Une flore endémique
L'archipel de Madère abrite de nombreuses espèces endémiques. C'est le cas du géranium de Madère (Geranium maderense) qui pousse principalement en forêt. Ses tiges fines et raides sont surmontées d’un panel de petites fleurs rose vif au cœur pourpre et sa base est dotée d’un feuillage touffu retombant.
Plus rare, l’impératoire (Imperatoria lowei) s’épanouit dans les zones rocheuses et humides, formant de longues tiges épurées surmontées de petites ombellules jaunes. Elle a été classifiée pour la première fois par Thomas Lowe qui la rapprocha de l’Impératoire (Eucedanum ostruthium) des montagnes d’Europe centrale et lui donna son nom pour la distinguer.
Citons aussi la très répandue digitale de Madère (Isoplexis spectrum), un arbuste aux longues feuilles vert foncé et aux fleurs orangé sombre ; la bruyère (Erica maderensis), tout aussi répandue, avec son inflorescence en grappe parsemée de petites fleurs roses (elle pousse dans les montagnes à plus de 1 200 mètres d’altitude) ; la violette de Madère qui croît elle aussi en altitude ; sans oublier la vipérine élégante (Echium candicans), l'une des espèces les plus emblématiques de Madère. Cet arbuste herbacé (qui peut atteindre les deux mètres de haut) possède de longues feuilles nervurées lui permettant d’absorber l’eau goutte par goutte. Ses petites fleurs d’un bleu intense se développent en épi. L’orchidée de Madère (Dactylorhiza foliosa/Orchis maderensis), enfin, forme un joli épi de petites fleurs pourpres tachetées.
Des espèces venues du monde entier
Originaire d’Afrique du Sud (et non pas de Madère comme on pourrait le penser !), le strelitzia est devenu l’emblème végétal de l’île. On le connaît plus communément sous le nom d’« oiseau de paradis » (sa forme rappelle la tête d’un oiseau). Plante vivace, il présente un feuillage touffu aux feuilles oblongues qui s’ouvre en éventail. Son épaisse hampe florale est surmontée d’une fleur orange vif contrastée de bleu. Autre espèce originaire d’Afrique, le protée barbu (Protea neriifolia) présente des pétales rouges assemblés en boule comme des écailles et s’achevant sur une rangée de poils… d’où son surnom de « barbu ». Très répandue à Madère, l’agapanthe africaine (Agapanthus africanus) est quant à elle pourvue d’une longue tige rigide flanquée d’un amas circulaire de petites fleurs bleues. L’étonnant Chorisia speciosa au tronc couvert d’épines, importé d’Amérique, produit de magnifiques fleurs roses en hiver. Le bananier nain, lui, fut importé d’Asie. Enfin, hortensias, bougainvilliers, camélias, hibiscus ou poinsettias complètent la liste des espèces ornementales les plus représentées dans le paysage floral de Madère.
L'art du jardin
Inutile d’aller bien loin pour se familiariser avec la profusion de fleurs qui envahit l’île de Madère. Dans les parcs, les jardins tropicaux et botaniques ou les quintas qui jalonnent la capitale, on pourra déjà admirer une surprenante collection de plantes et de fleurs tropicales ou endémiques. Car l’art du jardin se cultive à Madère depuis des siècles : il suffit d’admirer les compositions sophistiquées du jardin de la Quinta do Palheiro, à l’est de Funchal, pour se faire une idée de la magnificence des jardins madériens. Ce jardin à l’anglaise, composant un tableau de plus 3 000 espèces de plantes, appartient à la famille Blandy depuis 1885. Dans les allées du jardin botanique de Funchal, créé en 1960, les espèces rares et endémiques occupent une place privilégiée. Mais ses trois hectares concentrent une ample variété d’espèces végétales venues des cinq continents (cactées, succulentes, palmiers, orchidées…). Puis, toujours sur les hauteurs de la ville, les férus de jardins ne manqueront pas de sillonner les allées du jardin tropical de Monte Palace qui enveloppe l’ancienne demeure du consul britannique Charles Murray, rachetée en 1987 par l’homme d’affaires José Berardo. Au nord de l’île, enfin, la Roseraie de la Quinta do Arco possède l’une des plus grandes concentrations de rosiers du Portugal.