Découvrez l'Arménie : Environnement

Pays de Transcaucasie, l'Arménie est sise entre l’Azerbaïdjan, la Turquie, l'Iran et la Géorgie. La montagne domine le territoire et y a façonné des paysages remarquables. Le nom assyrien du pays, « Nairi » ou « terre des sources » n'est pas sans rappeler l'importance de l'eau. Les ressources naturelles du pays sont cependant fragiles. Quand ce n'est pas la terre qui tremble, c'est l'Histoire qui fait des siennes. Les conflits, l'isolement et la corruption ont mis à mal le vivant. Le lac Sevan en constitue une parfaite illustration. Les consciences environnementales sont cependant actives et ont pu mettre un terme à un projet minier particulièrement dévastateur. Les défis écologiques du pays demeurent l'énergie, incluant la question de la centrale nucléaire de Metzanov, la gestion de l'eau, les déchets et les pollutions. Des initiatives voient aussi le jour, en matière d'agriculture biologique ou de sensibilisation à l'environnement.

Les parcs nationaux

La situation biogéographique du pays lui confère une grande variété d'écosystèmes : semi-déserts, forêts, prairies alpines, toundra, zones humides. La région du Caucase du Sud abrite notamment des « hot spots » de biodiversité. Le pays compte 3 zapovedniks (réserves naturelles intégrales), 27 zakazniks ou aires protégées, et 4 parcs nationaux.

Parc national de Dilidjan : situé dans le nord du pays, il abrite des écosystèmes forestiers remarquables (hêtres, chênes, ifs, tilleuls, etc.) et des lacs de montagnes. On y dénombre une avifaune variée, dont le Tétras du Caucase, et de nombreux mammifères. La diversité florale est également forte, incluant des espèces rares et menacées.

Parc national de Sevan :  il protège la région du lac Sevan, à l'est du pays. Second lac navigable du monde par son altitude, à 1 900 mètres, classé RAMSAR (zone humide remarquable) il est aussi l’habitat de nombreuses espèces floristiques et faunistiques. Ses paysages, de toute beauté, ont séduit des générations d'artistes, dont l'écrivain Maxime Gorki, qui évoque « un morceau de ciel qui serait tombé sur terre parmi les montagnes ». Il abrite également un centre de recherche.

Parc national du lac Arpi : situé dans le nord-ouest du pays, en zone montagneuse, il protège les écosystèmes de la rivière Akhourian, des lacs Arpi et Ardenis. La biodiversité y est remarquable, avec plus de 600 espèces de plantes, ainsi qu'une importante avifaune, ichtyofaune et herpétofaune.

Parc national d'Arewik : situé au sud du territoire, il vise à préserver le biome de la rivière Meghri. Il abrite différents écosystèmes (forêts, steppes, prairies, semi-désert) associés à des espèces remarquables et menacées, tels que mammifères (Panthère de Perse, Ours brun, Hyène tachetée), invertébrés, et une vaste diversité de plantes.

La catastrophe écologique du lac Sevan

L'exploitation du lac Sevan résulte d'une agriculture irriguée et d'une stratégie énergétique visant l'indépendance face aux énergies fossiles importées. Il constitue l'une des ressources, sinon la plus précieuse, d'Arménie : plus grand réservoir d'eau douce du pays, réserve halieutique, mais aussi lieu de villégiature. L'irrigation intensive et la construction de centrales hydroélectriques ont eu pour conséquence l'assèchement partiel du lac. La « mer intérieure » souffre aussi des pollutions issues du rejet des eaux résiduaires, notamment domestiques (hôtels, restaurants) et agricoles. Des phénomènes d'eutrophisation ont aussi été observés ainsi que l'apparition d'algues vertes due à la présence de cyanobactéries. Les pénuries d'énergie lors des phases de conflits ont entraîné l'arrêt de plusieurs stations d'épuration, provoquant le déversement des eaux non traitées directement dans le lac. Les pollutions entraînent des risques sanitaires, mais aussi une perte de la biodiversité (diminution des populations de truites « ischkhan »). Des mesures ont été envisagées pour faire remonter le niveau du lac, telle la captation des eaux de la rivière Arpa via un tunnel de dérivation. Cet ouvrage, endommagé par un tremblement de terre, n'a cependant jamais été mis en service.

Le combat contre la mine de cuivre de Teghout

L'exploitation des minerais est révélatrice de conflits d'intérêts et de la mainmise de l'oligarchie du pays et des investisseurs étrangers. Face à cette situation, habitants et militants s'engagent de manière tenace afin de préserver l'environnement et la santé des populations. Ils ont notamment vu leur combat récompensé par l'abandon du projet de mine de cuivre de Teghout, dans le nord du pays. À l'origine du projet, un montage entre une société minière arménienne, une banque russe, une agence danoise de crédit à l'exportation et un fonds de pension danois. En 2013, un collectif de citoyens dénonce dans un rapport étayé les impacts environnementaux et sanitaires du projet auprès du ministère des Affaires étrangères danois et de l'agence de crédit (destruction de milieux naturels, déforestations, pollution de rivières rendant des terres agricoles impropres à la culture, expropriations). Le barrage construit pour retenir les déchets issus de la mine est quant à lui non dimensionné pour résister aux séismes, et menace la ville de Chnog. Finalement, après des campagnes médiatiques, les sociétés danoises se retirent du projet et la mine est fermée.

Un autre projet controversé : la mine d'or d'Amulsar

La montagne d'Almusar, dans le sud-est du pays, possède des gisements d'or, mais aussi une ressource plus précieuse. Le site renferme en effet les principales réserves d'eau douce du pays, dont le réservoir de Ketchut, directement relié au lac de Sevan. Lydian, société enregistrée à Jersey, souhaite exploiter l'or de la montagne.  En 2012 le projet commence à susciter l'ire des habitants qui se relaient pour bloquer les accès à la montagne.  Leur volonté : empêcher un projet aux conséquences environnementales et sociales sous-estimées (destruction de la station thermale de Jermuk, émanations toxiques, expropriations, menace sur les ressources d'eau potable du pays). Des rapports viennent appuyer les revendications des citoyens. L'affaire est en cours.

Des défis écologiques en cours

Le pays est encore largement dépendant de la Russie (importation de gaz naturel). Les situations de blocus auxquels il a dû faire face ont conduit à des déforestations (bois de chauffe) et au maintien en activité de la centrale nucléaire de Metsamor. Édifiée en 1969, elle est considérée comme l'une des centrales les plus à risque du monde, en raison de son obsolescence et du risque sismique. Sa fermeture est prévue en 2026, en attendant le relais des énergies renouvelables et la rénovation énergétique des bâtiments. La question de l’assainissement de l’eau reste prégnante dans le pays, de même que la lutte contre le gaspillage de la ressource. La gestion des déchets est également un sujet de préoccupation. À noter cependant, l'interdiction des sacs plastiques à usage unique à compter du 1er janvier 2022, qui sera accompagnée de campagnes de sensibilisation visant l'utilisation d'alternatives. Côté agriculture, on signalera que depuis 2019 est commercialisé le premier vin bio du pays.

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