Découvrez le Panama : Géographie

Le Panamá est un petit bout de terre (un septième de la France) coincé entre deux océans et qui réunit le nord et le sud du continent américain. Cet isthme de 725 km de long se présente sous une forme plutôt horizontale, d'est en ouest, au beau milieu d’un continent plutôt allongé verticalement (nord-sud). Attention donc à ne pas s'embrouiller avec les points cardinaux ! Ainsi, le Canal de Panamá joint l'Atlantique au Pacifique en 80 km, du nord au sud, et non d'est en ouest, comme on pourrait le penser au premier abord. Le pays partage ses frontières avec le Costa Rica, à l’ouest, et la Colombie, à l’est. La partie la plus large mesure 190 km, la plus étroite à peine 51 km dans la partie orientale du pays. Dans la région du Canal ou dans le Chiriquí, il est ainsi possible de se baigner le matin dans le Pacifique et l’après-midi dans les Caraïbes, ou l'inverse, avec pourquoi pas un petit bain dans une rivière au beau milieu !

La rencontre de deux continents

Il y a quelques millions d’années (entre 3 et 13 millions selon les datations des scientifiques), une terre a émergé des flots pour relier deux continents. Il a du même coup fermé la communication existant entre les océans Atlantique et Pacifique qui étaient reliés par un bras de mer. L'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud sont en effet issues de deux masses continentales différentes, qui se sont éloignées puis rapprochées par le jeu de la tectonique de plaques, avant d’atteindre leurs positions actuelles. Selon la théorie de Wegener (1912), il y a 280 millions d’années, l’ensemble des terres émergées de la planète formait un continent unique appelé Pangée. La Pangée commença à se fractionner il y a 220 millions d’années en deux grands blocs. Au sud, le Gondwana regroupait les actuelles Amérique du Sud, Afrique, Inde, Antarctique et Australie. Au nord, la Laurasie se composait des actuelles Amérique du Nord, Europe et Asie (sans l’Inde). Le Gondwana et la Laurasie se morcelèrent à leur tour, et les futures Amérique du Nord et Amérique du Sud dérivèrent seules jusqu’à se rapprocher de nouveau pour n’être séparées que par un archipel d’îles volcaniques. Avec le temps, la poussée des plaques et l’accumulation de lave et de sédiments finirent par réunir les îles et former l’isthme du Panamá que l'on connaît aujourd'hui. Cette terre sortie des eaux a alors formé un véritable pont biologique pour les espèces animales et végétales des deux continents tout juste reliés, ce qui explique la grande biodiversité de la région située entre la Colombie et le sud du Mexique. La séparation des mers va également provoquer la création d’un nouveau courant marin, le Gulf Stream, et des changements climatiques au niveau mondial. Le Biomuseo de Panamá City est la meilleure entrée en matière pour comprendre tous les bouleversements provoqués par l’apparition de l’isthme, sur les courants, les vents, le climat et l’évolution de la biodiversité dans la région.

