Mayotte, l'Île au lagon. Voilà un surnom flatteur qui n'est toutefois pas usurpé : dès le hublot de l'avion on aperçoit la multitude de nuances de bleu se refléter autour des deux îles habitées, Petite-Terre et Grande-Terre, et de la trentaine d'îlots qui les entourent. C'est d'ailleurs sur la plus petite que l'avion atterrit, à Pamandzi, avant d'embarquer sur une barge pour rejoindre Mamoudzou une fois les bagages récupérés. Le séjour peut alors commencer : bienvenue à Mayotte !

 

Mayotte, d'une île à l'autre

Quelques minutes suffisent pour s'imprégner de la vie locale à bord de cette embarcation empruntée chaque jour par les travailleurs, les marchands ou encore les vacanciers. On parle français, shimaore, shibushi et parfois malgache, une effervescence qui plonge immédiatement le nouveau venu dans un dépaysement total. À gauche comme à droite, on aperçoit des femmes, beaucoup de femmes. Appelées " bouénis " en shimaore, elles sont parées de fleurs et de bijoux et enroulées dans de beaux salouvas colorés. Fières, riantes et élégantes, elles sont le coeur et la force de la société mahoraise. À 95 % musulmanes, les deux îles pratiquent un islam tolérant et matriarcal, intégrant les influences africaines, malgaches et européennes. Devenue département français suite au référendum de mars 2009, Mayotte n'a en rien perdu ses traditions, dont la plus emblématique reste celle des grands mariages qui ont lieu chaque année en juillet-août.

Arrivé dans la capitale Mamoudzou, c'est souvent ici que l'on récupère une voiture de location avant de commencer l'aventure en longeant la côte pour rejoindre un bel hôtel en bord de mer. Le tour de l'île débute par les villages du Nord d'où il est possible d'apercevoir le récif de la Prévoyance et les îlots Choizil dont les plages dorées sont lapées par le clapotis des eaux turquoise. Conseil futé : les couleurs sont plus belles à marée basse. Les activités et déplacements sur l'île sont d'ailleurs très souvent calculés en fonction des horaires des marées qui façonnent les paysages.

Tout au long de la route, on pourra observer des scènes de la vie quotidienne : devant les maisons les hommes se lancent dans des parties endiablées de Dominos tandis que les femmes se tressent ou préparent leur m'dzindzano. Préparés à base de bois de santal broyé et mélangé à l'eau, ces masques de beauté qui ornent les visages des femmes sont à la fois un soin pour la peau, une protection contre le soleil et une jolie parure qui se décline en multiple formes et dessins. La vie est douce aux heures où la chaleur se fait sentir. Dans une apparente liberté, les zébus paissent et les cabris s'ébrouent joyeusement dans les ruelles, dépaysement garanti.

 

Une faune et flore uniques au monde

La première journée touche déjà à sa fin, le soleil faiblit tandis que s'élèvent les cris des roussettes perchées dans les arbres. Pour ces grosses chauves-souris, la tombée de la nuit rime avec festin de fruits exotiques. Qu'on les envie ! Également présents sur les branches, les makis, mammifères stars de Mayotte et cousins du singe, ils s'agitent eux-aussi en quête d'une éventuelle banane pour finir la journée. Un encas apprécié après les heures de sieste au soleil. Semblables à leurs cousins de Madagascar, les lemurus fulvus mayottensis auraient été importés sur la Grande Île pour s'y développer sans prédateur, à part l'homme, les rendant peu farouches, pour notre plus grand bonheur.

Au village, la soirée s'allonge dans la douceur de la nuit, ici il ne fait jamais froid. Après la prière, les hommes se retrouvent aux pieds des arbres pour discuter, vêtus de leurs kandzus et coiffés d'un kofia parfois brodé à la main, tandis que les " mamas brochettis " s'installent dans les rues et allument leurs barbecues au charbon de bois pour préparer des mabawas (ailes de poulet) ou des brochettes au fumet délicieux. En accompagnement, les frites de fruit à pain ou bananes et manioc grillés, constituent un festin pour quelques deniers. En mangeant local on se donne la chance de vivre un moment privilégié avec les Mahorais, souvent timides au premier regard mais ils ne refuseront jamais un sourire. Gentillesse, authenticité, et simplicité sont toujours de mise, que ce soit entre amis ou avec les Mzungus, visiteurs à peau claire, une belle leçon de vie. Les jours suivants pourront être consacrés à la découverte du lagon mahorais, patrimoine naturel exceptionnel et l'un des plus grands lagons fermés du monde.

