les fermiers et les commerçants), les Shudras (les artisans, les domestiques et les populations indigènes).

Vers le VIIe siècle av. J.-C.

De grands royaumes, les Mahajanapadas, sont formés par la réunification de différents territoires. Au nombre de 16, ils s’étendent du territoire de l’Afghanistan actuel à l’État du Bihar (nord-est de l’Inde). Le plus puissant de ces royaumes est celui de Kashi (Varanasi) et le plus grand celui de Magadha.

563 av. J.-C.

Naissance de Siddharta Gautama, le Bouddha.

540 av. J.-C.

Naissance de Mahavira, le 24e thirtankara du jaïnisme.

IIIe siècle av. J.-C.

Fondation de l’Empire Chera, l’une des grandes dynasties tamoules. Le royaume est situé sur la côte de Malabar, au sud-ouest du pays, qui correspond peu ou prou de nos jours au Kerala. Leur capitale est établie à Vanchi, proche de Coimbatore (Tamil Nadu), ou à Kochi (Kerala), les historiens divergent encore sur ce point. Peu de choses sont connues de cette époque ; cependant, on sait qu’ils favorisent le échanges maritimes avec l’Europe et le Moyen-Orient, notamment le commerce des épices, du bois et des pierres précieuses. Ces échanges favorisent également l’interaction des cultures et des religions : juifs, musulmans, chrétiens et bouddhistes sont accueillis en pays Chera. Le dernier roi des Chera décède en 1102 mais la dynastie perdure dans la région de Kozhikode, au Kerala.

321 av. J.-C.

Empire Maurya

Depuis le VIe siècle av. J.-C., le royaume de Magadha continue son expansion en conquérant des royaumes et des territoires adjacents, s’étendant jusque dans l’Inde centrale au IVe siècle av. J.-C. Sa capitale est la ville de Pataliputra, proche de l’actuelle Patna dans l’État du Bihar. C’est en 321 av. J.-C que Chandragupta Maurya accède au trône du royaume de Magadha, devenant ainsi le premier roi de la dynastie des Maurya. Il s’empare d’autres territoires, et notamment du Pendjab conquis par Alexandre Le Grand, étendant davantage l’influence du premier grand empire indien. En 270 av. J.-C, c’est son petit-fils qui accède au pouvoir : Ashoka. Ce dernier perpétue l’expansion de l’Empire qui englobe alors presque tout le territoire indien, de l’actuel Afghanistan au Bengale et jusqu’au plateau de Mysore au sud. Après une campagne sanglante et victorieuse contre le royaume de Kalinga, l’empereur Ashoka se détourne des conquêtes et des guerres pour se consacrer au principe de non-violence. À cette époque, le bouddhisme et le jaïnisme fleurissent dans le royaume, sans pour autant devenir des religions d’État. Ashoka a également grandement contribué au développement du bouddhisme en envoyant son fils Mahinda et sa fille Sanghamitta sur l’île de Ceylan, l’actuel Sri Lanka, afin de propager cette religion. Il envoie aussi des missionnaires en Asie du Sud-Est et en Asie centrale. L’influence de l’idéologie politique d’Ashoka et son rejet de la violence est telle que lors de l’indépendance de l’Inde en 1947, c’est le sommet d’un pilier de Sarnath portant une inscription de l’empereur qui fut choisi pour devenir l’emblème national du pays. La mort d’Ashoka en en 232 av. J.-C. sonne le glas de l’Empire Maurya qui s’effondre rapidement et qui tombe sous le joug de la dynastie Shunga.

IIIe siècle av. J.-C.

Fondation de la dynastie Chola, une dynastie tamoule du sud-est de l’Inde. La côte de Coromandel, qui s’étend de l’Andhra Pradesh à Pondichéry, est un nom provenant de la francisation de Chola Mandalam, qui signifie « le pays des Chola ».

IVe ou IIIe siècle av. J.-C.

Fondation de la dynastie Pandya, appelée aussi les Pandyans de Madurai, une autre dynastie tamoule.

220 av. J.-C.

