Découvrez la Grèce : Les enjeux actuels

Depuis sa création en 1830, l’État grec est confronté à deux soucis majeurs : résorber son énorme dette publique et attirer les capitaux étrangers. Ces défis demeurent aujourd’hui fondamentaux, notamment pour sortir de la crise qui a explosé en 2009. Alors que d’autres vieux problèmes demeurent, comme la place des minorités, la corruption ou les avantages fiscaux accordés aux armateurs et à l’Église, la Grèce a à présent des priorités plus urgentes comme son déclin démographique, ses relations avec la Turquie ou l’accueil de centaines de milliers de réfugiés. Et comme si tous ces dossiers n’étaient déjà pas assez lourds pour ce petit pays, la Grèce se bat aussi pour récupérer son patrimoine volé par la Grande-Bretagne, et à moindre échelle par l’Allemagne ou la France. Les Grecs ne seraient pas contre un coup de main de la Victoire de Samothrace (conservée au Louvre) pour les épauler dans leurs travaux herculéens.

Marbres de Parthenon © mark higgins - Shutterstock.com.jpg

Premières mesures contre le surtourisme

Au sortir d'une saison record en 2024 (35 millions de touristes), le Premier ministre Mitsotakis l'affirmait : « La Grèce n'a pas de problème de surtourisme. » Déclaration toutefois assortie de mesures contre le… surtourisme. Car certains sites sont devenus trop fréquentés avec des effets néfastes sur l'environnement et le coût de la vie pour les habitants. À Santorin, ce sont les passagers des bateaux de croisière qui sont visés : chacun d'entre eux doit désormais payer 20 €. Il y a urgence : plus de 800 navires de croisière accostent chaque année avec parfois 10 000 passagers débarquant par jour, soit autant que l'île volcanique compte d'habitants. Une taxe identique devrait être appliquée à Mykonos, où la foule des croisiéristes vient grossir celle des vacanciers ordinaires déjà en surnombre sur « l'île de la fête ». Autre mesure : le gel des locations saisonnières type Airbnb à Athènes pendant au moins un an. En 2025, aucune nouvelle licence d'appartement touristique ne doit être délivrée dans le centre de la capitale. Pour les logements similaires déjà existants, Mitsotakis annonce une hausse du prix de la licence. Mais le mal est déjà fait : dans les quartiers autour de l'Acropole, le nombre de logements pour touristes a explosé. Si bien qu'il est presque impossible pour les Athéniens d'y trouver un bail de longue durée. En témoignent des rues entières où les boîtes à clé « Airbnb » (cadenas à code renfermant une clé pour les clients) côtoient les banderoles et graffitis anti-touristes. D'une manière générale, le surtourisme est devenu un enjeu en Grèce depuis les années 2010. Certains sites comme Athènes, Corfou, Rhodes ou une partie des Cyclades et du Péloponnèse sont bien trop fréquentés (et trop chers) en été. Le souci est que les autorités misent sur une hausse constante du nombre de touristes étrangers pour faire tourner l'économie. Des alternatives existent pourtant : développer des offres hors saison, limiter les nouvelles constructions, appliquer des quotas sur les îles, soutenir l'écotourisme, etc.

La question brûlante des incendies

« Puis-je annuler ma réservation à cause des incendies ? » C'est une question que se posent de plus en plus de touristes venant en Grèce. Chaque été, de grands incendies ravagent le pays et toutes les régions sont désormais à risque. Un remboursement de billet d'avion ou de réservation d'hôtel est possible mais souvent difficile. Cela dépend de votre assurance, de l'évaluation aléatoire d'un danger réel, des conditions de vente des compagnies aériennes, des agences de voyage, etc. Vous pouvez ainsi vous retrouver à séjourner dans un hôtel sans risque mais cerné de paysages noircis par les flammes ou à évacuer en urgence dans la remorque d'un tracteur en pleine nuit devant l'avancée soudaine d'un nouveau feu. En Grèce, les grands incendies sont en grande partie dus au réchauffement climatique. Mais l'État grec a aussi sa part de responsabilité : manque d'action en matière de prévention, absence d'entretien des zones à risque, investissements insuffisants pour la lutte anti-incendie… Les principales victimes sont les Grecs eux-mêmes : environ la moitié des sinistrés ne disposent pas d'assurance. Si bien qu'au final, l'enjeu financier pour les autorités n'est pas la prévention des incendies, mais le déblocage de fonds spéciaux pour indemniser un minimum les habitants ayant perdu une maison, un hôtel, un troupeau, etc.

