Découvrez la Russie : Environnement

La Russie entretient un rapport ambigu à son environnement, oscillant entre protection et exploitation, déni et inquiétude. La nature est prégnante dans la culture du pays, présente également par la diversité de ses milieux et l’abondance de ses ressources. Le territoire est recouvert à plus du 60 % de forêts, ce qui représente plus d’un cinquième du couvert boisé de la planète. Il possède également des réserves d’eau, du pétrole, du gaz et des minerais. Les premiers parcs nationaux furent créés pendant la période soviétique, qui exerça aussi de fortes pressions sur les ressources et les milieux, et dont le passif environnemental subsiste encore. Les deux grandes villes du pays, Moscou et Saint-Pétersbourg souffrent de la mauvaise qualité de l’air et des déchets qui s’entassent dans les décharges. À ce panorama s’ajoute la fonte du permafrost, qui pourrait avoir l’effet d’une « bombe climatique ».

Parcs nationaux et réserves naturelles

La Russie compte actuellement le plus vaste ensemble de zones protégées au monde, aux statuts différents, dont 41 parcs nationaux incluant plus de trente réserves de biosphère classées à l’Unesco. Ces espaces ont vocation à protéger les milieux naturels et leur biodiversité : taïga, toundra, et habitats d’espèces végétales ou animales menacées. La Réserve de biosphère de Sikhote-Aline créée en 1936 abrite le tigre de Sibérie. En 2018, le pays a annoncé la création de la plus importante réserve naturelle de Russie, soit 6 milliards d’hectares. Il s’agit de la Réserve naturelle des nouvelles îles sibériennes, qui constitue la plus grande zone humide du pays. La disparition de la biodiversité et la dégradation des milieux naturels tiennent aussi aux activités anthropiques passées et présentes. Le lac Baïkal est classé au Patrimoine de l’Unesco. Par ailleurs la chasse dans de nombreux espaces et notamment dans des sites d’hivernage pose problème, ainsi que le réchauffement climatique, qui a pour conséquence un déplacement de certaines espèces.

Le Parc national Zabaïkalski, situé sur la rive est du lac Baïkal, est aussi un lieu de recherche scientifique. Il permet de découvrir des milieux très divers dont un patrimoine naturel et culturel tel que les îles Ouchkani, le cap Tourali, ou des sources chaudes.

Le Parc national de Pribaïkalski, situé quant à lui sur la rive ouest du lac Baïkal, comprend les bassins collecteurs d’eau, issus des rivières et un relief montagneux. Là encore, la faune, la flore et les paysages présents sont exceptionnels, de même que les formes géologiques et hydrologiques, tel le Rocher au Chaman sur l’île d’Olkhon. Les sources de la rivière Angara constituent un site d’étape pour des populations d’oiseaux migrateurs. L’île d’Olkhon, accessible aux visiteurs, est un lieu de nidification pour certaines espèces d’oiseaux. La ligne de train Circum-Baïkal, très prisée des touristes est une manière pittoresque de découvrir une partie du parc.

Le Parc national de la Tounka, à l’ouest du lac Baïkal, est principalement constitué de montagnes, certaines atteignant plus de 3 000 mètres d’altitude. Le paysage qui le compose est celui de la taïga et de la toundra montagnardes, traversé d’ouest en est par la vallée du Tounkinskaïa. Le parc comprend un vaste ensemble de rivières, des lacs d’origines glaciaires ainsi que des sources d’eau chaude minérale.

Le Parc national Alkhanaï. Situé en Sibérie orientale, il abrite le Mont-Alkanaï, montagne sacrée pour les Bouriates, les Mongols, les bouddhistes et les chamanes. Lieu de pèlerinage et de quiétude, il accueille également les touristes. Les milieux naturels composent de magnifiques paysages de montagnes, de forêts, cascades et sources. Le parc abrite également des sites culturels.

