Découvrez la Barbade : Population

À la croisée des routes commerciales qui traversent l'Atlantique, la Barbade est une terre de métissage. Depuis les premiers Autochtones venus d'Amérique du Sud sur leurs canoës, d'autres populations y ont accosté, de gré (des colons à la recherche de liberté et de fortune) ou de force (les esclaves arrachés à l'Afrique). C'est d'ailleurs l'esclavage qui va donner à la Barbade son visage démographique actuel. Aujourd'hui, la population de l'île s'élève à environ 285 000 habitants. On y trouve une majorité d'Afro-Barbadiens et de métis (environ 95 %), descendants des esclaves déportés d'Afrique. Les Européens et les descendants d'Européens représentent environ 4 % de la population, tandis que les Indiens et les Asiatiques de l'est constituent respectivement 1,3 % et 0,1 %. La présence d'autres groupes, tels que les Libanais et les Syriens, enrichit encore la diversité culturelle de l'île.

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La disparition des Autochtones

Les premiers habitants de la Barbade étaient des Amérindiens (Kalinagos et Taïnos) venus d'Amérique du Sud. Ce sont eux que les premiers Européens à arriver sur l'île rencontrèrent. Entre 1536 et 1550, les raids de marchands d'esclaves espagnols ravagent la population de Ichirouganaim (le nom autochtone de l'île) qui décide de fuir vers d'autres îles. Quand les Britanniques débarquent en 1627 pour prendre possession de l'île, elle est quasi inhabitée. De ce fait, il n'existe pas aujourd'hui de descendants des « premières nations » à la Barbade.

Les Afro-Barbadiens

L'immense majorité de la population barbadienne est noire (91 %) ou métisse (4 %). Suite au boom de la culture de la canne à sucre, les colons britanniques, à court de main d'œuvre, ont eu très vite massivement recours à l'esclavage. Un véritable commerce de la chair s'organise entre l'Europe, l'Afrique et le Nouveau Monde et des millions d'Africains, en grande majorité de l'ouest du continent (les actuels Ghana, Nigeria, Sierra Leone, etc.), sont arrachés à leurs familles et à leurs terres pour être vendus comme de la marchandise. En 1635, un premier code sur l'esclavage est mis en place et dès 1684, la population noire représente le double de la population blanche, une proportion qui ne fera que croître au fur et à mesure de l'accroissement naturel de la population, de l'importation de plus d'esclaves et de l'émigration de la population blanche vers d'autres îles ou vers l'Amérique du Nord. Après quasi 200 ans de maltraitance et de privation de liberté pour plusieurs générations, l'abolition de l'esclavage est déclarée et commence alors un long processus de décolonisation et de prise en main du destin de la Barbade par les Afro-Barbadiens (ou Afro-bajans).

Les Barbadiens blancs

Les Européens blancs forment la principale minorité de la Barbade. Certains sont des descendants des premiers colons anglais, écossais et irlandais, arrivés dès le XVIIe siècle, tandis que d'autres sont arrivés plus récemment. Parmi eux se trouvent des prisonniers déportés, dont de nombreux Irlandais sous le régime de Cromwell, ainsi que des travailleurs engagés (indentured servants). Ces derniers signaient un contrat pour travailler pendant sept ans en échange du paiement de leur voyage transatlantique et de l'obtention de terres ou d'un capital à la fin du contrat. Surnommés les « poor whites » (blancs pauvres) ou plus péjorativement « redlegs » (jambes rouges) en raison des coups de soleil reçus pendant le travail, ils étaient souvent défavorisés dans la société barbadienne et parfois alliés aux Afro-Barbadiens sur des griefs communs. En revanche, les colons devenus planteurs, marchands ou hommes d'affaires ont prospéré, formant l'élite politique et économique de l'île pendant trois siècles. Depuis l'indépendance de la Barbade en 1966, la plupart des Européens blancs ont émigré vers le Royaume-Uni, et le pouvoir politique est passé à la majorité noire.

La communauté indienne

La seconde minorité de la Barbade est celle issue du sous-continent indien. Les premiers à arriver sur l'île étaient des marchands de soie bengalis. Peu nombreux, ils finirent par épouser des Barbadiennes et par se fondre dans le melting-pot de l'île. Dans les années 1930, une nouvelle vague d'immigration indienne arrive via le Guyana. Des travailleurs engagés dans le secteur forestier, la plupart issus de l'État du Gujarat, s'établirent à la Barbade pour une vie meilleure. Nombre d'entre eux se lancèrent dans le commerce itinérant, voyageant de village en village et proposant leurs marchandises à une population qui ne pouvait se rendre en ville pour faire ses achats. Beaucoup travaillent encore aujourd'hui dans le secteur du commerce. Sur les quelque 3 000 Indo-Barbadiens, environ 2 000 sont issus du Gujarat et musulmans pour la plupart (ils constituent l'essentiel de la communauté musulmane de l'île).

Les autres minorités

Les autres groupes ethniques qu'on retrouve à la Barbade sont les Asiatiques de l'Est (principalement Chinois et Hongkongais) et des personnes issues du Proche-Orient (particulièrement des Syriens et des Libanais).

La communauté juive

Persécutés par l'Inquisition espagnole et portugaise, de nombreux Juifs sépharades fuient vers la Nouvelle-Hollande, la colonie brésilienne des Pays-Bas, autour de Recife. En 1654, lors de la conquête de la Nouvelle-Hollande par le Portugal, les Juifs sont contraints de se convertir ou de partir. Certains optent pour la Barbade et apportent avec eux la canne à sucre et toute l'expertise nécessaire à sa culture et à son traitement.

Méfiants face aux succès des nouveaux arrivants et à leur volonté de commercer avec les Hollandais, les Britanniques imposent des mesures discriminatoires le 23 octobre 1668. Les Juifs sont interdits de toute forme de commerce, privés du droit d'acheter des esclaves et contraints de vivre dans un ghetto à Bridgetown. Malgré cela, la communauté se développe et en 1679, près de 300 Juifs vivent à la Barbade.

L'essentiel de ces mesures est levé en 1702 et complètement aboli en 1802. Les années suivantes, la communauté continue de croître jusqu'en 1831, lorsque l'ouragan Louisiana dévaste l'île et son économie. La synagogue Nidhe Israel à Bridgetown, construite lors de l'arrivée des premiers Juifs, est détruite. Elle est reconstruite, mais la communauté séfarade continue de décliner, soit par émigration, soit par assimilation. En 1929, le dernier Juif séfarade quitte l'île.

Les prémices de la Seconde Guerre mondiale reconstituent la présence juive à la Barbade. Dès 1931, de nombreux juifs Ashkénazes venus d'Europe de l'Est, craignant la montée du nazisme, s'installent à la Barbade. La synagogue est rendue au culte en 1987 et un musée y est installé en 2008. Le quartier de la synagogue est d'ailleurs inscrit sur la liste du patrimoine inscrit à l'UNESCO.

Les langues

L'anglais est la langue officielle de la Barbade, celle de l'administration, de l'enseignement, de la communication et des services publics. Il s'agit plus précisément de l'anglais britannique, avec ses normes d'orthographe et de prononciation (sauf quelques différences mineures).
Néanmoins, dans la vie quotidienne, c'est le bajan qui prédomine. Ce dialecte créole est la langue parlée par la plupart des Barbadiens. Il est issu du mélange essentiellement de l'anglais et des langues africaines, et possède sa propre grammaire, son vocabulaire et sa prononciation.

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