Enjeux économiques
La Mongolie se positionne comme le 4e pays le plus richement doté en ressources naturelles et en élevage. Ses secteurs minier, agroalimentaire et touristique ont un fort potentiel de développement. Enclavée entre les deux géants que sont la Chine et la Russie, la Mongolie tente aujourd'hui de diversifier ses partenaires économiques à travers sa stratégie du « troisième voisin », qui désigne sa volonté d'échanger avec d'autres pays démocratiques et développés comme la France, le Japon ou les États-Unis. Elle recherche par ce biais des solutions de diversification pour préserver son indépendance économique vis-à-vis de la Russie et de la Chine, cette dernière restant malgré tout son premier partenaire commercial, absorbant 90 % de ses exportations.
En 2017, la Mongolie a connu une grave crise de liquidités et a été contrainte de recourir à l'aide internationale. Face à la chute du cours des matières premières, au ralentissement de la croissance chinoise et à l'augmentation du déficit public – lequel représentait 90 % du PIB du pays en 2016 –, le risque de défaut de paiement du pays s'est accru. Au sortir de cette crise, l'économie mongole s'est de nouveau affaiblie avec l'apparition de l'épidémie de Covid-19 en 2019. Les mesures restrictives ont fortement ralenti l'économie, le PIB enregistrant une chute de 10,7 % au premier trimestre 2020.
Dès 2021, le FMI a annoncé néanmoins un rebond de l'activité avec une croissance à 5,2 % alors que la dette publique se résorbe. L'année 2023 a été marquée par la reprise économique, notamment grâce à l'exploitation et à l'exportation de charbon, qui ont atteint un niveau sans précédent. La dette publique a fortement diminué pour n'atteindre plus que 44 % du PIB dès la fin 2023. Dans les prochaines années, tout l'enjeu devrait être de parvenir à une diversification des partenaires commerciaux et des secteurs économiques.
Secteur agroalimentaire. Si le cheptel de Mongolie a fortement augmenté, atteignant aujourd'hui 66 millions de têtes, il reste tributaire des conditions climatiques du pays et des züds ravageurs, de plus en plus fréquents. Le secteur agroalimentaire est en pleine réorganisation. Il pâtit d'un sous-investissement du gouvernement, mais les autorités cherchent à rehausser les prix des produits de l'élevage, notamment du cachemire, pour réduire la taille des troupeaux. Les coopératives et filières responsables sont de plus en plus nombreuses à promouvoir un système économique durable pour contrer les effets du surpâturage, responsable de la désertification des steppes.
Secteur touristique. En 2019, le tourisme était l'un des piliers de l'économie mongole. Il a cependant été sévèrement impacté par la crise sanitaire alors que le pays a complètement fermé ses frontières et imposé de fortes restrictions dès le début de l'année 2020. Après des pertes chiffrées à 15 000 milliards de tugriks et la mise en péril de 1 600 entreprises et 88 000 emplois, le gouvernement a décidé de rouvrir le pays début 2022 et d'assouplir les conditions d'entrée pour relancer son secteur touristique, grandement affaibli par la pandémie. En 2023 et 2024, ses efforts ont porté leurs fruits et la Mongolie a enregistré une forte hausse de visiteurs : le nombre de voyageurs étrangers a augmenté de 73 % en 2023 par rapport à l'année précédente et il continue de croître en 2024.
Secteur minier. Avec plus de 6 000 gisements de 80 métaux différents, le sous-sol de la Mongolie représente une manne financière cruciale pour le pays. Le territoire dispose de réserves colossales en matières premières, ce qui place le secteur minier au cœur de l'économie mongole mais rend cette dernière dépendante du cours des métaux. La mine d'Oyu Tolgoi, « Colline de Turquoise », située dans le désert de Gobi, représenterait à elle seule environ 30 % du PIB mongol et devrait devenir le 4e plus gros site d'extraction du cuivre d'ici à 2030. Après des années de différends, l'extraction souterraine a débuté en mars 2023. Le site avait fait l'objet de controverses concernant le partage des bénéfices et son impact environnemental. Il avait également cristallisé des tensions au sein de la population mongole, inquiète de la montée en puissance des firmes étrangères qui viennent exploiter les ressources minières du pays.
