Le lac Titicata est le plus grand réservoir d'eau douce du pays © chiakto - Shutterstock.com.jpg

Parcs nationaux

La Bolivie possède des réserves naturelles et des parcs nationaux, dont la superficie totale représente environ 18 % de son territoire. Ces aires protégées ont pour vocation la préservation d’écosystèmes extrêmement variés, mais elles manquent souvent de moyens et sont pour certaines menacées par des projets d'exploitation minière, hydrographique ou pétrolière. On trouve aujourd’hui plusieurs projets collaboratifs réalisés par les populations locales, visant le développement d'activités respectueuses de la biodiversité et des cultures autochtones (écotourisme). En planifiant votre voyage, tentez de faire appel à ces associations touristiques qui visent souvent à assurer l’autofinancement des parcs naturels.

Parc national Noel Kempff Mercado : situé dans le département de Santa Cruz, inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, il protège une mosaïque de milieux naturels, dont savanes, zones humides, forêts sèches et humides, associée à une exceptionnelle biodiversité.

Parc national Otuquis : situé dans le département de Santa Cruz, aux confins du Brésil et du Paraguay, il protège les écosystèmes du Pantanal, un ensemble exceptionnel de zones humides, véritable réservoir de biodiversité et élément régulateur des cycles liés à l'eau.

Territoire indigène et Parc national Isiboro-Sécure (TIPNIS) : situé dans les départements de Beni et de Cochabamba, le TIPNIS abrite une grande diversité de milieux, des Andes jusqu'en bordure de la forêt amazonienne, et des populations autochtones. En 2011, sous l’impulsion du président Evo Morales, un projet d'infrastructure routière devant traverser ce territoire fut présenté. Bien sûr, il rencontra une très vive opposition des populations autochtones et des écologistes, du fait qu’il diviserait la jungle en deux et qu’il délogerait plusieurs ethnies, majoritairement les Yuracarés et les Chimanes. Álvaro Marcelo García Linera, alors vice-président de l'Etat plurinational de Bolivie, tenta maladroitement de calmer les tensions en soulignant que cette route ne ferait qu’améliorer les conditions de vie des habitants de la région en leur assurant un meilleur accès aux soins de santé, à l’éducation et à l’emploi. Plusieurs mois de protestation dont une marche jusqu'à La Paz initiée en 2011 par des communautés autochtones avait clos une première fois le projet et abouti sur une loi d’intangibilité du TIPNIS. En 2017, une nouvelle loi revient sur ce caractère d'intangibilité et le projet est relancé. Saisi en 2017, le Tribunal international des droits de la nature a rendu un verdict en 2019 demandant l'arrêt des travaux qui ont tout de même débuté. Derrière ce discours se cachait une intention évidente, celle de décupler les exportations de matières premières vers l’Asie tout en donnant à l’Orient, un accès aux Andes puis au Pacifique. A noter que ce chemin justifierait parallèlement l’exploitation effrénée d’hydrocarbures pour le Brésil tout en permettant aux producteurs de coca d’accéder à de nouveaux territoires de production, ce qui engendrerait une déforestation massive qui diminuerait l'infiltration de l'eau tout en augmentant l'érosion du sol. Ce discours contradictoire démontre sans conteste l’existence simultanée de deux modèles contraires : un ensemble d'idées alternatives au « développement », et le néo-extractivisme.

Les défis de l'agriculture

Le changement d'usage des sols est une préoccupation majeure en Bolivie puisqu’il représente près de 80 % des émissions globales du pays. En 2021, la Bolivie était le troisième pays ayant perdu le plus de forêts après le Brésil et la République démocratique du Congo. L’une des causes principales de ce phénomène est la pratique intensive de monocultures d’exportation (notamment de soja et de quinoa). En plus d’induire une déforestation massive (la Bolivie a perdu 32 000 km² – une superficie plus grande que la Belgique – de forêt primaire humide entre 2002 et 2020, selon les estimations de Global Forest Watch), cette méthode entraîne simultanément la construction de barrages pour l'irrigation et l'usage abusif de pesticides, qui sont à l'origine de la dégradation des milieux naturels et de l'érosion de la biodiversité. Ces monocultures se développent d’ailleurs au détriment des cultures vivrières, et les Boliviens en arrivent parfois à devoir importer le quinoa nécessaire à leur propre alimentation. La culture de soja, initiée par les colonies mennonites dans les années 1950, représente aujourd’hui la principale ressource agricole exportable du pays (80 % de son soja est exporté). Pour vous donner une idée de sa croissance fulgurante, depuis les années 2000, les profits engendrés par ses ventes sont passés de 300 millions à plus de 1 100 millions de dollars. Les conséquences environnementales causées par cette monoculture intensive se traduisent par une déforestation et une dégradation des forêts, par un appauvrissement des sols, par une diminution des rendements agricoles et, évidemment, par la disparition d’écosystèmes et de leur biodiversité.