Cordillères tropicales

L'essentiel du territoire (87 %) se trouve à moins de 700 m d’altitude, mais les montagnes traversent l’isthme sur presque toute sa longueur. Ces cordillères séparent les régions caraïbe et pacifique et structurent le pays pour lui donner cette forme particulière de « S » allongé. Le relief est plus marqué à l’ouest, dans la région du Chiriquí, frontalière avec le Costa Rica. La Cordillera de Talamanca qui arrive du pays voisin s’y élève à une hauteur moyenne de 1500 m d'altitude et dépasse à quatre reprises les 3000 m. Le volcan Barú (3 475 m) est le point culminant du pays. Depuis son sommet et par temps dégagé, on peut distinguer à la fois le Pacifique, au sud, et la mer des Caraïbes, au nord ! On s'y rend depuis Boquete ou Volcán, une randonnée exigeante, à faire de nuit pour espérer arriver au petit matin avant que le ciel ne se couvre. Mais le volcan Barú n'est pas le seul endroit où l'on peut apercevoir les deux océans par beau temps, c'est possible également du côté d'El Valle (Cerro Gaital, 1185 m) et dans les hauteurs du parc national Omar Torrijos. La cordillère se poursuit ensuite vers l’est, perdant de l’altitude progressivement, jusqu’aux environs du lac Gatún. C’est dans cette région de plaines et de collines au centre du pays que l’homme a décidé de creuser un canal. A l'est du Canal, le relief s’élève à nouveau, avec deux axes montagneux qui suivent les côtes. Au nord, se trouve la Serranía de San Blas qui sépare la province de Panamá et la comarca de Guna Yala. Cette petite cordillère prend ensuite le nom de Serranía del Darién. Elle vient marquer la frontière entre le Panamá et la Colombie. Cette région recouverte par la jungle abrite l’une des plus grandes biodiversités au monde. Le bouchon du Darién, cette zone tampon, où la route panaméricaine s'arrête face à un fleuve (à Yaviza), avant de ne reprendre que 100 km plus loin (à vol d'oiseau) en Colombie, est protégée par deux parcs nationaux limitrophes : le Parque Nacional Darién, au Panamá, le plus grand parc national d'Amérique centrale (575 000 ha), et le Parque Nacional de Los Katíos, en Colombie. L’altitude moyenne de cette cordillère est d’environ 500 m, son point culminant est le Cerro Tacarcuna (1875 m). Plus au sud, les chaînes de Bagre, Majé, Pirre et Sapo dominent le Pacifique, avec une altitude moyenne comprise entre 600 et 800 m. Pour revenir dans le centre du pays, la péninsule d’Azuero qui s’avance dans le Pacifique, présente elle aussi quelques pointes volcaniques, comme le Cerro Hoya (1559 m), dans le parc national du même nom, une région très sauvage et peu visitée.

Que d'eau !

De ces cordillères qui séparent le pays en deux versants, pacifique et caraïbe, naissent pas moins de 500 cours d’eau. 350 se déversent dans l’océan Pacifique et 150 dans la mer des Caraïbes. Les principaux fleuves navigables (en petites embarcations) sont le Tuira, le Chucunaque et le Bayano (ou Chepo), tous situés dans la région du Darién. Ces ríos sont parfois les seules voies de communication pour atteindre des villages non desservis par la route ou les airs. On peut aussi y pratiquer le kayak et le rafting via des agences, comme dans les rapides autour de Boquete. Quant aux lacs, c'est toujours dans la région orientale que l'on trouve les trois plus grands du pays, tous créés par l’homme. Le plus étendu est le lac Gatún (Lago Gatún) d’une superficie de 423 km². Ce lac a longtemps été le plus grand lac artificiel au monde. Il fut créé pour éviter d’avoir à creuser le canal de Panamá sur toute sa longueur (une économie de 32 km sur 80). Les bateaux qui traversent le canal y accèdent via plusieurs jeux d'écluses, le lac se situant à 26 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le second lac du pays est le Lago Bayano formé en 1976 après la construction d’un barrage sur le fleuve du même nom. Enfin, le lac Alajuela a été créé en 1935, suite à la construction d’un barrage sur le río Chagres, pour constituer un grand réservoir pour alimenter le Canal de Panamá en eau douce. Il se trouve au sud-ouest du lac. Ce lac est encore souvent appelé lac Madden, son nom d’origine, quand la Zone du Canal se trouvait sous administration américaine. Il a été rebaptisé quand le canal est repassé sous la souveraineté panaméenne à la fin du siècle dernier.

