Découvrez la Pologne : Beaux-Arts (Peinture / Sculpture / Street Art / Photo)

La Pologne connaît une explosion de créativité avec l'art baroque. En partie inspiré des traditions italiennes, ce genre foisonnant règne plus de deux siècles dans la construction des édifices religieux. Dans cette abondance d’or, les retables en bois et les vitraux émerveillent par-dessus tout. En réaction, un courant plus modéré, plus réaliste aussi, prend ensuite le pas. Le mouvement Jeune Pologne sonnera l’heure des innovations. Les artistes polonais, exilés en France, adaptent à leur retour les leçons modernistes hormis l’abstraction, qui fait peu d’émules. Les années 1980 voient émerger un art underground opposé au régime. Aujourd'hui, le réalisme traditionnel coexiste avec une avant-garde diversifiée. Malgré un certain retour aux valeurs d’autrefois, l’art contemporain est des plus prometteurs. Il faut dire que les Polonais aiment profiter de la riche offre de musées, de galeries d’art et de festivals locaux.

Art médiéval

L’art sacré constitue l’essentiel de la production artistique du Moyen Âge. Il se découvre dans les églises et les grands musées du pays tels que le musée national de Varsovie, célèbre pour ses salles d’art religieux et ses triptyques en bois.

À la Renaissance, la sculpture fait son apparition dans les édifices civils, sous la forme de bas-reliefs. À Varsovie, le musée des sculptures Królikarnia couvre six siècles, de 1400 à nos jours.

Dans les lieux de culte, l’art du vitrail occupe une place unique en Pologne. À Cracovie, où une école continue de perpétuer la tradition des vitraux, l'église Saint-François-d’Assise héberge les plus beaux exemples du genre.

Le maître de la sculpture gothique, Wit Stwosz ou Veit Stoss (vers 1448-1533), dirige un atelier à Cracovie entre 1470 et 1490. Il réalise le célèbre retable polychrome de la basilique Notre-Dame à Cracovie entre 1477 et 1489. Ce retable à cinq tableaux s’impose comme le chef-d’œuvre du gothique tardif. Refermé, ses douze tableaux illustrent la vie de la Vierge Marie. Les volets ouverts font référence à la Légende dorée selon laquelle Marie s’est éteinte en douceur parmi les apôtres. Au sommet, le couronnement de Marie est placé sous la houlette des saints patrons de la Pologne, saint Stanislas et saint Adalbert. Confisqué par les nazis, le retable voyage avant de retrouver sa ville d’origine en 1946.

Académisme et baroque

À la fin du XVIe siècle, la sculpture et la peinture connaissent un essor remarquable. L’intérieur des églises s’orne de trompe-l’œil et de sculptures flamboyantes. En peinture, l’or envahit une production de plus en plus rococo. Au XVIIIe siècle, dès la fin du règne de Jean III Sobieski, les souverains étrangers, qui se livrent à des jeux de pouvoir pour asservir la Pologne, se soucient peu de la culture. Les artistes polonais se tournent vers le baroque italien : Szymon Czechowicz (1685-1775) et Tadeusz Kuntze sont les principaux représentants de cette tendance. Czechowicz est admis à l’Académie Saint-Luc de Rome. Primé pour ses dessins, il reçoit des commandes de peintures pour décorer des églises italiennes puis polonaises. Rentré en Pologne en 1731, il devient peintre officiel à la cour du roi Auguste II le Fort, où il favorise l’influence de l’art religieux romain sur la culture polonaise. Il en reprend le trait et la composition académiques, ainsi que les tonalités  vénitiennes. À Varsovie, Kielce ou Cracovie, ses toiles ornent les cathédrales.

Tadeus Kuntze (1733-1793), dit Konicz, est associé à l’école napolitaine dans la tradition du baroque tardif de Francesco Solimena. Ce courant se caractérise par la multiplication des sujets et une expression dramatique exacerbée. Établi en Italie, il réalise toutefois deux toiles gigantesques pour la cathédrale du Wawel à Cracovie : Martyr de saint Wojciech et Saint Kazimierz.

En réaction à cette surcharge formelle, le réalisme s’affirme au tournant du XIXe siècle.

