Un envol inédit
La production locale et régionale est en plein boum, cela depuis 2005. Parmi les artistes à suivre, la jeune photographe Farah Al Qassimi, la princesse peintre et photographe Lateefa Bint Maktoum, le photographe d'origine palestinienne Tarek Al Ghoussein, le très célèbre et regretté Hassan Sharif fondateur de la Flying House (décédé en 2016), les artistes de son entourage Abdullah Al Saadi, Mohammed Ahmed Ibrahim, présenté à la Biennale de Venise, Mohammed Kazem, la photographe dubaïote Reem Al Ghaith et l'auteur des compositions abstraites Abdul Rahim Salem sont des valeurs connues ou montantes. Si les thèmes abordés par ces artistes sont parfois assez prosaïques, un véritable engouement semble se dessiner en faveur de l'art abstrait et conceptuel. De plus en plus de galeries d'art contemporain ouvrent leurs portes et présentent les travaux d'artistes de la région. On estime que le marché moyen-oriental de l'art pèse 10 milliards de dollars. De 10 galeries en 2008, Dubaï compte aujourd'hui une cinquantaine de galeries réparties dans plusieurs quartiers.
Dans le quartier d'Al Fahidi. Ne pas manquer la XVA Gallery pour voir des grands noms de l'art régional et s'offrir une œuvre par des artistes locaux à la Majlis Gallery.
Au DIFC (Dubai International Financial Centre), les galeries, ainsi que les deux maisons de ventes aux enchères côtoient les bureaux d'avocats et de banquiers. En poussant un peu plus loin, jusqu'aux Damac Park Towers, on peut acquérir des œuvres d'artistes d'Asie centrale à l'Andakulova Gallery.
Dans la friche industrielle d'Al-Qhoz, à Alserkal Avenue, une trentaine de galeries d'art, installées dans d'anciens entrepôts, entourent un immense bâtiment d'exposition en béton, « Concrete », réalisé par Rem Koolhaas. Parmi ces galeries, qui valent le déplacement, vous pourrez visiter celle d'Isabelle van den Eynde pour voir de l'art conceptuel régional, la galerie Lawrie Shabibi qui soutient l'art africain et est la représentante de Mohammed Ahmed Ibrahim et aussi d'artistes iraniens, la galerie The Third Line, qui présente des artistes internationalement reconnus et d'autres très prometteurs.
Signalons la Galerie Zawyeh, fondée à Ramallah en Palestine, en 2013, avec une seconde adresse ouverte à Alserkal Avenue depuis juin 2020. Son principal objectif est de promouvoir les artistes palestiniens, de Palestine et d’ailleurs, à travers des expositions thématiques locales et itinérantes. L’art palestinien moderne et contemporain est ainsi montré dans le monde entier à l’occasion de foires et de projets culturels.
Cap sur l’Asie à présent avec la Fondation Ishara, toujours sur Alserkal Avenue. Sur deux étages, elle présente de l’art du sud de l’Asie, terme entendu au sens large. On découvre dans cet espace aussi bien des œuvres venues d’Inde, du Pakistan, du Sri Lanka ou du Népal. Que les expositions soient individuelles ou collectives, la plupart voyagent à travers le monde pour porter la voix des artistes de ces pays dans d’autres contrées.
Un peu plus loin dans Al-Qhoz, à seulement 5 km d'Aserkal Avenue, surtout ne pas manquer Meem Gallery, qui défend des œuvres d'artistes de la région, tels que Sohrab Sepehri, Parviz Tanavoli, Mahmoud Obaidi, Kamal Boullata, Dia Azzawi.
À l'est de Downtown, le centre d'art contemporain Tashkeel, rassemble de nombreux ateliers et des résidences d'artistes. Petit bâtiment perdu dans le quartier de Nad Al-Sheba, près du champ de courses, Tashkeel est un véritable creuset de la scène artistique des Émirats où se rassemblent les futurs grands artistes de la région. Ses modestes expositions méritent une visite, ne serait-ce que pour se faire une idée claire de l'art contemporain local. Des artistes comme Nasir Nasrallah, El Seed et Ammar Al Attar sont passés par Tashkeel.
Dubai Design District, plus connu sous l'acronyme D3, s'est développé à très grande vitesse et s'agrandit encore. Lancé en 2013, ce nouveau quartier est dédié à la promotion de nouveaux talents, à la créativité dans le design, le luxe et la mode. Il comprend des restaurants, des galeries, des boutiques de détails et des bureaux. Il est très agréable de se balader dans ses allées ombragées avec un mobilier urbain unique. Dans les années à venir, D3 devrait comprendre des zones résidentielles, des boutiques-hôtels internationaux, un amphithéâtre.
