La protection de la nature
La Mongolie compte aujourd'hui plus d'une centaine de zones protégées qui recouvrent environ 20 % de son territoire. Elles sont divisées selon quatre niveaux de protection : les zones strictement protégées, les parcs nationaux, les réserves naturelles et les monuments naturels.
Les zones strictement protégées. Créées à partir de 1965, les zones strictement protégées de Mongolie visent à protéger et conserver des régions qui présentent des écosystèmes fragiles et dont les particularités sont uniques d'un point de vue biologique ou historique. En principe, il faut un permis pour y accéder. On en dénombre actuellement 19, dont quatre dans le désert de Gobi et une autour du lac Uuv.
Bogd Khan Uul, l'un des quatre monts qui entourent Oulan-Bator, pourrait être le tout premier site protégé du monde, près d'un siècle avant la création du célèbre parc national du Yellowstone aux États-Unis. Dès 1783, la dynastie Qing, alors au pouvoir, en fait un site protégé à la fois pour des régions religieuses et pour sa beauté. Vénérée depuis au moins le XIIIe siècle, la montagne a été déclarée Réserve de biosphère par l'Unesco en 1996.
Les parcs nationaux. Il en existe plus d'une vingtaine répartis dans tout le pays. Destinés à protéger des régions et leurs écosystèmes, le tourisme y est mis à l'honneur et leur entrée est payante. Parmi les plus réputés, le parc national de Gorkhi-Terelj, à seulement une cinquantaine de kilomètres d'Oulan-Bator, impressionne par ses formations rocheuses, ses étendues de steppes, mais aussi ses rivières et ses forêts.
Les amoureux de la nature trouveront leur bonheur dans les parcs nationaux de Mongolie. L'un des lacs les plus beaux du pays, appelé communément lac Blanc, est situé dans le parc national de Khorgo Terkhiin Tsagaan Nuur. Entouré de montagnes et de volcans, il est le refuge d'une faune et d'une flore riches. Son pendant, le fameux lac Khövsgöl, le plus touristique de Mongolie, a donné son nom au parc national qui l'abrite. Le peuple Tsaatan a élu domicile sur ses abords, recouverts de taïga.
La réserve naturelle de Khustai Nuruu, devenue parc national suite à la réintroduction du cheval de Przewalski au début des années 2000, recèle plus de 40 espèces de mammifères et 217 espèces d'oiseaux.
Pour découvrir des paysages pittoresques, on visitera le parc national de Gobi Gurvansaikhan, sa steppe désertique et ses dunes de sable, ou le parc national de l'Altaï Tavan Bogd et ses glaciers où vit le rare léopard des neiges. Ce parc doit aussi sa notoriété aux ensembles de pétroglyphes de l'Altaï mongol, des peintures rupestres et des monuments funéraires datés de 11 000 à 6 000 av. J.-C. et classés au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2011.
Les réserves naturelles et les monuments naturels. Plus petites que les parcs nationaux, les réserves naturelles visent à protéger une faune ou une flore particulières. La Mongolie en compte 19, dont les plus notables sont celles de Sharga Mankhanii Tal, créée en 1994 pour protéger l'habitat naturel de l'antilope saïga, et d'Ugtam Uul, qui comprend deux monts sacrés et les ruines d'anciens monastères.
Au nombre de six, les monuments historiques et naturels sont protégés par les autorités mongoles depuis 1965. Parmi eux, la forêt pétrifiée de Suikhent, qui s'est formée pendant le Jurassique dans l'aïmag de Dornogovi, vaut le détour. Autre site d'intérêt, la région des huit lacs de Khuisyn Naiman Nuur, dans la province d'Ovörkhangaï, offre des paysages volcaniques et une vie sauvage foisonnante.
Une faune riche
Poissons et pêche. La Mongolie compte 75 espèces de poissons, 8 espèces d'amphibiens et de nombreux invertébrés. Les 4 000 cours d'eau qui sillonnent le pays et viennent alimenter la trentaine de lacs qui s'y trouvent sont des endroits propices pour pratiquer la pêche. Les espèces les plus courantes sont similaires à celles que l'on a en Europe, mais elles sont plus abondantes et les poissons sont généralement de plus grande taille.
Il est possible de pêcher la truite lenok, une espèce de saumon sauvage, ou encore la perche et l'ombre de Sibérie. Dans la Selenge, on prendra des omouls, ces petits poissons connus pour peupler les eaux du lac Baïkal, en Russie. Les amateurs de pêche en quête de sensations fortes pourront tenter d'attraper le taimen, aussi connu sous le nom de saumon de Sibérie. Ce poisson d'eau douce est le plus gros des salmonidés : il peut atteindre 1,50 mètres de long et peser jusqu'à 30 kg ! Il se pêche principalement à la mouche, et souvent avec des hameçons sans ardillon pour ne pas blesser l'animal et préserver l'espèce, dont la reproduction est lente.