Art historique

L’histoire mouvementée de la Pologne se dévoile dans l’œuvre du peintre Jan Matejko, né en 1838 à Cracovie. Acclamé comme le plus grand peintre de tableaux historiques de la Pologne, Matejko montre les personnages et les événements marquants de son pays. Il n’a que vingt-quatre ans quand il peint Stanczyk (Le Bouffon du roi). Celui qui se considérait au service de sa patrie devient en 1873 enseignant et directeur de l’École des beaux-arts de Cracovie, fonctions qu’il occupe jusqu’à sa mort en 1893. À voir : ses portraits, d’une grande sensibilité et la fresque de la basilique Notre-Dame de Cracovie. La halle aux Draps (Sukiennice) abrite plusieurs de ses œuvres au sein de la galerie de la Peinture polonaise du XIXe siècle, la plus grande collection d’art polonais du monde.

Władysław Ślewiński

Władysław Ślewiński (1856-1918) s’exile à Paris en 1888. À Montparnasse, il fait la connaissance de Paul Gauguin, membre fondateur de l’école de Pont-Aven. Gauguin, qui prône un retour aux arts naïfs et folkloriques, devient son mentor. Ślewiński développe cependant un style personnel, mélancolique ou rêveur, à la palette assombrie. Après le départ de Gauguin pour la Polynésie, l’artiste rentre en Pologne. Il propose sa lecture du folklore polonais à travers des portraits (L’Orphelin de Poronin) des paysages, puis des natures mortes.

La nature inspire également Jan Stanisławski (1860-1907) qui étudie auprès du paysagiste Wojciech Gerson, puis à Paris, où il demeure une douzaine d’années. D’inspiration impressionniste, il rapporte de ses voyages des vues tels que Ruches en Ukraine. En 1897, il fonde la Société des artistes polonais, Sztuka, destinée à promouvoir l’art polonais.

Au début du XXe siècle, la Pologne s’imprègne des révolutions artistiques qui touchent le reste de l’Europe. Le cubisme inspire le brillant Tadeusz Makowski (1882-1932), qui poursuit lui aussi sa carrière en France.

Jeune Pologne

Le modernisme polonais est porté par le mouvement Jeune Pologne (Młoda Polska) qui bouleverse toutes les formes d’expression à la fin du XIXe siècle. Opposés à l’académisme et au naturalisme, ces artistes essentiellement basés à Cracovie proposent des approches novatrices basées sur l’instinct. L’écrivain et poète Stanisław Przybyszewski (1868-1927) publie leur manifeste esthétique dans la revue Zycie (La Vie). L’intelligentsia se retrouve dans les cafés en vogue de Cracovie. L’artiste Stanisław Wyspiański (1869-1907) se démarque par la multiplicité de ses talents. Vitrailliste d’exception, comme ses compatriotes Matejko et Mehoffer, il incarne l’Art nouveau polonais. En attendant l’ouverture du musée Wyspiański, une partie de sa collection est visible à la maison Szołayski. Wyspiański a conçu les fresques polychromes et de magnifiques vitraux pour l’église Saint-Françoise-d’Assise.

Tadeusz Kantor

Immense homme de théâtre, Tadeusz Kantor (1915-1990) personnifie l’avant-garde polonaise du XXe siècle. À ses débuts, Kantor expérimente la peinture tachiste, puis les collages intégrant des objets trouvés. Marqué par Picabia et Duchamp, il visite Paris en 1958 puis expose à travers toute l’Europe et jusqu’à New York. Kantor monte ses premiers spectacles à Cracovie, à base de happening, de peinture, d’écriture, d’arts de la scène et de poésie dans ce qu’il qualifiait de théâtre informel. Personnage haut en couleur, il continue d’inspirer les artistes de tous les domaines.

L’entre-deux guerres correspond à une période faste pour l’avant-garde polonaise. Le réalisme socialiste qui touche les pays voisins se développe peu en Pologne.