Pollution des eaux et fonte des glaciers

Les activités industrielles (activités minières et métallurgiques) ont pour conséquence la contamination de l'air, des eaux et des sols. La présence de stockage à l'air libre de déchets miniers, sous forme de terrils, contribue à disséminer les pollutions métalliques jusque dans les cours d'eau et les lacs. La situation du lac Titicaca, plus grand réservoir d'eau douce du continent sud-américain, est également préoccupante, puisque celui-ci est aujourd’hui contaminé à la fois par les rejets d'eau industriels et domestiques. Qui plus est, vers la fin de l'année 2015, le deuxième plus grand lac de Bolivie, le lac Poopó, qui s'étendait sur environ 3 000 km², qui accueillait plus de 200 espèces d'animaux et qui servait de foyer à des communautés depuis des milliers d'années, s'évapora complètement. Cette grande nappe d'eau douce qui couvrait autrefois une superficie supérieure à celle du Luxembourg, se rapproche aujourd'hui davantage à un désert qu'à un lac.

De plus, le niveau d’eau dans les barrages baisse de manière préoccupante. Les réserves d'eau renouvelables par habitant ont diminué de 65 % environ au courant des cinquante dernières années, selon la plateforme de statistiques Worldometers. Le réchauffement en cours a également pour conséquence la fonte des glaciers andins et l'aggravation des périodes de sécheresse, qui font planer le spectre de la pénurie d'eau et de l'insécurité alimentaire. En novembre 2016, La Paz se retrouva privée de services d’eau potable pendant plusieurs semaines suite à une mauvaise communication entre institutions. Du jour au lendemain, ses habitants furent contraints de rationner leurs réserves d’eau potable. Bien sûr, la fonte des glaciers était l’une des causes principales de cette crise (il faut savoir qu’il y a seulement quelques années, les Paceños skiaient encore sur le glacier du Chacaltaya, aux portes de La Paz…).

Des ambivalences face aux questions écologiques

Face aux défis écologiques du pays, la Bolivie a répondu par des actions ambivalentes, notamment pendant la présidence du président Evo Morales (2006-2019). En 2010, à la suite de l'échec partiel de la conférence de Copenhague sur le climat, le président bolivien prend l'initiative d'un mouvement alternatif et initie la Conférence mondiale des peuples contre le changement climatique, dans la ville de Cochabamba, célèbre pour avoir gagné le combat contre la privation de son eau en 2000. La Constitution bolivienne reconnaît le concept de « Pachamama » ou Terre-Mère, considéré comme l'ensemble du vivant interrelié et dynamique (dont nous faisons partie). La loi sur les droits de la Terre-Mère de 2010 consacre la protection de la « Pachamama », et impose des droits et obligations à l’État. Or, l’État, sous la même présidence, a aussi encouragé le développement de monocultures de coca associées à des projets hydroélectriques dans des zones protégées, au mépris de la forêt et des peuples autochtones. Ainsi une loi de 2016 autorise-t-elle une plus grande surface de déboisement pour les activités agricoles, et la loi sur la coca de 2017 agrandit quant à elle la superficie autorisée pour la culture de coca. Cette culture génère l'utilisation de pesticides et contribue à l'épuisement des sols et à l'érosion de la biodiversité (baisse importante des populations d'abeille constatée), sans compter les besoins en eau, et les usages illicites lorsque la coca est transformée en drogue, un processus qui nécessite l'utilisation de produits chimiques, avec des impacts sanitaires et sociaux tout au long de la filière. La gestion de la crise liée aux incendies de l'été 2019 qui ont ravagé près d'un million d'hectares de forêt dans le Pantanal bolivien fut elle aussi vivement critiquée par toute une partie de la population.

L'une des questions actuelles en matière d’environnement est celle de l'exploitation du lithium du Salar d'Uyuni, vaste désert de sel, habitat pour certaines espèces d'oiseaux et haut lieu touristique du pays. Le lithium bolivien, qui représenterait aujourd'hui 65 % des gisements mondiaux, est un métal que l'on utilise notamment pour la fabrication des smartphones, ordinateurs portables, batteries de vélo ou de voitures électriques. L'exploitation du lithium du Salar d'Uyuni, qui a débuté, pourrait avoir pour conséquence un épuisement de la ressource en eau nécessaire aux communautés locales et autres espèces vivantes, par le pompage des nappes phréatiques. Parallèlement l'insuffisance des sensibilisations de la population à l'environnement n'aide pas à l'action en matière de gestion de l'eau et de lutte contre le changement climatique, dans un pays où l'eau vient de plus en plus à manquer, tant en milieu rural qu'urbain. Des pénuries d'eau à La Paz ont notamment conduit à des rationnements ces dernières années.