Découvrez la Grèce continentale : Nature (Biodiversité / Faune & flore)

La Grèce est souvent perçue comme une destination « farniente » et/ou culturelle. C’est dommage, car le pays possède une faune et une flore d’une richesse incroyable. Ici se rencontrent des espèces européennes, asiatiques et africaines qui ne cohabitent nulle part ailleurs sur la planète. Le climat et la géographie ont aussi donné naissance à un nombre incroyable de plantes et animaux endémiques. Encore marginaux, quelques connaisseurs s’offrent des safaris-photo à la poursuite de rares orchidées, du caméléon africain ou de grands vautours. Et si l’on frissonne à l’idée de croiser un ours dans les bois ou un requin près du rivage, ce n’est pas de ces prédateurs, ni même des vipères et des scorpions, dont il faut avoir peur. Dans ce pays encore très sauvage, votre pire ennemi sera le Culex pipiens. Ce petit moustique, le même qu’en France, vous empêchera peut-être de dormir. Mais, surtout, il est devenu le plus mortel des animaux de Méditerranée en transmettant à l’homme le virus du Nil occidental.

Une flore à la diversité exceptionnelle

En Grèce, on recense pas moins de 6 600 espèces végétales différentes. Rapporté à la taille du territoire (130 000 km2), c’est le record en Europe. Ainsi, la France métropolitaine, pourtant quatre fois plus étendue, ne compte que 6 000 espèces de plantes. Et, parmi les espèces existant en Grèce, environ 800 sont classées comme rares et 1 000 plantes sont endémiques, c’est-à-dire propres au pays (on peut les trouver ailleurs, mais elles sont originaires de Grèce). C’est le taux d’endémisme le plus élevé d’Europe : 15 % de la flore. Pourquoi une telle biodiversité ? Déjà, comme dans le reste des Balkans, le territoire grec a été moins sujet aux changements apportés par l’homme (sélection des espèces, agriculture intensive, etc.). L’autre explication, c’est la géographie, très diversifiée, avec les montagnes, les îles, les deltas, les lacs, les zones arides ou humides. Certaines îles ou vallées isolées constituent ainsi des biotopes uniques. 

La plupart des quelque 1 000 espèces végétales propres à la Grèce se concentrent en Crète, dans le Péloponnèse et en Grèce centrale (au nord de l’Attique). Il s’agit le plus souvent de fleurs sauvages ou de plantes vivaces, comme le dictame de Crète (Origanum dictamnus), un arbrisseau dont les feuilles blanchâtres sont utilisées depuis l’époque minoenne pour combattre les maux de ventre. La Crète possède aussi une cinquantaine de sortes d’orchidées (environ 190 pour tout le pays), dont la rarissime céphalanthère encapuchonnée (Cephalanthera cucullata) avec sa tige donnant une dizaine de fleurs blanches en forme de clochettes. On recense aussi 13 espèces de tulipes, telle la tulipe de Goulimis, aux larges pétales rouges, qui ne pousse que dans le Péloponnèse et dans les îles de Crète et de Cythère. Citons enfin le Convolvulus argyrothamnos, un buisson à fleurs roses qui n’existe que dans trois vallées de Crète et qui figure parmi la liste des 280 plantes menacées de Grèce.

Un pays de forêts

Officiellement, elles couvrent 45 % du territoire. Mais c’est très exagéré, puisque cela intègre les immenses « mers » d’oliviers, diverses exploitations arboricoles et une grande partie des maquis. En fait, les zones boisées ne représentent réellement que 20 % des terres. Et comme le relief est montagneux et le climat méditerranéen, elles sont composées pour l’essentiel de conifères, notamment le pin sylvestre (Pinus sylvestris), le pin de Calabre (Pinus brutia), le pin noir (Pinus nigra) et le pin de Bosnie (Pinus heldreichii) qui poussent respectivement jusqu’à 600 m, 1 200 m, 1 800 m et 2 400 m d’altitude. Il existe cependant quelques belles forêts de feuillus. Celles-ci sont rares, mais contrairement à leurs cousines d’Europe occidentale, elles sont demeurées sauvages et ne sont pas exploitées par l’homme. Ainsi, en Crète, les pentes des Lefka Ori (« Montagnes Blanches ») sont couvertes de cyprès et d’érables de Crète (Acer sempervirens). Dans le Péloponnèse, près du site archéologique d’Olympie, la forêt de Foli (40 km2) constitue un écosystème unique dans les Balkans, puisqu’elle n’est quasiment composée que de chênes depuis l’Antiquité : chêne de Hongrie (Quercus frainetto), chêne pubescent (Quercus pubescens) et chêne vert (Quercus ilex). Autrefois réputée comme lieu de vie des centaures et des dryades (divinités des arbres), elle abrite aujourd’hui des renards, des sangliers, des aigles, etc. La forêt la plus vaste et la plus riche du pays est cependant celle de Dadia, en Thrace, à la frontière avec la Turquie. Ses 295 km2 de pins et de chênes s’étalent du delta de l’Evros jusqu’aux contreforts des Rhodopes à 800 m d’altitude. On y trouve la faune la plus variée d’Europe avec la plupart des oiseaux migrateurs y faisant halte, les grands vautours, l’ours brun, ou encore 40 espèces de reptiles et d’amphibiens. D’une manière générale, la Thrace, c’est l’étape incontournable pour un séjour nature en Grèce. La région comprend aussi la forêt d’Elatia (75 km2), près de Drama, avec les épicéas (Picea abies) les plus au sud de l’Europe, ainsi que la petite forêt montagneuse de Frakto (5,5 km2) située sur le sommet grec des Rhodopes, à 1 950 m d’altitude. Cette dernière, composée d’épicéas, de hêtres, de pins et de rares bryophytes (ancêtres de toutes les plantes terrestres), est considérée comme l’unique forêt vierge de Grèce.

