Des figures littéraires incontournables
Eugène Le Roy est vraiment LE romancier du Périgord. Il est né à Hautefort le 29 novembre 1836. Après avoir exercé le métier peu enviable de percepteur en divers coins du département, il a vécu à Montignac jusqu'à sa mort en 1907. En 1899, il publie Jacquou le Croquant, roman ancré dans la mémoire collective de tous les Périgourdins. Celui-ci deviendra même un best-seller après son adaptation pour le petit écran par Stellio Lorenzi en 1970. Le thème de l'enfant de la terre, révolté par les conditions de vie précaires de son temps et de son milieu, et qui se lève pour combattre l'injustice, braver la mort et l'infortune, avant de trouver l'amour, a trouvé le chemin du cœur de millions de lecteurs depuis. L'autre œuvre incontournable du même auteur est L'ennemi de la mort. Une mini-série historique en 4 épisodes adaptée du roman éponyme a été produite pour la télévision. Le roman raconte comment un jeune médecin entreprend de lutter seul en dépit des préjugés et de l'ignorance de son époque afin de sauver son pays de la misère et de la mort. Après ses études de médecine, Daniel Charbonnière revient chez lui, remplaçant feu son père. Son pays, la Double, est une région couverte de forêts, d'étangs et de marécages, infestée de fièvres qui déciment la population. Il se battra pour que paysans et propriétaires assèchent leurs étangs. Il se heurte à l'indifférence, au conformisme, à la méfiance envers le progrès, au pouvoir de l'argent. L'auteur de façon assez moderne met en avant deux figures de femmes : Minna, la cousine, l'orgueilleuse fille du principal créancier du héros et la tendre Sylvia, pauvre paysanne, son amie d'enfance.
On trouve une autre figure marquante du milieu littéraire du Périgord en la personne de Pierre Fanlac (1918-1991). Par ses activités d'auteur, d'imprimeur et d'éditeur, il a défendu et développé une double passion : le beau livre et le Périgord. Il a su regrouper autour de lui de jeunes poètes, conteurs, illustrateurs en créant sa propre petite entreprise d'édition. Il a édité ainsi les meilleurs écrivains de Cadiou à Gide et a publié de magnifiques ouvrages d'art. Mais son activité porte la forte empreinte du régionalisme, éditant beaucoup d'ouvrages concernant le Périgord, Bordeaux et l'Aquitaine. Aujourd'hui, la troisième génération est aux commandes de la maison et le catalogue des Editions Fanlac s'enrichit d'ouvrages de littérature pour enfant et d'une collection de romans policiers noirs, dont certains prennent vie dans un décor périgourdin.
Des salons littéraires parfois très gourmands
En Dordogne, se déroule chaque année une bonne quarantaine de salons du livre, plus ou moins célèbres. Ils ont pour la plupart une renommée départementale, rarement davantage... Mais qu'ils soient renommés ou plus modestes, ils contribuent tous à une certaine idée de la culture à la portée de tous et à la vitalité de la littérature en Périgord. Ces manifestations représentent pour les petites communes, autant d'opportunités d'animer la vie locale sans engager trop de frais. Pour n'en citer que quelques-uns, notons le salon Noir Vézère au Bugue dédié au polar noir, celui d'Escoire dans le même ton et celui de la BD Bassillac près de Périgueux. Les auteurs locaux se réjouissent du succès de ces événements qui leur permettent de se faire connaître, même sans éditeur réputé. Certaines thématiques sont particulièrement d'actualité. Le salon L'écrit des Femmes, organisé traditionnellement le troisième week-end de mars, permet des rencontres entre les autrices et le public. Organisé par l'association Femmes Solidaires de la Dordogne, ce salon a pour vocation de mettre en lumière la lutte des femmes à travers différents supports littéraires. Des débats, des rencontres, des dédicaces garantissent la convivialité sur ce salon ouvert et recommandé à tous, pour éveiller dès le plus jeune âge les consciences à l'égalité homme/femme. Dans un autre registre, faisons à présent un focus sur LE salon littéraire made in Périgord, le fameux Salon International du Livre Gourmand. Il se tient à Périgueux, en général les années paires. Fin novembre, il rassemble tous les amoureux de la littérature gourmande, et ils sont fort nombreux en terre périgourdine. Depuis plus de 30 ans, il fait saliver les gourmands. Il est devenu au fil des éditions l'un des salons du livre les plus courus ayant pour thème central la gastronomie en France. Qu'ils soient grands chefs, blogueurs, journalistes, chercheurs, historiens ou passionnés, ce sont près de 100 auteurs qui viennent habituellement présenter leurs derniers ouvrages, rencontrer leurs lecteurs, faire des dédicaces, des conférences, participer à des ateliers gourmands... Ce salon mi-littéraire, mi-gourmand, met en avant le fameux art de vivre en Périgord et ses produits phares.
Martin Walker, auteur écossais amoureux du Périgord
Martin Walker est né en Écosse en 1947, il est un journaliste, essayiste et écrivain britannique, auteur de plusieurs romans policiers. Tombé amoureux du Périgord et de sa gastronomie, il a fini par élire domicile au Bugue dans la maison de ses rêves. Depuis 2008, il a entamé une série de polars, dont les enquêtes mettent en scène les aventures d'un policier périgourdin, prénommé Bruno, inspiré d'un personnage réel ami de l'auteur. Les méthodes peu orthodoxes et le goût immodéré de l'enquêteur pour la cuisine font de lui un personnage fort sympathique. Ses romans, peu connus en France, reçoivent néanmoins un bel accueil à l'étranger puisqu'il est traduit dans dix-huit langues. L'auteur et son épouse sont des cuisiniers passionnés, si bien qu'il n'hésite pas à glisser dans les romans quelques recettes ou du moins quelques conseils de préparation pour mettre les lecteurs en appétit. À une époque où le débat sur la maltraitance animale et la production de foie gras fait rage, il est cocasse de noter que c'est un Britannique qui défend nos traditions bec et ongles, pour l'amour pur du produit. Écrivain qui ne connaît pas la page blanche, il est intarissable et publie un roman par an ainsi que de nombreuses chroniques.