L’empire Satavahana couvre une grande partie du centre et du sud de l’Inde et dont la dynastie est notamment basée à Amaravati (dans l’actuel Andhra Pradesh) et à Junnar (Pune de nos jours, au Maharashtra). Après environ 450 ans de règne, le pouvoir de la dynastie Satavahana se désagrège lorsque Vijaya accède au trône, et l’empire se divise alors en plusieurs territoires indépendants.

185 av. J.-C. – 28 av. J.-C.

La dynastie Shunga renverse l’empire Maurya et rétablit l’hindouisme comme religion principale. Les Shunga consolident la puissance du royaume, alors composé de vastes territoires, mais ne règnent pourtant que pendant un siècle. La dynastie des Kanva renverse les Shunga en 73 av. J.-C., qui sont à leur tour vaincus par les Satavahanas (ou Andhra) en 28 av. J.-C.

Vers 20 av. J.-C.

La dynastie Mahameghavahana, les Megha, prend le pouvoir sur la partie supérieure de la côte orientale de l’Inde, annexant les royaumes de Kalinga et de Kosala. Le règne des Megha sur ce territoire dure jusqu’au IVe siècle.

Début du IIIe siècle

La dynastie Pallava

C’est vers 220-250 apr. J.-C. que cette dynastie hindoue entame sa domination sur la côte sud-est du pays. Kanchipuram constitue la capitale de l’empire. C’est une période de renouveau spirituel dans le sud de l’Inde ; le bouddhisme s’essouffle et l’hindouisme revient au premier plan, notamment avec l’apparition de la notion de bhakti, la voie de la dévotion et l’adoration inconditionnelle à Ishvara (le seigneur suprême de l’hindouisme). Cette période est également riche en œuvres artistiques, picturales, littéraires et musicales. L’architecture des Pallava est particulièrement remarquable, avec de magnifiques et imposantes constructions en pierre, comme le fameux Temple du Rivage et de délicates sculptures excavées dans la roche à Mamallapuram. Les Pallava développent avec succès leur commerce maritime avec l’Asie du Sud-Est et l’île de Ceylan. Ils constituent alors la puissance prédominante de la côte de Coromandel jusqu’en 888, lorsqu’ils sont défaits par l’empire Chola.

Vers 320 apr. J.-C.

La dynastie des Gupta est fondée par le roi de Magadha, Chandragupta Ier. Ses successeurs unifient une grande partie de l’Inde en englobant divers royaumes dans l’empire Gupta et essaient même de s’emparer de Kanchipuram. Cette époque, marquée par une abondante production artistique et scientifique, est parfois appelée « l’âge d’or de la civilisation indienne ». L’une des contributions importantes des Gupta est l’introduction du zéro et du système décimal dans les mathématiques, qui n’apparaîtront que quelques siècles plus tard en Europe par le biais des Arabes. À partir de 465 environ, l’empire perd de son prestige. Il subit des invasions étrangères et doit faire face à de nouveaux souverains locaux pour finalement s’effondrer vers 550.

IVe siècle

La dynastie royale Chalukya amorce son essor et gagne son indépendance du royaume de Kadamba (une grande monarchie du Karnataka) dès le Ve siècle. En 636, les Chalukya de Vatapi (aujourd’hui Badami) règnent sur un empire étendu sur tout le plateau du Deccan, possédant une organisation politique développée et pratiquant des échanges commerciaux intensifs. C’est une période culturelle florissante pour le Karnataka, avec notamment des écrits fondateurs en langue Kannada et un style architectural novateur. En 753, l’empire Chalukya est conquis par la dynastie Rashtrakuta qui dominera le Deccan jusqu’en 982.

590

Le roi Kadungon accède au pouvoir et ravive la domination des Pandyans de Madurai sur le pays tamoul. La politique du sud du pays est dominée pendant trois siècles par trois importantes dynasties : les Pandyans, les Chalukya de Vatapi et les Pallava de Kanchi.