Des îles sauvages

Le Panamá possède près de 3 000 km de côtes, rocheuses, sableuses ou de mangroves. 1 288 km baignent dans les eaux chaudes de la mer des Caraïbes (ou mer des Antilles) et 1 700 km reçoivent les rouleaux puissants de l’océan Pacifique. Les marées sont plus importantes du côté pacifique que du côté caraïbe, où les eaux littorales sont plus profondes et les plages plus étroites. Il y a également plus de vagues côté pacifique, où presque tous les meilleurs spots du pays attendent les surfeurs (El PalmarSanta CatalinaPlaya MorrilloPunta Burica...), même si les îles de l'archipel de Bocas de Toro, ou Isla Grande dans la province de Colón, réservent de belles sessions. Le pays possède également plus de 1 500 îles. De grandes îles sauvages côté pacifique et des îles plus petites, mais plus peuplées en général, côté atlantique. Côté atlantique ou Caraïbes, on trouve deux magnifiques archipels non loin des côtes : Bocas del Toro et San Blas, ce dernier territoire autonome des Indiens gunas. Côté pacifique, l’archipel des Perles (Isla ContadoraIsla SabogaIsla San José) est un petit paradis apprécié des pêcheurs, tout comme Isla Cébaco, ou encore les îles de rêve du golfe de Chiriquí (Isla Boca BravaIsla Parida...). Isla Coiba est la plus grande île du pays (493 km²). Celle qui hébergeait encore en 2004 une prison de haute sécurité est un véritable sanctuaire pour la faune terrestre et marine, un haut lieu de la plongée au Panamá.

L'occupation humaine

La population panaméenne est surtout installée sur les littoraux, alors que dans les autres pays d’Amérique centrale, les gens vivent plutôt dans les vallées montagneuses ou sur les plateaux. Panamá City est d’ailleurs l’une des rares capitales du continent (avec Lima) situées sur le littoral pacifique. C'est également sur cette côte pacifique que se trouvent les principales villes du pays, en raison d'un climat moins pluvieux que côté Caraïbes et de la présence de nombreux golfes et baies favorables à l'installation d'activités humaines. Le taux d’urbanisation est élevé, avec environ 75 % de la population vivant en zone urbaine, avec une moyenne de 46 habitants/km². La moitié des 4,2 millions d’habitants se concentrent aux abords du Canal, dont plus d’un million à Panamá City et dans sa région métropolitaine. A l’opposé, la province de Darién, dans l’est du pays, tout comme l’essentiel de la façade atlantique, sont très peu peuplés. Sur le plan de l'organisation territoriale, le Panamá est divisé en dix provinces administratives (provincias) : Bocas del Toro, Chiriquí, Coclé, Colón, Darién, Herrera, Los Santos, Veraguas, Panamá et Panamá oeste, la petite dernière créée en 2014. Vu la taille du pays, vous en visiterez sans doute au moins trois ou quatre lors d'un séjour. Chacune de ces provinces est dirigée par un gouverneur (gobernador) nommé par le président de la République. Ces provinces sont divisées en districts (distritos), au nombre de 81, eux-mêmes composés de corregimientos, la plus petite entité administrative (il y en a plus de 700). Parallèlement à cette division administrative traditionnelle, le Panamá possède des territoires autonomes indigènes, dénommés comarcas indigenas. Les comarcas sont gérées directement par les communautés amérindiennes. Il y en a six à travers le pays, dans les régions avec une population indigène importante. La première et la plus connue est Guna Yala (Terre Guna), située sur la côte nord-est du pays. Elle se juxtapose à la province administrative de San Blas. Trois autres comarcas se trouvent dans la province du Darién et dans l'ouest de la province de Panamá : Emberá-Wounaan, Guna Wargandí et Guna Madugandi. La comarca Ngäbe-Buglé, la plus grande, est à cheval sur trois provinces : Bocas del Toro, Chiriquí et Veraguas. Enfin, la comarca Naso Tjër Di a été créée en décembre 2020, suite à un long combat politique mené par la communauté Naso, qui était le dernier peuple ancestral du Panamá n'ayant pas de territoire propre. La comarca occupe l'est de la province de Bocas del Toro, et se trouve au cœur du parc international La Amistad.

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