Vert, pourpre, noir, blanc... Quel département de France peut s'enorgueillir de posséder quatre couleurs ? Un seul : la Dordogne, plus connue sous son nom de l'Ancien Régime, le Périgord. Vert comme  les nombreux cours d'eau de la frange limousine, pourpre comme le vin de Bergerac, noir comme les forêts du Sarladais, blanc comme le calcaire de la vallée de l'Isle. C'est la diversité de ses paysages, de ses hommes et de son histoire qui lui a conféré cette palette surprenante.

Retour sur 400 000 ans d'histoire

Tout était propice à faire du Périgord le berceau de l'humanité : les larges vallées, les innombrables cours d'eau, les abris, les forêts et les sites que le temps, complice de la nature, a façonnés durant des millénaires. Tous ces témoignages sont encore présents et contribuent à la richesse patrimoniale de ce pays qui est, après Paris, le site de France le plus chargé en monuments historiques. La vallée de la Vézère entre Montignac et Limeuil fut habitée très tôt. Le nombre et la qualité des sites préhistoriques en témoignent. La vallée compte quinze sites inscrits au Patrimoine mondial de l'humanité. Les grottes ornées de la vallée de la Vézère - dont la plus illustre est la grotte de Lascaux qualifiée de " chapelle Sixtine de la préhistoire " - sont les premiers signes de nos ancêtres. Depuis, les traces de l'invention humaine n'ont cessé d'enrichir cet inépuisable patrimoine. Le pays n'échappera pas aux invasions barbares, mais vers l'an mille une nouvelle société sort de ces bouleversements. Le christianisme s'impose et deux premières grandes abbayes sont fondées, l'une à Sarlat en 720, l'autre à Brantôme en 779. L'art roman va s'exprimer à travers la réalisation de nombreux édifices religieux. L'une des églises les plus connues est l'ancienne abbaye de Saint-Amand-de-Coly. Au Moyen Âge, la guerre de Cent Ans, durant laquelle le territoire fut le siège d'âpres luttes entre le royaume de France et la couronne d'Angleterre, a laissé d'impressionnantes forteresses et des bastides magnifiquement préservées : Domme, Monpazier, Eymet, Villefranche-du-Périgord. Durant la Renaissance, le gothique finissant a laissé la place à des constructions de prestige semblables aux châteaux de la Loire.

Vivre en "noir"

Le Périgord noir est de loin la région la plus fréquentée du département en raison des nombreux sites préhistoriques de renommée mondiale comme Les Eyzies, capitale de la préhistoire. L'une des plus belles approches passe par la rivière Dordogne. Au détour de chaque boucle surgissent comme des sentinelles presque tous les châteaux qui font la renommée du Périgord - Montfort, Beynac, Fayrac, Castelnaud, Les Milandes, Marqueyssac - et les superbes sites comme celui de La Roque-Gageac ou la bastide de Domme. Le Périgord noir a sa capitale, Sarlat. C'est la ville européenne possédant le plus de monuments inscrits ou classés au kilomètre carré. Cité médiévale par excellence, elle charme le visiteur par ses ruelles étroites, ses cours intérieures, ses hôtels particuliers aux pierres blondes et chaudes.

Situé au nord du département, le Périgord vert est adossé au socle cristallin du Massif central. Les hommes ont semé ici et là abbayes et châteaux au milieu d'une nature exubérante de verdure. Le temps a parfois fait son oeuvre et les pierres ne sont plus que l'ombre de leur histoire. C'est plus souvent un parcours de paysages et de points de vue que de monuments, mais certains sites restent incontournables comme Brantôme. Lovée au creux d'une boucle de la Dronne, la ville doit son surnom de " Venise verte " à cette configuration particulière. Porte du parc naturel régional Périgord Limousin et joyau du val de Dronne, Brantôme déploie ses charmes et son abbaye bénédictine posséderait le plus vieux clocher de France (IXe siècle). 

Périgueux et Bergerac : deux soeurs ennemies

Périgueux, la préfecture au nord, et Bergerac, la sous-préfecture au sud, n'ont jamais pu s'entendre. Bergerac se découvre toute l'année grâce à son vieux quartier bien restauré : église romane Saint-Jacques, ruelles des XIVe, XVe et XVIe siècles, maisons à colombages ou la statue de Cyrano de Bergerac. Sa rivale Périgueux a toujours eu plus de mal à attirer les touristes. Pourtant, elle possède une cité gallo-romaine, une ville médiévale Renaissance et une partie XIXe siècle qui marque sa prospérité. On découvre au détour du labyrinthe des ruelles marchandes, la cathédrale Saint-Front, Patrimoine mondial de l'Unesco sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. La ville possède aussi le musée gallo-romain Vesunna, conçu par Jean Nouvel. Implanté sur les vestiges d'une ancienne villa de 4 000 m2, il est riche en fresques murales et objets privés. Si l'on est à la recherche du diamant noir, le marché au gras, qui se tient tous les samedis matin de novembre à février place Saint-Louis, laisse une large place au stand des trufficulteurs locaux. On peut aussi filer vers Sorges, la capitale de la truffe, à quelques kilomètres sur la route de Limoges.

Terre de saveurs et d'ivresse

La terre périgourdine est un jardin extraordinaire où les châtaignes, les fraises, les noix ou la vigne côtoient le diamant noir, ce mystérieux champignon. Ici, les recettes se transmettent de génération en génération. On ne dévoile jamais véritablement les secrets de fabrication du tourin blanchi à l'ail, de la brouillade aux truffes, ni l'art de cuisiner et de déguster le foie gras sous toutes ses formes, encore moins le savoir-faire pour la cueillette des cèpes, des girolles ou des morilles. A cette tradition gastronomique s'ajoute le plaisir de la dive bouteille. Le vignoble bergeracois s'étale en terrasses au-dessus de la rivière. Réparti sur quatre-vingt-treize communes et plus de douze mille hectares, il offre l'extrême diversité de ses treize AOC (Appellations d'Origine Contrôlée). C'est l'une des rares régions viticoles de France à produire presque autant de vins blancs que de vins rouges. Mais, quelle que soit la couleur qui l'attire, le visiteur repart toujours la tête pleine de souvenirs et le palais rempli de saveurs.

 

Infos Futées

Quand ? En été, pour profiter des loisirs d'eau, mais c'est à l'automne que les couleurs sont les plus belles. Le soleil caresse les pierres jaunes des vieilles maisons et des châteaux pour leur donner des reflets d'or.

 

Y aller. En voiture : A20 depuis Paris jusqu'à Limoges pour aller dans le Périgord vert ou blanc ou jusqu'à Brive pour aller dans le Périgord noir ou rouge. Distance Paris-Périgueux : 500 km. En train: SNCF

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Utile. Pour se renseigner:

Comité départemental du tourisme

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