Le Viêt Nam étonne par son dynamisme économique. Depuis 2000, la croissance, tirée par le commerce international et les investissements étrangers, y est particulièrement vigoureuse. Le pays se transforme à vue d'oeil. Les grandes tours, totems de la modernité, émergent et se multiplient dans les villes en pleine expansion. La classe moyenne se renforce de jour en jour, imposant de nouveaux modes de consommation. Les visiteurs étrangers affluent, toujours plus nombreux. La beauté des sites canoniques - la baie d'Along, Huê, l'ancienne capitale impériale, la vieille ville de Hôi An - n'est plus à vanter. Mais le Viêt Nam, c'est surtout une extraordinaire diversité, une sorte de poupée russe où d'autres mondes n'en finissent pas de se révéler à ceux que guident la curiosité et l'envie de découvrir.

 

Le marché de Bac Ha

Perché à 700 m d'altitude, à quelques heures de marche de la frontière chinoise, le bourg de Bac Ha est un avant-poste du Grand nord vietnamien. Le marché dominical est le point de convergence des nombreuses minorités ethniques habitant les hameaux isolés qui s'accrochent aux pentes des montagnes alentour. Partis avant le lever du soleil, les petits groupes ont cheminé le long de sentes abruptes et tortueuses, aussi chargés ou même plus que leurs petits chevaux de bât, qui de sacs de grains, qui d'un cochon noir enfermé dans une nasse de bambou tressé ou d'une énorme bonbonne d'alcool de riz suffisante pour enivrer plusieurs villages. Le lever du jour sur Bac Ha dévoile l'effervescence du marché, la variété des costumes qui identifient les minorités, les races exotiques des bêtes - chiens, chevaux, chèvres, buffles et volailles - caractéristiques du terroir et de conditions de vie particulièrement rudes, l'aspect essentiel et frugal des objets sommairement présentés à la vente - fers de pioche, socs de charrue, lampes électriques, piles. Les marchés, dans ces régions montagneuses, ont à la fois une fonction économique et un rôle social. On s'y ravitaille, on y échange les informations de la semaine ou de la quinzaine et surtout, ils représentent pour les jeunes gens et les jeunes filles l'opportunité de rencontres qui leur permettent de rompre avec la solitude des fermes d'altitude. Bac Ha est un camp de base idéal pour organiser des randonnées à la découverte des marchés qui se tiennent dans les vallées environnantes. Chacun d'eux est un petit univers, avec son paysage et sa fréquentation qui lui confèrent son caractère particulier. Ils se tiennent selon un rythme déterminé par le calendrier lunaire et il ne faut pas confondre le jour du Serpent et le jour du Singe... On trouve également à Bac Ha un palais, vestige du temps où l'opium finançait la colonisation française et où certains chefs de clans, enrichis par les trafics d'armes et la culture du pavot, se taillaient des fiefs dans ces régions insoumises.

Le plateau de pierre

Les pistes empruntées par les caravanes des trafiquants de jadis sont aujourd'hui carrossables. Longeant les lignes de crête coiffées de forêts de pins, elles serpentent à travers de grandioses paysages qui s'adoucissent dans les vallées façonnées par les rizières en terrasses. Au début de l'automne, à l'époque des récoltes, celles-ci se teintent de couleurs magnifiques et accueillent la troupe des moissonneurs. Avis aux photographes ! Au nord-est de Bac Ha, la route conduit vers la province de Ha Giang et le haut plateau karstique de Dong Van, qui figure sur la liste des Géoparcs mondiaux établie par l'Unesco. Située à une altitude comprise entre 1 400 et 1 600 m, cette région offre des paysages sublimes. Les cimes de mille monts ondulent dans une mer de nuages et s'estompent vers la frontière d'une Chine de légende. Sur des pentes abruptes, hérissées de roches acérées, les minorités s'accrochent à la moindre parcelle de terre sur laquelle ils plantent quelques épis de maïs, cultivés avec le soin qu'un citadin accorde à une plante d'ornement, et qui assureront la subsistance familiale.

Comme à Bac Ha, le " plateau de pierre " se prête aux randonnées. Les heures de marche dans cette contrée hors du monde, à la fois minérale et céleste, forgeront des souvenirs inoubliables. La vie, incroyablement rude, s'accroche aux cimes et se niche dans les anfractuosités, mais n'en est pas moins d'une richesse exceptionnelle alors qu'on recense au moins 17 groupes ethniques établis sur le plateau : Hmông, Dao, Tây, Lô Lô... Chacun d'eux a préservé les spécificités d'une coutume qui s'observent dans un vêtement, un bijou, une coiffure ou l'architecture d'une demeure.