993

Empire Chola

En 993, la conquête de l’île de Ceylan par le roi Chola Rajaraja Ier consolide l’autorité des Chola dans le sud de l’Inde. Navigateurs affirmés, ils détruisent la flotte des Chera. Thanjavur constitue la capitale de cet empire et le roi Rajaraja Ier y fait bâtir le superbe temple de Brihadesvara, exemple parfait de l’architecture chola. Au début du XIe siècle, le roi Rajendra Chola Ier fera lui construire un autre temple dans la nouvelle capitale, Gangaikonda Cholapuram, à 70 km de Thanjavur. Le royaume se délite au début du XIIIe siècle et sera ensuite assimilé par le royaume de Vijayanâgar. Parallèlement, l’empire Hoysala est créé en 1026, et règne sur un vaste territoire englobant de nos jours le Karnataka, la partie ouest du Telangana et de l’Andhra Pradesh, et le nord du Tamil Nadu. Belur et Halebid se succèdent comme capitale de l’empire. La période Hoysala est marquée par une architecture remarquable, comme en témoignent les splendides temples de Belur et d’Halebid. L’empire périclite au milieu du XIVe siècle et sera également absorbé par l’empire Vijayanâgar.

Xe siècle

Invasions musulmanes et mogholes dans le nord de l’Inde.

1206

Sultanat de Delhi.

1288

Visite de Marco Polo sur la côte de Coromandel

1336 – 1646

Empire Vijayanâgar

Au XIIIe siècle, les différentes royautés hindoues du Deccan, l’empire Yadava de Devagiri, la dynastie Warangal et l’empire Pandya, sont constamment attaqués et pillés par les assaillants musulmans arrivant du nord du pays. L’empire Vijayanâgar est créé en unifiant les anciens royaumes hindous prospères pour former une résistance au Sultanat de Delhi qui désire étendre son territoire et son influence. En 1336, Harihara Ier devient le premier roi à accéder au trône de cet immense empire, constitué des actuels États du Karnataka, du Tamil Nadu, de Goa, du Kerala, de l’Andhra Pradesh et incluant même des parties du Maharashtra et du Telangana. Située sur les rives de la rivière Thungabadra, la capitale est Vijayanâgar, l’actuelle Hampi. La promotion de l’hindouisme dans l’empire est un facteur déterminant qui permet l’unification des peuples du sud face à la menace musulmane, transcendant ainsi les régionalismes exacerbés. Le royaume Vijayanâgar atteint son apogée au XVe siècle, et récupère même des territoires dans le nord Deccan qui sont contrôlés par différents sultanats. Ces sultanats forment alors une coalition pour défaire l’empire Vijayanâgar en 1565 dans la sanglante bataille de Talikota. L’armée vijayanâgare ne peut rivaliser avec l’artillerie moderne des sultanats, qui laissent la capitale et les grandes villes du royaume en état de ruines, signant la fin de la grandeur de ce puissant empire. Ce sont ces ruines au charme indescriptible, presque intactes, que les voyageurs du monde entier viennent admirer de nos jours à Hampi. Les souverains choisissent donc une autre capitale, Penukonda en Andhra Pradesh, pour tenter de raviver la flamme des Vijayanâgar. En 1572, le roi Tirumala Deva Raya abdique, divisant l’empire entre ses trois fils. À cette époque, plusieurs royautés hindoues gagnent leur indépendance, notamment la principauté de Mysore, fragilisant un peu plus l’empire, qui doit également faire face aux attaques répétées du Sultanat de Bijapur et à l’arrivée des Européens. L’empire Vijayanâgar s’effondre définitivement à Vellore, en 1646.

Mai 1498

Arrivée de l’explorateur portugais Vasco de Gama et de ses navires qui débarquent sur la plage de Calicut (Kozhikode), sur la côte de Malabar.

Début du XVIe siècle

Les Portugais soumettent Goa ainsi que Daman & Diu (Gujarat). Grâce à des relations entretenues avec le royaume du Deccan et à la protection d’une flotte navale d’envergure, les Portugais sont les premiers Européens à s’assurer des échanges commerciaux maritimes prospères avec l’Inde. Ils entament également une campagne d’évangélisation pour propager le christianisme. En 1542, le célèbre missionnaire espagnol saint François Xavier arrive à Goa et parvient par la suite à convertir des milliers d’Indiens le long du littoral occidental. C’est à Goa que l’influence portugaise est la plus visible de nos jours, notamment avec les magnifiques églises de Old Goa, classées au patrimoine de l’Unesco, ainsi que par l’héritage religieux, culturel, architectural et gastronomique encore présent dans la vie quotidienne des Goanais.