Un sanctuaire marin

Les eaux de la Méditerranée orientale sont plus chaudes et plus salées que dans la partie ouest. Cet environnement a donc permis le développement (et la préservation) d’une faune très riche. Toutefois, les grands animaux marins s’aventurent rarement près des côtes. Et si l’on recense 47 espèces de requins, ceux-ci ne présentent guère de danger : la dernière attaque meurtrière a eu lieu en 1963 et les eaux grecques sont considérées comme les plus sûres au monde face aux requins. On peut apercevoir des dauphins (5 espèces dans le pays) et des baleines (7 espèces, dont la plus grande est le rorqual commun qui atteint 20 m de long), par exemple au mont Athos ou près de Lipsi (Dodécanèse). Dans le parc marin national d’Alonissos (Sporades), des excursions permettent d’observer les derniers spécimens du phoque moine de Méditerranée (Monachus monachus). Les amateurs de plongée partiront à la recherche d’anémones de mer vertes ou de la girelle-paon (Thalassoma pavo, gaïtanouri en grec), magnifique petit poisson aux couleurs tropicales. Les gourmets, eux, goûteront au scare de Crète (Euscarus cretensis, skaros en grec), cousin du poisson-perroquet et réputé depuis l’Antiquité pour la saveur de sa chair. Mais il faudra se méfier de la tsouchtra (Pelagia noctiluca), la seule espèce de méduse locale qui soit dangereuse pour l’homme : elle mesure 5 cm de diamètre, est phosphorescente la nuit et ne présente un risque que quand le courant l’amène jusqu’au rivage. La Grèce abrite enfin le plus grand nombre de lieux de ponte (environ 3 000) de la couanne (Caretta caretta), une tortue de mer menacée qui bénéficie d’une zone protégée dans l’île de Zakynthos.

Le paradis des ornithologues en Europe

La Grèce compte 445 espèces d’oiseaux, dont 25 % sont rares (ou menacés) et 70 % sont des migrateurs. Ces derniers séjournent principalement dans les zones humides et les lacs de la partie nord, en particulier dans le delta de l’Evros (frontière avec la Turquie) qui attire 100 000 oiseaux et 75 % des espèces du pays. Les lacs Prespa (frontière avec l’Albanie et la Macédoine du Nord) abritent quant à eux la plus forte concentration au monde de pélicans frisés (Pelecanus crispus), une espèce menacée, ici représentée par 1 400 couples. La Grèce compte aussi le plus grand nombre d’espèces de rapaces en Europe. On retrouve ceux-ci surtout en Thrace et dans les Rhodopes (frontière avec la Bulgarie) où vit le vautour fauve (Gyps fluvus) et le très rare vautour moine (Aegypius monachus). Quant à la Crète, elle accueille 25 couples de gypaètes barbus (Gypaetus barbatus) ainsi que le majestueux aigle royal (Aquila chrysaetos) aux 2 m d’envergure. Côté mer, les deux espèces les plus courantes sont le goéland pontique (Larus cachinnans) et le faucon d’Éléonore (Falco eleonorae). Ce rapace revient chaque année de Madagascar pour nidifier dans les îles égéennes et y chasser le poisson. Enfin, parmi les oiseaux les plus communs de Grèce, notre préférence va à la magnifique huppe fasciée (Upupa epops). Remontant d’Afrique, elle nidifie aussi bien dans le Péloponnèse que près des lacs de Macédoine. Désignée comme la reine des oiseaux par Aristophane, elle se distingue par son plumage beige, sa huppe érectile et ses ailes striées de blanc et noir.

