Potosí était l'une des villes les plus influentes au monde, à l'époque des Conquistadores. Le Cerro Rico ou la montagne riche au pied de laquelle s'est construite la ville était une mine d'argent extraordinaire avec des filons d'argent quasi pur de 1 à 2 mètres d'épaisseur. Après le XIXe siècle, l'argent se fait rare. La ville entame alors son déclin économique, mais la mine reste l'activité principale de la région et il est possible d'aller dans les mines pour vraiment se rendre compte de ce qu'est une mine et des conditions de travail difficiles des mineurs.

Les mineurs se sont alors regroupés en coopératives

Chaque coopérative est en charge d'un boyau de la mine et ils doivent reverser 25 % de leur bénéfice au propriétaire. Leurs salaires dépendent des rendements avec des conditions de travail très difficiles et de nombreux accidents. Si certains filons ont permis d'avoir des installations mécanisées, la plupart sont plus rustiques avec des chariots pesant plusieurs tonnes poussés à la main et des pelles pour les remplir. Il peut aussi faire très chaud à l'intérieur de la mine, si on ajoute à cela la poussière et l'altitude, les conditions respiratoires ne sont pas optimales même si de longs tuyaux servent à amener de l'oxygène. L'espérance de vie est tristement de 40 à 45 ans.

Avant d'entrer dans la mine, il faut aller au marché des mineurs

Des agences locales travaillent en partenariat avec les coopératives de mineurs et permettent aux touristes d'aller à leur rencontre. L'idée n'est pas d'aller faire des selfies, mais de se rendre compte et contribuer à leur revenu. En effet, une partie du prix de la visite est reversée aux mineurs et des achats sont faits pour eux sur le marché. Ils s'y rendent eux-mêmes tous les jours pour s'acheter de l'alcool pur et des feuilles de coca pour tenir le coup, mais aussi casque, lampe ou masque pour se protéger.

Il y a des parcours " aventure " ou plus tranquilles.

Protégés de la poussière et de la boue, c'est le moment de partir à l'assaut du Cerro Rico. À l'entrée de la mine, des mineurs sortent des chariots pesant plusieurs tonnes, d'autres trient les roches. La différence de parcours est liée à l'accessibilité. Les galeries principales sont assez larges, mais il faut se pousser régulièrement pour laisser passer les chariots ; en s'enfonçant un peu plus, il faut être attentif et atteindre des petites cavités pour s'y glisser pour ne pas contraindre un mineur à s'arrêter. Le parcours " aventure " va sur des galeries plus difficiles d'accès avec des échelles en bois pour changer de niveau. C'est assez étroit et il ne faut pas être claustrophobe. Entre les pieds dans l'eau boueuse, l'oeil attentif au tuyau d'oxygène, la poussière, cela peut finir par être éprouvant, mais vraiment instructif.

La rencontre avec le diable

L'échange avec les mineurs est limité, mais se fait un peu grâce au guide. Il y a les histoires de mineurs qui sont là pour égayer la visite et bien sûr la découverte des croyances locales. Si le Cerro Rico est associé à la Pacha Mama, la mère nourricière, celle-ci contient au fin fond de ses galeries le diable qui est aussi vénéré et qui fait l'objet d'offrandes. C'est au fin fond d'une galerie qu'on le découvre avant de ressortir un peu sonné et plein d'émotions, content d'aborder aussi la Bolivie sous des angles moins touristiques et en dehors des sentiers battus. 

 

Une très bien belle expérience à retrouver avec Stéphan SZEREMETA en podcast sur Bel RTL.