Le Parc national d’Anyuyski. Situé en Sibérie orientale, dans une zone peu densément peuplée, il revêt un intérêt écologique important, en tant que continuum entre les montagnes du Sikhote-Alin et la basse plaine, inondable du fleuve Amour. Il constitue une zone humide remarquable, abritant de nombreuses espèces endémiques. Le parc est aussi l’habitat du tigre de l’Amour et d’autres espèces menacées.

On citera également le Parc national de la Bikine, habitat du tigre de Sibérie et le Parc national du Tchikoï, au sud-est du lac Baïkal, qui protège l’écosystème de la rivière Tchikoï. La magnifique et sauvage péninsule du Kamtchatka abrite quant à elle plusieurs espaces protégés, dont le Parc naturel du Kamtchatka du Sud dans l’Extrême-Orient russe et le Parc naturel de Nalytchevo, avec ses sublimes paysages de volcans, mers et montagnes, et ses ours polaires.

Le Parc national de Valdaï est également classé Réserve de biosphère de l’Unesco. Très fréquenté, ce parc situé dans le centre de la Russie préserve un écosystème de lacs et de forêts.

Le Parc national de Sotchi est le second parc créé dans le pays, en 1983. Il présente 48 itinéraires touristiques, entre Caucase et mer Noire.

Le Parc national de la Terre du Léopard, fusion de plusieurs réserves naturelles, abrite des espèces de félins parmi les plus menacées de la planète.

Le Parc national de Saïliouguem protège les milieux de l’Altaï et l’un de ses hôtes les plus fameux, le léopard des neiges.

Un lourd passif environnemental

La période soviétique a en effet induit une pression importante sur les milieux et les ressources naturelles. Le choix d’une agriculture intensive et irriguée du coton a ainsi impacté les réserves en eau des lacs et contribué à l’assèchement, voire à la disparition de milieux humides fragiles tels que des tourbières. L’extraction des ressources telles que l’or, l’aluminium et les autres minerais ont entraîné de sévères pollutions des milieux : eau des rivières, lacs et mers, sol, air et par voie de conséquence une contamination de la chaîne alimentaire. L’exploitation du charbon et le gaz brûlé dans de grandes torchères, outre une pollution de l’air, jouent un rôle important dans le réchauffement climatique. Le développement du nucléaire pendant l’ère soviétique a également laissé des déchets d’uranium dont la gestion est parfois déficiente, sans compter les tonnes d’uranium envoyées par la France dans les années 1990 dont une partie pour être enrichie et l’autre stockée à l’air libre en tant que déchets. En effet, selon une enquête parue en 2009, près de 13 % des matières radioactives produites par le parc nucléaire français auraient ainsi transité dans le complexe atomique de Tomsk-7. Plus récemment, en août 2019, une explosion sur une base nucléaire à proximité de Nyonoksa a fait huit morts et rejeté des nucléotides dans l’atmosphère. La Russie vient de mettre en service, en décembre 2019, la première centrale nucléaire flottante, l’Akademik Lomonossov, dans les eaux de la péninsule des Tchouktches. Capable de fournir l’électricité d’une ville de 100 000 habitants, faut-il y voir une action concrète en matière de lutte contre le réchauffement climatique ou un potentiel « Tchernobyl flottant » ?