Reptiles. La Mongolie abrite 22 espèces différentes de reptiles. Serpents, lézards et geckos se sont bien adaptés au climat des steppes et du désert, et leurs populations sont stables.
Oiseaux. L'avifaune mongole est riche : on a répertorié 436 espèces d'oiseaux sur le territoire, et celui-ci compte 70 régions ornithologiques d'importance. La Mongolie est située sur les voies migratoires ; au printemps et à l'automne, elle est le lieu de passage de nombreuses espèces d'oiseaux, dont certaines sont rares et protégées. Seules 81 espèces sont sédentaires.
Dans les steppes, les amateurs d'ornithologie pourront apercevoir des grues, les plus communes étant les grues cendrées, mais aussi la grue demoiselle, la grue à cou blanc ou encore la grue blanche de Sibérie et la grue moine, qui vit sur les lacs.
Il est possible d'observer des oiseaux dans le Gobi. Ces derniers se sont bien adaptés au climat hostile du désert comme l'outarde houbara, un migrateur rare, le moineau des saxaouls, qui vit habituellement près des arbustes dont il porte le nom, ou encore le vautour moine, une espèce menacée.
Parmi les espèces les plus rares que l'on peut trouver dans le pays, citons la cigogne noire, le pélican frisé, l'oie cygnoïde, le coq des neiges, le grèbe huppé et le souchet blanc. La région montagneuse du Khentii, avec ses zones boisées, ses lacs et ses rivières, recèle plus de 250 espèces d'oiseaux à elle seule, parmi lesquelles le bruant auréole, le coq de bruyère, le faucon sacre, le tétras à tête noire, le rossignol bleu, la mésange azurée, le milan noir et la caille des blés.
Enfin, les espaces ouverts et infinis sont les endroits privilégiés pour observer de nombreux rapaces : gypaètes barbus, aigles, faucons, vautours, chouettes, hiboux et buses règnent en maîtres sur le ciel bleu de Mongolie.
Les mammifères
Environ 130 espèces se partagent les territoires de la Mongolie. Les espaces sauvages du pays constituent le dernier refuge de certains animaux rares, voire en danger d'extinction. On compte une trentaine d'espèces protégées sur le territoire.
Le désert de Gobi et les zones de steppes arides forment l'habitat de certains mammifères endémiques à l'Asie centrale, comme le mazaalai, le chameau de Bactriane, le cheval de Przewalski et l'hémione, qui se sont bien adaptés au climat hostile de cette région.
Le mazaalai, dit aussi ours de Gobi, est endémique de Mongolie. C'est un animal très rare, menacé d'extinction : il ne reste plus que quelques dizaines d'individus qui vivent dans les zones protégées du désert.
Le cheval de Przewalski, takh en mongol, est le dernier cheval sauvage du monde. Il doit son nom à l'explorateur Nikolaï Mikhaïlovitch Prjevalski, qui a découvert l'espèce en 1879, en Dzoungarie. S'il vit dans le Gobi, on le retrouve également dans le parc national de Khustain Nuruu, où il a été réintroduit à l'état sauvage dans les années 1990. Autre espèce d'équidé que l'on retrouve dans le désert, le khulan est un âne sauvage de Mongolie, sous-espèce de l'hémione. Particulièrement utile à l'homme – et même à d'autres animaux – dans les zones arides, le khulan est capable de creuser des trous dans le lit asséché des rivières et des sources pour trouver de l'eau.
Quant au chameau de Bactriane, on en compte environ un millier à l'état sauvage dans le désert de Gobi. Domestiqué pour ses nombreuses qualités, c'est un mammifère qui s'est adapté aux conditions hostiles du désert. Très costaud, il peut porter de lourdes charges et sert de bête de bât aux nomades. Il leur fournit aussi viande, lait, fourrure, et ses excréments sont utilisés comme combustible.
La taïga sibérienne du nord du pays est l'abri de nombreux animaux de type nordique, comme le lemming, la loutre et l'élan. Les cerfs, sangliers, écureuils, renards et lièvres évoluent également dans les zones boisées du nord.
