L’ombre climatique est un nouveau moyen de calculer notre impact sur le réchauffement climatique, qui se veut plus complet que les mesures précédentes. Encore nouvelle et méconnue, mais déjà très bien reçue, cette mesure va permettre de mieux prendre conscience des conséquences de notre mode de vie sur l’environnement.
L’ombre climatique : définition
Le concept d’ombre climatique a été mis au point en 2021, par la journaliste américaine, spécialiste du climat, Emma Pattee. Il s’agit d’une mesure visant à obtenir une idée précise de l’impact sur le dérèglement climatique lié à notre mode de vie. Pour cela, l’ombre climatique, que l’on appelle aussi parfois l’ombre carbone, cherche à avoir une vision équilibrée de nos actions : c’est-à-dire prendre en compte les actions qui génèrent des émissions de gaz à effet de serre, mais également les actions qui permettent de les limiter, qui apportent un impact positif sur le climat.
Ainsi, l’ombre climatique cherche à se montrer la plus complète possible, en prenant également en compte des données peu quantifiables, telles que des actions que nous menons pour limiter le changement climatique : sensibilisation, études, influence sur les comportements des autres, actions visant à réduire les émissions de CO2 de manière systémique…
Il s’agit donc là d’une approche collective plus qu’individuelle : l’ombre climatique permet de calculer l’impact d’une personne sur le climat, en prenant en compte toutes les autres personnes qu’elle a influencées, dans le bon ou le mauvais sens.
C’est d’ailleurs pour cela que nous parlons d’ombre climatique : à l’image d’une ombre, nos propres comportements se projettent derrière nous et donc dépassent notre personne.
Quelle différence entre l’ombre climatique et l’empreinte carbone ?
L’empreinte carbone a pour but de calculer la quantité d’émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à nos modes de vie, en équivalent carbone, c’est-à-dire en convertissant chacun de ces gaz individuels en ce qu’il représenterait en CO2. La plupart des actions que nous entreprenons émettent des émissions de gaz à effet de serre, tels que le dioxyde de carbone.
Seulement, l’empreinte carbone ne prend pas en compte l’ensemble de l’impact lié à notre mode de vie, et particulièrement, cette mesure ignore complètement les actions que nous pouvons prendre pour diminuer les émissions de GES à l’échelle globale.
En effet, Emma Pattee, la journaliste à l’origine du concept d’ombre climatique, a réalisé que la majeure partie de son empreinte carbone était liée à voyages à visée écologique en avion, qui se tenaient justement pour alerter sur le climat, ou pour mener des actions concrètes pour réduire les émissions de GES. Pour autant, en déduire qu’elle a un impact climatique important, comme le ferait le calcul lié à l’empreinte carbone, reviendrait à oublier que ces déplacements permettent justement de limiter les émissions de CO2 et autres gaz nocifs à l’échelle mondiale.
Prenons par exemple un climatologue qui voyage dans le monde en avion pour étudier le climat, ainsi qu’un industriel pétrolier, qui ne se déplacerait qu’à pied. L’empreinte carbone ne prendrait en compte que les émissions liées actions directes de ces deux personnes, et donc le climatologue aurait une empreinte carbone plus importante, puisqu’il se déplace plus souvent en avion. Pour autant, en analysant mieux la situation, les déplacements du climatologue permettent de réduire le réchauffement climatique, tandis que le travail du pétrolier, même s’il s’y rend à pied, a un impact catastrophique sur le réchauffement climatique.
De cette manière, le concept d’empreinte carbone a été repris par de nombreuses entreprises très polluantes, et notamment des groupes pétroliers. En effet, cette quantification de l’impact sur le climat à échelle individuelle leur a permis de minimiser leur propre incidence dramatique sur le réchauffement climatique.
L’ombre climatique permet donc de corriger ce défaut de l’empreinte carbone, et de prendre en compte l’ensemble des comportements d’une personne ou entreprise : les émissions liées à ses propres actions, mais également les émissions qu’elle a permis d’éviter chez les autres.
Comment calculer son impact grâce à l’ombre climatique ?
L’ombre climatique fonctionne en se basant sur trois piliers :
- La consommation fonctionne comme l’empreinte carbone. Elle calcule les émissions de carbone liées à notre mode de vie : logement, transports, électricité, utilisation de plastique, d’internet…
- Les choix prennent en compte l’impact climatique des candidats pour lesquels on vote, la manière de gérer son argent, l’impact climatique de l’emploi que l’on occupe…
- L’attention, enfin, est moins tangible, et pourtant cruciale. Elle permet de valoriser notre implication personnelle dans la lutte contre le changement climatique. Elle prend ainsi en compte le temps consacré à soutenir des causes liées au climat, si nous prenons le temps de sensibiliser nos concitoyens, si nous sommes bénévoles dans une association climatique…
Ainsi, si calculer son empreinte carbone est particulièrement simple, puisqu’il existe une multitude d’outils en ligne pour le faire, calculer son ombre climatique est plus difficile, puisqu’elle prend en compte des données moins quantifiables. Ainsi, l’ombre climatique ne permet pas d’avoir une vision chiffrée de son impact sur le climat. Elle s’annonce donc comme complémentaire à l’empreinte carbone, en cela que l’ombre climatique permet de mettre un coup de projecteur sur de nombreuses actions de notre quotidien qui ont un impact sur le climat. Ainsi, l’ombre climatique a surtout une visée éducative et pédagogique, en cela qu’elle permet de relativiser nos émissions, en les mettant en perspective avec notre comportement plus global.