Découvrez l'Égypte : Les enjeux actuels

Après l’effervescence et l’instabilité des années 2011, 2012 et 2013, l’Égypte semble être revenue dans des eaux en apparence plus calmes, depuis l’accès au pouvoir du général Abdel Fateh al-Sissi. C’est toutefois un tableau simpliste, sinon trompeur. L’armée tient le pays d’une poigne de fer mais les causes de mécontentement sont nombreuses pour ce pays de plus de 100 millions d’habitants. La situation politique, économique et sociale du pays fait face à de fortes tensions, et si des améliorations macroéconomiques sont à prévoir, elles n’ont guère d’impact pour le moment sur les conditions de vie des Égyptiens. La crise économique fragilise des conditions de vie déjà dégradées, la situation politique est stable mais très verrouillée, souvent étouffante. Le pays fait face à des tensions sans précédent avec certains de ses voisins, et les évolutions au Soudan et en Libye remettent en cause la position égyptienne au niveau régional.

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Économie et société

La chute vertigineuse du pouvoir d’achat frappe de plein fouet les ménages des classes moyennes notamment. L’inflation est revenue à des niveaux assez bas mais la forte montée des prix depuis 2017 n’a pas été compensée par l’augmentation des salaires. La population – surtout les jeunes – fait toujours face à un manque de perspectives professionnelles et personnelles. De plus en plus de personnes doivent cumuler plusieurs emplois précaires pour subvenir aux besoins du foyer. De nombreux diplômés d’université se voient contraints de trouver un travail bien en deçà de leurs qualifications. Toutefois, selon de nombreux économistes, les réformes lancées par le gouvernement devraient avoir un effet bénéfique sur l’économie égyptienne, à long terme. La suppression du système de subventions sur un certain nombre de produits devrait permettre à l’État de réformer son système de redistribution pour le rendre plus juste et plus efficace. Des réformes sont prévues pour doter le pays d’un système social moderne.

Politique

Depuis juillet 2013, l’armée a repris le contrôle du pays. Abdel Fatah al-Sissi ex-ministre de la Défense du président Mohamed Morsi, prend la présidence du pays à l’été 2014. Sa présidence est marquée par un fort retour aux pratiques autoritaires. Le contrôle des médias et de la production artistique est presque total. La coalition qui a gagné la majorité des sièges au Parlement, valide sans les discuter des lois répressives mises en œuvre par le gouvernement. Le pouvoir fonde sa légitimité et son autoritarisme sur sa capacité à protéger le pays des menaces du terrorisme et du chaos. Le pouvoir exploite la crainte réelle de la guerre civile pour renforcer son contrôle sur le pays. Les grands projets sont nombreux : une nouvelle capitale administrative, de nouvelles villes, de nombreuses routes… Marqués par le gigantisme, ils sont entièrement décidés et contrôlés par les forces armées et leurs réseaux, sans consultation populaire. Il est difficile de quantifier le soutien ou l’opposition au régime en Égypte : aucun sondage n’est réalisé et les chiffres officiels ne brillent pas par leur crédibilité. Lors des dernières élections présidentielles de 2018, le taux de participation a péniblement atteint les 41 % après 3 jours de scrutin. Des personnes ont témoigné de pressions au vote dans leur milieu professionnel, voire même dans la rue. La réélection du président avec 97 % des voix ne convainc donc pas beaucoup et les affaires de corruption qui planent au-dessus du régime n’améliorent pas la donne. De nombreux activistes disparaissent et sont emprisonnés, sans jugements et souvent même sans charges. Le régime ne laisse place à aucune contestation et à aucune remise en question. En avril 2019, une révision de la constitution donne à al-Sissi la possibilité de rester président jusque 2030.

L’Égypte à l’international

Face à l’émergence des très influents Émirats arabes unis et de l’Arabie saoudite, l’Égypte a perdu l’influence régionale qu’elle détenait jusqu’aux années 1980. Elle reste toutefois impliquée dans des sujets majeurs de politique internationale. La question du partage des eaux du Nil a fait monter les tensions entre l’Égypte, le Soudan et l’Éthiopie. Cette dernière construit un gigantesque barrage sur le Nil, et les négociations peinent sur la question du temps de remplissage du lac de barrage, pendant lequel le débit annuel arrivant en Égypte sera fortement réduit. En parallèle de la forte répression des Frères musulmans, l’Égypte a développé des relations très tendues avec le Qatar et la Turquie, soutiens de la confrérie. En Libye, l’Égypte soutient le général Haftar, homme fort de l’Est libyen, contre le gouvernement de Tripoli, reconnu par la communauté internationale. Malgré une rhétorique anti-américaine au niveau national, le régime est fortement dépendant de son alliance avec Washington dont elle reçoit une aide militaire de plus d’un milliard de dollars. Les relations avec Israël sont assez constantes depuis la paix de 1978. Le gouvernement israélien a même mené des frappes aériennes dans la péninsule du Sinaï contre des positions djihadistes ces dernières années. La France reste un grand fournisseur d’armes au régime égyptien et c’est principalement une diplomatie économique qui est entretenue par les deux pays. L’Égypte s’est fortement rapprochée de la Russie depuis 2013, surtout en matière de coopération économique et militaire. En 2023, les deux pays réaffirment « leur engagement mutuel à renforcer leurs relations ».

Une nouvelle capitale

Les projets de nouvelles villes ne sont pas nouveaux en Égypte. De nombreux quartiers du Caire sont les résultats de rêves des dirigeants de façonner une nouvelle capitale. La plupart de ces projets ont toutefois échoué. Le centre-ville du khédive Ismaïl a perdu sa splendeur passée, le Madinet Nasr de Nasser a subi les ravages du non-respect des règles d’urbanisme… Qu’en sera-t-il de la nouvelle capitale administrative en construction depuis quelques années ? L’avenir nous le dira. Sous l’impulsion du président al-Sissi, la ville voit le jour à 40 kilomètres du centre du Caire, en direction de Suez. Elle devrait compter 7 millions d’habitants et abritera un palais présidentiel, l’assemblée nationale, les ministères, les ambassades et des quartiers résidentiels à prix variables. L’objectif affiché est de faire respirer Le Caire en la débarrassant des administrations qui seraient la cause principale de l’engorgement de la mégalopole. Mais le régime souhaite également extirper les lieux stratégiques du pouvoir d’une ville qu’il craint depuis le soulèvement populaire de 2011. Il est frappant de noter que, si les travaux sont loin d’être finis, la nouvelle capitale administrative est déjà dotée d’un mur d’enceinte. Le financement de ce projet titanesque fait également polémique. En effet, très peu d’informations sont disponibles sur ce sujet alors que le coût annoncé du projet est de 45 milliards d’euros. À travers un mécanisme de prêt, une des plus grandes entreprises de construction publique chinoise finance un tiers du projet. Très présente sur des projets africains, la China State Construction Engineering a notamment participé à la construction de nombreux édifices en Algérie. Les questions qui entourent la construction de cette ville restent nombreuses : les problèmes d’approvisionnement en eau et le prix prohibitif des logements proposés notamment. La construction de la nouvelle capitale est toutefois le projet phare de l’Égypte d’aujourd’hui.

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