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Les traditions nomades

Basé sur l'élevage, le mode de vie nomade tend aujourd'hui à se perdre en Mongolie. Il est rendu de plus en plus difficile par le changement climatique et les züds qui gagnent en récurrence et en intensité dans la steppe en hiver.
La vie traditionnelle mongole utilise « les cinq museaux », qui fournissent aux familles nomades de quoi vivre : la viande et les produits laitiers, qui constituent l'essentiel du régime alimentaire en Mongolie, la laine pour confectionner vêtements et feutre isolant, et le combustible avec les excréments. Même le crin et les os des animaux peuvent être utilisés pour réaliser des instruments de musique ou des jouets. Les chevaux, les yaks et les chameaux sont aussi des bêtes de bât qui servent pour le transport.
L'élevage requiert des connaissances spécifiques, qui se transmettent de génération en génération. En effet, il faut domestiquer les animaux, contrôler leur alimentation et leur reproduction, connaître les endroits où les emmener pâturer ainsi que les cycles naturels des différents types de troupeaux.
Autrefois, le nomadisme impliquait plusieurs migrations par saison. Aujourd'hui, de nombreux éleveurs ont restreint leurs déplacements d'un camp d'hiver à un camp d'été. Dans certaines régions, comme celle du désert de Gobi, la terre est pauvre et nécessite de changer souvent d'aire de pâturage. Les nomades continuent donc de se déplacer plusieurs fois par an, généralement de 15 à 20 km, mais parfois jusqu'à 150 km selon les conditions climatiques, à la recherche de sources d'eau et de nourriture pour les troupeaux. Ils vivent alors dans des yourtes plus petites et plus légères que celles qu'ils utilisent pendant la saison froide.
La fréquence des déplacements augmente pendant les saisons d'été et d'automne, durant lesquelles les animaux doivent paître pour se préparer au rude hiver qui va suivre. On les emmène donc brouter dans des zones successives où l'herbe est abondante.
Les migrations d'un pâturage à un autre donnent lieu à une cérémonie. Selon la tradition, le père de famille chevauche en milieu de journée pour repérer les alentours. Une fois qu'il a choisi un emplacement qui lui convient, il place quelques pierres sur le sol pour symboliser le nouveau foyer et montrer aux autres éleveurs que le site est pris. De retour dans le camp, les préparatifs du départ peuvent commencer. La famille emballe toutes ses possessions et démonte la yourte le jour du départ. Aujourd'hui, les nomades se sont modernisés ! Ils utilisent des véhicules motorisés pour se déplacer et non plus des bêtes de bât pour transporter leurs affaires. Ils seront reçus dans les ger croisées sur le chemin, et invités à partager le thé, et parfois le gîte et le couvert. À l'arrivée dans le camp, la famille invite ses nouveaux voisins, même si ces derniers vivent parfois à plusieurs kilomètres de là, à l'occasion d'une fête pour célébrer son installation.

L'hospitalité est une valeur forte pour les nomades, et la manière de recevoir les invités est codifiée. Ainsi, on ne frappe pas avant d'entrer dans une yourte, et l'on se tient à gauche de l'entrée. Habitués à un climat difficile, les nomades doivent faire montre de solidarité et ne laisseront pas quelqu'un dehors. Les visiteurs sont traités avec un grand respect, et reçus avec du thé au lait salé, de l'airag ou de la vodka. Ils sont aussi invités à partager le gîte et le couvert avec leurs hôtes. Si les nomades considèrent cette tradition comme allant de soi et n'attendent rien en retour, il est normal que la personne reçue dans la ger offre de menus présents à ses hôtes.

La ger mongole, ou yourte, est installée en deux heures environ. D'une superficie de 15 à 30 m2, elle est constituée de deux pièces principales : le cadre en bois, khana, et la couverture isolante en feutre. Deux piliers centraux, appelés uni, supportent la structure entière. Ils sont considérés comme sacrés : il ne faut jamais passer entre ces colonnes ni y faire passer des objets.