Des tensions avec la Turquie

Depuis la création de la Turquie en 1923, celle-ci entretient des rapports compliqués avec la Grèce, parfois jusqu'à l'affrontement comme lors de la crise chypriote de 1974, mais aussi avec des moments d'apaisement, comme en 1999, lorsque les deux États s'étaient entraidés après de graves séismes. Mais l'arrivée au pouvoir de Recep Erdoğan, en 2003, à Ankara, s'est traduite par une détérioration des relations. Alors que les vieilles querelles au sujet de Chypre ou du découpage des frontières persistent, de nouveaux dossiers brûlants sont apparus. Depuis 2015, la Grèce accuse la Turquie de vouloir la déstabiliser en laissant passer un nombre trop important de migrants. Et le coup d'État raté contre Erdoğan, en 2016, est venu encore aggraver les choses. L'homme fort d'Ankara exige en effet le retour des centaines de militaires et d'opposants accueillis par la Grèce. Mais il faut noter que les deux pays sont membres de l'Otan et que la Turquie est un partenaire économique primordial pour la Grèce (3e client, 9e fournisseur). Quant aux deux peuples, très proches culturellement, ils entretiennent généralement de bonnes relations. En 2024, on a d'ailleurs enregistré un nombre record de touristes turcs en Grèce : plus de 370 000 rien que dans les îles de Lesbos, de Chios et de Samos.

Un désintérêt pour les Balkans

La résolution du conflit de vingt-sept ans sur le nom de la Macédoine du Nord en 2018 ne doit pas faire oublier que la Grèce n'entretient que des rapports très distants avec ses trois voisins européens des Balkans. D'ailleurs, l'accord de Prespa signé avec Skopje, mal digéré par la majorité des Grecs, a coûté son poste de Premier ministre à Alexis Tsipras en 2019. Il faut dire que les Grecs connaissent mal leurs voisins, ne les visitant le plus souvent que pour faire du ski en Bulgarie, jouer au casino à la frontière de la Macédoine du Nord et… importer illégalement du cannabis d'Albanie. Quant aux échanges commerciaux (licites), ils demeurent faibles, y compris avec la Bulgarie, seul autre membre de l'UE dans la région. Pire, Athènes est toujours théoriquement en guerre avec Tirana depuis 1941. Le fait qu'aucun accord n'ait été signé pour mettre fin à cette absurdité démontre bien le désintérêt de la Grèce pour les Balkans. Depuis la fin des régimes socialistes en 1991, Athènes a en effet perdu de nombreuses occasions d'apparaître comme un « grand frère » auprès de ses voisins aux démocraties fragiles. Un rapprochement n'apparaît désormais possible que grâce à des projets européens ambitieux, comme l'intégration de l'Albanie et de la Macédoine du Nord à l'UE. Une telle initiative aurait l'avantage de désenclaver la Grèce, toujours isolée au sud-est de l'Europe.

L’équation délicate de la démographie

La Grèce fait face à la fois à une baisse de sa population et à un afflux de réfugiés. En théorie, l'arrivée de nouveaux habitants devrait permettre de pallier la baisse des naissances et l'exode des Grecs (vers l'Allemagne notamment). C'est d'ailleurs déjà plus ou moins le cas, avec des secteurs entiers fonctionnant grâce à la main-d'œuvre étrangère : agriculture, pêche, bâtiment, etc. Mais les choses ne sont pas aussi simples. Depuis la crise de 2009, on assiste à une forte montée des partis et idées d'extrême droite. La question dépend aussi des immigrés eux-mêmes : veulent-ils rester en Grèce ? Pour les Albanais arrivés dans les années 1990, la réponse est « oui », et ils l'ont prouvé en se fondant rapidement dans la société. Mais pour les 50 000 à 100 000 Afghans, Syriens ou Somaliens qui débarquent chaque année en Grèce, c'est « non » dans 92 % des cas. S'ils restent et travaillent ici – dans des conditions souvent inhumaines –, c'est parce qu'ils n'ont pas le choix, rêvant, eux aussi, d'Allemagne ou d'Amérique. Depuis 2023, un permis de résidence plus facile à obtenir est délivré pour les inciter à rester. Car la Grèce doit à tout prix trouver un équilibre face à la bombe à retardement que constitue le financement des retraites. Alors que la population vieillit, les solutions doivent être rapides et multiples : non seulement intégrer de nouveaux habitants, mais aussi faire revenir les jeunes Grecs partis vers l'Europe du Nord.

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