Découvrez l'Ouganda : Beaux-Arts (Peinture / Sculpture / Street Art / Photo)

Indépendant depuis seulement quelques décennies, l’Ouganda ne demande qu’à être exploré. Dans ce pays où l’on peut danser sur la ligne de l’Equateur, la peinture naïve a longtemps dominé la scène artistique. Mais désormais, des initiatives portées par une génération talentueuse émergent dans la capitale. Durant le jeune festival d’art urbain, plasticiens et habitants œuvrent main dans la main à une vie meilleure. Cette partie de l’Afrique de l’Est est animée par une volonté de s’affirmer, portée par des voix fortes. Les femmes prennent la parole pour montrer au monde la richesse de leur culture. Car l’Ouganda, ce n’est pas que la mode et les objets artisanaux, même si le vêtement conserve ses lettres de noblesse. Des peintres, des photographes, des graffeurs, mais aussi des sculpteurs proposent de nouvelles approches. Il ne tient qu’à nous d’aller à la rencontre de leurs visions de l’identité ougandaise d’aujourd’hui.

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Art rupestre

Le premier site d’art rupestre a été mis au jour en 1945 à Nyero, à 250 km de la capitale. Ses peintures, datées à 1250 av. J.- C., sont un exemple de l’emploi du pigment rouge abondamment usité en Afrique. Le cercle concentrique est sans doute le motif le plus courant. Cependant, les dessins superposés font penser que des motifs géométriques plus rares datent de différentes époques. A Nyero, on peut distinguer six barques, dont une de 2,5 mètres. La palette chromatique est fortement dominée par le rouge, le blanc, et leurs dérivés.

Les sites d’art pariétal ougandais sont concentrés dans l’est du pays, dans les districts de Kumi, Pallisa et Kaberamaido. Les origines de l’art pariétal n’ont pas encore été identifiées, mais l’archéologue Catherine Namono est la première spécialiste ougandaise à se consacrer à l’étude de ce domaine.

Dans ce pays très attaché à la mode, signalons que la technique du barkcloth, ou tissu d’écorce est héritée d’une tradition préhistorique. Mise au point avant l’invention du tissage, elle servait à confectionner l’habit traditionnel, une toge resserrée par une large ceinture. L’écorce intérieure du Ficus natalensis est longuement battue afin d’obtenir une texture souple et fine. Jusqu’à l’arrivée des tissus en coton, apportés par les marchands arabes au XIXe siècle, chaque village possédait son atelier de fabrication.

De couleur ocre pour le peuple, il était teint en blanc ou en noir pour les rois et les chefs. Depuis quelques années, sa fabrication est encouragée si bien que de jeunes stylistes le mettent à l’honneur.

Ouverture à l’internationale

Le sculpteur John Odoch Ameny, né à Lira en 1948, est sans doute l'un des artistes ougandais les plus connus à l'étranger. Ses œuvres, inspirées par les tribus nilotiques du nord du pays, sont fabriquées à partir de matériaux de récupération et de pièces de métal (boulons, chaînes de bicyclettes...). Il travaille également le bois. Ses figures expressives évoquent des nus déconstruits aux membres d’insectes. Ses sculptures sur pierre tendent vers l’abstraction, et des formes de plus en plus épurées. Les sculptures de John Odoch Ameny sont entrées dans des collections en Asie, en Europe et aux États-Unis (Museum der Weltkulturen, Frankfurt/Main et Kunst Transit Berlin).

Les peintures de Geoffrey Mukasa (1954-2009) ornent les cimaises des musées et les collections privées européennes, américaines et africaines. Maria Naita, Phillip Wacha ou Ibrahim Kitimbo comptent parmi les artistes contemporains ougandais jouissant de la plus grande notoriété auprès des galeristes et marchands d'art.

Art photographique

Parmi la jeune génération, deux artistes entreprennent de transmettre une image de leurs pays en photographiant les Ougandais. Sarah Waiswa réalise des portraits posés, en gros plan, qui sondent l’âme de ses modèles. Sa série Stranger in a familiar land lui a valu le prix Découverte aux Rencontres de la photographie d'Arles en 2016. Elle aborde dans cette série la persécution des albinos en Ouganda. Plus généralement, elle explore l’identité du continent africain à travers son objectif, en particulier celle de la nouvelle génération.

Photographe et documentariste ougandaise, Esther Ruth Mbabazi est née en 1995 dans un milieu modeste. Par son travail, elle ambitionne de rendre compte des changements qui touchent le continent africain, dans tous les aspects de la vie quotidienne. Elle attache une importance particulière aux conditions de vie dans le milieu rural et parmi les minorités. Basée à Kampala, Esther Ruth Mbabazi collabore à de grandes revues internationales comme le National Geographic, et œuvre aussi pour des ONG. Elle est par ailleurs boursière de la Fondation Magnum.

Les photographies d'Esther Ruth Mbabazi ont été publiées par des magazines d’exception comme The New York Times, le TIME Magazine, le Washington Post, le Wall Street Journal, Slate ou El Pais.

Afri-Cans street art festival

Le festival Afri-Cans se déroule sur deux jours à Kampala. L'édition de 2018 a eu lieu au skatepark de Kitintale dans la banlieue ouvrière de la capitale. Le festival réunit la population défavorisée et des artistes issus de la culture des rues. Musique, danse, arts visuels s'unissent pour célébrer la joie. Au son du hip-hop, les riverains voient leurs murs se transformer en œuvres d'art et oublient ainsi temporairement les difficultés de leur quotidien.

Le festival attire désormais des graffeurs du Kenya, de Tanzanie, du Rwanda et de Zambie, mais aussi du Canada et d'Europe. Cet événement qui redonne de l'espoir à la population à travers l'énergie créatrice a été fondé par Sparrow, breakdancer, photographe et graffeur.

Art contemporain

Parmi les galeries ougandaises, l'Afriart Gallery (afriartgallery.org) se démarque par la qualité de ses choix. Fondée en 2002 par Daudi Karungi, elle s'est imposée sur le marché de l'art contemporain africain. La galerie est dirigée par un artiste expérimenté sensible aux enjeux d'une carrière artistique qui soutient ses protégés à la façon d'un mentor. Les artistes représentés par Afriart ont ainsi l'opportunité d'exposer dans des musées, biennales, foires et galeries internationales à Londres, au Cap, comme l'Abu Dhabi Art fair, ou encore ArtX Lago.

Toutes les formes d'expression artistique sont appréciées, notamment la sculpture. Richard Atugonza, né en 1994, s'est formé à la sculpture et à la photographie à l'Université de Kampala. Il a travaillé comme artisan avant de décrocher une résidence d'artiste. À cette occasion, il développe sa série Imperfection perfections, qui rassemble des portraits sculptés dans des matériaux peu communs, des bouteilles en plastique ou du charbon.

Sungi Mlengeya est artiste-peintre autodidacte née en 1991. Elle réalise à l'acrylique des figures dans des camaïeux minimalistes sombres, avec pour thème privilégié les femmes : leurs combats, leurs accomplissements et leur place dans la société actuelle. Une chose est sûre : les femmes comptent sur la scène artistique ougandaise.

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