La langue d’Oc
Également appelée « occitan », cette langue que l’on parlait jadis dans la région est encore pratiquée par certains, notamment les anciens, qui la considèrent comme un patrimoine culturel à préserver absolument. Historiquement, l’occitan est considéré comme la langue du Midi, c'est-à-dire du sud de la France. Depuis la croisade albigeoise et l’annexion du Midi au royaume de France en 1271, l’occitan fut progressivement supplanté par le français (ou langue d'oïl), notamment par l'entremise des hussards noirs de la IIIe République. Malgré cela, cette langue des troubadours est parvenue jusqu’à nous. Langue romane à part entière, elle dérive du latin. Bien que possédant plusieurs dialectes, elle couvre, encore aujourd’hui, une aire géographique impressionnante. Les médias locaux, aidés par de nouvelles lois européennes, la remettent à l’honneur, et ses sonorités portées par le vent agitent de nouveau le drapeau rouge frappé du Baussant. L’Institut d’études occitanes se consacre aujourd’hui à sa promotion par le biais de cours et d’animations, il a codifié la grammaire et unifié le vocabulaire issu d'un parler aux accents multiples. Du temps des troubadours à celui d’Internet, l’occitan garde trace des émotions de l’amour courtois comme des révoltes contre le nivellement culturel, des contes et légendes transmis oralement lors des veillées comme des témoignages historiques.
La littérature occitane
Depuis le XIIe siècle, la langue occitane s’est invitée dans les pages de nombreux auteurs célébrés localement et en dehors des frontières du département. Les plus connus sont le troubadour Raimon de Miraval (1165-1229), l’amiral albigeois Henri-Pascal de Rochegude (1741-1834) et la poétesse réalmontaise Louisa Paulin (1888-1944).
La littérature occitane a également été marquée par des philosophes, traducteurs et chanteurs tels qu’Auger Galhard, poète rabastinois du XVIe siècle, Mathieu Blouin (1554-1615), rapporteur des guerres de religion en Languedoc, Jordi Blanc (né en 1944), écrivain et traducteur français-occitan, et Daniel Loddo (né en 1954), membre du groupe de musique occitane la Talvera.
Un des grands défenseurs de la langue occitane était Jean Jaurès (1859-1914). Né à Castres, le politicien était bilingue, jonglant entre la langue d’oc et le français selon la situation. En 1911, Jean Jaurès va être le premier homme politique à prendre position pour l’enseignement à l’école républicaine des langues dites régionales. Il expliqua cette démarche en soutenant que, d’après lui, l’apprentissage de l’occitan permet de mieux apprendre et maîtriser le français.
Les plumes françaises
Il n’y a pas que les écrivains en langue occitane qui ont participé au rayonnement culturel du Tarn ! Le département a aussi vu naître des plumes agiles en français. Leur envol a été encouragé par la création de l’académie de Castres au XVIIe siècle, une ancienne académie culturelle, littéraire et scientifique dissoute en 1670, et le salon littéraire de l'écrivaine albigeoise Antoinette de Salvan de Saliès au XVIIIe siècle. Chez elle, les auteurs contemporains étaient lus et commentés, un bouillonnement qui a stimulé les plus hardis à présenter leurs textes. Surnommée « la petite muse d’Albi », elle fut elle-même à l’origine d’ouvrages tels que Les Princesses de Bavière : Isabelle et Marguerite et La Comtesse d'Isembourg, princesse de Hohenzollern.
Au XIXe siècle, le poète et écrivain Maurice de Guérin (1810-1839), né à Andillac au château du Cayla, rédigea quelques œuvres méconnues pourtant louées par George Sand : Le Centaure, La Bacchante, Glaucus…
Parmi les écrivains du XXe siècle, on peut citer l’auteur carmausin Lucien Fabre, récompensé par le prix Goncourt en 1923 pour Rabevel ou le Mal des ardents. On mentionnera également la carrière de Jean Noël Dominique Escande (1933-2016), un écrivain et historien qui a participé à la rédaction de nombreux ouvrages collectifs consacrés au Tarn : La Chartreuse de Saix, Jean Valette, la Cuisine tarnaise, les Cahiers du Tarn, la Revue du Tarn, etc.
Outre ces auteurs, le Tarn possède un pôle littéraire attractif avec plusieurs petites maisons d'édition, de nombreuses médiathèques et une pléiade de manifestations culturelles dédiées aux beaux et bons mots telles que les salons du livre de Gaillac et Mazamet, ou encore le Salon du livre et de la gourmandise de Pampelonne.