Découvrez la Jordanie : Société (vie sociale)

La société jordanienne est traversée d’influences remontant aux temps du nomadisme mêlées de préceptes religieux musulmans. Il en résulte un sens de l’hospitalité, une générosité et une tolérance à l’égard des visiteurs des plus sincères. La société n’en est pas moins écartelée entre mode de vie à l’occidentale très prégnant à Amman et respect des traditions ancestrales bien visible dans les campagnes. Si les femmes jouissent en théorie de plus de droits et de liberté que dans les pays arabes voisins, elles ne sont que 15 % à travailler et subissent pour beaucoup une organisation patriarcale. Elles sont soumises à l’autorité d’un tuteur masculin toute leur vie. Aux hommes le devoir de subvenir aux besoins de leur famille, aux femmes l’entretien de la maison et l’éducation des enfants. Garçons et filles profitent de la gratuité de l’éducation jusqu’à la fin du secondaire et de l’obligation de la scolarisation jusqu’à 15 ans. 

Une tradition d’accueil et de tolérance

La gentillesse de la population est sa carte de visite, toujours prête à accueillir et à rendre service. Ici, l’hospitalité arabe n’est pas un vain mot et n’a pas été gâchée par le tourisme de masse. Autrefois, chez les Bédouins, lorsqu’un étranger arrivait dans une tribu, on l’accueillait sans lui poser de questions ; on lui offrait le gîte et le couvert. Cette tradition d’accueil et de générosité, ancrée dans les mentalités, perdure encore aujourd’hui, même dans les villes, et fait la fierté du peuple jordanien. L’importance de la famille fait aussi partie des modes de vie ancestraux et traverse toutes les couches de la société. La solidarité familiale est bien évidemment le noyau central de la cellule. C’est la raison pour laquelle les grands-parents vivent souvent avec leurs enfants et petits-enfants, entassés dans la même habitation.

Le clan bédouin est basé sur un système patriarcal strict : le cheikh (« ancien ») est le chef traditionnel d’un clan ou d’une tribu. Il se doit de perpétuer les traditions et les règles du clan. Chaque communauté possède son code de conduite propre et chaque membre se doit de le respecter. C’est d’ailleurs en partie de cette tradition de respect des anciens et du chef de clan que découle le grand respect qu’ont les Jordaniens pour le roi et la famille royale.

L’influence de l’islam

Si les Jordaniens sont tolérants et pratiquent, pour l’immense majorité, un islam modéré, la religion fait partie intégrante de la vie quotidienne et influence fortement les mentalités. Cela se remarque jusque dans le langage où le fameux « inch’Allah ! » ponctue bien des phrases et exprime le fatalisme oriental selon lequel tout ce qui arrive est l’expression de la volonté de Dieu. Aujourd’hui, la Jordanie est une nation suspendue entre traditions séculaires et modernité. Comme dans tous les pays en développement, le luxe ostentatoire contraste avec la pauvreté la plus extrême. Mais la charité est très développée, fondée sur des principes religieux très forts, notamment au moment du ramadan et des principales fêtes religieuses, où les plus fortunés distribuent nourriture et vêtements aux plus démunis. A côté de cela, de nombreuses familles, particulièrement en zones rurales, sont très traditionalistes. Beaucoup conservent dans leurs maisons des pièces séparées pour les hommes et les femmes. Une femme occidentale aura généralement la chance de pouvoir saluer les femmes avant d’être admise chez les hommes, en tant qu’hôte de marque. Elle verra ainsi les deux côtés de la vie familiale. La majorité des femmes jordaniennes ne fréquentent, en dehors du cercle familial proche, que d’autres femmes. Les hommes, quant à eux, mènent une vie sociale entre travail et détente dans les cafés à fumer le narguilé, boire le thé ou jouer aux dominos.

