Un État non dépourvu de ressources
Intéressons-nous, tout d'abord, au secteur primaire (24 % du PIB en 2021). Avec la diversification économique, la part de l'agriculture dans la richesse du pays diminue. Néanmoins, le secteur emploie encore 65 à 70 % de la population active du pays et génère près de la moitié des revenus d'exportation. Le secteur agricole demeure essentiellement vivrier (la principale culture vivrière étant celle de la banane). Les exportations sont, quant à elles, dominées par les cultures commerciales, en particulier le café (12 % des recettes d'exportation du pays en 2024). Parmi les autres grandes cultures d'exportation traditionnelles, on peut citer le coton, le thé, le tabac, la canne à sucre, le cacao, la fleur coupée et la vanille. Dans le secteur minier, le cuivre et le cobalt furent largement exploités dans les années 1960, mais leur production est aujourd'hui marginale ; l'or constituant dorénavant la principale richesse minérale ougandaise (44 % des exportations totales du pays). Passons, désormais, au secteur secondaire. Depuis le début du nouveau millénaire, il ne cesse de se développer en Ouganda, passant de 10 % du PIB en 2001 à 28 % en 2022. L'expansion de la production manufacturière est à porter au crédit du textile, du ciment et des biens de consommation courante (savon, huile alimentaire, boissons sucrées...). La tenue du sommet du Commonwealth à Kampala en 2007 a permis à l'Ouganda d'améliorer ses infrastructures, notamment routières et électriques, ce qui a largement porté le BTP en créant de l'emploi pour les artisans qualifiés. Depuis lors, d'autres grands chantiers ont été commandités, comme la construction de barrages hydroélectriques (Bujagali, Karuma et Isimba). Bien que critiqués par les écologistes, ces barrages, selon la rhétorique des autorités étatiques et des institutions financières internationales, sont censés permettre la génération d'électricité pour 50 % de la population du pays à un coût de production deux fois inférieur au coût actuel de l'électricité d'origine thermique. Quelques mots sur le secteur tertiaire (50 % du PIB), enfin. Le secteur des télécommunications se distingue par une saine concurrence entre les opérateurs. Les compagnies de téléphonie mobile figurent parmi les plus prospères du pays avec des revenus en progression constante et quelque 28 millions de clients en 2022. On dénombre par ailleurs, conséquence de la libéralisation économique, une vingtaine de banques commerciales. Quant au secteur des médias, il a vu l'éclosion de plusieurs journaux, radios et télévisions privés lors du dernier lustre.
Un nouvel eldorado pétrolier ?
Le pétrole ? C’est le grand défi économique de ces prochaines années. Si les études géologiques et géophysiques entreprises dès les années 1920 ont révélé très tôt le potentiel pétrolier du bassin du lac Albert, c'est surtout l'exploration, entamée dans les années 1990, qui a mené à la découverte de gisements d'hydrocarbures commercialisables lors de la décennie 2000. En 2020, la réserve de pétrole directement exploitable s'élevait à 1,4 milliard de barils (sur une réserve totale estimée à 6,5 milliards de barils). L'exploitation et l'exportation du pétrole ougandais, déjà reportées, devraient débuter en 2025, une fois achevées l'édification de la raffinerie de Kabaale (district de Hoima) et la construction de l'oléoduc acheminant l'or noir du graben albertin jusqu'au littoral de l'océan Indien, à Tanga (Tanzanie). L’État ougandais escompte glaner annuellement plus de 2 milliards de dollars en recettes pétrolières dès le milieu de la présente décennie. Présentée par les autorités étatiques comme une aubaine pour le développement du pays, l'exploitation pétrolière à venir n'en soulève pas moins de nombreuses questions environnementales, sociales et économiques, particulièrement dans les districts de Hoima et de Buliisa dans lesquels la plupart des forages sont situés. Relations avec la RDC, avec laquelle l'Ouganda partage les eaux du lac Albert, et établissement potentiel d'un État rentier sont deux points, parmi d'autres, soulevés par les observateurs, nationaux et internationaux, de la scène politique ougandaise.
Quid du tourisme ?
Longtemps resté très en retrait par rapport à ses voisins d'Afrique de l'Est, le Kenya et la Tanzanie, le tourisme ougandais a connu un boom sans précédent au cours de la dernière décennie (même s'il est 14 fois moins important qu'au Kenya, en 2024 !). Après une période difficile au début des années 2000, lorsqu'un groupe de huit touristes a été assassiné par des rebelles congolais dans le parc de Bwindi, le nombre de visiteurs étrangers a repris sa hausse, passant de 946 000 en 2010 à 1,8 million en 2018. Le climat de stabilité politique au cours des années 2010 a encouragé l'afflux de capitaux étrangers. Avec l'amélioration des infrastructures routières et hôtelières depuis une quinzaine d'années, le secteur du tourisme a été un important vecteur de croissance économique : il pesait en effet 7,75 % du PIB et près de 7 % des emplois directs du pays en 2018. Avec des revenus tournant autour du milliard de dollars, il représentait alors la deuxième source de recettes, après l'or, du Trésor public. La baisse sensible du nombre de touristes étrangers ayant visité l'Ouganda en 2020 pendant la pandémie de Covid-19 a ensuite entraîné une vague de licenciements et de faillites : en juin 2020, on estimait à 74,4 % la part des employés et entrepreneurs du secteur ayant perdu leur emploi. Le secteur du tourisme connaît heureusement une forte reprise après le déclin dû à la pandémie. En 2023, le nombre de visiteurs étrangers a augmenté de 56 % par rapport à l'année précédente, atteignant 1,27 million de visiteurs, avec des projections atteignant 1,5 million d'arrivées d'ici la fin de 2024. Le secteur contribue désormais à 4,7 % du PIB et soutient plus de 610 000 emplois. La tendance positive se poursuit en 2024, avec l'espoir que le secteur dépasse rapidement les niveaux de 2019.