Le charme des maisons traditionnelles
Quand on parle de « maison périgourdine », on évoque surtout un style d'habitat rural traditionnel du sud du département : c'est la maison tout en pierre blonde ou ocre, couverte d'un toit très pentu à 2 pans ou plus percé de « lucarnes » pour laisser entrer la lumière dans les combles. La lauze, couverture de lourdes dalles de calcaire plates, rajoutait traditionnellement du charme à ses habitations. Mais la maison périgourdine n'a pas que ce visage. Si vous parcourez la vallée de l'Isle (Périgord Blanc comme la pierre) et le nord de la Dordogne (Périgord Vert qui se rapproche du Limousin), vous tomberez sous le charme des longères de pierre blanche ou de granit. En fonction des besoins de la famille, et au gré des revers de fortune, elles étaient allongées d'une pièce ou deux de plus, juxtaposées aux premières, parfois d'une grange. Dans ce paysage minéral, la Double fait figure d'exception avec l'utilisation du bois dans les constructions de belles fermes à pans de bois et briquettes. On retrouve aussi ce matériau abondant dans l'architecture urbaine pour alléger les maçonneries, dans le Bergeracois par exemple. Vous remarquerez au fil de vos balades, ces minuscules andrônes, ces espaces laissés entre deux maisons mitoyennes pour éviter la propagation des incendies, véritables fléaux urbains jadis. Leur gestion en termes de propriété, de recueil des eaux de pluie et usées, pouvait s'avérer un vrai casse-tête ! Les centres urbains comptent évidemment dans leurs rangs de magnifiques hôtels particuliers, flanqués des éléments remarquables propres aux demeures de leur type : dentelle de pierre sculptée, fenêtres à meneaux, portes monumentales, etc. Leur vocation pouvait être à usage d'habitation la plupart du temps, mais parfois aussi militaire comme lieu de garnison. Vous trouverez de très beaux spécimens, à Périgueux, Sarlat, Thiviers pour ne citer qu'eux.
Les châteaux
Impossible de passer en Périgord en faisant l'impasse sur la visite d'un château ! Ils sont semés sur tout le territoire avec une forte concentration en Périgord Noir. Construits dès le Haut Moyen Âge en lieu et place d'anciennes mottes féodales, le château médiéval a une double fonction. La première est de constituer un point de vue pour guetter l'arrivée des intrus. La seconde est défensive, le château protège des assauts ennemis par des systèmes de fortification élaborés et des emplacements haut perchés réputés imprenables. De tous les conflits essuyés par le Périgord, c'est la guerre de Cent Ans qui aura le plus marqué la région. Revenons en 1137, lorsque Aliénor d'Aquitaine épouse en secondes noces l'héritier de la couronne anglaise Henri II Plantagenêt, et donne une partie du Périgord aux Anglais. La rivière Dordogne symbolisait alors la frontière entre les deux royaumes ennemis. Le château de Beynac côté français se dressait face à la forteresse anglaise de Castelnaud… Imaginez l'ambiance ! De rage, le seigneur de Beynac fit construire Marqueyssac en tant que poste avancé pour surveiller son rival. Le seigneur de Castelnaud répondit en construisant le Château de Fayrac. Pour mettre fin au conflit dans la région, il faudra attendre la Bataille de Castillon au XVe siècle. Plus le temps passe, plus les conflits se déplacent et se déroulent en terrain découvert, si bien que les lourds murs épais perdent un peu de leur intérêt. Après la guerre de Cent Ans, l'architecture des châteaux évolue et ils deviennent des lieux de résidence. On transforme des basses-cours en jardin d'ornement, on abat les courtines pour en faire des terrasses, on perce des fenêtres pour laisser entrer la lumière.
Cavernes et troglodytes
En Périgord, les cavernes sont habitées depuis la nuit des temps et ont été utilisées ensuite à toutes les époques au gré des problématiques de leur temps : s'abriter, se cacher, se défendre, stocker, prier, etc. Si elles sont situées au pied de leur falaise de calcaire, vous n'aurez aucune peine à y accéder ; néanmoins elles sont parfois perchées à flanc de paroi. Partout en Périgord, il était habituel d'adosser les maisons aux falaises, ce qui évitait de construire une façade et constituait une considérable économie de matériaux. Ces habitats atypiques offrent souvent des surfaces vastes, car à celle qui était bâtie, il faut rajouter celle qui était dans la caverne, naturelle ou creusée. En prime dans ce genre de logement, une climatisation naturelle et une merveilleuse cave pour votre vin ! Une visite de la Roque Saint-Christophe près des Eyzies vous permettra de comprendre le mode de vie et l'organisation de ces gens des falaises au fil des siècles et vous pourrez ainsi vous émerveiller de leur débrouillardise. Le village troglodyte de la Madeleine mérite aussi votre visite, c'est un concentré de 17 000 ans d'occupation humaine de la pierre.
Le charme des bastides
Contrairement aux idées répandues, les bastides sont présentes dans tout le département, même si on observe une forte concentration de ce type d'architecture dans le sud de la Dordogne. Elles sont l'emblème architectural des rivalités franco-anglaises et étonnamment ont été construites par les deux camps, souvent sur des plans très similaires. « Bastide » signifie simplement « construction » en occitan. Vous noterez l'absence régulière de remparts autour de ces constructions urbaines, car leur vocation était surtout commerciale. Il s'agissait de faciliter le commerce en construisant des villages aux rues perpendiculaires en damiers et des maisons toutes dimensionnées à l'identique. Par les grands axes traversants, on accédait à la place centrale avec ses allées couvertes sous les jambes de cornières et à la halle centrale. Des rues plus modestes appelées carreyrous permettaient d'irriguer le cœur de la petite cité. En Dordogne, la plus ancienne est celle de Villefranche-du-Périgord fondée en 1261 ; la plus connue et la plus photographiée, celle de Montpazier. Les moins connues ne se trouvent pas en Périgord Noir. Citons celles de Saint-Aulaye, remarquable, ou celle de Tocane et de Vergt. Finissons sur un coup de cœur : celle de Molières, inachevée, possède un charme particulier. Elle ne compte qu'une seule cornière (maison à jambages) posée timidement autour d'une place carrée démesurée. La folie des grandeurs !