1565

Royaume de Mysore

Fondé à la fin du XIVe siècle par la dynastie hindoue des Wodeyar, la petite principauté de Mysore est d’abord un État vassal du puissant empire Vijayanâgar, avant de proclamer son indépendance après la bataille de Talikota en 1565. Pendant deux siècles, les Wodeyar n’ont de cesse d’étendre leur royaume et d’asseoir leur pouvoir. En 1765, le jeune prince Krishnaraja Wodeyar II nomme Haider Ali, un guerrier musulman, chef des armées de Mysore. Ce dernier le trahit, s’empare du pouvoir et devient de facto le sultan de l’État princier. Tipu Sultan, fils de Haider Ali et allié des Français, lui succède sur le trône, avant de périr sous les tirs des soldats anglais lors de la bataille de Srirangapatnam en 1799. Celui qui était surnommé le « Tigre de Mysore », occupe désormais une place importante dans l’histoire du pays en raison de son opposition féroce aux Britanniques. À sa mort, Krishnaraja Wodeyar II est reconduit sur le trône par les sujets de Sa Majesté, avant d’être écarté en 1831 par ces derniers, qui s’emparent alors du contrôle total du royaume jusqu’en 1881.

31 décembre 1600

Création de la Compagnie britannique des Indes Orientales.

Début du XVIIe siècle

Création de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC) en 1602. Les premiers navires néerlandais envoyés en Inde sont solidement armés, non pas pour venir annexer les régions du littoral, mais afin de pouvoir supplanter la flotte portugaise et s’accaparer l’exclusivité du commerce maritime. Ils rivalisent rapidement avec la Compagnie britannique des Indes orientales pour assurer un commerce fructueux avec l’Inde, notamment le commerce des épices, du bois, des textiles et des métaux précieux. Par la suite, la demande des marchés en Europe évolue, le besoin en poivre diminue et de nouveaux produits, comme le thé et le café, sont très recherchés. Contrairement aux Britanniques, la VOC ne possède pas les infrastructures nécessaires pour répondre à ces demandes et la Compagnie néerlandaise des Indes orientales disparaît en 1799.

1639

Fondation du fort St. George à Madras par les Britanniques.

1640

Premiers comptoirs britanniques à Bombay et Calcutta.

1664

Création de la Compagnie française pour la commerce des Indes orientales, qui reçoit de Louis XIV le monopole du commerce dans les océans Indien et Pacifique, du cap de Bonne-Espérance au détroit de Magellan, pour cinquante ans. Cette compagnie, basée à Lorient, a notamment pour objectif de créer des comptoirs en Inde.

1673

Premier comptoir français d’importance à Pondichéry.

Début du XVIIIe siècle

Les capacités militaires des flottes navales britanniques rivalisent enfin avec celles des Néerlandais. Les antagonismes entre les nations européennes en Inde se creusent et se durcissent. Au nord du pays, l’empire moghol s’effrite, plusieurs royaumes s’émancipent et constituent un réel danger pour les Européens. Ces royaumes s’opposent régulièrement entre eux dans des conflits mettant à contribution les forces armées des Britanniques et des Français. La Compagnie française des Indes orientales constitue alors une réelle menace au développement de la Compagnie britannique des Indes orientales ; pendant deux décennies les deux pays s’affrontent à plusieurs reprises pour avoir la mainmise sur le commerce en Inde, avec comme point d’orgue la bataille qui se déroule à Plassey, un village situé au Bengale-Occidental.

