Tour de la Croatie par ses grands fonds
Commençons par l’Istrie ! L’abordage de la grande presqu’île peut se faire par sa côte ouest, considérée par les marins comme la plus dangereuse de toute la Croatie. Plusieurs épaves, pour la plupart des pavillons de guerre, y reposent sous quelques dizaines de mètres de profondeur. La plus impressionnante, au large de Rovinj, est sans conteste le ferry Baron Gautsch, long de 85 m et large 12 m, coulé en 1914 par une mine sous-marine lors de son trajet Kotor-Trieste. 240 personnes périrent. Aujourd'hui, le bateau s’aperçoit enfin entre 28 m et 42 m de profondeur.
Dans le golfe du Kvarner, au large de l'île de Krk, deux épaves (le Lina et le Peltastić) furent localisées. La première a heurté un rocher lors d’une tempête en 1914 et coulé à pic. La seconde affleure à quelques mètres de la surface. Elle peut donc être visitée par des plongeurs non expérimentés. La proue est dirigée vers les rochers de Krk ; le corps du bateau (mât, cheminées, winchs et même cabines) est particulièrement bien conservé. Avec prudence, on peut explorer « l’intérieur » en évoluant lentement pour ne pas soulever la boue.
Traçons à présent vers l’archipel des Kornati, véritable paradis pour la plongée. À partir de Pakostane, Biograd, Tisno ou Murter, on reste à proximité des îles protégées. Ces eaux ne font pas partie du grand parc national marin mais la faune et la flore y sont tout aussi belles. Près du phare de Veli Rat (Dugi Otok), on peut aussi trouver une épave à visiter.
Au sud de la Dalmatie, les côtes offrent des fonds marins plus profonds qu’au nord. On découvre de nombreuses falaises rocheuses recouvertes de corail et des grottes. À quelques kilomètres au sud de Dubrovnik, on peut accéder à l'épave du Seka od Mrkana (entre 23 m et 52 m de profondeur), un bateau de transport de la marine italienne, touché par une mine des Alliés en 1943. Couchée dans un angle de 70°, l'épave gît, la proue dirigée vers la surface. Des morceaux de sa cargaison et des pièces du moteur sont encore visibles.
Dans la baie de Cavtat, à quelques kilomètres de la frontière avec le Monténégro, la fameuse épave du Pithos date du IVe siècle av. J.-C. Le navire a été transformé en musée sous-marin, où sont « exposées » à 30 m de profondeur des amphores en terre cuite toujours bien entreposées, où des jarres globulaires aux larges ouvertures sont si grosses qu'un homme peut tenir dedans. Mais c’est bien pour le transport du vin et du grain que l’on utilisait ces poteries monumentales.
Outre ses beautés naturelles, les fonds marins de Vis, aux confins de l’Adriatique croate, recèle des trésors d’archéologie militaire. Une trentaine d’avions, repérés à quelques miles de la terre ferme, datent de la Seconde Guerre mondiale. Avec l’assistance d’agences locales de plongée, on peut approcher le bombardier B-17G qui a coulé le 6 novembre 1944 à 150 m près du cap de Polivalo (baie de Rukavac). La plongée exige de descendre à plus de 70 m de profondeur pour voir une des épaves d’avion les plus spectaculaires. Pratiquement intacte, la cabine du pilote est toujours en place… Autre île lointaine, Lastovo conserve l’épave du Drasan Plic, indiquée en surface par une balise. Elle témoigne du danger de la zone.Des grottes chromatiques au zénith
Au sud-ouest de l'île de Premuda, un site réputé baptisé la « katedrala » (baie de Široka) cache des grottes sous-marines reliées entre elles par des passages et laisse apparaître une roche poreuse. Quand les rayons du soleil entrent dans les cavités, un jeu d'ombres et de lumières fascinant se crée.
Sur l’île de Brač, les meilleurs spots de plongée se trouvent dans le canal qui la sépare de sa voisine Hvar. Dans une eau transparente, poissonneuse, on explore de nouvelles grottes, des tunnels et quelques petites falaises, comme à Golubinja Špilja, Babaca Stine et Murvica ou, de l'autre côté (Hvar), à Zala Luka, Tatinja et Kabal. Un peu plus au large, dans l'archipel des îles Pakleni, une des plus belles falaises commence à partir de 5 m et descend jusqu'à 45 m. Au plus profond, se trouvent d'innombrables gorgones rouges et violettes, des algues où se cachent les poissons, les escargots marins ou encore des oursins.
Vis toujours offre aux amoureux de la mer un grand nombre de plages et de baies magnifiques comme Srebrna, Stiniva, Stončica ou Rukavac. À 5 miles de Komiža, sur l’îlot de Biševo, la grotte Bleue fut découverte par le baron Eugen von Ransonnet en 1884. Formidable phénomène naturel, la fameuse Modra Spilja, avec ses reflets azur projetés à la surface de l’eau et sur les parois rocheuses, aimante les visiteurs comme des papillons. La grotte Verte (Zelena Splija), sur l’îlot moins fréquenté de Ravnik, n’est pas moins spectaculaire. Dans le parc naturel de Lastovo, les fonds marins de l’archipel révèlent aussi des passages secrets menant à des grottes mystérieuses, comme à Seka Drašan (nord-est de l'île), Petrovac (îlot Bijelac) ou près de Tajan, la falaise Struga, qui atteint 80 m de profondeur.Mémo de prévention
Pour bien préparer et réussir sa plongée sous-marine, quelques conseils à appliquer avant, pendant et après la sortie en mer.
Être en règle avec l’administration. Pouvoir présenter ses papiers d’identité, la carte de diplômé·e, l’autorisation de plongée, le certificat médical.
Etat de santé. Ne pas plonger si l’on ne se sent pas en forme, si l’on a fait la fête la veille.
Pression de l’eau. Lors d’une plongée, une carie peut devenir douloureuse.
Temps de réadaptation. Après plusieurs mois, voire semaines sans plongée, prévenir le club réceptif de votre reprise.
Lestage nécessaire. Pour une plongée plus confortable. On peut perdre jusqu’à 2 kg entre deux plongées quotidiennes.
Plongée seul. À éviter ! Votre binôme doit pouvoir vous rassurer et réciproquement. Sinon, signalez votre présence (pavillon rouge avec diagonale blanche).
Refroidissement. Dès les premiers frissons, prévenir le moniteur car plus on descend en profondeur, plus il fait froid.
Réserves naturelles. Surpris dans un site interdit, vous pouvez être verbalisé ou voir votre matériel saisi par les gardes maritimes.
Pas de collecte ! Ne rien remonter en surface (à part des déchets plastiques !), ni fragment d’épave ni corail, éponge, coquillage, rochers.
Voyage en avion. Selon le nombre de plongées, leurs profondeurs, il ne faut pas prendre un vol dans les 24h ou 48h qui suivent.