En principe, il faut commencer par monter le plancher de la yourte, s'il y en a un. Ensuite, on pose le treillis de bois qui forme les côtés de l'habitation et le chambranle de la porte. La couronne, ou toono – le cercle de bois qui se trouve au sommet de la ger – est fixée sur les deux colonnes centrales. Selon les conditions climatiques, elle sera ouverte ou fermée. Une fois que le cadre en bois est installé, les hommes le recouvrent de différentes couches de feutre puis de la toile blanche extérieure, maintenue par des cordes. Le feutre est une matière fabriquée artisanalement à partir de laine de mouton. Il est utilisé pour ses propriétés isolantes : il protège la famille du froid en hiver, mais aussi de la chaleur en été.

Symbolique, la ger est une représentation réduite de l'univers et de la cosmogonie mongole. Elle est elle-même considérée comme un espace sacré, c'est pourquoi il faut respecter de nombreuses règles quand on entre dans la yourte d'une famille mongole, afin de ne pas offenser les hôtes de maison. La forme ronde du toit représente la voûte céleste, et les piliers centraux l'axe cosmique assurant la liaison entre la terre et le ciel. Le poêle est placé au centre et de nombreuses croyances sont rattachées au foyer. C'est la femme qui est chargée de son entretien.
Traditionnellement, la ger est orientée vers le sud, et chaque partie de la yourte est dédiée à une fonction particulière. Ainsi, le nord est sacré : on y installe l'autel des ancêtres et les objets les plus précieux de la famille. L'ouest est l'espace des hommes et des invités, tandis que l'est est réservé aux femmes et à la vie domestique.
Aujourd'hui, les nomades se sont adaptés et utilisent les nouvelles technologies. Ainsi, de nombreuses yourtes sont équipées de panneaux solaires qui les fournissent en électricité pendant la journée, ainsi que d'une antenne satellite reliée à la télévision.

Mariage et place de la femme

Si, autrefois, le mariage en Mongolie reposait sur l'enlèvement de la future épouse, cette tradition a heureusement été abandonnée ! Aujourd'hui, les époux eux-mêmes décident de leur union, libres et sans contraintes.
Traditionnellement, les mariés portent le deel, et le futur époux doit monter la yourte où se tiendra la cérémonie. Sa fiancée doit lui fournir la corde en crin de cheval qui servira à la maintenir, le feutre qui en recouvrira le toit ainsi que le mobilier, mais la construction de leur futur lieu de vie reste à la charge du futur marié.
Aujourd'hui, il est plus rare d'assister à des mariages dans le respect des traditions. À Oulan-Bator, le Palais du Mariage se charge de toute l'organisation de l'événement : réservation d'une salle, certificat de mariages, vêtements...
À la campagne, il est encore possible d'assister à des cérémonies traditionnelles. Ces dernières, très solennelles et codifiées, impliquent des rituels et des prières. Les échanges de présents restent toujours fréquents. Les parents de la fiancée reçoivent des têtes de bétail de la part de la famille du futur époux et offrent des bijoux, des vêtements ou du mobilier à cette dernière.
Au sein du foyer, les rôles sont bien répartis : à la campagne, l'homme s'occupe des bêtes et la femme de l'entretien de la ger. Dans les milieux urbains, la répartition des tâches est plus floue, comme au sein des sociétés occidentales.

Condition de la femme. Les femmes ont pu avoir un meilleur accès à l'éducation et à des postes à responsabilités à partir des années 1990 et de la fin du régime communiste. Si elles restent écartées du pouvoir politique et qu'elles n'ont pas de meilleurs salaires, elles ont bénéficié ces dernières décennies d'un meilleur niveau d'éducation que les hommes en Mongolie. Environ 60 % d'entre elles parviennent à l'université pour seulement 30 % des hommes. Ce fossé s'explique par le mode de vie nomade : les familles estiment que les garçons doivent rester travailler avec le bétail et envoient leurs filles étudier à la capitale.

Avec une meilleure éducation et une meilleure espérance de vie, les femmes ont gravi les échelons sociaux quand une plus grande part d'hommes est confrontée au chômage et à l'alcoolisme. Cependant, les femmes mongoles subissent toujours une forte pression sociale et culturelle : on attend d'elles qu'elles mènent une carrière mais aussi qu'elles se marient et fassent des enfants, et de préférence avant 29 ans !