23 juin 1757

Bataille de Plassey

Elle oppose l’armée du nawab du Bengale, soutenue par l’artillerie française, aux forces de la Compagnie britannique des Indes orientales. Cet affrontement marque à la fois le début de l’emprise britannique sur le pays et le déclin de l’influence française en Inde. Il est également considéré comme l’événement fondateur du Raj britannique. Jusqu’à la fin du XVIIIe, l’Empire britannique continue d’asseoir son influence et d’étendre sa domination. Des accords passés avec certains royaumes et États princiers indiens permettent le stationnement de troupes britanniques. Dès que leur situation politique est fragilisée, ou que leurs dirigeants ne servent pas les intérêts de la Compagnie britannique des Indes orientales, ceux-ci sont automatiquement annexés. Mais c’est surtout grâce à leur armada militaire que les Britanniques gagnent de nouveaux territoires, notamment le Maharashtra en 1818. C’est à cette période que les Britanniques entament des chantiers de grande envergure afin de moderniser et de faciliter le transport des marchandises : construction de chemins de fer, routes, ponts… D’autres nouveautés voient également le jour : services postaux, systèmes d’irrigation complexes, réformes politiques et sociales… Cette modernisation du pays est cependant considérée d’un mauvais œil par la population locale.

1857

Révolte des cipayes

Les cipayes, terme désignant des soldats indiens hindous et musulmans au sein de la Compagnie britannique des Indes orientales, se soulèvent contre l’autorité britannique à Meerut, proche de Delhi. L’empereur moghol Bahadur Shah II, souverain de l’Inde au service des Britanniques, est alors persuadé par les cipayes de s’emparer des pleins pouvoirs. La révolte se répand comme une traînée de poudre et les garnisons britanniques sont attaquées un peu partout dans le pays. Les Britanniques parviennent à l’anéantir, mais ce soulèvement sanglant effraie les instances dirigeantes et, en août 1858, le Parlement britannique dissout la Compagnie britannique des Indes orientales. Le pouvoir en Inde est alors octroyé à la couronne britannique, et, dans son discours, la reine Victoria s’engage à respecter l’autorité des souverains indiens s’ils prêtent allégeance à la couronne.

1858

Raj britannique

Il s’agit du début du régime colonial britannique sur le sous-continent indien, incluant la quasi-totalité des territoires s’étendant du Pakistan au Bangladesh (à l’exception de quelques comptoirs portugais et français comme Goa et Pondichéry), ainsi que l’île de Ceylan et la Birmanie. Calcutta, au Bengale-Occidental, est choisie comme nouvelle capitale. Dès 1864, Shimla, dans l’Himachal Pradesh, devient la capitale estivale, les officiers britanniques ne supportant guère la chaleur des plaines en été. En 1876, la reine Victoria est nommée impératrice des Indes. Les Britanniques octroient des privilèges aux Indiens qui se sont montrés loyaux pendant la révolte (emplois dans l’armée, terres, récompenses), et évincent les groupes coupables de trahison. La fin du XIXe siècle voit l’apparition de l’industrialisation grâce à des sociétés britanniques, sans pour autant que les bénéfices retombent sur la population indienne. S’ils sont en théorie des sujets de la couronne, les citoyens indiens souffrent pourtant de discrimination dans plusieurs secteurs professionnels, et plus particulièrement dans celui de l’administration.

Début du XIXe siècle

Mouvement pour l’indépendance de l’Inde

La révolte des cipayes est considérée comme le point de départ de la volonté politique indienne de s’émanciper de la domination britannique. Souvent éduquée dans les universités de Calcutta, Bombay et Madras, fondées par les colons, l’élite intellectuelle indienne, comprenant politiciens, écrivains, avocats, journalistes et enseignants, constate que le gouvernement britannique est abusif et que la population indienne ne jouit pas des mêmes droits que les ressortissants britanniques. Ce mouvement contre l’autorité britannique débute avec modération. Servant de porte-voix à cette intelligentsia, le Congrès national indien souhaite que le pays obtienne davantage d’indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne. Estimant que les Britanniques pillent les ressources du pays de façon injuste, le président du Congrès, Dadabhai Naoroji, initie des changements économiques et sociaux et envisage une nouvelle identité nationale. Cependant les demandes du Congrès auprès du gouvernement britannique ne sont satisfaites qu’en partie, et vers 1905, le mécontentement de la population indienne grandit, puis le mouvement se durcit. Des leaders de l’opposition possédant une vision plus radicale, comme Sri Aurobindo ou Lal Bal Pal, réclament l’indépendance politique du pays. Cette idéologie nationale extrémiste se propage et les gouverneurs britanniques peinent à stopper cet élan, malgré des mesures prises pour tenter de l’enrayer. Certains leaders indiens appellent au boycott des produits britanniques, d’autres rejoignent des factions terroristes pour fomenter les meurtres de fonctionnaires britanniques. En 1906, un gouvernement plus libéral est élu en Grande-Bretagne et un nouveau secrétaire d’État, John Morley, prend les rênes du pouvoir. Ces changements politiques donnent une nouvelle impulsion aux modérés, et les indépendantistes les plus virulents sont envoyés purger de longues peines dans les prisons de Calcutta et de Port-Blair. Les Britanniques décident alors de changer de capitale, s’installent à Delhi, et entament la création d’une cité devant refléter la grandeur de leur empire : New Delhi. Au même moment la Première Guerre mondiale éclate. Les pertes humaines de l’armée britannique, dans laquelle sert près d’un million d’Indiens, sont énormes, et la complétion de cette ville ne verra jamais le jour.