Le sculpteur Igor Mitoraj

Son œuvre Eros Bendato compte parmi les statues monumentales de la place du Marché principal (Rynek Główny) de Cracovie. Igor Mitoraj (1944-2014) est l’un des plus grands sculpteurs polonais. Formé au dessin à Bielsko-Biała puis à l’Académie des beaux-arts de Cracovie, il étudie sous la direction de Tadeusz Kantor qui l’encourage à faire carrière à l’Ouest. C’est à Paris que Mitoraj explore la pratique de la peinture puis de la sculpture au Mexique. Sa première œuvre monumentale, Le Grand Toscano, est installée à la Défense, près de Paris. L’Antiquité et les mythes occupent rapidement une place centrale dans sa création. L’artiste vit temporairement en Italie, où il entend s’imprégner de Michel-Ange. En 1985, une exposition au château Saint-Ange de Rome lance sa carrière internationale.

Photographie

Au XIXe siècle, plus de 5 000 Polonais sont exilés en France. Parmi ceux-ci, certains adoptent la pratique photographique pour s’intégrer, et développer une carrière florissante. À Paris, le daguerréotype connaît un véritable engouement. Parmi ses premiers maîtres, Józef Felix Zieliński (1808-1878) invente un procédé de coloration. À sa suite, Szweycer, Mieczkowski, Niewenglowski et Ogonowski sont à l’origine d’avancées essentielles.

La photographie est mise à l’honneur au musée de l’Histoire de la photographie de Cracovie et sa succursale moderne, le MuFo (16, rue Józefitów).

Parmi les photographes à découvrir, Piotr Uklański (né en 1968), également peintre et réalisateur, expose dans le monde entier. Zbigniew Dłubak (1921-2005) accomplit l’exploit d’organiser une exposition photo dans le camp de concentration où il est déporté. Par la suite, il enseigne cet art et dirige la revue Fotografia. De même, Mendel Grossmann (1913-1945) introduit un appareil photo dans le ghetto où il est prisonnier. Ses témoignages du quotidien feront l’objet de publications.

Roman Opałka naît en France de parents polonais, en 1931. Après 1965, l’artiste conceptuel se consacre à un unique projet : capter et matérialiser le temps en peinture. Toute sa vie, Opałka observe un rituel qui consiste à réaliser son autoportrait photographique chaque jour selon des règles plastiques immuables. Certaines de ses œuvres sont visibles au musée national de Cracovie.

Art urbain

Dès les grandes guerres, les murs se recouvrent en Pologne de signes et de slogans dont le populaire « Polska Walcząca » (la Pologne combattante).

Désormais, les street-artists polonais ont établi leur renommée. Mariusz Waras peint aux quatre coins du globe. Le duo Etam Cru réalise des peintures monumentales pleines d’humour. L’œuvre graphique de Natalia Rak fait appel aux métaphores et à la littérature classique.

Gdańsk est un haut lieu de l’art en plein air. Plus d’une soixantaine de fresques recouvrent les murs de la perle de la Baltique. Ici, les premières œuvres ont fait leur apparition en 1979, lors d’un festival organisé pour le millénaire de la ville. La première fresque, signée Rafał Roskowiński, représente deux éminents citoyens polonais : Lech Wałęsa et le pape Jean-Paul II. Tous les ans, le festival fait plancher des artistes invités sur un thème, comme l’attente en 2016.

Art contemporain

Acteur majeur de l’art contemporain polonais et international, la galerie nationale d’Art Zachęta se situe à Varsovie. Elle met en lumière la jeune création, de même que les nombreuses galeries d’art de Varsovie : l’avant-gardiste galerie Foksal ou la splendide Królikarnia.

À la tête du Cracow Gallery Week-end Krakers (qui a lieu en octobre), Małgorzata Gołębiewska est une véritable dénicheuse de talents en Pologne. Parmi les institutions dédiées à l’art contemporain, le MOCAK (musée d’Art contemporain de Cracovie) présente un large panorama de la scène artistique des deux dernières décennies.

Les galeries d’art pullulent à Cracovie. Les artistes réputés de la ville exposent à l’étage de Piano Nobile (Rynek Glówny 33) : sculpture et art graphique au programme. La Fajkiel Gallery (ul. Grodzka 25) valorise la crème de l’art graphique polonais. Un art audacieux et même expérimental s’apprécie à la Zderzak Gallery (ul. Floriańska 3). L’adresse de choix pour flairer les nouvelles tendances !

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