Risques liés au réchauffement climatique

Selon l’Observatoire mondial de la météorologie, les températures ont augmenté en moyenne 2,5 fois plus – entre 1976 et 2014 – en Russie que dans le reste du monde. Si les arbres jouent le rôle de puits de carbone, il n’en reste pas moins que les activités anthropiques génèrent des émissions de gaz à effet de serre, notamment l’exploitation du gaz et du charbon. Les phénomènes extrêmes se sont multipliés ces dernières années : inondations, tempêtes, séismes, glissements de terrain, incendies. L’augmentation des températures entraîne en effet des sécheresses plus sévères, et des incendies de plus forte ampleur. Ce furent ainsi plus de 15 millions d’hectares de forêt qui disparurent dans les flammes pendant l’été 2019 en Sibérie. Que dire de la fonte du permafrost (ou pergélisol) ? Ce sol gelé en permanence couvre à peu près 50 % de la Russie, principalement en Sibérie. Il contient des matières organiques – donc du carbone – piégées pendant le pléistocène (période glaciaire). En fondant, le sol libère du CO2. Exposées à l’air, les matières organiques vont également être dégradées par des bactéries qui vont émettre à la fois du CO2, mais également du méthane, puissant gaz à effet de serre. D’après les scientifiques, la contribution de la fonte du pergélisol au réchauffement climatique pourrait, à l’horizon 2100, être comprise entre +1 et +7 °C. Quand on sait que le permafrost de l’Arctique a déjà commencé à fondre, avec une avance de 70 ans sur les prévisions des experts du GIEC (Groupe d’Expert Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat), et qu’il contient également un immense stock de mercure, il y a quand même sujet à inquiétude. En Sibérie, la fonte du permafrost entraîne déjà des glissements de terrain et des inondations, notamment dans la région de Yakoutie, où les fondations des habitations sont dangereusement menacées. Le pergélisol pourrait aussi libérer des virus oubliés et présenter des risques sanitaires dont l’ampleur demeure encore inconnue. Le décès d’un enfant en Sibérie en 2016 par la maladie du charbon (anthrax) serait lié au dégel d’un cadavre de renne mort de cette maladie.

Politiques et actions environnementales : entre déni et inquiétudes

La Russie a ratifié le protocole de Kyoto et les accords de Paris. Dans les faits, peu d’actions ont été mises en œuvre, le pays intégrant l’effet « puits de carbone » de ses forêts dans le calcul de ses émissions. En 2017, il représente cependant le 4e émetteur de gaz à effet de serre du monde (4,7 % des émissions). Selon le Climate Change Performance Index, outil développé par l’ONG allemande Germanwatch, la Russie atteint des scores très faibles concernant sa politique en matière de climat. Selon un sondage IPSOS pour EDF publié en 2019, 33 % des sondés du pays contestent l’impact de l’Homme dans le réchauffement climatique. Certains y voient un effet d’aubaine, le phénomène pouvant libérer des terres pour l’agriculture, ou encore ouvrir une nouvelle route en Arctique. D’autres, parmi lesquels scientifiques, populations autochtones ou associations, œuvrent à des actions concrètes. Ainsi le géophysicien Sergueï Zimov et son fils Nikita ont-ils créé « Pleistocéne Park », un centre de recherche scientifique associé à la North-East Scientific Station (NESS). L’idée est de recréer l’écosystème du pléistocène, afin de protéger le permafrost. Il s’agit plus précisément de faire disparaître la toundra au profit d’un milieu steppique. Pour ce faire, ils ont introduit dans le parc des bisons, chevaux et autres herbivores – à défaut de mammouths – afin de transformer la végétation. Le travail de ces animaux : piétiner et se nourrir de la toundra pour favoriser la création de prairies, qui elles, absorbent moins la chaleur du soleil et limitent donc la fonte du pergélisol. L’ambivalence des réactions tient en partie aux différentes influences culturelles qui imprègnent le pays. Le cosmisme (courant philosophico-religieux apparu en Russie au XIXe siècle) et le slavisme prônent plutôt un respect de la nature, tandis que l’occidentalisme et le marxisme ont insufflé une vision plus productiviste de la nature, justifiant son exploitation. Les courants politiques y compris pendant la période soviétique ont baigné dans cette attitude duale, créant les premiers espaces protégés, et exploitant parallèlement parfois dramatiquement les ressources naturelles, générant de graves pollutions et interdisant les associations de protection de l’environnement. Des progrès ont été faits, comme la mise en place d’une gestion de la « poubelle nucléaire » de Marmansk en mer de Barents, ancien cimetière de sous-marins nucléaires, et fruit d’une coopération internationale de plus de dix ans. Des efforts restent à poursuivre, notamment pour lutter contre le changement climatique, traiter le passif environnemental, mettre en place une véritable gestion des déchets, et prévenir les pollutions.

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