1915

Retour en Inde de l’avocat Mohandas Gandhi, qui s’est illustré en Afrique du Sud pour son implication dans des actions de résistance non violente face aux colons. Il développe sa stratégie de défense pacifique appelée Satyagraha, « l’attachement ferme à la vérité ». En 1916, Gandhi conclut un pacte avec le parti du Congrès indien et la Ligue musulmane, qui unissent alors leurs forces pour défendre les droits civiques des Indiens. En 1920, Gandhi dirige le Parti du Congrès et lance une grande campagne de non-coopération. Beaucoup d’Indiens, désormais sympathisants du mouvement vers l’indépendance dans leur majorité, renoncent alors à participer au système britannique (démissions des postes administratifs, retrait des enfants des écoles anglaises, boycott des marchandises anglaises…). En 1929, le Congrès demande une indépendance totale. C’est le début d’un mouvement d’insurrection massif, avec comme point culminant la manifestation contre l’impôt du sel promulgué par les Britanniques. Gandhi part à Londres en tant que représentant du Congrès pour entamer des négociations pour de nouvelles réformes auprès du gouvernement britannique. En 1935, après de longs pourparlers, l’Acte de Gouvernement de l’Inde est approuvé par le Parlement britannique. Cette nouvelle législation autorise la création d’un gouvernement fédéral. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate en 1939, la Grande-Bretagne entraîne l’Inde dans le conflit sans même avoir consulté les leaders politiques indiens. Les protestations se propagent dans tout le pays et Gandhi lance en 1942 le fameux mouvement « Quit India » (« Quittez l’Inde ») qui somme les Britanniques de se retirer du territoire indien. Il est ensuite emprisonné en compagnie d’autres leaders du Congrès jusqu’en 1944. La Ligue musulmane supporte la Grande-Bretagne pendant la guerre, de peur que les musulmans soient traités injustement par la majorité hindoue au cas où le Congrès hériterait du pouvoir. La Ligue musulmane demande l’indépendance d’États à majorité musulmane au Pendjab et au Bengale. Ces épisodes contribuent à diviser musulmans et hindous, et aboutissent à de violents affrontements entre les deux communautés dans tout le pays. En août 1946, un gouvernement provisoire est mis en place. Jawaharlal Nehru, le leader du Congrès, est nommé Premier ministre par intérim. En Grande-Bretagne, le nouveau gouvernement travailliste souhaite se retirer de l’Inde au plus vite et d’effectuer une passation de pouvoir rapidement.