Une société à deux vitesses

Il existe une différence très prononcée entre la jeunesse d’Amman, très occidentalisée, et le reste de la population du pays, encore très conservatrice, particulièrement dans les campagnes. Même dans la capitale, entre les quartiers aisés d’Abdoun ou Shmeisani et ceux de la vieille ville, populaires et traditionnels, ou encore les camps de réfugiés palestiniens de la périphérie, la différence est flagrante. Ainsi, les jeunes des classes moyennes et de la bourgeoisie parlent anglais, font leur shopping dans des centres commerciaux modernes, vont au cinéma, se retrouvent dans des cafés branchés à la clientèle mixte, surfent sur Internet… Un mode de vie qui n’a plus rien à voir avec celui des Bédouins.

Chacun porte sur soi le milieu auquel il appartient, et s’y tient avec fierté. Il n’y a pas de honte intrinsèque liée à un métier, mais il n’est pas rare de sentir le mépris pour les classes populaires dans les couches les plus aisées de la population.

Le mariage

Les relations entre hommes et femmes hors mariage sont proscrites et les femmes s’exposent à des peines de prison pour avoir désobéi à leur tuteur si celles-ci sont avérées. Les mariages arrangés, ainsi que ceux entre cousins germains, restent fréquents, même si on ira rarement jusqu’à forcer une union dont un des « promis » ne veut vraiment pas. Pour obtenir l’aval des deux familles, la fiancée doit apporter une dot et le mobilier de la maison, tandis que le fiancé est responsable du logement. Dans le meilleur des mondes ; en effet, beaucoup de couples peu argentés se retrouvent condamnés à rester fiancés pendant dix ou quinze ans, le temps d’amasser un pécule suffisant. En attendant, les rencontres se font dans les lieux publics, parfois en présence d’un chaperon. La polygamie est toujours légale et un homme peut épouser jusqu’à 4 femmes. Dans les faits, la situation est rarissime, car l’homme doit pourvoir une maison à chacune de ses épouses et être en mesure d’élever sa progéniture. 

L’âge du consentement au mariage, qui était autrefois de 16 ans pour les hommes et 15 ans pour les femmes, est passé à 18 ans pour les deux sexes en 2018. Les tribunaux islamiques, qui ont la responsabilité de l’application du droit des personnes, ont cependant encore la possibilité d’approuver des unions entre des personnes plus jeunes. Les divorces sont de plus en plus courants dans le pays – le phénomène a peut-être été encouragé par le roi Hussein, qui lui-même divorça deux fois – et, depuis 2002, une loi provisoire permet aux femmes de demander le divorce à condition de renoncer à toute compensation financière. Le nombre de divorces est passé de 1 000 environ en 2011 à 22 000 en 2016. On constate cependant que les tribunaux islamiques (compétents pour les mariages, divorces et héritages) accordent plus difficilement le divorce aux femmes qu’aux hommes. De plus, le divorce est encore très mal accepté socialement. Les violences conjugales (et les crimes d’honneur) sont aussi un problème important en Jordanie, malgré une réelle volonté politique de lutter contre ces phénomènes. Une loi ciblant cette violence a été adoptée. Le gouvernement a ouvert un foyer d’accueil pour les femmes et enfants victimes de violence en 2018. Dar Amneh, qui signifie « Maison Sûre », vise à mettre fin au placement en détention provisoire protectrice. Jusque-là, les femmes victimes de violences conjugales en grand danger étaient placées en maison d’arrêt, sans qu’aucune charge ne soit retenue contre elles, et pour une durée indéfinie. Seul le gouverneur de la province avait le pouvoir de mettre fin à cette rétention administrative. Le gouvernement forme aussi les prêcheurs des mosquées au problème de la violence domestique. Le viol conjugal n’est quant à lui toujours pas reconnu.