La foire internationale d'Art Dubai
Dubaï n’est pas qu’un centre d’affaires, c’est aussi un pôle de l’art contemporain ! La forte fréquentation des salons Art Dubai et Design Week, qui ont lieu chaque année, ne fait que confirmer cette tendance. Dubaï figure désormais parmi les villes majeures du marché de l’art. Lancé en 2006, Art Dubai est né de la fusion entre DIFC et Gulf Events. La première année, c’était le chaos, les visiteurs demandaient si les œuvres étaient bien à vendre ! En 2008, la foire reçoit 12 000 visiteurs et 68 galeries du Moyen-Orient, d’Inde et d’Afrique du Nord. En 10 ans, le nombre de galeries et de visiteurs n’a cessé d’augmenter (en 2018, 105 galeries de 48 pays et 28 000 visiteurs). Aujourd’hui, la foire est le premier carrefour international du Moyen-Orient, pas seulement à travers les galeries participantes (certaines viennent d’Islande, d’Éthiopie ou du Kazakhstan), mais aussi à travers les artistes présents. Lors de la foire, un programme, le « Global Art Forum » ouvre des discussions pour définir certaines notions artistiques. L’innovation de 2014 est la création d’un second espace d’exposition dédié à l’art moderne, l’art du XXe siècle du Moyen-Orient, de l’Asie du Sud et de l’Afrique du Nord, de qualité muséale. Et en 2018 Art Dubai a lancé un nouveau programme, « Résidents ». Onze artistes ont été invités à créer aux Émirats pendant quatre à huit semaines. Leurs œuvres sont exposées lors de la foire à côté de celles des artistes internationaux. Ajourd'hui, Art Dubai a acquis une vocation éducative et est devenu l’un des plus importants évènements culturels des Émirats, un acteur incontournable du monde de l’art contemporain au-delà de l’Europe et de l’Amérique, visité par les conservateurs des plus grands musées, le MET, le LACMA, le Victoria and Albert Museum, le musée du Louvre, etc.
Street art
La même folie des grandeurs anime l’art urbain. Les murs de la ville se recouvrent de peintures multicolores à toute allure. Comme pour les autres formes artistiques, les graffitis sont ici de haut vol, bien qu’un peu policés. Façades d’immeubles, parkings et piliers du métro accueillent des fresques signées de grands noms du genre. Ne cherchez pas de tags ou de graffitis à la sauvette, vous n’avez que peu de chances d’en dénicher. En revanche, un projet officiel a chargé les artistes urbains de redécorer le métro. De quoi égayer vos déplacements. Voici quelques repères supplémentaires pour guider vos explorations à travers Dubaï.
City Walk. Une large variété d’œuvres publiques se déploie le long de City Walk. Toutes de dimensions et de facture impressionnantes. Sur d’imposantes façades, se déploient deux oiseaux multicolores, une girafe qui semble jaillir d’un mur le long de l’escalier d’un parc, un enfant qui tend son parapluie sous une averse arc-en-ciel ou encore des méduses barbotant sur les piliers d’un pont. Des artistes du monde entier, tels que Rone ou Nick Walker ont uni leurs pinceaux et leurs bombes pour colorer la longue artère.
Quartier de Satwa. Un projet financé par le gouvernement a réuni 16 street artistes pour embellir le Quartier de Satwa : un vieil homme à bord d’une barque, des enfants galopant dans la rue, entre autres. Le Lituanien Ernest Zacharevic a collaboré avec le Tunisien The Inkman, connu pour ses fresques calligraphiques. Le thème de cette galerie à ciel ouvert est le patrimoine et l’histoire des Émirats arabes. Calligraphie, portraits royaux, dallah dorée, jeux d’enfants composent ce bel album d’images traditionnelles. Pas moins de 16 façades le long de 2nd December street témoignent d’une explosion de créativité.
L’artiste émirati Ashwaq Abdullah a exécuté une fresque en hommage aux fondateurs des Émirats arabes unis, les cheikhs Rached Al Maktoum et Zayed Al Nahyane. « L’art mural parle à tout le monde, quelle que soit l’origine sociale », observe-t-elle. « C’était l’occasion, pour moi, d’exprimer mon amour pour mon pays. Avec l’espoir qu’il se répande à travers les rues de Dubaï ».
D3. Myneandyours a choisi les murs de Dubaï comme terrain de jeu de prédilection. Ses nuages souriants, et ses multiples touches d’originalité atteignent leur apogée dans l’entrée d’un parking de D3. Ce cadre autrefois morose est à présent transformé en voie lactée truffée de planètes fluorescentes et d’astronautes hors du commun.
On retrouve Myneandyours à JBR, dans une installation érigée au cœur d’un rond-point. Il s'agit de trois structures cylindriques, dont la plus haute mesure quatre mètres, décorées de formes géométriques aux couleurs vives.
Karama. Adresse incontournable pour les fans de street art, Karama héberge des fresques à couper le souffle. Ses immeubles dévoilent requins, faucons, lions tout le long de 18b street, pour la plus grande fierté des habitants.