15 août 1947

Indépendance de l’Inde

Après de longues et fastidieuses tractations, l’Union indienne à majorité hindoue, ainsi que la Pakistan à majorité musulmane, divisé en deux régions distinctes, le Pakistan occidental et le Pakistan oriental (qui deviendra le Bangladesh), accèdent à l’indépendance et à la souveraineté étatique le 15 août 1947. Certains États princiers qui désiraient leur indépendance, comme l’État d’Hyderabad à majorité musulmane, rejoignent l’Union indienne un an plus tard après des négociations musclées. La partition du pays a donné lieu à des scènes épouvantables qui aboutiront à la mort de près de 400 000 Indiens et à des dizaines de millions de déplacés. Dès 1948, la situation devient tendue entre le Pakistan et l’Inde à propos du Cachemire, un État à majorité musulmane, dont le prince hindou a choisi de rejoindre l’Union indienne. La France et le Portugal détiennent encore des territoires après la proclamation de l’indépendance. Le territoire français de Pondichéry sera cédé à l’Inde en 1956 et le Portugal n’acceptera la souveraineté indienne sur l’État de Goa qu’au début des années 1970. Le Mahatma Gandhi, qui déplore la division de son peuple, est assassiné à Delhi le 30 janvier 1948 par un extrémiste hindou. L’indépendance de l’Inde s’est faite dans la douleur et dans le sang, mais le pays devient la plus grande démocratie du monde en adoptant un gouvernement fédéral avec un parlement et des élections au suffrage universel. Jawaharal Nerhu, Premier ministre du nouveau gouvernement, choisit de conserver le pays dans le Commonwealth.

26 janvier 1950

Entrée en vigueur de la Constitution : l’Inde devient officiellement une république.

1959

Le Dalaï-lama s’enfuit du Tibet puis installe le pouvoir tibétain en exil à Dharamsala, en Inde.

1962

Affrontements militaires entre l’Inde et la Chine qui se disputent des territoires himalayens à la frontière de l’actuel Arunachal Pradesh, au nord-est du pays. Au bout d’un mois de guerre, la Chine est victorieuse et s’octroie le pouvoir sur plusieurs territoires himalayens.

1964

Mort de l’emblématique leader Jawaharlal Nehru. Lal Bahadur Shastri devient Premier ministre.

1965

Guerre indo-pakistanaise pour la possession du Cachemire.

1966

En janvier, décès de Lal Bahadur Shastri. La fille de Jawaharlal Nerhu, Indira Gandhi, prend sa succession au poste de Premier ministre. L’Inde rentre dans une période de récession économique. Indira Gandhi nationalise alors plusieurs secteurs, et notamment les banques. En 1971, elle est coupable de corruption et fait face à une opposition politique grandissante. Elle décide de déclarer l’état d’urgence en 1975, fait emprisonner plusieurs de ses opposants, et exerce un contrôle drastique des médias.

Juin 1984

Opération Blue Star : Indira Gandhi lance les troupes militaires dans le temple d’Or d’Amritsar, où se sont réfugiés des terroristes sikhs. Cette répression sanglante fera environ 1 000 victimes. Les Sikhs de la planète entière sont offusqués par la profanation de ce lieu sacré.

31 octobre 1984

Indira Gandhi est assassinée par ses deux gardes du corps sikhs à Delhi. Rajiv Gandhi, son fils, devient Premier ministre.

Décembre 1984

Désastre écologique de grande ampleur à Bhopal au Madhya Pradesh dû  à un accident dans une usine de pesticides.

1987

Rajiv Gandhi envoie un contingent militaire au Sri Lanka, la force indienne de maintien de la paix, pour aider la résolution du conflit.

Décembre 1989

Défaite du parti de Rajiv Gandhi aux élections législatives, V.P. Singh, alors ministre de la Défense, lui succède au poste de Premier ministre.

1991

En janvier, Rajiv Gandhi est tué par un rebelle tamoul sri-lankais, membre du LTTE (Tigres de Libérations de l’Ealam Tamoul). Les élections de juin voient la victoire du Parti du Congrès et P.V. Narashima Rao devient le 9e Premier ministre de l’Inde. Sa prise de fonction coïncide avec une grave crise économique qui secoue le pays. Il décide alors de lancer une grande réforme économique en encourageant notamment les investisseurs étrangers. Les années suivantes voient l’Inde embrasser la libéralisation économique avec comme conséquence une croissance du PIB. Le pays est aussi en proie à une montée du nationalisme hindou, lié au parti du BJP (Bharatiya Janata Party), et on assiste à de nombreux affrontements violents entre hindous et musulmans. L’apogée est atteinte en mars 1993 avec une série d’explosions à Mumbai faisant plusieurs centaines de victimes. Bien que non revendiqué, cet attentat est attribué à des extrémistes musulmans par l’opinion publique.

