Réchauffement climatique
Depuis les années 1960, les températures ne cessent de monter en Grèce. C'est le pays le plus impacté par le réchauffement climatique en Méditerranée.
Montée des températures. Entre 2000 et 2020, une hausse moyenne des températures de 0,047 °C a été enregistrée chaque année, soit 0,011 °C de plus qu'au niveau mondial. Environ un tiers du territoire est désormais classé en climat aride : l'Attique (autour d'Athènes), la Macédoine, les Cyclades, une partie de l'Eubée, de la Thessalie et de la Thrace ainsi que certaines zones dans le Péloponnèse et en Crète. La Grèce est ainsi considérée comme le pays le plus impacté par le réchauffement climatique dans le bassin méditerranéen.
Effets. Les effets visibles les plus spectaculaires du réchauffement climatique sont les incendies (voir ci-après). Mais, d'une manière ou d'une autre, en Grèce, tous les écosystèmes sont déjà touchés : développement d'espèces invasives, menace sur la posidonie de Méditerranée (herbe marine qui absorbe une grande partie du CO2 et constitue le principal habitat des poissons), baisse des rendements agricoles… L'érosion des sols se traduit aussi par des inondations d'une ampleur jamais vue. Elles furent catastrophiques en Crète en 2022 (au moins deux morts), en Thessalie et dans l'Eubée en 2023 (une quinzaine de victimes). La plus grande inquiétude concerne la montée des eaux. En Grèce, tous les dix ans, le niveau de la mer monte désormais de 1,1 à 1,3 cm. D'ici à 2100, le littoral devrait ainsi reculer de 280 m en moyenne à l'intérieur des terres. L'impact sera énorme, puisque 33 % de la population vit à moins de 2 km des côtes (et 85 % à moins de 50 km). Quelles que soient les mesures prises, des îles et des villes sont déjà condamnées à disparaître.
Mesures prises. Elles sont négligeables. Et comme le réchauffement climatique est un phénomène planétaire, seules des mesures prises à l'échelle européenne ou mondiale pourraient avoir un impact. Toujours est-il que les autorités grecques ne semblent pas prendre la mesure des risques. On note cependant quelques avancées. En 2015, la Grèce a ratifié l'accord de Paris sur le climat. Par ailleurs, le pays a vu ses émissions de gaz à effet de serre diminuer drastiquement ces dernières années : de plus de 132 millions de tonnes d'équivalent CO2 en 2005 à moins de 60 millions de tonnes en 2021. Cela est toutefois surtout dû à un ralentissement de l'activité économique, en particulier depuis la crise financière de 2009. Et, dans le cadre du « pacte vert européen », mis en place au sein de l'UE depuis 2020, la Grèce devrait bénéficier d'une aide d'un milliard d'euros afin d'atteindre un bilan carbone neutre en 2050. Toujours est-il que les questions environnementales sont presque absentes du débat public. Lors des élections législatives de 2023, les termes « environnement » ou « changement climatique » sont apparus dans moins de 0,5 % des discours officiels. Les formations écologistes ont quant à elles quasiment disparu de la scène politique : lors de ce même scrutin, les deux partis « verts » ont totalisé moins de 37 000 voix, soit à peine 0,7 % des suffrages exprimés.
Incendies
Depuis les années 2000, la Grèce est en proie à de grands incendies chaque été.
Dans toutes les régions. La série noire a commencé en 2007 : 139 feux ont provoqué la mort de 84 personnes et ravagé 2 700 km2 de forêt, principalement dans le Péloponnèse, en Attique et en Eubée. Les incendies ont ensuite été relativement contenus : 250 km2 brûlés en 2008, 428 km2 en 2009, 357 km2 en 2011, 524 km2 en 2012, 317 km2 en 2016… Et si seulement 120 km2 sont partis en fumée en 2018, cette année reste marquée par la catastrophe de Mati. Dans ce village de la côte ouest de l'Attique, près de Rafina, 104 personnes sont mortes brûlées, asphyxiées ou noyées en tentant de s'échapper par la mer. Cet événement effroyable a changé une chose : la priorité absolue donnée aux pompiers et à l'armée de l'air pour lutter contre les incendies dans les zones urbaines. Ainsi, durant l'été 2021, les moyens anti-incendie ont été concentrés en Attique, au détriment des zones rurales. La banlieue d'Athènes a été sauvée et seulement trois personnes sont décédées, mais 1 250 km2 ont brûlé, en particulier 500 km2 dans les grandes forêts du nord de l'Eubée. Après une relative accalmie durant l'été 2022 (qui fut terrible dans le reste de l'Europe, notamment en Gironde, au Portugal, en Allemagne…), 2023 a été la pire année pour la Grèce depuis 2007 : 1 800 km2 incendiés de Corfou à Rhodes, des images désastreuses de touristes fuyant les flammes, des écoles et hôtels détruits et, pire encore, la totale indifférence des autorités quant au sort des migrants dans la région de l'Evros, le long de la frontière avec la Turquie. Cet été-là, le bilan officiel faisait état de 28 morts. Mais certaines associations évoquent une centaine de disparus parmi les réfugiés qui vivaient dans les forêts autour d'Alexandroupoli. En 2024, les 407 km2 qui ont brûlé concernaient surtout l'Attique avec des ravages dans les dernières zones boisées des monts Pentélique et Parnès, tout près d'Athènes.
Les raisons. La principale cause de la hausse du nombre d'incendies et de leur ampleur est bien entendu le réchauffement climatique. Mais cela est aggravé par plusieurs facteurs. Certains sont naturels, en particulier les forts vents d'été : meltémi en mer Égée et bora en Adriatique. La désertification du pays a aussi un fort impact. Comme les zones rurales sont de plus en plus vides, les forêts ne sont de moins en moins entretenues. Les activités pastorales traditionnelles permettaient d'entretenir les sous-bois. Mais le nombre de bergers et de troupeaux est en chute libre et une végétation propice aux incendies se propage partout dans le pays. La pression du tourisme et la concentration de la population dans les zones proches du littoral ont également un impact : de nombreux incendies sont provoqués de manière accidentelle par des feux de poubelle, des transformateurs électriques défectueux, des cigarettes mal éteintes, des barbecues en plein vent, etc. De manière plus marginale, des incendies sont aussi déclenchés intentionnellement afin de rendre certains terrains constructibles. Par ailleurs, la gestion des zones brûlées après les incendies est aussi sujette à caution : certains replantages ont lieu trop tôt, sans attendre la régénération naturelle et en favorisant des essences « rapides » comme les conifères qui… sont les plus hautement inflammables ! Ainsi, les grandes forêts d'arbres à feuilles caduques du mont Parnès, disparues dans les flammes en 1985, ont été remplacées par des pinèdes qui sont régulièrement en proie aux flammes depuis 2007.
Les moyens anti-incendie. Ils sont largement insuffisants : pas assez de personnel qualifié, absence de tour de guet dans les zones à risque, matériel vieillissant, etc. Le ministère de la Défense envisage toutefois de remplacer ses dix derniers avions bombardiers d'eau amphibies Canadair CL-215, en service depuis 1972-1975, par sept nouveaux De Havilland Canada DHC-515 à partir de 2027. La Grèce bénéficie aussi depuis 2001 du « mécanisme européen de protection civile ». Dans ce cadre, 180 pompiers français ont participé à la lutte contre les incendies de l'Attique en août 2024.