Reptiles, batraciens et amphibiens

Serpents, lézards et tortues sont ici partout chez eux : dans la mythologie, sur les pièces de monnaie antiques et jusqu'en plein cœur d’Athènes. Ainsi, dans le jardin du musée des Instruments de musique populaire, vous serez accueilli par la vénérable tortue grecque (Testudo gareca). Cette proche parente de la tortue de Hermann est l’espèce locale la plus commune. Elle est présente le long des côtes avec la tortue bordée (Testudo marginata), reconnaissable, elle, aux extrémités évasées de sa carapace. Et, outre la rare tortue marine couanne (lire ci-dessus), il existe deux espèces aquatiques d’eau douce : la cistude (Emys orbicularis), tachetée, et l’émide caspienne (Mauremys caspica), ornée de lignes. Côté serpents, il y a ici 23 espèces, pour la plupart d’inoffensives couleuvres. Cinq types de vipères sont dangereuses pour les hommes qui les dérangent : la vipère ottomane (Montivipera xanthina), en Thrace et dans les îles du nord de la mer Égée, la vipère de Milos (Macrovipera schweizeri), espèce la plus menacée d’Europe et présente dans les Cyclades, la vipère amodyte (Vipera amodytes), commune à tous les Balkans et munie d’une corne, la vipère péliade (Vipera berus), à la frontière de la Macédoine du Nord, et la vipère d’Orsini (Vipera ursinii) établie dans le massif du Pinde. Vous remarquerez plus sûrement les lézards, bien différents de ceux d’Europe occidentale. Espèce endémique des Balkans, le lézard des murailles (Podarcis erhardii) est le plus courant, mais il s’est adapté à son environnement pour donner naissance à des sous-espèces comme le lézard de Skyros (Podarcis gaigeae). On trouve aussi l’énorme lézard vert (Lacerta viridis) ainsi que différentes espèces de salamandres, geckos et orvets. Et, près du site de la bataille de Navarin, à Gialova (Péloponnèse), se trouve l’unique espèce de caméléon d’Europe, le Chamaeleo africanus, venu du Sahel et atteignant 34 cm de longueur. Enfin, chez les batraciens, il faut noter deux espèces endémiques : la rare grenouille grecque (Rana graeca), qui vit dans les montagnes des Balkans, et la grenouille épirote (Pelophylax epeiroticus), appréciée des gourmets de part et d’autre de la frontière avec l’Albanie.

Zoom sur les mammifères

C’est sans doute la partie du règne animal qui, en Grèce, offre le moins de surprises pour le visiteur venu d’Europe occidentale. Les mammifères sauvages sont en effet à peu près les mêmes : écureuils, chamois, belettes, cerfs, hérissons, renards, etc. Toutefois, il faut noter la présence d’espèces rares en Europe : chat sauvage d’Afrique (Felis lybica) en Crète, chacal doré (Canis aureus moreotica), avec environ 1 000 individus en Grèce continentale et sur l’île de Samos, daim de Rhodes rattaché au daim européen (Dama dama) mais plus petit et originaire d’Asie. La Grèce abrite également de très nombreuses espèces endémiques de chauves-souris. Hélas, celles-ci sont à présent menacées par la prolifération des éoliennes. Et, comme dans le reste des Balkans, l’ours brun (Ursus arctos) et le loup gris (Canis lupus) ont été relativement bien préservés. Ces deux prédateurs bénéficient même ici de la protection l’État. On recense ainsi entre 190 et 260 ours en liberté dans les Rodhopes et le Pinde, ainsi qu’environ un millier de loups, principalement en Grèce centrale. En revanche, le lynx des Balkans (Lynx lynx balcanicus) pourrait avoir disparu du pays depuis les années 2000 et les quarante derniers individus se trouvent désormais en Macédoine du Nord et en Albanie.

Au sujet des insectes et arachnides

Scarabées aux reflets multicolores, splendides libellules, tapageuses cigales, abeilles mieux préservées qu’en Europe occidentale… Mais ce sont les moustiques qui font parler d'eux. De tous les animaux de Grèce, le moustique commun (Culex pipiens) est de loin l’espèce la plus dangereuse, puisqu’elle est le principal vecteur du virus du Nil occidental, à qui l’on attribue le décès de 50 personnes dans le pays en 2018. La propagation du virus est sans précédent et concerne désormais (en été) l’ensemble du territoire. Comme il n’existe pas de traitement, il convient donc de prendre des précautions : vêtements longs et de couleur claire en soirée, produit insecticide, moustiquaire aux fenêtres. Dans un autre registre, plus léger, la Grèce fait le bonheur des lépidoptéristes : les spécialistes des papillons recensent ici en effet près 3 200 espèces différentes. Certes, pour l’essentiel, il s’agit de papillons de nuit. Mais certains touristes viennent ici uniquement pour admirer les 235 espèces de papillons diurnes, dont 30 sont endémiques. Du coup, des agences proposent des séjours spécialisés aussi bien dans le Péloponnèse qu’en Macédoine. Et plusieurs « vallées des papillons » ont éclos à Rhodes (site le plus réputé), en Crète, à Paros ou à Halki. Enfin, les arachnides ne présentent pas de risque particulier. D’une part, pas d’inquiétude à avoir avec les piqûres d’araignées locales, d’autre part, même si les scorpions sont nombreux, une seule des 32 espèces locales, le Mesobuthus gibbosus, possède un venin dangereux pour l’homme en cas d’allergie. Mais aucun incident notable lié aux scorpions n’a été signalé ces dernières années en Grèce.

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