La mise en exploitation de ce gisement gigantesque devrait contribuer à la hausse des exportations. Néanmoins, elle pose aussi des problèmes environnementaux : l'extraction minière pollue les cours d'eau et a des conséquences sur la biodiversité. La répartition des richesses produites est également un enjeu de taille pour le pays : l'investissement étranger ne profite qu'à une minorité de Mongols alors que les entreprises étrangères s'enrichissent massivement. En 2013, une loi était par ailleurs venue limiter l'investissement étranger à 49 % dans les secteurs des mines, des télécommunications et des banques. Aujourd'hui, un tiers de la population vit encore en dessous du seuil de pauvreté en Mongolie.
Situation politique
Depuis le 13 janvier 1992, la Mongolie a établi une démocratie parlementaire et mis fin au système de parti unique. Au sein de son régime politique, le pouvoir législatif est aux mains du Parlement, le Grand Khoural d'État, constitué de 76 sièges élus pour 4 ans au suffrage universel direct. Les parlementaires élisent le Premier ministre et son gouvernement, qui détiennent le pouvoir exécutif. Quant au président de la République, chef des armées et responsable de la défense et de la politique étrangère, il est élu au suffrage universel direct pour un mandat unique d'une durée de six ans.
Depuis les années 1990, la Mongolie souffre d'une instabilité politique : les gouvernements se succèdent pour ne rester en moyenne qu'un an et demi au pouvoir. Promulgué en novembre 2021 et entré en vigueur en mars 2022, un amendement constitutionnel devrait amener plus de stabilité politique en renforçant les pouvoirs du Premier ministre et l'indépendance de la justice, mais il ne tranche pas le débat sur la question d'un éventuel changement de régime.
Les dernières décennies ont confirmé la bipolarité du système politique mongol : les deux partis majeurs – le Parti Populaire Mongol (PPM), fondé en 1921, et le Parti Démocrate – alternent au pouvoir depuis 1992. Le PPM a remporté les dernières élections législatives de juin 2024 ainsi que les présidentielles de juin 2021, malgré une crise politique liée à la gestion de la crise sanitaire. Celle-ci avait contraint le Premier ministre Ukhnaagiin Khürelsükh, membre du parti, à démissionner en janvier 2021. Finalement élu président de la République quelques mois plus tard, il doit faire face à des enjeux tels que ceux de la corruption qui affecte la vie politique et la répartition de la rente minière pour amoindrir les inégalités au sein de la population.
Face à l'exode rural et l'urbanisation
Depuis plusieurs décennies, la Mongolie connaît un exode rural qui vide sa steppe et sature sa capitale. En 1998, Oulan-Bator comptait 650 000 habitants. En 2021, sa population avait presque triplé pour atteindre 1,64 million. Ces importants déplacements de population sont provoqués non seulement par la libéralisation économique du pays, mais aussi par les züds répétés qui frappent les steppes, accentués par le réchauffement climatique. L'hiver 2010 a ainsi vu une vague de froid s'abattre sur près de 90 % du pays, amenant avec elle des températures pouvant descendre jusqu'à -50 °C et tuant 8 millions d'animaux. En 2015, 2017 et 2018, d'autres züds dévastateurs ont décimé des troupeaux entiers.
Sédentarisation. Les conditions météorologiques extrêmes contraignent les nomades à abandonner leurs modes de vie ancestraux. Après la perte de l'essentiel, voire de la totalité de leur cheptel, ils sont des milliers – 20 000 chaque année - à affluer à Oulan-Bator pour y chercher du travail. Installés dans leurs gers à la périphérie de la ville, ils participent à l'explosion démographique d'une capitale sous-équipée.
Face à une urbanisation beaucoup trop rapide, Oulan-Bator peine à suivre. Pour beaucoup, les quartiers de yourtes ne sont pas pourvus d'électricité ni d'eau courante. En 2012, ils regroupent environ 62 % de la population totale de la ville. Le taux de chômage affleure les 60 % et amène son lot de délinquance, criminalité, pauvreté et prostitution. Les habitants se chauffent au charbon, provoquant d'importants pics de pollution. Depuis 2016, Oulan-Bator est ainsi devenue la capitale la plus polluée au monde, devant Pékin !
Urbanisation. De grands projets d'urbanisation sont en train de voir le jour, pour lutter contre la pollution, la surpopulation et les embouteillages. À l'horizon 2030, le gouvernement espère mettre en service une usine de traitement des eaux usées et de nouvelles lignes de transports en commun, rénover le quartier des yourtes, diversifier les sources de chauffage et améliorer l'isolation des habitations. Ces projets mobilisent des bailleurs de fonds internationaux et visent à améliorer le cadre de vie des habitants d'Oulan-Bator.