Education et jeunesse

La Jordanie a beaucoup progressé sur le plan de l’éducation ces dernières années, ce qui est essentiel pour un pays où plus d’un tiers de la population a moins de 15 ans. L’école est obligatoire jusqu’à l’âge de 15 ans, et plus de 95 % des enfants fréquentent effectivement les écoles jusqu’à cet âge. La majorité suit les cours dans les écoles publiques, où la dispense de l’éducation est gratuite en primaire et secondaire. Mais les établissements privés sont de plus en plus nombreux, à Amman notamment. On estime que 39 % des élèves suivent aujourd’hui des cours dans l’enseignement supérieur, payant. En 2015, les femmes représentaient plus de 60 % des élèves des instituts supérieurs et plus de 40 % des élèves des universités. Le pays compte une vingtaine d’universités, publiques et privées. Parmi les plus importantes, l’université de Jordanie (1962) est située à Amman tandis que celle de Yarmouk (1976) est située à Irbid. L’informatique, les nouvelles technologies y sont largement enseignées afin d’ouvrir la jeunesse jordanienne au monde moderne et rendre le pays plus compétitif. Le pays compte également plusieurs établissements d’enseignement supérieur spécialisés. L’alphabétisation de la population âgée de plus de 15 ans est estimée à 98,2 %.

La place de la femme dans la société

Les femmes jordaniennes disposent de plus de droits et de libertés que celles des pays voisins : elles ont accès à l’instruction (le nombre de filles et de garçons dans les établissements primaires et secondaires est pratiquement identique), peuvent voter (depuis 1967, bien qu’elles n’aient pu exercer leur droit qu’en 1989), peuvent conduire et travailler, voire même occuper des postes importants dans les affaires et la politique. Mais cela ne concerne qu’un faible pourcentage de la population féminine. La chambre basse du Parlement ne compte par exemple que 20 femmes sur un total de 130 sièges. Cette liberté apparente est due en grande partie au soutien apporté par la famille royale à la cause féministe, en particulier par les princesses Noor, Basma et Rania. L’attitude générale envers les femmes demeure assez conservatrice, même si cela dépend grandement du milieu social dans lequel elles se trouvent. Il suffit de se promener dans les rues d’Amman ou plus encore dans les villages pour s’apercevoir que les femmes sont bien moins présentes que les hommes dans l’espace public, alors que le ratio homme / femme est légèrement en faveur des femmes. La société jordanienne est toujours basée sur un modèle patriarcal. Si des mesures offrant plus de protection et de droits aux femmes ont récemment été adoptées (notamment afin de tenter d’éradiquer la violence à l’encontre des femmes), les inégalités demeurent flagrantes. Ainsi, une femme héritera de seulement la moitié de la somme que reçoivent ses frères (et c’est un progrès, puisqu’il n’y a pas si longtemps, elle aurait reçu seulement un huitième !).

Le pourcentage de femmes qui travaillent reste très faible en Jordanie. Il s’élève à environ 15 %, ce qui est le 4e taux le plus bas au monde ! En d’autres termes, 85 % des femmes sont sans emploi et n’en cherchent pas. La crise économique que subit le pays a pourtant forcé un certain nombre d’entre elles à occuper un emploi afin de participer aux revenus du ménage. Cependant, de plus en plus de femmes dans les milieux aisés, ayant fait des études, s’émancipent. D’un autre côté, c’est cette même crise économique qui accroît le fondamentalisme religieux et fait resurgir, dans les rues, des femmes au visage entièrement voilé de noir. Si certaines le font pour des raisons de conviction, beaucoup ne font qu’obéir à leur tuteur légal. La très grande majorité des femmes jordaniennes portent le voile. Si à Amman, celui-ci peut parfois aller de pair avec un jean moulant, la plupart des femmes portent également un manteau, ou une tunique couvrante. Le voile intégral demeure quant à lui marginal. C’est dans les familles bédouines, dans les déserts, que la mise à l’écart de la femme est la plus ancrée. Les femmes de la haute société vivent quant à elles souvent d’une manière plus occidentale que traditionnelle.

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