1996

Élections législatives en mai : le BJP remporte les élections et choisit son leader, Atal Behari Vajpayee, pour occuper le poste de Premier ministre. Treize jours plus tard, son parti perd le vote de confiance et le gouvernement est dissout. La coalition du Front Uni prend le pouvoir et Deve Gowda devient Premier ministre. Pendant deux ans, l’Inde va connaître une situation politique instable.

1998

Le BJP reprend les rênes du pouvoir et Atal Beharu Vajpayee devient à nouveau Premier ministre. Il occupe cette fois le poste jusqu’en 2004. Cette période est marquée par une forte croissance économique, une importante création d’emplois et une intense urbanisation des grandes villes (construction de métro).

2004

En mai, les élections législatives créent une onde de choc : le BJP perd au profit du Parti du Congrès représenté par Sonia Gandhi, mais à cause des pressions pratiquées par le BJP et les mouvements nationalistes, elle doit renoncer au poste de Premier ministre. Manmohan Singh est choisi pour diriger le gouvernement et devient à l’occasion le premier sikh à occuper la fonction.

2006

L’Inde devient la 6e puissance nucléaire mondiale suite à un accord passé entre George Bush et Manmohan Singh permettant au pays de se procurer de l’uranium.

25 juillet 2007

Pratibha Pratil, membre du parti de l’Alliance progressiste unie (UPA), au même titre que Manmohan Singh, devient la première femme présidente de l’Inde.

26 novembre 2008

Les attentats de Mumbai font 188 morts et plus de 300 blessés. Plusieurs sites emblématiques du sud de la ville sont la cible d’explosions, de fusillades et de prises d’otages, dont  la gare C.S.T. (anciennement Victoria Terminus), le Café Léopold, ainsi que les hôtels de luxe Taj Mahal Palace et Oberoi Trident. Ces attaques terroristes coordonnées sont menées par un groupe de 10 militants islamistes ayant suivi une formation au Pakistan. Un terroriste est capturé, les neuf autres sont tués par les forces de l’ordre. Cet événement tragique secoue la nation entière et ravive les tensions avec le voisin pakistanais.

25 juillet 2012

Pranab Mukherjee, membre du Parti du Congrès, devient le nouveau président.

Décembre 2012

La terrible affaire du viol collectif de Delhi choque la nation et le monde. Cet évènement d’une violence sans précédent provoque un débat national sur la condition des femmes en Inde.

2014

En mai, les élections législatives voient le sacre du BJP, le parti nationaliste hindou, qui remporte les élections avec une large majorité de votes. Narendra Modi, leader charismatique du parti et partisan d’une politique ultra-libérale, devient Premier ministre. En juin, le grand État de l’Andhra Pradesh se scinde en deux États distincts : le Telangana et l’Andhra Pradesh.

2016

Pour lutter contre la corruption et l’argent non déclaré dans le pays, Narendra Modi lance un plan de démonétisation nationale de la roupie indienne. Les billets de 500 et 1 000 roupies perdent leur valeur, ce qui constitue une contrainte énorme en Inde où les échanges en cash représentent près de 90 % des transactions financières. La vie quotidienne des Indiens est bouleversée, une pénurie de liquidités gagne tout le pays et beaucoup de petits commerces doivent fermer leurs portes.

2018

Début août, une mousson exceptionnelle au Kerala provoque des inondations et des glissements de terrain qui font près de 500 victimes et entraînent le déplacement d’un million d’habitants. L’homosexualité est enfin dépénalisée en Inde, après plus de 20 ans d’une féroce bataille juridique.

2019

Le BJP, le parti de Narendra Modi, remporte les élections législatives à la majorité absolue. Le Premier ministre est reconduit dans ses fonctions.

25 juillet 2022

Droupadi Murmu, membre du BJP, est élue présidente de l’Inde. Seconde femme à devenir présidente, elle est aussi la première personne issue d’une minorité tribale (adivasi) à occuper ce poste. Narendra Modi reste le Premier ministre charismatique du pays qu’il dirige d’une main de fer.