Au sud-ouest du plateau, le village de Nam Dam, habité par les Dao, et celui de Lung Tam, habité par les Hmông, accueillent les visiteurs étrangers dans le cadre d'un projet de développement communautaire. La possibilité de loger chez l'habitant dans une maison traditionnelle offre une rare fenêtre qui permet le partage et la découverte de modes de vie et de savoirs ancestraux.

Les sampaniers de la lagune de Tam Giang

Dans le Centre du Viêt Nam, non loin de Huê, l'ancienne capitale impériale, la lagune de Tam Giang, au débouché de la rivière des Parfums, constitue un écosystème original, propice à la pêche et à l'aquaculture. C'est le domaine des sampaniers, " peuple flottant " semi-nomade, dont la vie s'écoule au fil de l'eau. En ce lieu également bat le pouls d'un univers atypique, aux marges du monde. Des familles de pêcheurs accordent l'hospitalité aux visiteurs. L'exploration débute à bicyclette, au hasard des petites routes qui longent la lagune. On respire l'air du large, on traverse les villages où les filets sèchent aux devantures et le regard se porte vers les lointains horizons de la mer de l'Est qui baigne les côtes vietnamiennes. La lagune s'établit comme une parenthèse entre la terre et la mer, qui mêle eau douce et eau salée et où s'épanouit une grande biodiversité. Des centaines de bambous sont plantés sur l'eau, formant une structure qui piège poissons et crustacés. L'oeil aussi se perd dans le jeu des reflets et de la lumière qui fait onduler les tiges blondes du bambou à la surface des flots. Au petit matin, lorsque paraît l'aurore aux doigts de rose, on embarque pour se rendre au marché flottant où s'exposent les richesses frétillantes de la lagune.

Les douceurs du Sud

À quelques heures de route de Hô Chi Minh-Ville, la trépidante métropole du Sud, l'ambiance du delta du Mékong. Encore un univers singulier dans la diversité vietnamienne. L'écrivain Son Nam évoque à son propos " la civilisation des canaux et des arroyos ". Nichées dans les vergers et les cocoteraies, des maisons d'hôtes hébergent les visiteurs. Une bicyclette invite à la balade. Des ponts de singe enjambent les canaux. Les murs blancs d'une pagode de style khmer irradient sous les palmes. L'itinéraire dans le delta du Mékong peut conduire jusqu'à la ville de Cân Tho, proche des marchés flottants qui sont une des attractions de la région.

À quelque 80 milles marins des côtes du sud du Viêt Nam, l'archipel de Côn Dao (ou Poulo Condor) est un sanctuaire naturel encore méconnu, même si en 2010, il a servi de décor à l'émission de téléréalité Koh-Lanta. On y accède par voie aérienne depuis l'aéroport de Cân Tho ou celui de Hô Chi Minh-Ville. À l'époque coloniale, les Français avaient transformé ces îlots en colonie pénitentiaire.

On y trouve aujourd'hui des hôtels luxueux, sertis dans un cadre magnifique. Luxe, calme et volupté sur les plages de sable fin, aventure et exploration lors de la visite du parc naturel riche de ses forêts primitives. Les eaux de l'archipel abritent par ailleurs une faune exceptionnelle : le dugong, un mammifère marin de l'ordre des siréniens, dont on dit qu'il chante, et plusieurs espèces rares de tortues. Entre avril et novembre, les autorités du Parc naturel de Côn Dao organisent des excursions sur certains îlots de l'archipel, qui permettent d'assister à la ponte des tortues vertes.

 

Infos futées

 

Quand ? On peut voyager au Viêt Nam toute l'année. Le printemps (fin mars à fin mai) apparaît cependant comme une période privilégiée où il fait beau sur tout le pays. Entre septembre et la mi-octobre, les régions montagneuses du nord offrent aux photographes de superbes couleurs. Quelques précautions à prendre pendant la mousson (juillet-août dans le Nord et jusqu'en novembre dans le Centre), avec des risques d'inondations, ainsi que pendant le Têt (nouvel an lunaire), période au cours de laquelle le pays tourne au ralenti.

 

S'y rendre. Direction Hanoi et Hô-Chi-Minh-Ville.

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