Les régions montagneuses recèlent de bouquetins et de mouflons, dont l'argali, le mouflon sauvage le plus gros du monde. Cet ovin peut atteindre les 1,6 m au garrot et peser jusqu'à 120 kg. Menacé dans son milieu d'origine – la haute montagne –, il est tué par l'homme pour sa viande et ses cornes spiralées, qui peuvent peser jusqu'à 22 kg. Il est également une proie pour les loups et les léopards des neiges.
En grave danger d'extinction, la population de panthères des neiges, ou léopards des neiges, est aussi en déclin. On en compte entre 500 et 1 700 en Mongolie, réparties entre les chaînes de l'Altaï et du Khangaï. Tués pour leur fourrure par les braconniers ou par les éleveurs pour la menace qu'ils représentent pour les troupeaux, ces félins vivent en altitude, sur les sommets de haute montagne, et souffrent également de la dégradation de leur habitat naturel.
Les plaines du centre du pays constituent le lieu de vie de quantité de marmottes, ainsi que de différentes espèces de gazelles, dont la gazelle à goître et l'antilope saïga, qui évoluent surtout dans les steppes arides. La saïga, reconnaissable à son museau arqué, est la seule antilope eurasiatique du monde. C'est un animal très rapide et endurant, qui peut atteindre des pointes de vitesse à 80 km/h et courir sur plusieurs kilomètres à près de 40 km/h. Le braconnage et les züds récurrents ont décimé une partie de la population de saïgas, qui est menacée d'extinction.
Les steppes sont également le domicile du manuul, ou chat de Pallas, un chat sauvage qui possède son propre genre, l'Otocolobus. Il a la particularité d'être doté de pupilles rondes, au contraire des autres félins, et d'une troisième paupière pour se protéger du vent et des tempêtes de sable. Agressif et solitaire, il a été peu étudié. Autrefois chassé pour son pelage, il est aujourd'hui protégé et considéré comme une espèce en voie d'extinction. Le commerce de sa fourrure est strictement réglementé pour tenter de sauvegarder sa population.
Si les populations de la plupart des mammifères sont en déclin, comme celles des léopards des neiges, des manuuls, des gazelles et même des marmottes, ce n'est pas le cas de celles du cheval sauvage et du loup. Avec plus de 30 000 individus, la Mongolie compte la deuxième population de loups du monde. S'il est redouté par les éleveurs, il est aussi considéré comme le « médecin des steppes ». En effet, les loups ne chassent que les bêtes malades, blessées ou fragiles et sont donc connus pour assainir les troupeaux.
Les animaux domestiques
En Mongolie, les animaux domestiques constituent le cheptel des éleveurs nomades. Surnommés les « cinq museaux », ils se composent de cinq espèces de bovins (vaches et yaks), caprins (chèvres), ovins (moutons), chevaux et chameaux. Les rennes sont aussi élevés par les Tsaatan dans le nord du pays, notamment aux alentours du lac Khövsgöl.
La flore
On recense près de 2 800 espèces de plantes en Mongolie, dont 975 sont utilisées dans la médecine traditionnelle locale et 200 pour fabriquer des médicaments pour la médecine moderne. Environ 150 espèces sont endémiques, c'est-à-dire qu'elles ne se trouvent qu'en Mongolie. Seul 1 % du territoire mongol sert à l'agriculture. Le reste peut être divisé en trois zones.
La taïga du nord est une forêt constituée principalement de mélèzes, qui peuvent atteindre les 45 m de hauteur, de bouleaux et de pins. On y trouve aussi des arbustes à baies et à fruits, comme le genévrier, utilisé pour fabriquer de l'encens.
La steppe herbeuse recouvre près de la moitié du pays. Au printemps et en été, y éclosent des géraniums, des edelweiss, des gentianes, des œillets, des pois, des rhododendrons... Néanmoins, le surpâturage met en péril environ 200 espèces de fleurs. Au sud, les plaines herbeuses laissent la place aux étendues arides du Gobi.
Le désert comprend des espèces fascinantes, qui ont développé des caractéristiques particulières pour survivre aux conditions climatiques extrêmes. Le saxaoul est un buisson épineux qui ne possède pas de feuilles et dont les racines, dites succulentes, c'est-à-dire pleines de suc, sont très profondes. Elles peuvent plonger jusqu'à 30 m de profondeur pour chercher de l'eau. Son bois est par ailleurs gorgé d'eau et très dense, à tel point qu'il ne flotte pas. Les forêts de saxaouls permettent de fixer les dunes et d'en prévenir l'érosion, ainsi que de ralentir les tempêtes de sable. On ne trouve cet arbuste qu'en Asie centrale, et sa population est en déclin à cause de l'activité humaine et du changement climatique.