-700 000 à -10 000
Paléolithique
Les plus anciennes traces de présence humaine en Bretagne ont été trouvées à Saint-Malo-de-Phily, dans le bassin de la Vilaine : il s'agit de galets taillés de façon rudimentaire, datés de 500 000 à 700 000 ans avant notre ère. Avec Saint-Colomban à Carnac, le site de Menez-Dregan, à Plouhinec (Finistère), constitue le plus vieil habitat connu : cette grotte occupée il y a plus de 450 000 ans recèle même des preuves de domestication du feu parmi les plus anciennes au monde.
-5000 à -2000
Néolithique
L'agriculture voit le jour, les hommes se sédentarisent. La Bretagne se couvre de mégalithes, témoins d'une civilisation riche et organisée : les dolmens, allées couvertes, tumulus et cairns (Barnénez, Gavrinis), lieux de sépulture. Les menhirs, eux, occupent une fonction symbolique, qui reste énigmatique. On les trouve isolés, disposés en cercles (cromlechs) ou alignés comme à Carnac.
-2000 à -800
L'âge du bronze
C'est le début de la métallurgie. Le bronze, alliance du cuivre et de l'étain, permet de fabriquer des objets plus perfectionnés. Riche en étain, l'Armorique tient une bonne place dans les échanges atlantiques, qui s'intensifient. De nombreuses armes et objets en bronze ont été retrouvés dans les sépultures de l'époque.
-800
Le temps des Celtes
Venus d'Europe centrale, les Celtes, maîtres du fer et de la métallurgie, étendent peu à peu leur emprise et leur culture sur le continent, jusqu'à la pointe armoricaine. Ce peuple, organisé en clans, apporte de nombreuses innovations techniques, agricoles et artisanales. L'agriculture et le commerce maritime se développent. L'Armorique prospère et se structure en cinq grandes tribus : Osismes à l'ouest, Coriosolites autour de Corseul, Namnètes vers Nantes, Redones vers Rennes et Vénètes dans l'actuel Morbihan.
-56
La conquête romaine
Entre -58 et -52, César se lance à l'assaut de la Gaule. Pourtant habiles marins, les puissants Vénètes, qui opposaient une résistance farouche, sont défaits en mer en -56. L'Armorique devient progressivement gallo-romaine, les traditions se métissent.
Ve-VIe siècles
L'arrivée des Bretons
Sous la pression des invasions barbares, l'Empire romain vacille et chute en 476. Les côtes armoricaines subissent des pillages. Soumis eux aussi à la menace des Pictes, Scots, Angles et Saxons, les Bretons insulaires émigrent en Armorique, progressivement mais massivement. Ils emportent avec eux leurs coutumes, leur langue et leur clergé. Ces moines, souvent gallois ou irlandais, fondent des monastères et des paroisses aux noms commençant par plou-, tré-, lan- ou loc-, qui ont perduré jusqu'à nos jours. Les premiers évêchés sont créés : Quimper par saint Corentin, Saint-Pol-de-Léon par saint Pol-Aurélien, Tréguier par saint Tugdual, Dol par saint Samson, Vannes par saint Paterne, Saint-Brieuc et Saint-Malo par les saints éponymes. Ils sont considérés comme les sept saints fondateurs de la Bretagne.
750-830
Une coexistence pacifique se met en place avec les voisins francs, qui ont pris possession de la Gaule : la Bretagne leur est fidèle, mais ne paye aucun tribut. L'avènement de la dynastie des Carolingiens change la donne : une période de conflits s'ouvre en 751 et pousse les princes bretons à unir leurs forces pour défendre leur indépendance.
831
Les premiers rois
Louis le Pieux, fils de Charlemagne, nomme gouverneur de Bretagne un aristocrate vannetais, Nominoë. Celui-ci, après la mort de l'empereur, s'affranchit et engage la Bretagne dans une lutte d'indépendance. Il écrase les Francs en 845 à la bataille de Ballon, près de Redon. Nominoë est considéré comme le père de la nation bretonne. À sa mort en 851, son fils Erispoë reprend le flambeau, bat de nouveau les Francs et devient le premier véritable roi breton.
IXe-Xe siècles
Raids vikings
Fragilisée par les querelles de succession, la Bretagne subit les assauts des Vikings. L'abbaye de Landévennec est saccagée en 913. Une grande partie des moines et des élites fuient la région, qui devient une principauté viking. Il faut attendre 937 pour que le sol breton soit libéré, par Alain II Barbetorte, reconnu premier duc de Bretagne à l'issue de cette reconquête.
1341
Guerre de Succession
En 1341, le duc Jean III meurt sans héritier. Deux prétendants se disputent la succession : son demi-frère Jean de Montfort, soutenu par le roi d'Angleterre, et sa nièce Jeanne de Penthièvre, qui a les faveurs du roi de France. En pleine guerre de Cent Ans, la Bretagne devient un terrain d'affrontements entre les deux puissances. La guerre dure 23 ans et se conclut par la victoire de Jean de Monfort en 1364. Un an plus tard, il est reconnu duc de Bretagne par le roi de France, sous le nom de Jean IV.
XVe siècle
L'âge d'or de la Bretagne ducale
Après la guerre de Succession, la Bretagne connaît une période de paix, d'essor économique et artistique. Elle affirme son indépendance en battant sa monnaie, en renforçant son armée et son administration.
