Préhistoire. - 500 000
Plusieurs campagnes de fouilles ont permis de déterminer que l’occupation humaine du territoire a débuté il y a 500 000 ans, au confluent des rivières de l’Agout et du Tarn. C’est ici, entre les stigmates rocheux d’un passé géologique mouvementé et les forêts denses, que les premiers chasseurs néandertaliens s’installèrent. Les grottes, de part et d’autre du territoire, devinrent abris puis, avec les aléas de l’Histoire, de véritables caches. Menhirs, dolmens et statues furent érigés au fil du Néolithique dans les luxuriantes futaies de Grésigne, comme au cœur des monts de Lacaune. Certains de ces trésors sont encore visibles de nos jours au sein des paysages tarnais.
Antiquité. - 800
Toute la région se pare d’oppidums, ces sites hauts perchés qui, aujourd’hui encore, siègent entre ciel et terre. Cette période fut marquée par de nombreuses tensions. Tout près de Castres, au sud du département, la nécropole de Gourjade, avec ses 400 tombes, demeure un puissant témoignage de ces temps conflictuels. D’une rive à l’autre de l’Agout, les Volques et les Rutènes se haïrent. Le père de Néron, Cnéius Domitius Ahénobarbus, trouva une solution simple à ces différends qui nuisaient à la pax romana : il les débouta tous et établit sur le site un castrum romain marquant la limite septentrionale de la province de Narbo Martius (nom antique de la ville de Narbonne).
Ve siècle
Au cours de cette période, les Wisigoths s’installent autour de Toulouse, marquant les noms de lieux de terminaisons caractéristiques en «-ingus », puis en « -ens». Ainsi, dans le Tarn, on trouve Rabastens, Mézens, Giroussens, Brens, et bien d’autres encore. Les Alains, originaires du Caucase, ou encore les Suèves de Germanie occupent brièvement ces régions. Des hordes de Sarrasins traversent aussi le territoire en direction de l’ouest. Les Normands, sous la botte de Pépin Ier, lancés contre Charles le Chauve, mettent le pays à feu et à sang avant de s’éloigner sur la rivière du Tarn. Mais ceux qui marquèrent d’une manière indélébile la région venaient de l’Est. Parents des Bogomiles, une secte d’origine bulgare qui professe que le monde matériel a été créé par le diable et rejette l’autorité de l’Église, ils venaient prêcher le catharisme.
XIIe siècle
Le siècle est marqué par le catharisme. La doctrine se propagea dans les régions prospères où le clergé, les seigneurs locaux et les marchands se disputaient les richesses, c’est-à-dire principalement en Italie du Nord et dans le Sud de la France. Elle fut alors le vecteur des tensions locales. Les hérétiques racontaient que le Saint-Esprit et Satan se partageaient l’être humain et qu’il fallait respecter les règles de leur sévère religion ou accepter de mourir pour que l’âme trouve enfin le chemin de la perfection. Beaucoup moins gourmands et envahissants que le haut clergé ultramontain, on les tolérait, car ils étaient pauvres, et contestaient les papistes à la vie dissolue. Les comtes de Toulouse, accueillant les réfugiés d’Italie, furent moins séduits par l’idéologie que par la dimension politique du mouvement, fiers de posséder une religion propre à l’Occitanie.
XIIIe siècle
Mouvementée, cette période fut rythmée par les croisades meurtrières, les procès de l’Inquisition et les châteaux pris en butin. Le chef incontesté de la croisade contre les Albigeois, Simon de Montfort, trouva là l’occasion de se bâtir un fief à la mesure de ses ambitions. Le Tarn fut ainsi saccagé, violé, violenté ; les campagnes souffrirent autant que les villes, le feu prit partout, jusqu’au bûcher de Lavaur, le plus ravageur de toute la croisade des Albigeois. Quatre cents hérétiques y périrent ! Pillages et destructions se poursuivirent ainsi jusqu’en 1217. Simon de Montfort décida alors d’assiéger Toulouse qui avait eu l’audace de se révolter. Il mourut au cours de cette attaque, tué par des jets de pierre. Outre les croisades, le XIIIe siècle est également le temps des bastides. Une quarantaine de villes neuves apparait alors : Cordes en 1222, puis Lisle-sur-Tarn, Réalmont et Pampelonne.
XIVe siècle
Cette époque représente l’une des heures les plus sombres du territoire. Au cours du XIVe siècle, les armures s’entrechoquent à nouveau lors de rivalités de territoires et de biens. Ces conflits se déroulent alors que la misère touche l’ensemble des terres et que des machinations s’opèrent dans le plus grand secret. Les promesses sont trahies, la monnaie subit de graves dévaluations, et le siècle essuie une vague inquiétante de tumultes. De 1302 à 1347, les famines se succèdent à un rythme tragique et, comme par acharnement, la peste noire s’abat en 1348 sur ceux qui étaient restés miraculeusement en vie : le futur département du Tarn y perd plus de la moitié de sa population.
XVIe et XVIIe siècles
A cette époque, on assiste un peu partout à la renaissance des arts et des lettres, et c’est l’une des raisons pour laquelle les dogmes religieux sont alors remis en question, dans une région toujours hostile au centralisme politique de Paris comme au centralisme spirituel de Rome. C’est le début des guerres de religion. Ce conflit, qui reprend certains aspects de la croisade des Albigeois, permet aux grandes familles de s’affronter une nouvelle fois sous des prétextes religieux, toujours dans le but de promouvoir leurs intérêts politico-économiques et d’augmenter leur puissance. Le Tarn sera alors scindé en deux : l’Albigeois catholique contre le Castrais protestant. Aux quatre coins du département, les cruautés se multiplient. Collines, plaines et villages ne sont bientôt plus que ruines, des pans d’histoire complètement anéantis par la barbarie. Finalement, Albi reste catholique tandis que Castres et le sud du département rallient la Réforme. A la fin du XVIIe siècle, il faut songer à tout reconstruire.
XVIIIe siècle
En 1752, sous la direction du chevalier de Solages, on commence à exploiter le charbon de Carmaux, puis la construction du réseau routier débute : de Castres à Saint-Pons et à Toulouse, de Toulouse à Rodez par Albi... Le temps s’écoule et peu à peu les plaies se referment. Et, sur les vestiges encore fumants de ce vaste champ de bataille, on rebâtit un pays. De nouveau, il faut songer à l’avenir, se promettre d’oublier les différences. Mais la fin des troubles signe les débuts d'une rivalité nouvelle entre Albi et Castres. Le département, créé en 1790, affiche rapidement ses disparités politiques : le Nord, plus ouvrier avec ses mines de charbon et son industrie, est sensible aux idées socialistes, tandis que le Sud, plus agricole, est plus conservateur. Dans le secteur industriel, le Carmausin et l’Albigeois développent respectivement le charbon et la sidérurgie, et les régions de Castres et de Mazamet s’orientent vers le textile et le délainage.
XIXe et XXe siècles
Durant cette période, le Tarn fut marqué par les luttes sociales et par un de ses enfants, Jean Jaurès. Fervent militant, on doit notamment à ce Tarnais une loi sur les accidents du travail et les premières retraites pour les paysans. Le XXe siècle est synonyme de conflits mondiaux. Pendant la Première Guerre mondiale, le département n’est pas épargné ; on compte plus de 10 000 morts. Quant aux années 1939-1945, ce sont des années de résistance active. Dès le 16 août 1944, la Résistance prend Carmaux. A Castres, un petit groupe d'environ 200 résistants, armés de simples mitraillettes, réussit même à capturer 42 00 soldats allemands !