Sa double barrière de corail s'étend sur 150 km de long, assurant à sa faune et flore une eau d'une température qui ne descend jamais en deçà des 25 °C et protégée des courants. Les cétacés le savent et semblent s'être passé le mot : de mi-juillet à mi-octobre Mayotte devient un lieu de plaisance pour les baleines à bosses qui viennent s'y reproduire et éduquer leurs progénitures aux secrets de la vie sous-marine. Cachalots, requins de récifs, dugongs, requins-baleines et dauphins sont aussi présents pour compléter le spectacle. Sur place, clubs de plongée, voiliers et taxis-bateaux s'organisent pour vous faire profiter de l'animation et organiser des safaris en pleine mer ou sur les îlots. Les débutants pourront également s'essayer au snorkeling en bord de plage pour se familiariser avec cet aquarium naturel. Les tortues de mer sont légion dans les herbiers peu profonds et ne sont pas timides à l'approche du visiteur.

 

Parfums mahorais

Très allègrement gâtée par Dame Nature, Mayotte bénéficie aussi d'une nature généreuse côté terre. Mangues, cacao, vanille, jasmin, muscade, cannelle, tout semble vouloir pousser sur cette île volcanique aux sols fertiles. L'exploration de la brousse le long de la côte Ouest et plus particulièrement du village de Combani et de son écomusée de l'Ylang et de la Vanille, permettent d'en savoir un peu plus, de la visite des plantations à celle des ateliers de transformation des épices. L'essence mythique de la Grande Île qui a valu à Mayotte son surnom de " l'île aux parfums " reste cependant l'ylang ylang. Cette petite fleur jaune qui pousse sur les pentes de l'île est distillée pour confectionner une huile essentielle utilisée par les plus grands parfumeurs et notamment dans la composition du Chanel n° 5. Particularité amusante de l'île : ici le Comité du tourisme (CDT) n'attribue pas des étoiles aux structures mais des fleurs d'Ylang.

La visite terminée, cap vers le sud de l'île, plus sec et plus aride, dont la végétation rappelle celle de sa voisine malgache qui n'est plus qu'à 300 kilomètres. La plage de N'gouja, bordée de baobabs aux formes improbables, constitue une étape incontournable pour nager en compagnie des grosses tortues vertes qui s'y ressourcent en herbes marines tout au long de la journée. De là, on pourra prendre de la hauteur en escaladant le Mont Choungui qui domine le Sud du haut de ses 594 m d'altitude. La balade de 2h de marche aller-retour est relativement simple. Son panorama à 360° sur le sud de l'île récompense cependant largement tous les efforts fournis : forêt humide au centre, village de Choungui au pied de la montagne, reliefs découpés des côtes et de la baie de Bouéni, et surtout, surtout, le bleu intense du lagon.

 

Cap vers l'est

Du sud on pourra ensuite boucler la boucle en remontant par la côte Est : arrêt devant le plus gros baobab à Musical Plage, sortie bateau sur l'îlot de sable blanc en face de la pointe Sazilé, ou encore nuit en bivouac pour assister à la ponte des tortues. À Bandrélé, la visite de l'écomusée du sel et sa récolte dans les mangroves constitue une étape enrichissante du voyage. De là, on pourra de nouveau quitter la terre ferme pour réaliser des sorties en mer et découvrir la Passe Longogori dite " passe en S ". C'est l'occasion de faire un baptême de plongée si ce n'est déjà fait. Enfin, les budgets un peu plus conséquents pourront s'offrir un survol de l'île en ULM. Un spectacle d'une beauté inégalable !

De retour à Mamoudzou pour finir le voyage, on profitera du passage en ville pour visiter le marché couvert et découvrir les mille et une épices et fruits et légumes exotiques qui habillent les étals, avant de reprendre la barge en direction de Petite Île. Kwaheri (" au revoir ") Mayotte, et à la prochaine fois !

 

Infos futées

 

Quand ? Mayotte bénéficie d'un climat tropical agréable toute l'année. La saison estivale, plus chaude et plus humide, se situe entre novembre et mars, tandis que l'hiver austral, de mai à novembre est plus sec et plus venté. Juillet-septembre correspond à la saison des baleines.

 

S'y rendre. Air Austral est la seule compagnie à proposer deux vols hebdomadaires directs Paris Roissy-CDG / Dzaoudzi (Mayotte) en 9 h 50 min.

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Utile. Pour préparer au mieux son voyage.

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