Découvrez l'États-Unis : La ville verte

Une ville au milieu du désert : voilà qui vient causer quelques dégâts inévitables sur l’environnement. Le plus important est la forte consommation en eau, qui pèse lourd sur les réserves souterraines et le réseau fluvial. Le fleuve Colorado est ainsi quasiment asséché par endroits, mettant en danger la faune et la flore qui en dépendent, et faisant craindre le pire pour l’avenir de la ville. De l’autre côté, à l’heure de la sobriété énergétique, Las Vegas inquiète les écologistes de ses néons allumés en permanence. C’est que fonctionner aux énergies renouvelables ne devrait pas excuser une telle démesure. Sin City est pourtant d’autant plus concernée par le réchauffement climatique, qu’elle fait partie des villes qui se réchauffent le plus rapidement des États-Unis. Si de nombreuses mesures existent pour enrayer le problème, elles ne font pas oublier les enjeux écologiques majeurs auxquels est confrontée la ville du jeu…

Eau : rien ne va plus

La croissance de la population de Las Vegas a de quoi impressionner : de 262 000 habitants il y a cinquante ans, l’agglomération en compte désormais 2,8 millions, et devrait passer la barre des 3 millions en 2025. Tout ce monde en plein désert de Mojave, le plus sec de tous les déserts nord-américains ! Cette population grandissante demande toujours plus d’eau, mais les aquifères et le lac artificiel Mead s’amaigrissent à mesure que la population croît. Les nappes phréatiques, surexploitées, s’effondrent et créent des crevasses, tandis que le niveau du lac Mead descend d’année en année à cause d’un pompage trop intensif et du manque de précipitation en amont. Son rôle est pourtant essentiel, puisqu’il alimente non seulement la capitale du jeu, mais aussi la Californie et l’Arizona.

Pour faire face à la crise, tous les moyens sont bons. Ainsi, Las Vegas s’est munie d’une Water Police, qui traque le moindre gaspillage. Matériel fuyant, arroseurs automatiques utilisés en dehors heures autorisées et autres irrégularités citoyennes font l’objet de contraventions. Car ce sont bien les habitants qui consomment la plus grande partie de l’eau, et non pas les hôtels et casinos. Des subventions sont également accordées pour aider les propriétaires à remplacer leur pelouse par des plantes adaptées au désert. Le programme Cash for Grass offre même $ 3 par mètre carré de gazon retiré !

Climat : les dés sont joués ?

Les aléas climatiques sont de plus en plus incertains, pour la vallée de la mort qui ne part pas avec les meilleures cartes en main. Elle est en effet détentrice du record mondial de la température la plus haute : 56,7 °C à Furnace Creek en 1913. Mais le réchauffement climatique ne fait qu’empirer la situation, si bien que Las Vegas a battu son record de température, pendant la vague de chaleur extrême qui s’est abattu sur l’Ouest américain pendant l’été 2021, avec 47,2 °C enregistrés. Ce record est pourtant voué à être battu, puisque Las Vegas est la seconde ville américaine à se réchauffer le plus rapidement, selon l’ONG Climate Central. En effet, depuis 1970, la température moyenne de la ville a augmenté de 3,5 °C. À noter que la seule ville américaine à faire pire, Reno, est aussi située dans le Nevada. Le problème, à Las Vegas, vient autant de son climat aride que de ses installations à grande échelle. Ainsi, les milliers de systèmes de climatisation participent à réchauffer l’air, tout comme les routes noires en plein désert absorbent la chaleur.

Las Vegas mise sur l’environnement

Pour autant, Las Vegas met en place de nombreuses mesures pour lutter contre le réchauffement climatique, à tel point qu’elle a reçu la Certification d’Or du LEED (Leadership in Energy and Environmental Design). Ce système vise à évaluer l’efficacité environnementale des bâtiments. La ville s’est ainsi basée sur le LEED pour organiser son plan d’urbanisation sur trente ans : le 2050 Master Plan. Il comprend notamment la Las Vegas Tree Initiative, qui vise à planter 60 000 arbres d’ici 2050, qui rafraîchiront l’atmosphère par leur ombre et leur évapotranspiration, en plus d’absorber du CO2 pour un effet dépolluant.

À plus petite échelle, de nombreux hôtels redoublent d’inventivité pour l’écologie et ont eux-mêmes obtenu la certification LEED. C’est le cas du Venetian-Palazzo, qui a été le premier de la ville à recevoir une certification, pour récompenser ses éclairages basse-consommation, ses produits d’entretien eco-friendly, ses matériaux de construction certifiés, ses systèmes de plomberie à économie d’eau, ou encore ses stations de chargement de véhicules électriques. L’hôtel fait même fonctionner ses fontaines à circuit fermé et alimente ses célèbres canaux d’une eau non-potable filtrée sur place.

Coup de poker sur l’énergie

Ce n’est une surprise pour personne : Las Vegas consomme beaucoup d’énergie. Elle est même la 5ème ville américaine la plus gourmande en électricité, alors qu’elle n’est que 28ème en termes de population ! Pourtant, elle est aussi l’une des rares à réussir l’exploit de s’alimenter à 100 % en énergies renouvelables, et ce, depuis 2016. Cette date correspond au lancement du parc solaire Boulder Solar, qui alimente les 150 immeubles de la ville, ses éclairages publics et toutes ses infrastructures.

Jackpot pour les amoureux de la nature

Loin des néons colorés, Las Vegas est la porte d’entrée sur des paysages naturels spectaculaires. Outre les trois parcs nationaux du Nevada, elle ouvre la voie à certains autres de Californie, de l’Utah et de l’Arizona. Le Death Valley National Park est ainsi bien plus californien que névadain. Étendu sur 13 600 km2, il est le plus grand parc national américain, si l’on exclut l’Alaska. Même si cela peut paraître contre-intuitif en raison de son climat, le parc a un intérêt botanique particulier, puisqu’il abrite au moins un millier d’espèces de plantes, dont 23 endémiques. Parmi elles, la Mimulus rupicola ne s’épanouit de ses superbes fleurs banches violacées qu’entre les frontières du parc.

Si l’on connaît bien le Grand Canyon National Park pour son intérêt géologique, son intérêt faunique fait couler moins d’encre. Pourtant, il représente une réserve ornithologique d’autant plus cruciale qu’il compte quelques individus de Condors de Californie (Gymnogyps californianus), un charognard en danger critique d’extinction. Autrefois abondant dans le ciel nord-américain, sa population a été décimée par les insecticides et la pollution au plomb, au point qu’il n’en restait que 27 à la fin des années 1980. Ces rares survivants furent tous capturés et confiés à des zoos, pour éviter l’extinction de l’espèce. Les oiseaux à la tête déplumée ont été réintroduits dans le Grand Canyon en 1996, et l’État compte aujourd’hui 60 individus.

Le Bryce Canyon National Park abrite quant à lui un autre trésor : les hoodoos. Ces formations géologiques, parfois appelées cheminées de fées, sont le résultat d’une lente érosion des roches sédimentaires, extrêmement friables, qui ont formé des murs. Ils ont fini par se perforer en leur point le plus faible, formant des arches, qui se sont elles-mêmes effondrées pour créer ces colonnes et ce paysage lunaire.

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