1488
La résistance de la duchesse Anne
Le roi de France Charles VIII écrase les troupes du duc de Bretagne François II à Saint-Aubin-du-Cormier. Ce dernier doit signer le traité du Verger, qui l'oblige à obtenir l'accord du roi de France pour marier ses filles. François II meurt juste après et sa fille Anne devient duchesse à 11 ans. L'année suivante, pour tenter de préserver l'indépendance du duché, elle épouse l'archiduc d'Autriche. Charles VIII envoie ses troupes en Bretagne, fait annuler le mariage et contraint Anne à s'unir à lui. Elle devient reine de France. Après la mort de Charles VIII, elle épouse son successeur Louis XII, en imposant ses conditions : l'indépendance et les privilèges de la Bretagne sont reconnus, ses institutions rétablies. Mais la duchesse meurt de maladie en 1514, à 36 ans. Sa fille Claude hérite du duché, épouse François Ier en 1514 et décède dix ans plus tard, léguant la Bretagne à leur aîné.
1532
Le rattachement à la France
François Ier arrache aux États de Bretagne une demande de rattachement à la France. L'édit d'Union garantit les « droits, libertés et privilèges » du duché, comme le maintien d'un parlement et de systèmes judiciaire et fiscal propres.
1534
Mandaté par François Ier, le navigateur malouin Jacques Cartier explore les côtes canadiennes. C'est le début de la colonisation de la Nouvelle-France.
XVIe-XVIIe siècles
Les toiles de lin et de chanvre font la richesse de la région, avec l'export de céréales, sel, poissons, beurre... On érige de beaux manoirs, de magnifiques enclos paroissiaux. Restée à l'écart des guerres de Religion, qui opposent catholiques et protestants à la fin du XVIe, la Bretagne finit par entrer dans le conflit quand le duc de Mercœur, gouverneur de la province, se rallie aux Ligueurs ultra-catholiques et tente de restaurer l'indépendance bretonne. Il finit par se soumettre en 1598.
1675
La révolte des Bonnets rouges
Le règne de Louis XIV est marqué par une dure politique centralisatrice, très mal vécue en Bretagne. Pour financer ses guerres, le Roi-Soleil augmente les taxes, suscitant un fort mécontentement. L'insurrection éclate quand Colbert crée de nouveaux impôts sur le papier timbré, le tabac et la vaisselle d'étain. Partie de Rennes en 1675, elle gagne toute la région : la révolte du Papier timbré, citadine, devient celle des Bonnets rouges, paysanne. La répression est terrible.
XVIIIe siècle
Les idées des Lumières se répandent en Bretagne, où elles font écho aux critiques contre le centralisme royal.
1789
De la Révolution à la chouannerie
Au départ, la révolution est bien accueillie en Bretagne. Si les nobles bretons boycottent les États généraux, les députés locaux du Tiers-État, réunis au sein du Club des Jacobins, prennent une part très active dans les débats. Mais le nouveau régime devient vite impopulaire : la paysannerie bretonne voit d'un mauvais œil les arrestations des prêtres réfractaires, la décapitation du roi, l'accaparement par les bourgeois des biens confisqués... En 1793, l'annonce de la conscription obligatoire met le feu aux poudres et déclenche une insurrection paysanne, de type guérilla, qui se prolonge jusqu'au début du XIXe siècle. La répression et la Terreur s'abattent en retour, les autorités mènent une politique centralisatrice brutale. La Bretagne historique n'existe plus, éclatée en cinq départements.
XIXe siècle
Après la Révolution, l'économie bretonne, laminée, peine à se remettre. L'industrie de la toile, archaïque, ne résiste pas à la concurrence extérieure. L'agriculture reste l'activité centrale, l'essor industriel (conserverie, chantiers navals) est timide. Nombre de Bretons s'exilent. C'est aussi la grande époque de la pêche à la morue au large de Terre-Neuve et de l'Islande, depuis les ports de Saint-Malo, Binic ou Paimpol. Recrutés dans les campagnes et les milieux pauvres, les « Terre-neuvas » partent de longs mois en mer, dans de rudes conditions. Pour désenclaver le territoire, des canaux sont construits, concurrencés par l'arrivée du train à partir de 1850. Avec lui, le tourisme fait ses débuts et la pittoresque Bretagne attire les artistes. Le sentiment d'appartenance se développe et une Association bretonne est créée en 1843, pour défendre son rayonnement économique et culturel.
1870-1914
La politique centralisatrice de la IIIe République met à mal les particularismes bretons. L'usage du breton est sanctionné à l'école, devenue obligatoire. Dans une région très attachée au catholicisme, la loi de 1905 sur la séparation de l'Église et de l'État engendre des tensions.
1914-1918
Première Guerre mondiale
Avec plus de 120 000 morts, la région est l'une des plus durement touchées par la Grande Guerre.
1918-1939
Dans l'entre-deux-guerres, l'exode rural se poursuit. Le mouvement breton se réveille : des journaux et des partis voient le jour, fédéralistes ou nationalistes. Le drapeau Gwenn ha Du est créé en 1923, les Seiz Breur modernisent les arts bretons.
1939-1945
Seconde Guerre mondiale
La Bretagne est occupée par les Allemands dès juin 1940. Nombre de volontaires embarquent pour la Grande-Bretagne, pour rejoindre la France libre. Parmi eux, 128 hommes de Sein, sur les 1 300 habitants que compte l'île ! Des maquis et des réseaux de résistance se créent, comme le réseau Shelburn à Plouha, qui évacue vers l'Angleterre les aviateurs alliés tombés en France.
Une petite partie des nationalistes bretons collabore avec l'Allemagne nazie, dans l'espoir de faire avancer la cause bretonne, ce qui jettera durablement le discrédit sur le mouvement, après-guerre. En 1941, le régime de Vichy sépare la Loire-inférieure (l'actuelle Loire-Atlantique) de la Bretagne.
La région est libérée par les colonnes du général Patton pendant l'été 1944. Des poches de résistance allemande feront se prolonger le conflit, notamment à Saint-Malo, Brest et Lorient, qui en sortiront ravagées et meurtries.