Le taux de mariage en déclin. En 2007, le taux de mariage dans la capitale s'élevait à 22,9 pour 1 000 personnes. En 2016, il a considérablement baissé pour ne plus atteindre que 8,9. Cela s'explique par le fossé qui s'est creusé entre les femmes et les hommes. Les jeunes gens ont tendance à se marier avec des personnes du même milieu social qu'eux. Les femmes éduquées étant plus nombreuses que les hommes, elles sont loin de parvenir toutes à trouver chaussure à leur pied.

L'homosexualité toujours taboue

En Mongolie, l'homosexualité a été passible de prison jusqu'en 1989. Elle a cependant été décriminalisée en 1993. Si aucune disposition législative ne l'interdit de fait, la situation des personnes LGBT reste difficile dans le pays.
Les couples homosexuels n'ont aucune reconnaissance légale. Ils ne peuvent pas adopter et les mariages homosexuels contractés à l'étranger ne sont pas reconnus en Mongolie.
Même si la législation a évolué, on déplore toujours des actes de violence, de persécution et de discrimination à l'encontre des homosexuels, bisexuels et transgenres. Faute d'une législation adéquate, les plaintes déposées par ces derniers sont très peu nombreuses à aboutir. Par peur de représailles, les LGBT se montrent aussi réticents à entreprendre des démarches judiciaires.
Pour faire évoluer la situation, des associations et organisations mènent des actions pour sensibiliser la population et défendre les droits de la communauté LGBT mongole. En 2013, s'est tenue la première Pride Week à Oulan-Bator et, en 2014, des propositions législatives plus protectrices à l'égard des minorités sexuelles et de genre ont été présentées au Parlement.

Un fléau nommé alcool

Véritable fléau en Mongolie, l'alcool fait des ravages sur la population, toutes couches sociales confondues, que ce soit dans les milieux urbains ou ruraux. D'après une étude réalisée par une organisation internationale de la santé, 22 % des hommes et 5 % des femmes seraient en état de dépendance en Mongolie, un taux trois fois supérieur à celui de l'Europe.
Le niveau d'abus d'alcool s'est considérablement aggravé depuis les années 1990 et la libéralisation de l'économie. Il est amplifié par une situation sociale difficile en milieu urbain : dans la capitale, un large taux de la population n'a pas d'emploi et vit sous le seuil de pauvreté. L'alcool est aussi une denrée qui coûte très peu cher et qui est disponible partout ; dans certains supermarchés, on trouve plus de 25 marques de vodka différentes !
L'alcoolisme a de graves conséquences sociales et sanitaires. Presque un Mongol sur cinq abuserait régulièrement de la consommation d'alcool et 72 % des crimes violents sont commis par des individus en état d'ébriété. La violence domestique serait l'une des premières causes de divorce dans le pays, qui comptait en 2020 86 500 parents célibataires – la majorité d'entre eux étant des femmes. On dénombre de nombreux problèmes cardiovasculaires chez les hommes alcooliques, qui vivent en général moins longtemps que les femmes.
En 2022, le président Ukhnaagiin Khürelsükh a lancé un mouvement national contre l'alcoolisme, pour la sécurité et le bien-être des familles mongoles.

Abolition de la peine de mort

La peine de mort, si elle n'était plus appliquée depuis 2008, a été abolie tout récemment, en 2017. Cette décision historique est le résultat d'une longue procédure, amorcée en 2010 avec l'annonce d'un moratoire sur les exécutions par le président de la République de l'époque, Tsakhiagiin Elbegdorj.
En 2015, le Grand Khoural a adopté un nouveau code pénal qui entérine l'abolition de la peine de mort et contient par ailleurs d'autres avancées en matière de droits humains, notamment concernant la torture.
La Mongolie est devenue le 105e pays au monde à légiférer sur l'abolition de la peine de mort. Celle-ci ne pouvait pas être appliquée aux femmes, aux moins de 18 ans et aux plus de 60 ans. Les condamnés étaient exécutés d'une balle derrière la tête.